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 REQUIN-TIGRE.

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MessageSujet: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMar 8 Avr - 13:36

    Les chemins parfois, ils mènent là où on ne les attend pas. Au bout du monde. Au bout d'un bar. Les yeux posés au fond de ton verre, t'as le regard vide et triste. Trop de bruit, trop de monde autour de toi. Tu sais pas faire Abby, t'aurais même pas du rentrer là dedans. Pourtant doucement, tu portes l'alcool froid à tes lèvres. Et ça brûle. Ca brûle jusqu'à ce qu'un inconnu vienne poser sa peau sur ton épaule. Cette main inquisitrice à laquelle tu t'empresses de fuir. Ton regard s'obstine à fixer le liquide au fond de ton verre. Me touches pas. Je t'en supplie.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMar 8 Avr - 13:43

C’est la nuit encore. La nuit immonde. Sans étoiles et sans lune et sans rien qu’un ciel de nuages. J’ai passé ces derniers jours à rien comprendre au monde et aux filles et à la nuit et aux rêves et aux miracles.
J’ai passé ces derniers jours les paupières ouvertes à regarder du noir. Je rentre dans un bar, comme ça. J’ai envie de voir de la vie, de voir les gens s’agiter. Puis elle est là. Assise  au milieu de ces gens qu’elle ne connaît pas, un verre entre ses mains délicates.
J’ai envie de rire. De rire tristesse. Je pose ma main sur son épaule. Elle sait que c’est moi. Elle dit me touche pas. Le coup au cœur. Je m’assieds à côté d’elle. On arrose pas les fleurs avec de l’alcool. C’est tout ce que je dis.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMar 8 Avr - 13:56

    T'arrives pas à savoir ce qui te noue la gorge. L'alcool ou sa voix. Paco. Paco l'ombre fantôme qui s'accroche à ta tête, a tout ton âme. A chaque fois que tu le repousse, ton esprit ramène son image violemment jusqu'à toi. Comme une blessure. Le souvenir douloureux de sa voix qui n'insiste pas. Par ta faute. Toi et cette incapacité à faire face aux choses sérieuse, toi et cette incapacité à séparer les choses. L'important et le moins important. Lui et les autres. Mais comment on sait hein, que quelqu'un est devenu important ? Est ce que ça se mesure aux brûlures dans le ventre ? Aux images dans la tête ? Au parfum qu'on oublie pas, et qui sans cesse nous murmure l'absence.
    Il s'assoie, et tu t'appliques a ne pas le regarder, garder tes yeux posé sur tous les détails du monde sauf sur lui. Pour ne pas le décevoir à nouveau. Je bois pas vraiment, je fais semblant.
    Parce que tu fais partie de ces fleurs maladroites qui ne supportent que l'eau.
    De ces fleurs maladroites qui ne supportent pas la solitude.
    De ces fleurs maladroites. Mais vraiment maladroite.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMar 8 Avr - 14:07

Il y a quelque chose entre nous. Quelque chose qui s’est fêlé. C’est pas entièrement cassé. Vous savez, un peu comme ces verres fatigués, qui sont rayés et fêlés, eux aussi. Si on s’occupe bien d’eux, l’eau fuit un peu mais ils ne cassent jamais.
Je crois que je suis un verre fêlé, aujourd’hui. Je laisse passer des tas de choses, comme des images ou des sons. Et ses yeux qui se posent partout sauf sur moi. Ses yeux qui n’assument même pas m’avoir regardé avec quelque chose qui ressemblait à de l’amour.
Elle me dit qu’elle boit pas vraiment. Qu’elle fait semblant. Je laisse échapper un rire cassé, un peu rauque. Et tu as fais semblant, l’autre soir ? Et le premier jour ? Je demande.
J’aime pas quand mes mots ressemblent à du venin. J’aime pas quand ils blessent. T’as fais semblant de rire ? Et tes mots, c’était du pas vraiment, eux aussi ? Moi je la regarde. Moi j’ai le courage de la fixer.
Peut-être parce que je n’ai rien à me reprocher.
Je me déteste de m’être laissé bercer par une fille aux allures de fleur. J’ai même pas envie d’embraser sa peau tant de fois embrassée. Parce que je suis sûr qu’elle a le goût de sel.
Mais pas comme la mer.
Comme les larmes.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMar 8 Avr - 14:31

