je soupire. encore, et encore, et encore. je n'ai jamais autant soupiré de ma vie, je crois. oh, tu m'gosses, blondie. pardon, pom. contente ? mais, ça m'est égal, qu'elle s'appelle pom. elle aurait bien pu s'appeler poubelle, aussi, ça n'y aurait rien changé, je m'en fiche. je me fiche aussi, du fait qu'elle ait déjà un pull, tiens. elle n'avait qu'à en mettre un deuxième. eh bien, bienvenue au canada, il fait froid ici pour les choses fragiles comme toi, un pull ne suffit pas. là, et ça lui apprendra, la prochaine fois elle se couvrira, ne sortira pas habillée comme un catin. peut-être. enfin, j'exagère, elle n'a peut-être pas un pull de catin, mais tout de même. puis sid revient, je me tais. je souris quand il vient vers moi, quand il me couvre. il fait la maman poule avec moi, là, je ne rêve pas. c'est adorable. et quand il me demande un biscuit, toujours penché au-dessus de moi, j'en sors un du sachet, le tend vers lui, et me ravise au dernier moment pour le fourrer dans ma bouche, un grand sourire placardé aux lèvres. non, c'est mes biscuits, t'en auras pas.

oh oui, c'est trop aimable de ma part, je le sais bien. puisque tu veux tout savoir, en tant que canadien, je suis habitué au froid d'ici, c'est pas l'cas de tout le monde visiblement. oups, est-ce que je viendrais d'avouer que je n'ai pas froid et que j'avais dit ça rien que pour lui mettre des bâtons dans les roues ? sans doute. tant pis. on était prêts à jouer avec sid, tranquillement, entre nous, comme des enfants pour un biscuit. sans embêter personne. et il a fallu qu'elle s'en mêle. oh, qu'est-ce qu'elle peut m'énerver. ouais, tu veux rester pour regarder, blondie ? je souffle bruyamment et lève les yeux au ciel. là, je lui ai vraiment répondu méchamment. elle m'énerve. et sid se recule, les bras croisés. j'essaye de comprendre ce qu'il a, de capter son regard. rien. il regarde ailleurs. je secoue un peu le sachet de biscuits sous son nez. tiens, sers-toi. et j'finis par retourner fixer pom, le regard noir.

je n'bouge pas, j'attends que ça se passe. j'attends qu'il dé-bug, qu'il revienne à la normale. rien. et blondie qui essaye de le réconforter. oh mais non, c'est une mauvaise idée, ça. ça le fait fuir, ouais. il fuit avec une excuse. une excuse à la noix. comme s'il avait quelqu'un à appeler à l'heure qu'il est. bravo blondie, t'es fière de toi ? ouais, c'est de sa faute, bien sûr que c'est de sa faute. c'est loin d'être la mienne. je le savais, moi, qu'il valait mieux le laisser. c'est que, j'ai beau ne pas le connaître beaucoup, sid, mais j'ai réussi à le cerner, un peu. j'ai bien compris les choses à faire, et les choses à éviter. et dans la liste des choses à éviter, la principale est d'essayer de l'approcher quand il se met en retrait. mais ça, en même temps, elle ne pouvait pas le deviner. je soupire. c'pas la peine d'aller le chercher, il va revenir. j'hausse les épaules. moi j'dis ça, mais elle en fait ce qu'elle veut. c'est juste un conseil pour elle. j'suis pas si méchant, j'aurais pu la jeter dans la gueule du loup en l'envoyant le chercher.

je souffle. elle m'exaspère, à la fin, cette fille. non, ça n'va pas, elle ne comprend pas, hein. maintenant qu'il est parti dans son coin, quand il va revenir, ce n'est même pas sûr qu'il revienne de bonne humeur. bien joué, blondie. quel boulet. je soupire, encore. je la regarde tomber comme une baleine sur le canapé. c'est ça, qu'elle casse le canapé en plus de faire des embrouilles. je lève les yeux au ciel. pas débile à ce point. m'ouais. ça, je n'aurais pas parié dessus, moi. oh, je provoque, oui, je provoque. elle me gosse tellement que j'en deviens méchant. c'est loin d'être dans mes habitudes, pourtant.

je soupire. après une énième pique, elle se jette presque sur moi, elle m'agresse. à croire qu'elle essaye de m'intimider. c'est perdu. j'hausse un sourcil. mon copain ? oh, non, loin de là. si elle savait. contrairement à ce que je pourrais croire. oh, dans le fond, je n'crois pas qu'elle soit conne, non. elle tire simplement des conclusions hâtives, ça, oui. je me redresse, soupire. écoute, j'vois pas de quel petit numéro tu parles, j'vois pas sur quoi tu te bases pour dire ça, y a rien entre sid et moi, et même si y avait, ça ne te regarde pas. je dis, un peu trop fort, un peu trop sèchement. oh, ça non. elle se mêle totalement de ce qui ne la regarde pas, et ça, ça me déplaît. je soupire, encore, et calme ma voix. boule d'amour, boule d'amour. mais, plus sérieusement, calme tes hormones avec sid, tu vas l'effrayer. j'ai essayé d'avoir une voix plus douce, mais ce n'était pas trop réussi, je crois. je me laisse retomber sur le fauteuil et retourne à manger mes biscuits sans lui adresser un seul regard.

