le soleil transperce les cloisons de ses yeux. elle se relève tant bien que mal, ses habits couverts de sable. elle a encore passé une nuit hors de chez elle.

et puis elle entend une voix qui lui est adressée. elle n'a aucun souvenir d'être arrivée ici. sa main caresse son front. chaque battement de son coeur est un bruit qui résonne dans son crâne. elle a mal. c'est même plus le réveil, c'est la vie c'est con ce qu'elle dit. on dirait un putain de dépressif qui parle. elle tourne la tête et le voit enfin. il a l'air tellement apaisé. et elle l'envie car c'est à celle qu'elle aspire.

c'est étrange toutes ces rencontres que l'on peut faire. certaines sont insignifiantes et d'autres peuvent vous changer à vie. ici à banff, on aurait l'impression que chaque rencontre faite a un impact sur nous.
elle est assise et écoute ce qu'il dit. au fond il n'a pas tort. mais elle avait l'impression qu'avant, elle était plus heureuse. que quand tout était facile, elle vivait parfaitement bien.
il a fallu un événement tragique pour que tout change. elle est devenue cette âme esseulée depuis cet incident.
mais on aurait l'illusion d'être heureux pourtant...  
oui l'illusion, c'est exactement ça. même si on ne l'est pas, on a l'impression de l'être. c'est tout ce qu'il comptait pour elle autrefois.

il a l'air de dire qu'on peut être heureux. ça on lui a souvent dit et répété. et pourtant elle ne l'a jamais vraiment été. elle a cherché à l'être et y a renoncé très rapidement. trop facilement.
et puis là, ce qu'il lui dit l'électrise. il l'a cernée en quelques minutes alors qu'elle était persuadée qu'elle n'intéressait jamais assez personne pour qu'il essaye de la comprendre.
elle n'ose plus rien dire. elle serait presque fascinée par sa faculté d'empathie. car c'est ça après tout. il s'intéresse à elle. c'est simple. c'est beau. et c'est rare.
si. et ce que j'adore c'est avoir l'impression qu'elle ne se termine jamais.
quand elle regarde au loin l'horizon, elle s'y perd. elle s'abandonne à contempler la beauté de la mer.

Spoiler:

doux réveil. rencontre atypique. elle est bien là. la mer les berce. elle leur fait oublier toutes leurs histoires.
j'aimerais un jour naviguer. tu m'accompagneras ?
c'était un rêve de petite fille. c'était bizarre de lui demander ça, mais dans sa tête il n'y avait rien d'étrange. ça lui ferait plaisir à lui aussi, pensa-t-elle.
elle fouille dans son sac posé à ses pieds son paquet de cigarettes. elle en sort une pour elle et en tend une autre à ce parfait inconnu. c'est beau cette expression, parfait inconnu.
au fait moi c'est mj.  

son regard est planté sur la ligne de l'horizon. elle ne peut s'empêcher de lui faire part de son rêve enfantin. et surprise, il a l'air d'en avoir envie lui aussi. il la fait sourire. oh oui ! moi je sais pas qui est-ce que je pourrais emmener. tu voudrais emmener qui toi ?
puis il lui prend la cigarette qu'elle lui a tendu. il allume la sienne et elle fait de même. paco. ça fait penser au pulco. c'est tout frais. c'est tout beau. elle sourit puis elle tire sur sa cigarette. et qu'est-ce que tu fais là aussi tôt au fait ? 

il lui parlait de la féé-fleur. ce nom était magique. c'était beau. ça donnait très envie de la connaître. il faudra que tu me la présentes alors, et comme ça on pourra s'aventurer sur l'océan. leur conversation devenait presque magique. c'était beau d'avoir autant d'espoir.
oh et bien si on a un voilier on pourra se réveiller comme !a tous les matins
ça y'est, ça devenait carrément féérique. une sorte de conte de fées.
moi j'ai finis ma soirée ici apparemment. j'ai pas de souvenirs, comme à chaque fois...
 

conte de fée, espoirs éphémères.
il s'était rapproché d'elle. c'était comme s'il voulait en savoir plus sur elle. c'était la fatalité de sa vie après tout.
oh non c'est ce qu'il y a de plus simple
elle tirait sur la fin de sa cigarette et rapprochait les jambes de son corps.
on s'habitude tu sais..
 

il ne la connaissait pas. personne ne la cernait vraiment. elle se comportait pas comme les autres. un mal la rongeait et elle essayait de se libérer comme elle pouvait.
je sais pas si on s'y habitue vraiment. mais en tout cas on essaie de faire comme si ce n'était pas gênant.
il semblait vraiment concernée par elle.
je sais pas si j'en ai vraiment envie...
 

Je la regarde, un peu déconcerté. Comment ça, elle en a pas envie ? Elle aime bien se voir mourir, comme ça, sans rien faire, sans agir ?
Ça m'échappait. Mais je n'étais pas là pour l'aider, pour lui dire quoi faire et où aller. Elle était grande et responsable, non ? Fais ce qu'il semble être le mieux pour toi, alors. Je murmure, une légère grimace aux lèvres.
Essaie juste de ne pas faire n'importe quoi. Je hausse une épaule.
Sourire compatissant.

elle voyait bien qu'il ne comprenait pas pourquoi elle disait tout ça. il ne la connaissait pas c'est pour ça. il ne savait pas ce qu'elle avait pu subir dans sa vie, ce qui lui était arrivé.
je sais pas vraiment ce qui est le mieux. je crois que c'est la seule chose que j'ai trouvé pour le moment.
mj elle ne pleurait pas souvent, même très rarement. mais là, elle se sentait mal. elle avait une boule au ventre. comment est-ce qu'elle pouvait réussir à se faire comprendre ? il ne le jugeait pas mais elle savait qu'il pensait qu'elle foutait sa vie en l'air. mais s'il la connaissait vraiment, il n'aura pas pensé ça d'elle.
je vais essayer...
 

elle se sentait conne de lui dire tout ça. elle détestait se confier, parler de ses problèmes. qu'est-ce qui lui prenait de lui dire tout ça. elle aurait du se taire et faire comme si elle était normale.
j'espère... mais je sais même pas ce que je veux faire d'autre.

et puis il effleure sa main, non, il la tient. elle sent une chaleur imprégner son corps. une sorte de sensation bien être. ça la fit sourire bêtement.
si tu le dis... tu t'y connais toi, à tout ça ? à la douleur ?  

et là il se braqua. elle n'avait pas à le regarder pour sentir la tristesse qui émanait de son corps. sa voix vibrait dans sa gorge. elle imaginait très bien l'éclat dans les yeux qu'il avait. elle se rendit compte qu'elle était surement trop intrusive, qu'elle n'aurait pas du lui demander tout ça. désolée elle lui serra la main. elle sentait qu'il ne fallait mieux pas parler de tout ça. elle baissa les yeux.

Sa main se serre dans la mienne. Le geste se joint à une parole qui dit désolée. Ses yeux se baissent, et je lui lance un sourire triste. Un sourire un peu fatigué, qui en dit long. C'est pas grave, MJ. Je crois qu'on a tous un peu de tristesse au fond de nous. Mais ne restons pas là, à parler de choses qui serrent le cœur.
C'est quoi, ce que t'aimes le plus ? Je demande.