    Tu voudrais toucher sa peau, de nouveau. parce que toi t'en meurs d'envie. Tu meurs d'envie de voler sa main, de voler son souffle, de voler tout son être. Cet être tellement différent de tout ceux qui vous entourent, de ces étrangers aux regards vides. Vide comme cet espace qui maladroitement vous sépare. Gêné. Tu te sens basse Abby. Basse comme la terre. Une terre humide que ses mots à Paco ils piétinent. Ton regard, brusquement il voit flou, parce que les paroles qu'il prononce, elles sont pleine de colère, d'un sarcasme qui te noue la gorge. Pourquoi il dit ça ? Pourquoi comme ça, il devient méchant ? Paco, c'était un conteur de rêve. un conteur de beauté. Ce soir, il est conteur de malheur. Par ta faute. Parce que t'es pas une fée, encore moins une fleur. T'es qu'une flamme maladroite qui sait pas parler, et qu'a jamais le courage de regarder les gens.
    Pourtant, peut être à cause de la blessure qu'il ouvre dans ta gorge, tu te redresses, tes doigts agrippés au verre comme a une bouée de sauvetage. Et tu le regarde. Tu le regarde longtemps, du moins c'est l'impression que ça te donne. Pourquoi ça te fait rire Paco, de rire des choses sales ? C'est ça, je faisais semblent. Semblant tout le temps. Les pétales fanent. Tu comprends pas comment au début, c'est la poésie qu'a pu vous tomber dessus si vide. Tu comprends pas comment maintenant c'est vous, qui vous retrouvez à tomber.
    Chute libre.
    Et toi Paco, tu faisais semblant, t'être gentil ?
    Il faudrait que tu parles Abby.
    Parler pour rendre les choses plus simples. Ou alors non.
    Mais parler ça fait mal.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMar 8 Avr - 14:55

J’ai le bout des doigts qui tremble un peu. Alors je cache mes mains dans mon blouson, pour pas qu’Ab-by la fée-fleur voit mes mains agitées. Ab-by la fée-fleur. C’est plus tellement vrai, je crois. Je crois que ça ressemble à une illusion bizarre. C’est le destin qui nous fait un sale coup ou, je sais pas. Il y a une drôle d’émotion qui flotte entre nos deux corps toujours un peu endoloris.
Mais moi, j’en veux pas, de cette douleur-là. Mes yeux se posent un court instant sur ses mains à elles. On dirait qu’on ne sait plus quoi en faire. Elles sont tellement habituées à se tenir. À se poser l’une sur l’autre, l’une dans l’autre. À dormir dans leurs doigts, entremêlées.
Puis elle me regarde enfin. Oh. Je serre les mâchoires. Je les serre si fort que je sais qu’à cet instant, l’os de ma mâchoire saille d’une façon distincte. Elle me demande si moi, si MOI, je faisais semblant. Semblant d’être gentil. Je la regarde. Halluciné. J’ai envie de lui demander si elle se moque de moi.
Tempête dans le ventre.
Mais cette fois-ci, c’est la mauvaise. C’est celle qui fait couler les bateaux, celle qui tue les marins et qui met le feu aux voiles. J’ai jamais fait semblant. J’ai jamais menti, avec toi, Ab-by. Je continue de prononcer les deux b. Distinctement. Je lui dois bien ça.
Soupir étranglé s’échappe de ma bouche entrouverte.
Ça pue le sanglot à peine masqué, tout ça. J’ai les yeux qui brillent. Mes mains sortent de leur cachette pour prendre le verre et l’écarter loin d’elle. Le poser devant moi. Je sais qu’ici, elle ne viendra pas le chercher. Cette fois, c’est à moi de regarder le contenu du verre. Sourcils froncés.
Cernes apparentes.
Je devrais pas réagir comme ça. C’est rien qu’une fille après tout. Mais non. Non, c’est pas qu’une fille. C’est une fille aux jolis mots, aux jolis airs, à la jolie musique. C’est une fée-fleur, bon sang. Et on piétine pas les fleurs. C’est parce que je suis pas venu te mettre des fleurs dans les cheveux, que t’es comme ça ? Je demande.
Je regarde le bois du comptoir. Il est sombre. On dirait son regard. J’aimerais poser ma main sur son ventre. Ou mon visage. Et lui demander si c’est la tempête à l’intérieur. Je savais pas où te trouver, de toute façon. T’avais disparu. Envolée.
T’étais du vent, Ab-by.
Du vent.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMar 8 Avr - 15:21

    C'est de la folie. Tout ça, c'est pas réel, c'est impossible. Tes doigts, ils se mettent à trembler, mais lui, il vole tes repères, il s'empare de ton verre et le place devant lui loin de toi. Loin de vous. Et ça te fait mal. Je suis comme toi Paco. Différente. Pour occuper ton regard, tu le fixe sur tes doigts qui dessinent des ronds sur le comptoir. Respires fort Abby. Oublis le monde autour de vous. Je comprends pas. C'est pas les fleurs. Tu voudrais l'emmener dehors, et faire tous les jardins de la ville pour retrouver vos deux fleurs. la jaune et la rose. celles qui se tombent dessus. celles qui tombent folles d'amour l'une pour l'autre. Pas celles qui fanent. Les fleurs fanées, ça rend tellement triste. Tellement fade. Comme là, comme vous.
    Deux enfants plein de rancœur.
    Il te dit qu'il savait pas où te trouver, et tu t'en veux, tu t’effondres sous la culpabilité. T'es lâches Abby. Lâche d'être partie comme ça, sans rien dire. Lâche de pas être venue frapper à la porte de son hotel, de cette chambre-bateau, pour lui dire pardonnes moi. excuses mes maladresses. t'es tout le temps dans ma tête, tout le temps. Viens, on s'assoie, faut que je te raconte une histoire.
    Ton histoire.
    Dans l'ombre du bar, y a les ombres des jours passés qui se rapprochent un peu plus de toi, qui dans leur coin s'amusent de leur victoire. Elles ont gagné. Sans le savoir, elle ont eu ce qu'elles ont toujours désirées. Les ombres elles te veulent toi. Toi, fée-fleur, enfant devenue fragile. Je voulais voir la mer avec toi. Ta main, elle réclame la sienne. Ton regard, il réclame le sien. Faut que tu me crois..
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMar 8 Avr - 15:37