Spoiler:

pom ne me répond même pas, et c'est tant mieux. sid revient, finalement, le visage tout rouge, et dit au revoir à pom. bon, comme ça au moins, fini les disputes, et peut-être que je vais pouvoir me rendormir. ou pas forcément. il m'ordonne de le suivre. j'hausse un sourcil, un peu étonné et manque de m'étouffer avec un biscuit, en même temps. bon. au moins, je serais toujours loin de la blondie, c'est déjà ça. je la laisse partir et finis par me lever difficilement du fauteuil. ah, dilemme. j'emporte la couette, ou pas ? je réfléchis l'espace de trente secondes, et finis par m'enrouler complètement dedans, en-saucissonné, pour l'emporter avec moi, le sachet de biscuit tenu comme je peux. j'te suis juste pour n'pas rester seul, maintenant que tu m'as bien réveillé, hein. on va où, au juste ? oui, ou au pire, j'aurais pu retourner dans mon lit et dormir. mais j'avoue que j'ai un peu de curiosité, quand même.

Spoiler:

enroulé dans la couette, je le suis. je me prends une claque par l'air froid. oh, pour le coup, je suis bien réveillé maintenant, bravo sid. il est doué pour me réveiller, lui. je monte dans le van, pose lourdement mes fesses au sol. je tire un peu sur la couette pour la lever, difficilement, puisque je suis dessus. j'y arrive enfin, je manque d'éborgner sid, je crois, mais presque. il est encore sain et sauf. je lui jette un peu de couette dessus, pour qu'il n'ait pas froid. et puis moi, de toute façon, je n'ai pas froid, alors sa couette, il pourrait même la prendre entière. je me remets à manger mes biscuits dans mon sachet sans fond, il me coupe avec sa question. je n'comprends pas. de quoi, qui est bon ? mes biscuits ? oh, oui, ils sont très bons, merci. il continue de me fixer, il sourit. bon, ça n'devait pas être ça. quoi, y a quoi ? j'hausse un sourcil, je souris, un peu. mais je ne comprends pas tout, là, je le reconnais.

dans cet état-là. oh, j'étais si énervé que ça ? j'en avais bien l'air mais, je n'pensais pas à ce point. je n'pensais pas que j'étais si transparent, en fait. à son sourire et son coup de coude, je me renfrogne un tout petit peu. je boude, oui. il se moque, alors je boude. oh, je vais faire toutes les humeurs possibles ce soir, je crois. j'étais très calme. à d'autres. j'étais loin d'être calme, ça, c'est sûr. mon état n'avait rien d'extraordinaire tu sais, elle était juste.. elle m'insupportait. c'est tout. j'hausse les épaules. oh, et c'est rare qu'on m'insupporte, quand même.

il sourit, je n'vois pas pourquoi il continue de sourire, comme ça. je boude. il n'a pas à sourire, voyons. ça n'a rien de drôle, que je boude. je regarde son papier, un sourcil relevé. le numéro de téléphone de la blondie. je lève les yeux au ciel à sa remarque. ah ben, ça, c'est classe, tiens. pourtant, pourtant ça ne m'étonne pas, qu'il dise ça. étrangement, de lui, ça ne m'étonne pas. il lance sa main pour me prendre un biscuit, je recule le sachet loin de lui. nooon, pas de biscuit, j't'ai dit. j'en fourre un rapidement dans ma bouche. tu n'les mérite pas. et je souris, un peu. je n'boude plus trop. c'est l'effet biscuits, ça.

il s'avachit sur moi, et j'étouffe. bon, il est plus lourd qu'il n'y paraît, ça, c'est sûr. pourtant, il a beau m'écraser, ça m'fait rire. peut-être parce que je suis trop chatouilleux. ou alors ça m'fait rire de voir à quel point il les veut, ces biscuits. il me fixe, je ris. non. grand sourire. je m'attrape un biscuit comme je peux sans lui permettre d'en prendre un aussi. fais gaffe, je mords. oh, je dis ça, je n'dis rien, moi.

il attrape mon poignet un peu sèchement, j'essaye de le faire lâcher, mais c'est difficile. il tient fort, le sid. bon, on est deux à pouvoir mordre. et, un à frapper, aussi ? ah non, hein, qu'il ne me frappe pas, moi, je ne frappe pas. je lui fait des yeux de chien battu, un peu, pour le dissuader de me frapper, mais je ne tiens pas longtemps. de suite après, j'ai un sourire malicieux aux lèvres. non, t'en auras pas. je lance, tout fièrement, avant de tirer ma main qu'il tient à mon visage, sans le lâcher du regard. tu parles trop, sid, tu vas perdre comme ça. grand sourire. et je plante un peu mes dents dans sa main. là, il fallait moins parler et agir plus.