Assise contre le sol à rien faire , je perdais une journée à rien faire. Mes doigts traçaient dans la terre des dessins dont j'effaçais leur existence aussitôt. L'eau se balançait doucement laissant un chant à mes oreilles qui me portait au fond de m tête ,mais je ne pensais à rien. J'avais la tête si vide. Je n'étais rongé par rien . J'étais calme et la nature neutralisait tout autours de moi. Ma guitare gisait dans son étuis juste à mes pieds. Je la regardais la voyant à travers avec ces cordes que je n'ai jamais pris vraiment le temps d'effleurer. Je joue en cachette , tranquille dans mon appartement loin des regards. Mais maintenant j'aurais pu jouer sans que ma mère se cache. Il n'avait plus d'interdit , il n'avait plus de larmes et pourtant elle ne m'appelait pas à l'aide dans son étuis. L'idée en moi de savoir maintenant que je ne ferais plus de mal à personne sortie l'instrument et bougea un peu les cordes de ses doigts sans passion. On m'avait longtemps dit que j'avais un talent inégalé , mais je ne l'utilisais jamais. J'avais peur , la musique ne me rassurait pas d'avantage. Je la rangeais tout aussi vite et je me relevais pour me brasser les idées. Je m'avançais vers l'eau et mis mes pieds à l'eau ce qui m'arrachait un frissons avec le vent qui frappait mon visage. C'était nuageux avec quelque percé de soleil , mais jamais assez pour que je m'enfonce dans l'eau. Le liquide limpide caressait mes jean les mouillant peu à peu.

J'ai des images en tête. Les montagnes sont des buildings, les arbres des lampadaires, cette roche est une voiture, immobile, pourtant vivante. Je suis une enfant de la ville, éduquée par les rues dans un grand cliché des bas fonds de la civilisation. La terre sous mes pieds m'enfonce dans le passé, engloutissant mes souliers. Je voudrais suivre le sentier jusqu'à la fin du soleil, mais je sais que la nature aurait raison de moi après quelques pas. L'eau glisse lentement vers ailleurs, son bruit si différent de celui du robinet ouvert, l'eau claquant sur l'acier du lavabo. Mon regard s'accroche au ciel, lentement attiré par ce bleu délavé qui est le même, ville ou pas. Mes doigts s'incrustent dans les failles de l'écorce d'un arbre. Un arbre qui est là depuis quelques décénies, depuis plus que ma vie. J'y grimpe comme je l'aurais fait à un escalier de secours, troquant le métail rouillé contre le bois endormi. La rivière s'étends devant mes yeux, tranquille et tragique. Je sors de mon éternel sac à dos en cuir usé un livre si fin qu'il semble léger, alors qu'il contient mes forces et mes faiblesses. J'y ai collé mes poèmes préférés, arrachés à des livres. Des pas dans les feuillages m'avertissent de l'arrivée d'une âme errante. Quelques notes résonnent dans le silence agité, me détournant des mots qui me tranportent. Je la vois, s'avancer vers l'eau, résignée. Ça semble se débattre en elle, comme si elle voulait avancer, mais qu'elle avait atteint la limite, le rebord de ses jeans déjà trempés. Ça me fait mal tellement c'est tragique, il faudrait que quelqu'un l'écrive. Peut-être moi, pourquoi pas. J'ai la tête ailleurs, je me dis que je devrais la laisser tranquille, que ça ne se fait pas d'épier les gens. Mais je viens de la ville où nos voisins n'ont pas de secrets, où on est spectateurs des vies qui nous entourent. « Il y a quelque chose qui t'empêche d'aller plus loin ? » laisse percer ma voix à travers les branches. Il suffit de lever la tête pour me voir perchée, comme un oiseau qui hésite à s'envoler.

Il était stupide de dire que l'eau caressait ma peau , car j'avais l'impression qu'elle était pleine de petite épine par sa froideur qui entourait ma chaire. Je regardais l'horizon en quête de réponses . Je voulais m'y plongé , mais un mur semblait vouloir m'empêcher de continuer le chemin. Mes pieds restaient collé sur le sable au fond du lac. Une voix me fit sursauter. Je le senti tout le long de ma colonne et j'hésitais à me retourner. J'avais pu percevoir que c'était un éclat féminin , mais je pouvais sentir son regard qui m'épiait alors que je ne la voyais même pas. Un envahisseur avait entrer dans ma bulle. Il se promenait alors que j'étais prête à attaquer pour reprendre mon espace. Cela n'avait pas de sens , car elle n'était pas encore venue à moi , mais je me sentais faible. Faible d'être autant perdu dans mon esprit. Faible qu'elle est pu attendre ma musique courte. Faible qu'elle semble vouloir pénétrer dans mon esprit. Je ressortais mes pieds de l'eau.J'étais vulnérable. Je m'avançais tranquillement vers elle à travers ces branches avec un léger sourire.«Non elle est simplement trop froide pour se baigner.» Ce n'était pas complètement faux j'avais une veste sur moi et le vent me semblait froid comme de la glace.«Ça fait longtemps que tu m'observe ?»