Elle me dit qu’elle est comme moi. Différente. Je fronce les sourcils. Je ne sais pas comment je dois le prendre. J’ai toujours voulu être un Pacomme les autres. Mais j’ai jamais voulu devenir un OVNI, un trop spécial, un inadaptable. Je la laisse parler.
On ne se regarde pas.
On ne se regarde plus. Et tout semble flou autour de nous. On dirait que le théâtre de notre dialogue se meut lentement, que les sons s’assourdissent. Ils sont presque muets. Elle dit que c’est pas les fleurs. Qu’est-ce que c’est, alors, si c’est pas les fleurs ? Je dis ça, le regard toujours dans le fond du verre. Comme si j’attendais que le liquide fasse quelque chose, comme si j’attendais que ça change.
Puis elle dit qu’elle aurait voulu la voir la mer, et qu’il faut que je la crois. J’ai envie de taper du poing, de me lever, de crier. De lui hurler un pourquoi t’es partie, un pourquoi t’as fait ça, pourquoi t’as tout gâché. Pourquoi t’as salit quelque chose de beau, quelque chose de pur ? Quelque chose qu’il ne faut pas tâcher avec la peinture de la douleur. Ma respiration s’accélère un peu, je souffle fort.
Calme la colère, Paco.
Je sais que ses yeux sont posés sur moi. Actuellement, c’est mon épaule qui la regarde. Moi j’ai peur de me tourner vers elle, peur qu’elle aperçoive que mes yeux brillent de façon anormale. Mais du coin de l’œil, j’aperçois sa main. Sa main qui semble dire rejoins moi, c’est là qu’il faut venir.
Non, non. On ne va nulle part.
J’aplatis mes paumes sur le comptoir, pour ne pas qu’elles bougent, pour ne pas qu’elles s’enlacent aux doigts d’Ab-by, pour ne pas qu’elles veuillent peindre son corps. C’était quoi, ce truc important ? Je demande. Cette fois, je daigne de la regarder. Je n’arrive pas à adoucir la force de mes yeux. Ils sont trop inquisiteurs.
Je me déteste de réagir comme ça. Je déteste cette attitude. On dirait une jalousie perfide. La jalousie de quoi, de rien. La peur de perdre quelqu’un qui me correspond, une fille-poème. Faut pas que tu partes comme ça, Abby. Tu peux pas me laisser comme ça, juste en disant qu’il faut partir.
Elle a raté la mer.
J’ai même plus envie de la voir, celle-là.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMar 8 Avr - 16:06

    C'est l'histoire d'une fille. L'histoire d'une fille qu'aimait les fleurs, une petite fille qui ressemblait pas aux autres petites filles.
    Les gens, les gens doivent disparaître. Du regard, tu t'assures que personne ne regarde, que personne n'écoute. Que personne n'a remarqué la colère du garçon, du conteur. Les ombres dansent, s'emmêlent et se démêlent. Toi du bout des doigts, tu voudrais récupérer le verre qu'il garde précieusement devant lui. Juste pour te donner du courage. Il te demande ce que c'est si c'est pas les fleurs. La lâcheté t'as envie de lui répondre. L'incapacité à mélanger deux vies. Deux vies tellement différentes. Donne moi mon verre Paco. Ta voix perd de sa poésie. Ta voix perd cette douceur qui d'habitude caresse tes mots. Tu vois Abby, t'as toujours cru que t'étais pas comme eux, que t'étais différente. Que leurs airs hautains, toi tu les avais balayé, que t'en avais fais des papillons en papier. mais non. Je vais te raconter. Mais je sais pas raconter comme ça. Il doit s'attendre a quelque chose de fantastique, de beau et sombre. Une histoire romanesque, un livre qu'on ne referme qu'à la fin. Il se trompe.
    C'est l'histoire d'une fille. C'est l'histoire d'une fille qu'aimait les fleurs. Vraiment.
    Tu sais pas par où commencer. le conteur c'est lui. C'est lui qui murmures les histoires, qui sait parler d'amour. Toi ton histoire, tu sais même pas si elle parle d'amour. Te moques pas Paco. Mon père, à sa manière, c'est une sorte de roi. Quelqu'un de vraiment puissant, de vraiment influent. Ma mère, c'est une grande dame aussi. Une reine un peu capricieuse. Je me suis jamais entendu avec elle. Parce qu'elle est belle ta mère, tellement belle que le monde entier s'applique à l'aimer. Aimer son élégance, sa grande éloquence. Elle sait faire chanter les mots, bien mieux que toi. Je suis partie parce que je sais pas être une princesse. Parce que je veux pas qu'on décide pour moi. T'hausse simplement les épaules. Voilà. Voilà, simplement. Tu préférais qu'il sache pas, parce que les gens qui savent se sentent le besoin de mériter leur place autour de toi.
    C'est pas une histoire triste, juste l'histoire d'une enfant qu'est pas née au bon endroit.
    Ma mère m'appelle souvent. Pour rappeler tout un tas de choses, murmurer tout un tas de promesses. Je pouvais pas rester avec toi Paco. Parce que j'arriverais pas a être avec toi et avec eux en même temps. Tu t'en veux, d'imposer ta voix, d'imposer ta vie. Tu voudrais t'excuser, d'être comme ça, au centre du monde, alors que tu déteste t'y trouver. Tu déteste qu'on parle en te regardant. Pire que tout, tu déteste qu'il te déteste. J'ai jamais fais semblant avec toi Paco. Parce que j'ai jamais été vivante comme je le suis quand t'es là. Tu portes le verre à tes lèvres. Tu dois te réveiller.
    Loin de lui.
    C'est de la folie.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMer 9 Avr - 7:18

