Le soleil est en train de se coucher, baignant la ville dans une lumière crépusculaire dorée. Le ciel est teintée de rose, se mélangeant avec du bleu clair. Il est constellé d'étoiles, alors qu'il est bien tôt pour en apercevoir d'habitude. Mais il paraît que c'est le "Canada". Le climat et et tout le reste aidant.
Les gens sont chez eux ou dehors. Des mamans surveillent leurs bambins dans le parc, les vieux se lèvent de leur banc sur lequel ils sont resté toute la sainte journée pour se rendre à leur domicile et d'autres, comme Pandora, roulent dans leur voiture. Cette dernière à vagabondé toute la journée. Avant de rentrer chez elle, elle souhaite faire le plein. Au bout d'un moment sur la route principale de Banff, Pandora bifurque à gauche et s'arrête dans un crissement de pneu devant une pompe à essence.

Personne n'est là. Aucun autre véhicule. Pandora garde les mains crispée sur le volant en regardant le soleil, droit devant elle, d'une regard vide et dénué de tout sentiment. Lentement, elle pose sa tête sur le volant en soupirant, las. Elle n'en peut plus. De tout. De tout ce qu'elle à vécu aujourd'hui. De ce qui s'est passé. De la vie en elle-même. Un ensemble. Elle n'arrive pas à pleurer, alors qu'elle le voudrait. Mais elle ne parvient pas à ressentir quelque chose en cet instant présent. Juste du vide. Et elle n'a pas peur, alors qu'elle devrait, car ce sont ces moments là les plus terribles, où ne pouvons voir ni la lumière, ni l'obscurité. On ne voit rien. Après quelques instants dans le silence le plus complet, Pandora relève la tête, le visage fermé, puis fouille dans son sac, côté passager. Elle attrape son paquet de cigarette puis sort de la Ford qu'elle était en train de conduire il y a quelques minutes. Elle claque la portière derrière elle puis coince une clope entre ses lèvre. Elle cherche dans ses poche un son briquet, avant de se souvenir qu'elle l'a laisser dur la table de chevet, ce matin même.

-Et merde, marmonne-t-elle.

Pandora aimerait dire merci, mais aucun son ne sort de sa bouche. Elle est trop étonné qu'une personne l'ai remarqué pour dire un seul mot. Cela fait longtemps qu'elle est invisible, pour tout le monde. Pour les enfants, les adultes, les vieux. Même pour les animaux. Pour les gens qui autrefois l'aimaient. Les gens qui la connaissaient et l'appréciaient. Les gens, en général. Qu'on lui adresse la parole est un fait assez rare, d'autant plus ici, dans sa nouvelle ville. Sa nouvelle ville qui est censée la conduire vers quelque chose de nouveau. Mais qui pourtant, n'a toujours rien fait. Avec tendresse, elle prends le briquet des mains tendues vers elle du jeune homme qui est en train de lui donner. Finalement, Pandora lâche :

-Merci.

C'est quasi-inaudible, mais elle ne peut pas vraiment hausser la voix, ne sachant pas pourquoi. Comme si on allait la remarquer et enlever le garçon loin d'elle, et qu'elle allait se retrouver seule, encore, comme toujours.

Pandora regarde le garçon. Le garçon la regarde. Il semble un peu perplexe devant l'attitude de la jeune fille. Il est vrai qu'avec elle, on ne sait jamais comment on doit réagir. Certains la prennent en pitié, d'autre se moquent. Beaucoup se foutent de gueule, mais pas souvent on reste là, à se demander si on va rester. La plupart partent déjà au bout de quelques secondes, quand ils se dirigent vers elle, ce qui est une chose rare. Après des minutes dans le silence interrompu par le bruit lointain des voitures roulant dans le soir et le voile sombre de la nuit qui gagne du terrain sur l'étendue rose au dessus d'eux, Pandora allume sa clope. Elle inspire un grand coup. L'inconnu fouille alors dans sa poche, alors que la jeune femme le regarde faire. Il sort d'une deuxième poche un paquet de chewing-gum, et lui en tends un. "Pour plus tard", qu'il dit.

Pandora prend cette fois ce que l'homme lui tend avec plus d'assurance, mais avant qu'il avale son propre bonbon à la menthe, elle ouvre son paquet de cigarette puis en propose au jeune homme, avant qu'il ne puisse le manger.

-Pour maintenant, qu'elle dit.

Asher. C'est ce que le garçon dit à Pandora après qu'il ait prit la cigarette que celle-ci lui proposait. Asher. Comme quelqu'un que Pandora connaissait bien. Ce nom lui rappelait beaucoup de souvenirs. Bien trop. Le bonheur. La joie surtout. Les tulipes roses du jardin. La bicyclette bleue posée contre le mur. Le château en ruine qu'on voyait, mais que de loin. La tristesse. Les larmes et les cris. La vaisselle qui se casse. Les portes qui claquent. La haine. Mais l'amour aussi. La vie. En fait, la vie tout court. Et Pandora ne veut plus repenser à la vie. C'est une chose qu'elle répugne maintenant. Elle n'a plus lieu d'être, après tout ce qu'elle a fait. Maintenant, il n'y a rien. Maintenant, il n'y a plus rien.

-Pandora.

Un prénom rapellant la mythologie grecque. Portant en lui littéralement tous les meaux du monde. Portant visiblement la malchance à toutes celles qui le portent.