elle ne cherche qu'un bout de carton, qu'une carte avec photo clichée où on pourrait voir la ville de banff, l'eau bleuté, l'eau de glaciers. c'est à cause de la fonte de ces géants blancs que l'eau est si claire, si pure. la mort des ancêtres, ils coulent maintenant dans la rivière qui voyage à travers cette petite ville. elle se déplace entre les présentoirs, elle scrute. elle ne veut que quelques babioles pour envoyer à ses parents. papa, maman, petit frère, tout va bien, je vous aime. que quelques mots qu'elle griffonnera rapidement pour se faire pardonner un départ précipité, un départ non annoncé. y'a trop de choix. des mots s'échappent d'entre ses lèvres, elle ne semble pas quoi choisir. conflit perpétuel dans cette tête de rêveuse. elle qui pense trop souvent à tout et qui, pourtant, était partie sur un coup de tête. velours était peut-être un paradoxe sur pattes.

c'est bien plus beau l'eau bleuté, les montagnes, ou bien le lac louise. bien plus beau qu'une carte postale avec la ville dessus. c'est mieux de faire rêver un peu sa famille avec elle, c'est mieux de l'entraîner dans son aventure, même si c'est à coup de lettres envoyées trop rapidement, sans récits détaillés des expéditions, des merveilles. ses yeux en amande se posent sur une image, une carte où on peut voir banff du haut d'un mont. velvet affiche un sourire doux, elle coince ce bout de carton entre ses petits doigts et elle se dit que c'est celle-là l'heureuse chanceuse qui lui permettra de reprendre contact avec ses parents et son frère. la frêle jeune femme s'avance vers le comptoir pour payer le tout, mais son regard émeraude est attiré par de jolis colliers à plumes, plus loin, juste à quelques mètres. et puis elle assiste à une chute, une créature aux longues bouclettes s'écrase au sol, quelques babioles tombent, rien de fragile, rien d'irréparable. alors la petite s'avance rapidement, elle lui tend la main. tu vas bien ? inquiétude dans sa voix, elle se fait du mauvais sang pour les inconnus, pour les amis, pour tout.

elle a de beaux cheveux, l'inconnue. une cascade de bouclettes qui viennent cacher son doux visage. velvet qui lui tend la main, attendant patiemment que l'accidentée la prenne. elle lui offre un sourire, l'aide à se remettre sur pied. des employés se chargent de ramasser les objets tombés. la jeune femme aux yeux émeraude observe silencieusement la scène jusqu'à ce que la blonde se présente. moi c'est velvet. et ne sois pas désolée, je ne faisais que fouiner. l'âme curieuse d'une gamine qui a devant elle des merveilles de colliers. tu es venue chercher un souvenir ? ou autre chose, elle n'émettait qu'une vague supposition. comme si tous les gens ici faisaient comme toi, petite. doucement, velours se déplace vers les bijoux à plumes et elle les touche du bout des doigts. ils sont beaux, pas vrai ? simple question. elle semble à l'aise avec les inconnus. patiemment, elle attend une réponse de daïka.

la belle venait porter de cv. chose intelligente à laquelle velvet n'avait pas pensé. elle qui se retrouvait à banff avec presque rien, il faudrait qu'elle se trouve du travail pour pouvoir vivre de façon plus saine. elle offre un rire doux comme réponse et toutes les deux observent du coin de l'oeil l'employé qui se charge de remettre sur l'étagère les babioles tombées plus tôt. on ne sait jamais ce que la vie peut nous réserver, elle dit. une étrange sagesse qui émane de son esprit alors qu'elle observe certains pendentifs en forme de capteurs de rêves. elle est émerveillée. cette nouvelle connaissance et elle détaillent les accessoires et en levant la tête, velvet se rend compte que daïka relâche des boucles d'oreilles. tu les veux ? elle demande, attendant la réponse, sortant des billets de sa poche. elle sait, au fond, la gamine, qu'elle ne doit pas dépenser trop, mais quand il s'agit de faire plaisir aux autres, elle ne compte pas. dans sa petite main, elle tient maintenant un collier et cette carte postale. de l'autre, elle tend un dix dollars à la blonde. prends-le. sourire chaleureux.

le billet de dix dollars patiente dans sa main droite. elle le retient, comme s'il pouvait s'envoler la seconde d'après, s'envoler vers quelqu'un d'autre que daïka ou elle. velvet attend patiemment, doux sourire aux lèvres, tendresse dans ses yeux. on referme ses doigts sur le billet, boucle d'or secoue la tête, elle ne veut pas d'aide et velours comprend. bon d'accord. elle aurait réagit comme elle. pourtant, y'a un petit pincement au coeur quand elle voit cette connaissance prendre les boucles d'oreille et s'avancer vers la caissière. tu vois, velvet, tu peux pas aider tout le monde, t'aimerais bien, hein, mais tu peux pas. alors doucement, elle va rejoindre daïka et elle paye à son tour. le collier au pendentif de capteur de rêves, elle le met à son cou à la seconde où il est payé. il pourra faire effet maintenant, il pourra écarter les cauchemars, rendre sa vie jolie, ô oui. elle fait signe à cette future amie de la suivre, elles sortent rapidement de la boutique, elles se retrouvent sur le trottoir, face au tourisme, face au monde. tu vas les offrir à ta soeur ? velours sourit, elle sourit toujours. elle pointe du doigt les bijoux.

elle attend toujours une réponse, velvet, comme si elle était programmée pour vivre au rythme des autres, jamais le sien. quand daïka hoche la tête en signe d'affirmation, elle sourit. la jeune femme se trouve un peu idiote de n'avoir rien acheté à son frère. mais il aurait fait la même. parce qu'on l'oublie souvent, velours. elle s'efface trop rapidement. remplacée par des âmes plus imposantes dans l'esprit des gens. et puis d'un seul coup, comme ça, y'a un garçon qui arrive. tant d'entrain, tant de joie. à nouveau, y'a ce sourire qui se dessine sur le visage de la brunette. l'inconnu embrasse la blonde chevelure de son amie avant de faire de même avec velvet. elle est surprise, surprise, oui, bien que toujours souriante. son âme est belle, vue d'ici. comme il se présente, elle le fait aussi. velvet. moi de même. les deux se connaissent, elle les laisse parler entre eux, elle prend le temps de ranger la carte postale dans son sac à dos, fier compagnon de voyage, usé avec le temps. la belle, elle entend les derniers mots de la phrase de cézanne et ça lui fait penser à elle. personne ne semble se connaître, on vague tous à ses occupations, on repart, ainsi de suite. bien, maintenant, tu nous connais, cézanne. elle offre un sourire enfantin au garçon, les yeux teintés de bonté, de calme et d'émerveillement. vous avez eu le temps de visiter un peu ? elle questionne, intriguée. elle, de son côté, n'a pas vu grand chose à banff.