wind of change

tu foules la terre sous tes pieds, traverses les sentiers en courant, ton chien à tes côtés. le chien sans nom. juste, le chien. au plus t'y penses, au plus t'as honte de n'pas avoir donné de nom à ce pauvre chien. chien, c'est bien. tu cours pour te vider l'esprit, tu respires l'air frais de la forêt de banff, ça te fait du bien. et tu sens le vent, un léger, très léger vent. wind of change. tu le sens venir, tu n'sais pas pourquoi, tu n'sais pas comment. tu sens juste du changement.

J'marchais, là, comme ça, l'envie de rien. J'adorais prendre des photos, je crois que c'était assurément ce qui me plaisait le plus dans ma vie actuelle. D'ailleurs, j'avais tout le matériel d'un grand photographe. Me posant sur le bord d'une colline, à quelques centimètres à peine du vide, je capturais la vallée en un seul geste, un seul.

tu continues d'avancer et tu vois une silhouette quelques mètres plus loin. une chevelure blonde que tu reconnais un peu trop bien à ton goût. ton cœur rate un battement et tu le maudis. tu te maudis d'avoir eu cette petite réaction déjà trop importante. t'arrêtes de courir, t'as un peu trop chaud d'un coup. tu marches quand même jusqu'à lui, ton chien à tes pieds, et arrivé à deux mètres, tu t'arrêtes, les mains dans les poches. fais gaffe de pas t'casser la figure, ça serait con. tu dis, un peu sec mais un peu doux en même temps, en désignant le précipice, puis t'hausses les épaules.

J'avais décidé de m'accroupir, histoire d'avoir une vue en contreplongée sans pour autant risquer de faire une chute de plusieurs mètres dans le vide. Ça n'était que lorsque j'avais enfin décidé de me retourner, qu'une voix plus que familière avait raisonné. Ce serait con. Etrangement, j'en venais à me demander s'il pensait réellement ses paroles ou non. « C'est clair que tu préférerais me pousser de toi même, hm. » ironisais-je en rangeant mon appareil dans ma petite sacoche. J'y tenais à mon matériel, alors autant le sécuriser au plus vite. Je me doutais que le jeune homme avait encore des ressentiments à mon égard, mais pour tout vous dire, j'm'en foutais particulièrement. Je savais ce qu'il avait ressenti, j'étais pas totalement con, puisque j'avais ressenti la même chose, ce jour là. « Tout doux le chien. » un sourire finit par étirer mes lèvres. Il n'oserait tout de même pas le lancer sur moi, non, je l'imaginais se penser plus "viril" que ça. Il devait préférer faire le boulot lui même, hm. « Alors... Tu viens souvent par ici ? Ou tu cherchais simplement à me revoir. » non parce que j'étais déjà assez étonné qu'il ne se soit pas contenté de m'éviter, 'voyez.

tu fronces les sourcils à l'entendre te dire ça. d'accord, tu n'l'as pas loupé la dernière fois, sa lèvre était bien en sang, mais quand même. c'est à croire qu'il te prend pour un monstre. aller pousser quelqu'un dans le vide, très peu pour toi quand même. t'as beau ne pas être très agréable certaines fois, ce n'est pas pour autant que tu vas tuer qui que ce soit. j'ai pas envie d'finir en taule, non. ouais, puis t'as pas envie de l'envoyer à l'hôpital non plus, mais ça, tu te gardes bien de le dire. tu le regardes attentivement ranger ses affaires, les bras croisés sur ton torse et hausses un sourcil quand il dit ça à ton chien. il l'a pris pour un chien d'attaque ? il est certes gros, peut-être important, sans doute effrayant, mais loin d'être méchant. tu te sers de son apparence de bâtard croisé staff américain en tant que chien de garde, mais la vérité, c'est que dès qu'on l'approche un peu, il s'allonge sur le dos, les quatre pattes en l'air pour quémander des caresses. chien de garde de pacotille. et évidemment, comme il a dit le chien, ton chien se précipite sur lui, la queue qui bat dans tous les sens, tu n'peux pas t'empêcher de sourire. le sourire qui te retombe bien vite aux paroles d'adrix. de temps en temps, ouais, pour le promener. t'enfonces tes mains dans tes poches. tu n'savais même pas, toi, qu'il venait ici, sinon tu serais allé ailleurs. ou alors peut-être que tu serais venu plus régulièrement. et toi, tu viens souvent prendre des photos au bord des précipices ? simple question, si jamais un jour t'apprends qu'il est mort d'une chute, tu comprendras au moins.

