Assis sur un banc, il ne bouge pas. Les paumes de ses mains contre ses cuisses, il laisse déambuler l'ennui qui habite ses sombres prunelles. Il a l'air d'attendre quelqu'un, mais ce n'est qu'une impression. Car Hermod n'attend jamais personne. Car personne ne veut se faire attendre par l'homme au regard fou.

Tu marches, déambules, cherches, regardes. Tu ne connais pas encore vraiment Banff, tu viens juste d'y arriver. Il y a un type assis là-bas. Il est tout seul. Une proie facile, mais tu le trouves quand même bizarre. Tu t'en fous t'aimes les gens bizarres et encore plus ceux qui te filent la frousse. Le danger c'est ta vie. Tu t'assoies à côté de lui en faisant bien attention à ce qu'il sente ta présence. Parler ça n'a jamais été ton truc alors tu te fais remarquer par d'autres sens.

Un étrange courage habite celle qui vient de s'asseoir à ses côtés, car elle fait remarquer sa présence tandis que l'homme semble avoir une absence. Ce n'est qu'après de longues secondes, ce n'est qu'après une éternité, que la tête d'Hermod pivote en direction de l'inconnue. « J'aime vos lèvres » lance-t-il soudainement, la toisant d'un oeil fureteur. Puis ré adoptant sa précédente position, il se surprend à soupirer. Soupirer d'ennui.

hj ; mais ne sois pas désolé   

Il grimace, son regard cherchant alors celui de l'inconnue. « Non vous ne savez pas » rétorque-t-il à la vitesse d'une claque. Ardente sensation qu'est la tentation à la contradiction, un gémissement se fait entendre. « Je ne suis peut-être qu'un hypocrite après tout, qu'en savez-vous ? » Il se tait. Aucun son de plus ne s'extirpe de ses lèvres crispées, tandis qu'il se délecte de l'apparence de la belle.

Et son rire éclate au petit jour, enjoué et cristallin, quoiqu'un peu équivoque, tel le gloussement du geai. Et ses yeux sombres laissent apparaître une lueur, un éclat de vie. « Aimez-vous jouer ? » se contente-t-il de demander, la toisant d'un air faussement incrédule.

Il soupire avant de lever les yeux vers le ciel, où valsent une multitude d'oiseaux. « Cela dépend de mon partenaire de jeu, je n'aime pas m'ennuyer » souffle-t-il, une petite moue accrochée aux traits fins qui sculptent son visage. Mais lorsqu'il repose son attention sur la fille, il adopte à nouveau cet étrange sourire qui le caractérise si bien. « Ne m'ennuyez pas, je vous en prie » dit-il alors, plaçant la paume de sa main contre celle de son interlocutrice.