Elle me dit donne-moi mon verre, Paco. Elle ne demande même pas, elle dit. Voix froide et dure. Elle se transforme en statue. Je la laisse s’en emparer. Elle fait ce qu’elle veut, après tout. Mais je veux pas la voir boire, la voir tituber avec des yeux qui essaient de fixer le vide.
Ce serait trop douloureux, comme vision.
Trop triste.
Puis elle se met à parler de ses parents. Sans que je lui demande quoi que ce soit. Alors je l’écoute et mes prunelles effleurent sa personne puis la regardent finalement, pour de vrai. Elle me dit qu’elle pouvait pas être avec moi et avec eux en même temps. Mes mâchoires se ferment lentement, un peu fort aussi. Pression douloureuse qui fait froncer les sourcils.
J’aimerais dire je comprends, je comprends ne t’en fais pas : ça ne pose pas de problème, je t’assure, je te promets que ça ne fait rien. Puis elle me dit qu’elle s’est jamais sentie aussi vivante qu’avec moi. Ça fait chaud dans le cœur, chaud dans le ventre. Sensation moelleuse. C’est bon d’être utile à quelqu’un.
Elle avale un peu du liquide ravageur et murmure que c’est de la folie. Je ne vois pas ce qu’il y a de fou là-dedans, Abby. Murmure. Pourquoi… Pourquoi tu n’essaierais pas simplement d’être toi ? Respiration douloureuse. Je ne sais quoi lui dire.
Pour une fois, je ne trouve pas les mots.
Et le silence semple être artificiel. Il fait naître le malaise. Ça fait une impression si forte qu’on aurait presque envie de le quitter, ce bar. Je crois qu’on étouffe. Je suis désolé. De quoi ? De ne pas rentrer dans ses normes, dans ses barrières. Je n’arrive pas à défaire mon regard de sa personne, si bien que mes yeux sont un peu écarquillés, à la fixer comme ça, sans cesse.
Tu partiras pas, hein ? Je souffle. Pas de contact physique. Juste le son de ma voix qui supplie. J’ai besoin d’elle, je crois. Elle m’aide à ne pas faire n’importe quoi, elle m’aide à dormir. Elle permet de stabiliser mes émotions.
Si elle part, le barrage s’effondre. Ça va déborder de partout.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMer 9 Avr - 8:03

Spoiler:

    Est ce qu'il changera de regard ? Est ce qu'il te regardera différemment ? Les gens regardent différemment ceux qu'ils connaissent. Parce que d'un coup, un ciel nuageux devient limpide. Limpide. Vide. Les gens ne sont plus surprenants. Plus vraiment intéressants. Toi Abby, tu ne veux pas qu'il perde son regard. Tu veux seulement redevenir la fée-fleur, l'entendre parler de nouveau avec cette poésie qui ce soir semble avoir disparut. Ravalée la poésie. La poésie dans les bars, ça donne une impression moche. Une impression de pas à la bonne place. Comme toi. Lui à la limite, il passe inaperçu. Paco sait faire. Toi Abby, t'es un peu comme la poésie. Pas au bon endroit. T'es plus belle sur les plages où au milieu des fleurs. C'est comme ça. Paco lui, il sait être beau n'importe où.
    Il murmure que ce n'est pas fou. Il murmure et ne cri plus. Oui. Oui Paco, oublis de crier. Alors tu relève le regard de ton verre, de ce verre protecteur qui, tu l'aurais parié, aurait pu te sauver d'un éclat de colère. Tu sais pas ce dont il est capable Paco. Mais tu penses que le pire, c'est envisageable. Il a quelque chose de brut dans le regard. Quelque chose que tu ne serais pas décrire. C'est là bas que j'étais pas moi. Ici, c'est différent. Ici, les gens sont beaux, les gens sont d'une douceur sans artifices. ici, personne ne cite Baudelaire pour se donner de grands airs. Ici, les gens se contentent de vivre. Comme des enfants. un retour à l'innocence. A ces années de maladresse où on courait pieds nus dans l'herbe. T'aimais ça tellement fort.
    Paco, tu l'aimes comme l'herbe mouillé.
    Ca te noue la gorge.
    Désolé de quoi ? Faut pas qu'il dise ça. c'est toi qu'est partie. Toi qu'a pas su faire. Toi qui l'a blessé. Si quelqu'un doit s'excuser Abby, alors c'est toi. Dis lui, murmures lui, que les jours qui ont suivis, tu t'en es voulu comme jamais. Princesse devenue voleuse. Voleuse de temps et de lumière.
    Il te demande si tu partiras, et du coin des lèvres, tu souris. Pas parce que c'est drôle, non. Seulement parce que la question, elle vient sans arrêt bousculer ta tête. Tu devrais rentrer, oui, surement. La vrai question, celle qui écrira l'histoire, c'est de savoir si t'en as envie. Le silence est pénible, et pour le tromper, tu te tournes finalement sur ta chaise pour te retrouver face a lui. Ton coeur dans ta poitrine, s'il voyait comme il frappe fort. A force, il va se fatiguer et s'éteindre. Peut être un jour. Alors ta main, hésitante, elle s'approche de la sienne, se pose contre sa peau, et laisse le courant violent la brûler.
    Ne me repousse pas.
    Plus maintenant.
    Je t'en supplie.
    Mais seulement si tu viens avec moi.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMer 9 Avr - 12:49