La dernière fois, ma lèvre avait bien mis quelques jours à s'en remettre. Faut dire que je l'avais bien cherché aussi, mais bon, je savais que j'allais repartir de l'église avec quelques coups. C'était obligé. Ça ne se passait jamais autrement, de toute façon, hm. Il me dit qu'il n'a pas envie de finir en taule, et un léger rire s'échappe de mes lèvres. Il n'a pas tord, parce que d'ici à ce qu'il arrive à rejoindre mon corps, en bas de la montagne, plusieurs personnes auraient eu le temps de m'identifier, hm. Enfin, j'ai pas non plus envie d'lui donner de mauvaises idées, d'autant plus que je tiens quand même à la vie, hein, beaucoup même. J'suis peut-être un p'tit con, mais j'ai quand même plus d'ambition que de mourir au fin fond d'un trou paumé, en pleine montagne. Sans que je comprenne réellement pourquoi, son chien finit par se précipiter à mes côtés, langue pendouillante réclamant des caresses. Ouais bon, de toute évidence, j'me suis trompé sur son cas. Mais pas sur celui de son maitre, oh ça non. Je me baissais donc, pour venir gratter le dessous du museau du clébard alors que le tatoué me disait qu'il venait parfois le promener par ici. Bon, au moins je saurai où le recroiser. Ici ou à l'église, entrain d'essayer de se convaincre qu'il est pas, je cite, une pédale. « Parfois ouais, j'aime bien prendre des photos de paysage. » je dégainais à nouveau mon appareil, le triturant quelques instants, regard concentré sur l'objet alors que je reprenais la parole. « T'as beaucoup pensé à moi ? » mes yeux remontent jusqu'aux siens, et avant même qu'il ait eu le temps de répondre, clic, je prenais une photo de son visage avant qu'un malin sourire s'esquisse sur mes lèvres. « Désolé, vu la tronche qu'tu tirais, j'étais obligé. » et la photo était clairement à décorer de cent médailles.

ton chien profite de la première occasion venue pour aller réclamer quelques caresses à adrix, soit, le premier inconnu qui arrive. s'il n'avait pas été si repoussant et effrayant, on pourrait te le voler en un claquement de doigt. heureusement, il reste quand même plutôt obéissant en règle générale et n'ose jamais réellement s'éloigner de toi. heureusement. tu gardes tes yeux plantés sur adrix, qui lui, ne te regarde plus vraiment. ça change, pour une fois. c'est lui qui te regarde et toi qui le fuis, les autres fois. t'hoches la tête. des photos de paysage, pourquoi pas. et t'as besoin de manquer de crever pour un paysage ? sincèrement, tu n'comprendras jamais ça. le paysage, il va rester là, alors que lui, s'il s'aventure à le prendre sous différents angles, il pourrait bien tomber, et il va en rester là. la nature qui reprendrait à juste titre ses droits et lui demanderait de la laisser en paix, sans doute. finalement, sa question te prend de court et ton visage se décompose. si t'as beaucoup pensé à lui ? tous les jours. sans arrêt. t'en pouvais plus toi, de revoir son visage sans arrêt, avec les mêmes questions qui te revenaient sans arrêt. t'es décomposé, et encore plus quand t'entends le bruit son appareil photo. tu le regardes là, avec son sourire aux lèvres, ses yeux dans les tiens, et son excuse. t'es sérieux, là ? non pas que t'aimes pas être pris en photo, mais là. tu devais effectivement tirer une tronche mémorable, et il aurait pu se contenter de la voir directement, mais il a fallu qu'il l'immortalise. si tu voulais une photo d'moi pour pouvoir te toucher tranquillement, fallait l'dire, t'aurais pu en avoir des mieux qu'celle-là. bon, t'es pas tout à fait prêt skip. mais au moins, tu blagues, t'en ris. t'as le sourire aux lèvres, et c'est déjà ça. c'est un grand pas, un peu.

Il me dit que j'ai pas besoin de risquer ma vie pour prendre des photos de paysage, et un nouveau rire s'échappe de mes lèvres. « Un peu plus et je vais croire que tu t'inquiètes pour moi. » ce qui serait bien une première vu comme il m'avait démonté le portrait la semaine passée. Je l'observe un court instant avant de triturer mon appareil. Oh, je peux le sentir, son regard braqué sur moi, qui s'enfuira probablement à la seconde où j'aurai relevé les yeux. J'aurais pu trouver ça pathétique, mais en vérité, je comprenais bien ce qu'il pouvait ressentir. Il était parfois difficile de se dire que l'on n'était peut-être pas tout à fait ce que l'on avait cru être toute sa vie. Et de toute évidence, il avait cédé à ses envies sans même s'en rendre compte, lors de notre dernière rencontre. Geste qu'il souhaitait probablement voir se reproduire, au moins autant qu'il regrettait d'avoir commis. C'était ainsi. J'avais finalement capturé son joli visage dans ma boite, un nouveau sourire étirant mes lèvres. Si je voulais une photo de lui pour me toucher ? Oh. « Désolé, je préfère le modèle grandeur nature. » que je lâche railleur alors qu'il termine de rire. Mon regard s'évada un court instant sur le paysage avant de finalement se rabattre sur le visage du garçon. « T'as peur de quoi exactement ? » aucun jugement ne se fait ressentir dans ma voix, non, j'étais même plutôt prudent dans ma façon d'engager les choses. « De ne pas t'accepter... ou que ça soit mal ? Parce que ça ne l'est pas. » mes yeux se plantèrent alors dans les siens, attendant une réponse. Plus question qu'il se défile.

