Le vide. Planer. Rêver. S’envoler. Respirer. Tout ça là maintenant, tout de suite. Toucher la liberté du bout des doigts. Juste comme ça. Vibrer. Vibrer encore et encore. L’air frai sur la peau. Doux baiser de la nature. Sans fioritures. Que du vrai, à tout jamais. Que tout continu, sans jamais s’arrêter. Du puissant, du vivant. Juste pour toi sur un plateau d’argent. C’est ce que tu veux Neo ? Oui et que ça soit beau. Pas juste un mirage, qui s’en va un jour et ravage. Un battement cils, faut pas que ça se défile. Et y’a cette fille à côté, qui manque de s’envoler. Rattrape là, la laisse pas. « T’as pas encore d’ailles ma belle… » Tu la rattrape, avant qu’elle dérape. Tu la ramène à la réalité, au prix de sa liberté.

tu allais voler, tu était prête. tu n'avais même pas peur, ton cœur s'emballait oui, mais c'était de l'excitation et non de l’appréhension. tes bras bien droit, tu t'apprêtais à sauter. mais non, ton rêve se termina, on vint t'arrêter, te couper dans ton élan. et il ose te dire que tu n'as pas d'ailes, tu es triste, fragile, non, ton rêve ne peut pas s'achever ainsi. si regarde, je suis un oiseau, une colombe, tu n'as pas le droit de me couper les ailes.

Toi aussi tu as ce rêve là. Toutes les nuits, jusqu’à l’infini. Rien pour t’arrêter, rien pour te terrasser. Juste le vent à embrasser. Juste la liberté pour danser. Douces plumes d’espoir sur le corps. Envie de croire que rien n’est encore mort. C’est juste du rêve, un truc qui s’achève. Toujours et encore, quand vient le jour. Non, ici bas personne n’en a le droit, même si des gens comme elle y croit. « Colombe écorchée ouais… Arrêtes tes conneries tu vas finir par sombrer. » Faut pas. Elle a pas le droit, alors de force tu l’assoie. « Et si non tu prends quoi pour planer comme ça ? » Question qui n’en est pas une, seulement illusion. Faut l’occuper, pas la relâcher.

et même si tu n'étais pas capable de voler, même si tu t'écraserais sur le sol se trouvant à plusieurs centaines de mètres plus bas, qu'est-ce que ça pouvait faire. pourquoi voulait-t'il te retenir, il ne te connaissais même pas. un être humain aussi gentil, ça n'existe pas, tout le monde est égoïste, tout le monde se crache dessus. aujourd'hui, il n'y a plus d'amour, plus d'amitié, plus de partage. tout devient sombre, tout te fais peur, tu veux juste partir, loin, dans un monde plus heureux. tu veux juste vivre petite colombe et arrêter de survivre. et si c'est ce que je veux ? si je n'attends que la douce délivrance de la mort...? je le regarde, m'assois, à vrai dire je n'avais pas eu le choix. ma mélancolie, ma mélancolie me fait planer...

Alors c’est ça ? C’est ça qu’on veut aujourd’hui ? La nuit ? La mort ? Plus un bruit et tu t’endors ? C’est trop facile. Trop fragile. Faut pas dire ça. Faut pas espérer ça. Parce que y’a quoi après ? On le saura jamais. Même si la vie n’est qu’une chienne qui nous ronge par ses chaînes. On a pas le droit de renoncer, pas le droit de s’envoler à tout jamais. Faut se battre, combattre. Vivre, survivre. Savourer les misérables miettes qu’on nous laisse. Avancer tête baissée jusqu’à la sagesse de la vieillesses. Pour pouvoir embrasser à regret nos souvenirs de jeunesse. Toi t’as déjà essayer, même si ça a échoué, ça t’as ramené. « Et si c’était pire après ? T’as pensé à ça ? » Oui. Et si c’était pire après ? Flotter dans un empire délabré ? Plus de lumière, juste de la misère. Non, jamais faut y penser. Jamais faut essayer. « Tant de mélancolie pour une colombe ? Y’a personne pour te donner l’espoir dans ce bas monde ? » Tu t’assoie avec elle, tu la relâche mais tu garde un oeil sur elle. Tu la connais pas, tu devrais peut-être pas. Mais toi t’aurais aimé qu’on te retienne, qu’on t’enchaîne.

il ne comprend pas, il va essayer de te dissuader comme ils l'ont tous fais avant lui. pourquoi, pourquoi ne pas laisser les gens libres. tu regrettes de ne pas avoir mieux préparé ton coup, t'aurais voulu être seule, goûter à la douce délivrance de la mort après une chute dont tu te serais souvenue même dans l'eau de là. comment ça peut être pire ? regarde autour de toi, il n'y a rien, ce monde ne peut plus rien nous offrir.....je ne sais même plus depuis quand je n'ai pas été heureuse...je veux juste m'en aller, voler...tu le sais très bien, il ne te laisseras pas, il te garderas auprès de lui, jusqu'à ce qu'il soit sûr que tu ailles bien. tu l'entend, ces paroles ne font que raviver la douleur, tu pleures. les larmes coulent le long de tes joues, tu te sens nulle, faible, anéantie. tu ne peux plus t'arrêter, c'est un torrent de larmes qui noient ta peine mais qui malheureusement, ne la fait pas disparaître.