On dirait que l’orage s’est un peu calmé entre nous. Tout est moins bruyant, tout semble plus apaisé. Elle me dit qu’ici, c’est différent. Je réponds par un haussement d’épaules et par le silence. Tout est différent, quand on change d’endroit. C’est une bouffée d’air, c’est revivre, c’est sentir son cœur battre un peu plus fort à chaque pas nouveau dans la rue.
Elle me demande désolé, désolé de quoi. De pas avoir compris toutes ces choses. Je murmure. Elle se tourne finalement vers moi et sa main s’empare de la mienne. Elle n’a pas su résister à cette envie qui surpasse même la conviction. Je me laisse faire, et un demi-sourire se peint sur mes lèvres. Une grimace un peu forcée, pas tout à fait réelle.
Et pourtant.
Et pourtant je suis soulagé qu’elle la tienne, cette main. Qu’elle ait osé sauter par-dessus ce gouffre qui s’agrandissait au fur et à mesure des minutes, entre nous. Ses mots transforment le demi-sourire en un sourire de gêne.
C’est d’accord alors, je viendrais. J’ai la gorge un peu nouée. La voix d’Ab-by est un peu plus dure, un peu différente. Je crois que le fait d’être exposé à tous, de ne pas être dans notre bulle. Ça nous change.
Et puis j’ai toujours ce goût amer, dans la bouche. Ce goût étrange qui me donne envie de reculer, de me taire. On change tous à partir du moment où on bouge, je crois. J’ai changé, aussi. Je murmure. En Louisiane, j’étais pas ce que tu vois, j’étais pas cette main que tu tiens.
Je pose mes yeux sur le comptoir. La douleur d’un avant manqué tord un peu les traits de mon visage. Je relâche la pression autour de ses doigts, et nos mains ne se tiennent que par un effleurement un peu flou. Tu devrais peut-être leur montrer, à tes parents. Leur montrer qui tu es. Arrêter d’être celle qu’ils veulent que tu sois. Sourire paisible et rassurant sur ma bouche.
On perd de notre poésie, tu ne trouves pas ?
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMer 9 Avr - 13:11

    Paco il est loin, loin comme personne. T'as cette impression douloureuse qu'il dit oui pour dire oui. Pour faire plaisir au souvenir qu'il a de toi. Tes doigts, ils sont douloureux, parce que les siens, tu les sent distants. Tellement loin de toi. Il dit qu'il viendra, mais t'es pas sûr qu'il le veuille. Ton Paco qui parlait avec le coeur, voilà qu'il murmure. Non. Il faut que la poésie revienne, que le soleil vienne remplacer la lune. Parce que la lune est sombre, la lune a cette élégance hautaine qui te rend mal à l'aise. La lune rend les gens vulnérable. L'impression qu'un seul de ses mots pourrait bouleverser ta vie, la réduire en morceaux. Les pièces d'un puzzle que t'as pas certaine de pouvoir reconstituer.
    Alors pour se mettre a égalité peut être, où juste parce qu'il en a envie, Paco se crée une histoire, les contours de sa vie se dessinent un peu mieux. C'est toujours flou, mais sur sa peau, tu vois le soleil. Tu vois le soleil et cette étrange tristesse qui lui habite le regard. Paco est gris. Gris comme le ciel. Tu voudrais serrer sa main, mais ses doigts se desserrent pour n'être plus qu'un contact éphémère. Une caresse à laquelle vient s'inviter le vide. Sa te noue la gorge. Et elle était comment, ta main, là bas ? Te revoilà enfant, maladroite et timide. Tu sais plus parler. Plus à lui. Alors a ton tour, tu poses le regard sur le comptoir. Excuses moi. T'es pas obligé de répondre.
    Tu le ois pas, son sourire. Ce sourire qui cette fois semble se défaire des grimaces qu'il t'a dessiné jusqu'à maintenant. Paco redevient peintre. Sa voix peut être un peu plus légère, qui te murmure de montrer qui tu es vraiment. Tu ris. Tu ris pour toi, tu ris pour lui. Tu sais plus. Pas sûre que ça leurs plaise. Mes parents c'est pas des poètes. T'es persuadée qu'ils comprendraient pas, que les mots trop beau, ça leur passerait au dessus. Comme les nuages. Tes parents Abby, ils comprennent seulement les mots durs, les mots efficaces et qui servent à quelque chose. Tout à un but. La poésie elle en manque cruellement. Mais j'essayerais. Oui, t'essayera de leurs dire, d'arrêter de croire de que deviendras reine. Le seul pour qui t'as envie d'être belle, belle comme ça, c'est l'ombre silencieuse assise à côté de toi.
    La caresse de vos mains est douloureuse.
    Alors tu retires la tienne.
    Est ce que tu m'en veux toujours Paco ? Je déteste quand t'es triste comme ça. Je déteste cette impression de t'avoir déçue.
    Tu soupir alors que ton cœur fait des bond dans ta poitrine.
    Je déteste te sentir loin de moi.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMer 9 Avr - 14:18