Elle s'avance, terrifiante et effrayée, du bout de ses cheveux roses à la courbe de son petit orteil nu auquel colle la terre humide. Ses lèvres creusent le temps pour me dire l'évidence qui m'a échappé. Oui, l'eau est probablement gelée, glaciale, impossible à supporter. C'est le genre de fait qui ne se laisse pas agripper par ma conscience, trop concret pour vraiment me faire de l'effet. Je devrais baisser les yeux, alors qu'elle a trouvé ma cachette, déniché mon secret. Je devrais, mais je l'observe encore, intriguée de ses mouvements et de ses gestes. Elle ne voit pas qu'elle s'avance avec grâce, le pied léger comme si elle avait passé sa vie à renier les chaussures et les bottes. Je me fais des histoires, encore et toujours. Ce n'est qu'une fille, ici et là, perdue comme moi. Sa question reste suspendue dans l'air. Oui, je l'observe et je ne m'en cache pas. Mes épaules s'accordent dans un haussement désinvolte. « Je ne sais pas, je lisais et puis quand j'ai voulu tourner la page, t'étais là, comme une punaise rose portée par le vent. » Mes orteils se recroquevillent, petits de n'être libres que si peu souvent. Elle a compris, la colombe, que parfois les phalanges ont besoin de respirer.

Je m'habituais lentement à sa présence même si mon corps restait en alerte. Les nerfs tendus j'observais le nouveau visage qui s'offrait à moi. De jolies cheveux blonds et un magnifique visage en fait. Cette sorte de petit ange me faisait penser que je devais revenir au calme et à l'ordre , mais je restais en éternel combat avec ma conscience. Je poussais doucement encore les branches .Laisse moi encore t'observe d'avantage cher inconnu toi qui a prit la permission de le faire sur moi. Laisse moi t'épier de mes prunelles peu rassurante pour que tu comprenne qu'il ne fallait pas me déranger. Il faut être prudent tu sais quand on se balade ainsi dans les endroits tranquilles comme ça et j'apprend aujourd'hui que je ne saurai jamais sans doute seul même quand je crois l'être.Elle me dit qu'elle lisait. Mon caractère change alors aussitôt en voyant un livre dans ces mains. Ah cette magnifique invention qui me laisse voguer pendant des heures depuis que je suis toute petite.Je lui exquise alors un sourire franc qui a fleuris au coin de mes lèvres.«Et que lisais-tu ?» Mes yeux se changent pour de l'admiration et j'ai l'aire d'une petite enfant émerveillé . Mes mèches roses qui pendouillent le long de mes joues en aident la cause.

Ses yeux cessent de lancer des éclairs et brillent d'une nuit étoilée. Deux petits pas la poussent vers moi, comme un animal sauvage qui hésite à se laisser apprivoiser. Ça me fait sourire et mon corps se laisse filer dans un souffle immobile, décidé à ne pas l'effrayer. Elle semble avoir des mots coincés dans la gorge, peut-être qu'elle n'a pas su les dire, peut-être que personne n'a écouté. Ça ne coûte rien d'écouter, mais ça rapporte beaucoup. On gagne quelques pages d'une histoire qu'on a pas vécue, quelques pièces d'une énigme sans réponse. Le vent plus sain que celui que me soufflait la ville s'insinue dans mes cheveux, chatouillant ma nuque, creusant mes espoirs de liberté. Sa question reste suspendue dans l'air comme une luciole timide. Je voudrais lui dire que c'est un grand roman, une histoire fantastique, un classique de littérature, quelque chose d'impressionnant qu'elle a déjà lu et qui la ferait grimper dans mon palais pour en discuter comme deux vieilles écorces. « Oh, C'est un petit recueil de poésie maison. J'y ai collé des poèmes qui me plaisent. J'ai pas la place dans mon sac pour traîner une bibliothèque entière. Quand on ne veut pas se poser, faut voyager léger. » Je me dis que si un jour je cesse de courir, mes murs n'auront pas besoin de peinture, puisqu'ils seront tous couverts de livres. Ça me laisse le coeur dans les nuages, la tête légère, même si ça n'est que pour une seule seconde.