il rit, et toi tu te renfrognes un peu. non, tu ne t'inquiètes pas pour lui. il faut tenir à quelqu'un pour avoir de l'inquiétude. toi, tu n'tiens pas à lui, tu le connais à peine. mais quand même. ça serait bête qu'il meure, ça t'affecterait sans doute un peu. pas trop, juste assez. mais quand même. ouais, quand même. tu lui lances sans gêne, étrangement, qu'il devrait avoir une meilleure photo pour se toucher en pensant à toi, et lui te répond qu'il te préférerait toi, plutôt. ton rire se coupe doucement et là, pour le coup, tu es inondé par la gêne. tu ne t'attendais pas vraiment à ça, et au jeu que tu es lancé, tu n'as pas su rattraper la balle comme il fallait, elle t'a complètement surprise. t'es pas si doué que ça, t'as juste un peu fait le malin. et le malin, tu pourrais continuer de le faire indéfiniment, s'il n'avait pas tant de questions à te poser. tu soupires un peu. c'est une très bonne question qu'il te pose là, en fait. de quoi t'as peur, skip ? de toi, ou des autres ? tu veux vraiment savoir, hein ? toi aussi, t'aimerais savoir. tu t'accroupis et gratte la tête de ton chien qui vient se poster entre tes jambes. tu n'relèves plus les yeux vers adrix, tu n'en as plus la force, plus le courage. j'sais pas, c'est juste que.. tu vas même pas comprendre. tu soupires, il va se foutre de toi, t'en es persuadé. se foutre de toi, puis se barrer. sans doute même qu'il ira faire circuler l'information auprès de tes proches. et toi, tu vas fuir, encore. ou alors, ça, c'était l'histoire de west valley. on m'a toujours appris que, enfin, j'veux dire, c'est bien écrit dans la bible, ça s'passe comme ça, c'est un homme et une femme, c'était adam et eve, pas adam et evan.. t'hausses les épaules, tu t'sens terriblement con de dire ça comme ça. tu sais bien qu'il va te dire d'arrêter de croire en tout ça, mais t'y peux rien, toi, on te l'a appris comme ça, c'est tout. tu peux pas changer ce en quoi t'as toujours cru depuis des années juste parce que quelqu'un arrive un beau jour et change tes plans, et putain, c'est effrayant ! c'est pas normal tout c'que j'ai en moi, ça devrait pas marcher comme ça. au fond, peut-être bien que t'es effrayé parce que c'est une chose dans ta vie que tu n'arrives pas à contrôler, à maîtriser. c'est plus fort que toi, et ça, ça t'fait peur. et l'pire, c'est de savoir que si je cherche à creuse pour comprendre, j'vais être rejeté. et ça, tu t'le chuchotes à toi même. t'espères un peu qu'il n'ait pas entendu. c'est que t'en as gros sur la patate, skip, vraiment. et par-dessus toutes tes peurs, t'es juste effrayé par le fait d'être rejeté par tes parents, et tu sais que c'est inévitable.

Je l'observais tandis qu'il détournait lentement le regard. Oui, je me demandais au final ce qui l'effrayait autant. J'avais bel et bien compris qu'il était croyant, et que de ce fait, fréquenter un homme n'était de toute évidence pas dans ses principes. Probablement n'avait-il même jamais osé y penser avant de me rencontrer. Mais il m'avait rencontré. Oui, et il ne pouvait simplement plus faire comme si rien n'avait changé. C'était injuste pour lui autant que pour moi. Si je voulais savoir ? Bien évidemment. Je n'avais pas autant insisté pour qu'il se décharge de la moindre responsabilité, et continue sa vie comme si de rien n'était. Oh ça non, je ne voulais pas en rester là. Ça serait bien trop simple. Il me dit que je ne vais pas comprendre, alors que je murmure un « Laisse moi une chance d'essayer. » je fronce par la suite les sourcils tandis qu'il reprend la parole. C'était donc ça, il avait toutes ces idées en tête. Il me dit que ça n'est pas normal tout ce qu'il a en lui, et mon sourcil droit s'arqua presque instantanément. « Alors, tu admets bien ressentir quelque chose ? » Je savais que c'était le cas, à vrai dire, je l'avais compris au moment même où il avait répondu à ce baiser. Mais il fallait que lui le réalise, qu'il prenne le temps d'y réfléchir. Il pense que ses proches vont le rejeter, et j'ose m'approcher de quelques pas, posant une main bienveillante sur son épaule, alors que mes prunelles capturaient les siennes. « Eh, personne ne te demande de précipiter les choses. » après tout, il ne savait pas exactement comment pourrait évoluer les choses, non ? Il ne pouvait simplement pas le deviner, même moi j'en étais bien incapable. « Tu peux choisir de creuser sans pour autant faire un rapport à qui que ce soit. » mes doigts se resserrèrent sur son épaule alors que je baissais légèrement le visage sans pour autant quitter ses yeux du regard. « Ça ne concerne que toi, malgré ce que tu penses croire. » et même si c'était difficile à réaliser. Ses proches n'avaient pas leur mot à dire, il était lui, et s'il devait être aimé, autant qu'il le soit tel qu'il était, et non pas tel qu'il prétendait être.