Elle me demande comment elle était, là vie, en Louisiane. Je pourrais lui décrire les marécages étouffants, les bruits étranges la nuit, la chaleur écrasante qui tue. Mais j’ai pas envie, j’ai pas envie de lui décrire la Louisiane. Parce que là-bas c’était la nuit, la nuit tous les jours même le jour. C’était un océan de vide sans rien, sans étoiles. La vie n’était même pas triste. Elle avait juste un goût de néant. Et je me levais tous les matins sans but, sans raison.
Je me levais parce qu’il fallait se lever.
Mais le fait de ne plus jamais me lever ne m’aurait même pas dérangé. Il n’y a rien qui me rattachait à cet endroit. Pas même ma famille. Pas même ces gens qui me souriaient mais qui m’étaient totalement étrangers. Mon cœur se serre un peu fort. En souvenir de toutes ces nuits passées à la fenêtre à chercher les étoiles, les vraies. A chercher la beauté du ciel, du monde.
Ma main, là-bas, elle tremblait de fatigue. Elle s’agitait pour rien, elle cognait les murs et les autres garçons. Je dis ça à demi-voix. Je les revois, ces garçons à qui j’ai cassé la gueule pour me protéger moi. Et les coups de poings dans le mur, les coups de pied dans les portes. La colère qui trop longtemps laissée muette finissait par éclater, par hurler elle aussi. elle avait le droit de parler.
Fallait lui laisser les mots, parfois.
Pour ne pas exploser.
On ne naît pas poète, Abby. On le devient. Et je suis sûr qu’en leur forçant un peu la main, en leur faisant lire des poèmes de temps en temps, ils comprendraient. Je lui souris. Mais sa main s’échappe, elle glisse loin de la mienne. C’est de ma faute, je sais que j’ai les doigts froids, et qu’ils n’expriment que du vent, du vide.
Puis elle me pose la question. Est-ce que tu m’en veux toujours ?
J’arriverais pas à lui mentir. A lui dire non en la regardant droit dans les yeux. Un peu. Mais pas pour toujours. Je dis. J’essaie de glisser de la chaleur dans la couleur de ma voix. Puis elle dit qu’elle déteste me sentir loin d’elle. Sa voix se brise.
Enclume au fond de l’estomac. Gorge qui se noue et se renoue à l’infini. Mais tu seras toujours ma fée-fleur, Ab-by. Même si on fane certains jours, même si la pluie nous écrase, tu seras toujours ma fée-fleur.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyMer 9 Avr - 15:08