T’essaye. Tu veux effacer toute cette douleur, toute cette noirceur. Parce que c’est pas possible. A tes yeux c’est inadmissible. Pourtant tu sais que c’est vrai. Tu sais qu’elle a raison. C’est écrit pourtant dans vos vies. A l’encre indélébile. Un truc qui s’efface pas, un truc qu’on enlève pas. Jamais. Jamais, parce qu’on doit le trainer, comme un boulet. Des simples prisonniers. Se trainant, se mouvant, jusqu’à la mort. « C’est ce qu’elle veut nous faire croire, mais faut pas lui donner raison. » Et sa claque. Elle. Elle, elle claque, elle craque. Comme une brindille. Ses yeux qui brillent disparaissent. Dans la marée, emporté, envolé. Une marée salée, de larme, de lames. Comme ça effondrée. Réduite, détruite. Tu la prends tout contre toi, dans un dernière espoir tu veux la sortir de tout ce noir. Tu comprends que y’a personne. Personne pour elle, personne pour lui donner des ailles. « Hé, hé… Arrête, je suis là moi. » Faut pas la laisser pleurer, faut pas la laisser sombrer. Neo, faut que tu deviennes sont héros. Que tu la ramène, que tu soigne son âme en peine. « Je te lâcherais pas. Jamais. Si tu veux voler, je volerais avec toi… Mais je te lâcherais pas. » Non jamais, faut pas. T’as pas le droit.

ne pas lui donner raisons ? si seulement c'était aussi simple. il te prend dans ses bras, t'eus recule un moment avant de te laisser faire. il ne te connait pas et pourtant ? il a l'air sincère, il veut prendre soin de toi, comme un frère, un protecteur. il ne te laissera jamais tomber ? tu le crois, ou plutôt, tu veux le croire, lui faire confiance. un lueur d'espoir resurgit, une étincelle, un rayon de soleil dans ton monde si noir. tu le regarde, tentant de contenir tes larmes. mais tu sens, tu sais que tu as besoin qu'elles sortent. je te crois...tu...merci ! tu ne pouvais rien dire d'autre, tu n'avais même plus conscience de tes sentiments. en fait, tu étais heureuse, triste, soulagée, émue, putain, quel bordel émotionnel ! mais au moins, tu savais une chose, tu n'étais plus seule, il est là et il le sera toujours. tu ne le connais pas, il ne te connait pas mais à tes yeux, c'est déjà devenu ton héros, non, plus que ça, ton frère.

Elle te crois. C’est bon, elle non plus te lâchera pas. C’est fini, y’a tout à refaire, tout à reconstruire. Ensemble, face au monde. Plus de place pour l’immonde. Plus de place pour malheur, seulement pour le bonheur. Faut y croire, rien laisser choir. Faut pas sauter, faut pas tout relâcher. Faut s’envoler, mais pas pour chuter, seulement pour aimer. Sans aucune peur, plus aucune frayeur. « C’est rien, sèche tes larmes et tout ira bien » Il faut. Pour elle. Pour toi. Pour eux. Pour l’espoir du monde. Pour plus que tout s’écroule. Même si tout ça, ça fou les boules. Toi aussi tu voudrais pleurer, gueuler, renoncer. Non Neo, faut s’accrocher. Comme tu veux t’accrocher à elle. Parce que y’a de l’espoir, quelque part dans le noir. Oui y’a de l’espoir. Faut repousser les nuages, retrouver le courage. D’avancer, d’oublier, de tout recommencer. « Sinon, c’est quoi son nom à la jolie colombe ? » Tu relève une mèche de ses cheveux, avec douceur. Comme une caresse, pour dévoiler son visage. Relever le rideau qui la cache, qui la gâche. Faut oublier, tout recommencer. Faire comme si tout ça n’était pas arrivé. Comme si elle avait pas essayé de s’envoler. Comme si autour y’avait rien. Juste elle, la belle inconnu, la belle ingénue. Faut mettre un nom sur ce rêve, un nom sur ce nouveau bout de ta vie. Parce qu’à partir de cet instant vos deux âmes esseulées et blessées seront scellées à tout jamais.

il te rassure, t'apaise, tu te sens bien avec lui. à partir de cet instant tu as trouvé quelqu'un, à qui te raccrocher, à qui parler, à qui faire confiance. tu sèche tes larmes, reprenant lentement le dessus. mais ce n'est pas grâce à toi non, c'est grâce à lui. il te touche, tendrement, sans aucune arrière pensée, cela faisait longtemps que ça ne t'étais pas arrivé. il faut dire que ton métier n'arrangeait rien. tu relève la tête, le regarde, les yeux encore légèrement humides mais tu souris. oui, enfin un espoir s'affiche sur ton visage. tu veux partager ta vie, avec lui, le suivre partout que tu devienne la personne la plus importante pour lui. mais pas comme ça, non, en toute amitié, avec une autre intimité, d'autre secrets à partagés. je m'appelle maryjane et toi ?

Un sourire. Rien qu’un sourire. Un fragment de magie capable de chasser tous les nuages. La seule chose pour la quelle la vie mérite encore de se battre et de s’accrocher. C’est tout ce que tu voulais. Pas un merci, pas des larmes. Juste un sourire. Juste un peu de magie. Alors forcément tu lui rend. Toi aussi tu souris, comme tu l’as pas fais depuis longtemps. Un truc sincère et profond. Puis y’a son nom. Un nom doux et brute à la fois. Plein de tendresse, plein de mystères. Un nom qui lui va bien. « Moi c’est Neo, ça casse pas des briques, c’est simple et efficace. » Tu ris presque. La tempête est passée, tout le mal envolé. Plus de larmes, juste Maryjane, petite poupée accrochée à l’âme. Petite poupée de porcelaine qu’il faut réparer, aimer, protéger, ne jamais lâcher. Faut que tu l’emmène voler Neo, au dessus du monde, au dessus de tout, mais jamais jamais la faire tomber, sans jamais la froisser, sans jamais la briser. Douce et fragile, précieux diamant mystérieux.