accroupi, t'as les yeux rivé sur ton chien, ta main sur sa tête. tu te sens fin prêt, après plus d'une saine de réflexion, à vider ton sac. pourtant, même si t'as réfléchi pendant tout ce temps, t'es même pas très sûr de la conclusion que t'en as tiré, et ça s'entend. tout ce que tu dis est un peu confus, balancé à tort et à travers et c'est à adrix de démêler le tout. qu'il se débrouille. tu grognes à sa question. ouais ben ouais ! je le reconnais, ça m'a pas déplu, c'est bon ! tu cries un peu, tu t'énerves. plus après toi-même qu'après lui, au fond, lui, il n'a rien fait de mal. c'est toi. toi et ce que tu ressens depuis ce jour-là, toi et ta façon de t'interdire certaines choses. et ça te ronge. t'as pas le droit de ressentir ça. pour plein de raisons, et surtout pour la dernière que t'as énoncé ; parce que tu vas te faire rejeter. il s'approche de toi, pose sa main sur ton épaule, et tu remontes lentement tes yeux jusqu'aux siens, comme si tu voulais te donner le suspens de savoir quel visage se cachait derrière cette main. tu te relèves pour lui faire face. tu soupires. j'veux juste comprendre, et démêler tout ce bordel dans ma tête, et tout seul j'y arrive pas. peut-être que t'as tort, qu'il a raison. peut-être que ça ne concerne personne d'autre que toi. mais toi, t'as besoin d'en parler, tu sais juste pas vers qui te tourner, finalement. peut-être que c'est à adrix que tu devrais en parler. j'sais même pas par où commencer. ta façon à toi de lui demander de t'aider, indirectement. tu croises les bras et ton regard se perd au loin. par où commencer ? peut-être par arrêter de te voiler la face, skip

De toute évidence, c'était à moi de tout comprendre pour lui. Sauf que malheureusement pour lui, ça n'était pas ainsi que ça marchait. Non, c'était sa vie à lui qui était en cause et de toute évidence, il ne semblait pas encore certain des choix qu'il pourrait prendre. Oh, comme j'avais pu vous le dire, je n'jugeais pas, non, puisqu'après tout, chacun avait ses problèmes, et que le sien n'était pas des plus simples à résoudre. Il s'énerve, et j'arrive à peine à retenir un rire. C'pas ma faute, mais je le trouve amusant, à s'énerver pour rien. Ça lui avait plu, oui, l'important était qu'il osait enfin l'admettre. Finalement, lorsqu'un contact physique est enfin échangé entre nos deux corps, le jeune homme finit par relever les yeux vers moi, me disant qu'il voulait comprendre, mais qu'il ne savait de toute évidence pas par où commencer. Je ne savais pas bien si c'était à moi de l'aider, ou si il devait trouver tout de lui même, mais je m'étais finalement dit que c'était peut-être un trop lourd poids à porter. Alors, j'avais placé deux doigts sous son menton, pour qu'il relève à nouveau le visage, avant de finalement me pencher au dessus de celui du garçon. « Tu peux bien m'en parler autant que tu veux, mais c'est à toi de trouver les réponses. » que je murmure presque, avant que mes lèvres rejoignent les siennes en un baiser étonnement doux et innocent. Oh, je n'allais pas être aussi entreprenant que la dernière fois, non, je savais lorsqu'il fallait tirer sur les rênes. Éloignant mon visage quelques instants plus tard, je me redressais en reprenant la parole « T'as aucune honte à avoir. T'es comme tu es. Ce qui ne le comprennent pas peuvent bien aller se faire voir. » oui bon, j'étais peut-être un peu trop direct, mais il m'avait plus ou moins demandé mon avis, alors...

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» on ne change pas.
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