    Paco il est vague, Paco il raconte rien pour de vrai. Il murmure des choses tristes, des choses grises et fades. Paco, tu l'avais bien vu, son regard fatigué. L'enfant de la lune. Tu les avais vu, les cernes sous ses yeux que tu prenais pour témoin de sa beauté. Pas des marques du passé. Un passé qu'a abîmé sa main, qu'a abîmé sa tête. Tu l'imagine pas cogner, même dans des murs. Pas le Paco qui venait glisser des fleurs dans tes cheveux. Pas celui qui racontait des jolis histoires, de celles qui vous prennent à la gorge. Une douceur qui ravage tendrement les murs. Lui qu'est couvert de couleur. Lui qui ce soir s'est montré sombre. T'as peur d'avoir réveillé sa colère. Il est beau Paco, parce qu'il ressemble au jour puis a la lui. Il est beau, parce qu'il semble ravagé par tout un tas de choses tristes. Tu voudrais prendre sa main mais t'oses plus. Sa main abîmée, ravagée par la mer. Je suppose qu'on a parfois des raisons d'agiter les mains pour rien.
    Des jolies raison aussi parfois.
    Des raisons qui donnent le peine de se lever.
    Qui donnent un sens à des vie bancales.
    Je leur raconterais l'histoire des fleurs. Personne peut ne pas aimer cette histoire là. C'est une belle histoire. Eux la détesteront surement. Ils détesteront Paco aussi, parce qu'il vient de trop loin pour obtenir le droit de s'emparer d'Abby. Mais peut être, oui, peut être qu'avec le temps, ils réussiraient à se prendre d'affection pour cette rose maladroite, cette fleur fragile. Les fleurs poussent même au milieu des pierres, alors pourquoi pas eux ?
    Il dit un peu, il t'en veut encore un peu. Il parle de fleurs qui fanent, de la pluie qui tombe. Ca rend ta gorge sèche comme un désert. Cette pluie qui tombe sur vous. Alors doucement, tu te laisses tomber du tabouret qui te servait jusque là de perchoir. Tu te trouve petite, vraiment petite, avec ton regard triste et cette incroyable sensation de fragilité qui s'empare de ta peau. Tout va bien pourtant Abby. Il a dit que ça durerait pas toujours.
    Je préfère les fleurs qui ne fanent pas. Parce que dans l'histoire, les fleurs ensemble, elles étaient fortes, et belles ici. Les fleurs fanées c'est ni beau ni fort.
    Tu l'aimes Paco. Tu l'aimes comme une folle et ça te fait peur.
    Alors au milieu des gens qui rient fort, au milieu du bruit qui ravage ta tête, tu tends ta main vers lui. Une main froide et hésitante. Peut être comme la sienne. Accompagnes moi dehors. On s'en va et on s'enfuit. On oublie les choses qui rendent tristes. On remet les choses dans l'ordre. Viens Paco, on part. Viens Paco, on se retrouve. Tu voudrais te sentir forte et courageuse, alors comme les filles dans les livres, tu cherches son regard. Il te rendrait dingue ce regard.
    Comme rien.
    Vraiment.
    S'il te plait.
    Ta voix redevient murmure. Ton souffle redevient caresse.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyJeu 10 Avr - 6:11

Elle dit qu’on a parfois des raisons d’agiter les mains pour rien. Ça me fait baisser les yeux, ça me fait nouer la gorge. Elle le dit d’une façon qui coupe un peu le souffle parce que sa voix se voile avec quelque chose d’étrange, qui ressemblerait un peu à de la tristesse, quelque chose comme ça. Puis elle dit qu’elle parlera des fleurs à ses parents, elle dit que c’est une belle histoire. Il faudra leur raconter, oui. Tu n’auras qu’à les réécrire de façon à ce qu’ils s’y reconnaissent. Un sourire effleure ma bouche.
Les histoires n’ont un effet que lorsqu’on s’y retrouve. Que lorsqu’on se dit que oui, c’est moi, ça me ressemble, tout ça.
Elles faneront pas, les fleurs, Abby. Je te promets qu’elles faneront pas. Elles sont immortelles, mais parfois elles sont un peu fatiguées. Je murmure. Elles sont fatiguées, elles ont des cernes au bord de leurs pétales mais elles ne meurent jamais, dans cette histoire. Même quand il neige, même quand il pleut, même quand le vent menace de les arracher avec lui. Elles se contentent d’être là et d’exister. De se plier parfois quand le poids de la vie est trop fort, mais dès que le soleil brille, elles regardent le ciel.
Mais elles ne meurent pas.
Jamais.
Puis elle descend de son tabouret qui la rendait toute recroquevillée. Elle me dit accompagne-moi et sa main est tendue vers moi. Si je ne la prends pas, elle ira piétiner les fleurs, elle les jettera à la mer. Si je la prends, je dis d’accord. Je dis on oublie, c’est pas grave. Je me lève et j’attrape sa main.
Mes prunelles sur elle dégagent une tendresse infinie. Parce que je n’oublie pas tout ce qui s’est fait avant, toutes les briques posées sur les autres, cet équilibre à la fois fragile et tenace. Je m’empare de sa main et je m’approche d’elle. Mes lèvres sur son front. Mes paupières fermées. Ça dure quelques secondes. Je dis d’accord, allons dehors, quittons cet endroit.
Je quitte le lieu avec sa jolie personne à mon bras, et l’air froid me frappe le visage. Comme un retour à la réalité. Je me sens tout drôle et je ne sais pas si je me sens bien ou mal. Je tangue entre les deux extrêmes, ça donnerait presque le vertige. Viens, on va arpenter les rues la nuit. Tu vas voir, il n’y a rien de mieux que de marcher quand tout est noir. Demi-sourire sur le visage. Malice dans les yeux. Je lâche sa main et je m’engage sur le trottoir.
Ciel nuage sans étoiles. Silence urbain.
Et la fleur au milieu de ça.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyJeu 10 Avr - 6:32

