J'avais rencontré beaucoup de gens étranges dans ma misérable vie. Cela allait du fils à papa blindé de tunes qui portait des sabots, était coiffé à la Justin Bieber, accompagné d'un noeud papillon et de chaussettes dignes de la collection de Stromae au psychopathe au regard pervers qui se prenait pour superman or, jamais encore je n'avais rencontré ce genre de mecs. Ce genre de mecs qui fouillait dans une poubelle au beau milieu de la rue et en plus de ça... à poils. Ok, chacun son trip mais tout de même, un minimum de respect pour les habitants et les touristes de Banff. J'arrêtais instinctivement de tirer sur ma cigarette, mon regard plantait sur ce bel inconnu, je croisais les bras et finis par me racler la gorge car apparemment, il n'avait toujours pas remarquer ma présence. T'as perdu tes fringues dans la poubelle ou quoi ? A vrai dire, je sortais de boîte, j'avais bu pas mal de verres, fumer des trucs dont j'ignorais l'existence jusqu'à maintenant alors, si ça se trouve, c'était tout bonnement une hallucination. Si ça se trouve, c'est mon esprit qui avait envie de voir cet homme ici-même, sans vêtements. Qui sait ! Non mais c'est dingue, ce genre de choses, ça n'arrive qu'à moi. J'ai fermé les yeux, les ai rouvert or, il était toujours là et la poubelle également. Vraiment bizarre !

J'étais vraiment tomber sur un boulet. Un cas social, un clochard, je sais pas vraiment. En tout cas, le mec était vraiment en train de fouiller dans la poubelle pour trouver ses vêtements ou des vêtements, je ne savais pas trop et à vrai dire, je ne voulais pas vraiment le savoir. J'avais rencontré pas mal de gens à Banff depuis mon arrivée or, jamais de cette façon. Je ne savais pas tellement comment le prendre. J'avais deux possibilités... Soit prendre mes jambes à mon cou et partir loin de ce psychopathe soit, attendre et essayer de me faire remarquer. A vrai dire, j'étais beaucoup trop intriguée pour faire demi-tour. Ma tête me criait de partir or, l'envie de rester était beaucoup plus forte. Je me raclais donc la gorge dans l'espoir qu'il lève la tête, ce qu'il finit par faire. Il avait l'air assez gêné de voir quelqu'un et moi, moi ça me faisait sourire. Les bras croisés, je le dévisageais de haut en bas avant de replanter mon regard dans le sien. J'suis pas du genre à faire ce qu'on me demande en fait... Je grimaçais légèrement, embarrassée pour lui. J'étais une emmerdeuse de première de nature mais sur ce coup, c'était vraiment méchant. Le pauvre gars il est là, nu, en train de cacher ses bijoux de famille, je crois qu'il serait prêt à se mettre à genoux pour que je dégage en quatrième vitesse seulement, j'ai décidé de faire chier le monde ce soir. Je tire une nouvelle fois sur ma cigarette et je lui souris naturellement, comme si de rien était.

Moi ? Chiante ? Non jamais ! Ce n'était pas mon genre ! Je crois que c'est surtout l'alcool qui coulait dans mes veines qui me faisait faire n'importe quoi. En tant normal, j'aurais surement tracer mon chemin sans même faire attention à cet homme qui ne semblait pas commode. Ce soir, j'avais l'impression que ma tête me brûlait, que je ne pouvais plus utiliser mon cerveau du coup, je ne réfléchissais pas tellement. J'agissais selon mes envies. Mais de quoi avais-je envie ? De me faire agresser par un bel inconnu ? De me faire kidnapper ? Qui sait, c'était peut-être un psychopathe, un pervers, un malade mental. Les gens normaux ne se promènent pas nus dans les rues de Banff.

Je soupire, je réfléchis à ce que je peux faire. Je ne veux rien faire. Je ne veux pas l'aider parce que je ne le connais pas. Je ne veux pas lui faire le plaisir de partir. Je veux... Je veux faire chier le monde et apparemment, ça fonctionne plutôt bien. Il n'a pas l'air content que je décide de rester. Moi au contraire, ça me fait sourire de le voir encore plus embarrasser. Et toi ? T'as rien d'mieux à foutre que de te promener nu dans les rues de Banff ? Je le questionne du regard, finis par écraser ma cigarette à même le sol. Lorsque je relève le regard, le jeune homme a disparu. Je fronce les sourcils, balaie l'horizon du regard et, finis par poser les yeux sur lui. Bornée comme je l'étais, au lieu de le laisser tranquille, je le suis. Psychopathe ! Tu vas où comme ça ? Comptait-il vraiment continuer sa route ainsi? C'était assez étrange et puis, on ne sait jamais sur qui tomber !

Je ne sais pas pourquoi je le suivais. Ça faisait un peu psychopathe de ma part. Ça n'avait aucun intérêt. J'étais sur le point de rentrer chez moi après une soirée bien arrosée. J'avais réussi à partir quelque peu en avance, avant d'être complètement bourrée, avant de ne plus pouvoir tenir sur mes jambes ou tituber. J'aurais pu parler pendant des heures avec cet inconnu. Il ne me faisait pas peur. Je n'avais plus peur de rien à vrai dire. Je n'avais pas ma langue dans ma poche, lorsque je commençais, il était impossible de m'arrêter. Ce soir, j'avais décidé de jeter mon dépourvu sur l'inconnu. Malheureusement pour lui, il allait devoir me supporter encore un petit moment. Jusqu'à ce que je décide qu'il soit tant de le lâcher et de prendre un chemin différent.

Alors que je lui demandais où il comptait aller comme ça, il se retourna pour planquer son regard dans le sien. A vrai dire, c'était quelque peu déstabilisant lorsque vous saviez qu'il était nu. Je ravalais difficilement ma salive, essayant de rester calme et de ne pas paniquer ou quoique ce soit d'autres qui pourrait paraître étrange. Au camping… j’aimerais bien… mais je sais même pas si c’est par là en fait.. Au camping.... A vrai dire, je n'avais aucune idée d'où se trouvait ce fameux camping. Moi, j'avais pris une chambre d'hôtel et j'attendais que ma bécane soit réparée pour quitter la ville. Dommage pour lui, je n'allais pas être d'une grande utilité or, ce n'était pas pour autant que j'allais le lâcher en si bon chemin et, il semblait le comprendre petit à petit. Bon écoutes, si t’as envie de m’aider j’vais pas cracher dessus sinon va t’amuser ailleurs s’teu plaît, c’pas franchement marrant tu vois… En tout cas moi, ça me fait pas rire. Quel rabat joie ce gars, ce n'est pas ma faute s'il avait décidé de se promener à poils ce soir, par ce temps qui plus est. Je soupirais, me demandant s'il valait la peine que je l'aide.

Après quelques secondes, après avoir réfléchi un moment, je finis par soupirer de plus belle avant d'enlever ma veste et de la lui tendre. Tiens, mets ça ! Trop de générosité en moi sachant que dorénavant, j'allais devoir me promener en robe à bretelles dans les rues de Banff. Je sais pas où il est ton camping. Ajoutais-je en haussant les épaules d'un air innocent.

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