    Raconter une histoire qui ressemble a tes parents. Une histoire où ils deviendraient les fleurs. Cette histoire là, tu te sent incapable de l'écrire, parce que tu serais pas quoi dire. pas encore. Pour toi même, tu te dis qu'il faudra que tu cherches, comment leurs fleurs a eux elles se sont tombées dessus. Ce sera surement une belle histoire.
    Toutes les histoires sont belles quand on prend le temps de les écouter.
    Du bout des lèvres, tu souris aux fleurs fanées. Elles te rendent grises mais tant pis, t'attendra que les couleurs reviennent. T'attendra que lui il revienne. Doucement, sans faire de bruit. Il saisit ta main comme il le ferrait avec n'importe qu'elle main. C'est l'impression qu'il te donne. Ta gorge se noue. Attendre qu'il revienne, c'est tout. Attendre que la mer veuille bien le ramener sur le rivage. Que le vent pousse de nouveau ses voiles jusqu'aux tiennent. Pourtant, ses lèvres contre ton front, elle te raccrochent à lui, au moins un peu. La douceur de sa peau. Baiser fragile. Du bout des doigts, il dessine de la couleur entre vous. Assez pour vous éclairer jusqu'à la sortie.
    Et puis t'as froid. Le vent s'engouffre sous tes vêtements, comme un dur retour à la réalité. Pour s'habituer au noir, tes yeux se plissent un peu. Il dit viens, viens on va voir la nuit, et doucement, sa main se sépare de la tienne. Sa voix est différente, portée par quelque chose de bon. Du moins c'est l'impression qu'il te donne. Pendant un moment, tu restes immobile sur le trottoir, à observer cette ombre qui s'éloigne de toi. C'est peut être ce qu'il y a de mieux à faire, le laisser s'éloigner, pour ne pas prendre le risque de le blesser encore une fois. Refuser de lui faire du mal. Mais le soleil brûle ton ventre de le savoir si loin. Il s'écarte et emporte avec lui un morceau de toi. Peut être le plus joli des morceaux. Alors sur tes lèvres se dessine un sourire. il est hors de question que tu le laisses partir. Pas lui. Alors tu cours sur le trottoir jusqu'à sa hauteur. T'oses pas toucher sa main, t'oses même pas briser le silence.
    C'est un beau silence.
    Le genre de silence qui rend vivant.
    Alors sans rien dire, tu cales tes pas sur les tiens. Pour ne faire plus qu'un.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyJeu 10 Avr - 15:05

On se plaît dans ce silence. Ce silence qui est agréable, un silence qui n’a pas besoin d’être brisé ou interrompu. J’aime la nuit. On y voit des choses invisibles le jour. On y voit différentes teintes de noir. On y voit des formes inconnues qui rappellent des monstres, des rêves étranges.
J’aime voir des soleils noirs briller derrière les fenêtres, au fond des gens, dans les lampadaires éteints.
J’entends les petits pas d’Abby derrière moi, ils trottinent pour suivre le rythme soutenu que je lui impose. C’est bizarre, de marcher de nuit avec quelqu’un. D’habitude je fais ça tout seul, comme un grand. Parfois, la nuit l’été, je m’allonge sur un banc ou n’importe où et puis je regarde le ciel. J’essaie de repérer des constellations et tout même si jamais su les reconnaître. Il paraît que les étoiles sont des planètes ou des trucs un peu bizarre. Moi je veux que les étoiles soient des étoiles.
Pas quelque chose qui n’a rien à voir avec une étoile.
Enfin. La nuit, tout seul, ça fait peur, parfois. Je veux dire, pas cette peur de rencontrer une âme un peu seule, un peu étrange. La peur de se retrouver face à ses pensées.
Ça fait peur de penser, parfois. Parfois on pense trop fort.
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MessageSujet: Re: REQUIN-TIGRE.   REQUIN-TIGRE. EmptyJeu 10 Avr - 15:24

    Il parle des étoiles. Il parle des étoiles et pour appuyer ses paroles, tu lèves les yeux vers le ciel. Des milliers d'étoiles qui vous éclairent, qui vous prennent pour témoin de cette nuit hors du temps. Hors du temps parce que Paco semble loin, perdu au beau milieu des étoiles. Il est triste. Gris comme le ciel. T'étais souvent seul la nuit, avant ? Tu parles d'avant, parce que maintenant t'es là. Tu voudrais lui ajouter que les nuits ne feront plus jamais peur, parce que tu voudrais qu'il pense a des jolies choses, des choses qui ne lui ferraient pas mal au ventre. Tu seras là Abby. La nuit, tu seras là pour glisser ta main dans la sienne quand tout ira mal. Comme maintenant. Maintenant, tu veux qu'il te montre le ciel, pas la peur. Alors tu t'empares de sa main. Tu veux vivre Abby, vivre au creux de sa main. Est ce qu'on peut aller voir les étoiles ? Tu souris. Tu souris, et tu resserres doucement ta main autour de la sienne, tes doigts entrelacés autour des siens. C'est la leur place, qu'il le veuille ou non. Que les fleurs soit faner ou pas. Toi Abby, ça dénoue ta gorge, ça te donne chaud à la main. Alors tendrement, pour chasser la peur dans sa mémoire, tu déposes tes lèvres contre le dos de sa main. Tu voudrais caresser chaque recoin de sa peau. Elles te disaient quoi Paco les étoiles, quand t'étais tout seul ?
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