Je me rappelle de toute les histoires que j'ai lu , tout les moments que j'ai passé à ne regarder que des phrases et des lettres qui forment des mots. Ma violence se dissimulait et je devenais une bête si inoffensive aux grands yeux bleu en cherchant une belle histoire à entendre, mais elle me fait bien vite comprendre que ce n'est qu'un simple petit recueil. Il me tarde toute fois de vouloir découvrir son contenue. Découvrir les mystères qui peuvent la faire rêver et les paragraphes qui nous ont fait rêver tout les deux. Les histoires que nous avons lu en commun et celui qui l'a plus toucher.Elle me disait qu'elle n'avait pas assez de place pour tout. Mon appartement avait un rôle à jouer celui de garder mes livres. Même si je les côtoyais que si peu de temps il avait comme tâche de garder tout mes objets précieux pendant que je partais me balader au gré des étoiles ou des rayons de soleil.«Tu me laisserais regarder ?» Je n'étais plus très à l'aise à travers les branchages et dont je lui fis signe de me suivre. Je repris le même chemin et fis les même pas que j'avais fais pour me rendre. Je m'assoyais de nouveau sur le sol en entendant que ma compagne se joigne à moi et mes fantaisie qui se déroulait dans ma tête.

Les plumes d'un corbeau mort depuis longtemps sont glissées entre nos mèches rebelles, nous donnant l'occasion d'être compagnes de campagne. Je le sais quand je vois ses yeux se transformer en perles. Son coeur a vogué vers les livres de sa jeunesse qui reviennent, fiers de l'avoir formée, fiers de l'avoir fait rire et pleurer. Son intérêt a été planté comme une punaise dans mon tableau. Mes doigts se crispent lorsqu'elle demande, lorsqu'elle s'ouvre un tant soit peu, lorsqu'une chance nous passe à portée de main. Ses pas reviennent dans le passé, la poussant vers la berge, me tirant hors de mon perchoir. Mon coeur s'agrippe aux mots, souhaitant les protéger du monde, les garder jalousement pour moi seule. Chaque page est une page de mon histoire, chaque mot me décrit comme une image. Des pas de souris la rejoignent là où l'eau caresse la terre. « Okay, si tu me racontes quelque chose sur toi que peu de personnes savent. » Dis-je en tendant mon précieux livre, les yeux sur les ondulations miroitantes de l'eau. Je dépose mon sac de cuir usé sur un gros rocher où je m'installe, me disant qu'il y a assez de place pour deux.

Je suis un peu perdu dans un instant si étrange. En entendant sa réponse je me sens forcé de devoir m'ouvrir à elle. Malheureusement depuis que quelque minute se sont écoulés sur le sablier de la vie une partie de moi même c'est déjà ouverte pour cette inconnue. Une fille dont je connais seulement son visage et quelque expression que j'ai pu apercevoir. Je voudrais refermer la boîte qu'elle a ouverte , le petit tiroir au fond de ma tête qui est si bien fermer à clé. Mais voilà que je suis prise au piège , car elle a surement dû entendre les cordes des guitares se frapper au sons de l'eau qui danse sous la brise. J'aurais voulu qu'elle ne les entende jamais , j'aurais voulu que personne ne s'infiltre à cet endroit. Cette guitare si bien caché aurait dû rester. Je vois son livre si gentiment tendu , mais un légère peur aussi installé dans son regard , je comprend donc qu'elle aussi elle est prête à livrer une partie d'elle même . N'a t'elle pas peur de se livrer à une jeune femme aux cheveux roses qui a si bien longtemps lui lançait un regard peu rassurant.«D'accord.» Ma voix en tremble presque . Je regarde son livre pendant quelque mot. Je caresse doucement les pages de mes doigts , je me perds dans les mots. Je lui pour sortir ma guitare de son endroit bien refermé. «Garde le secret s'il te plait.» Je me mets à jouer tout doucement . La mélodie suit celle u paysage. Elle est presque mélancolique se fondant ainsi aux nuages grisâtre dans le ciel triste.

Mes yeux ont quitté le trésor que j'ai laissé en toute confiance entre ses mains. Mes dents s'enfoncent dans ma lèvre, effrayée d'être si vulnérable, d'être à découvert. Mes côtes se font douloureuses, épuisées de garder les secrets de toute une vie. J'en ai échappé un ou deux sur la route, mais les plus lourds sont toujours en moi. Mes cils s'accrochent dans l'air, papillonnant contre la peine liquide qui passait par là. Ses mains s'accrochent aux pages, n'apportant aucune réponse au pourquoi et au comment. Les secondes glissent contre ma mélancolie. J'expire une terreur de moins, rassurée par les feuilles dansantes et l’écho d'un ruisseau chantant. Elle me demande de promettre, ses doigts ayant délaissé le papier pour le bois d'une mélodie palpable. Ma tête acquiesce pour moi, mes cheveux chatouillant ma nuque. Ses doigts deviennent les cordes, étouffant ce qui nous entoure, dépouillant mes doutes. La peine n'a plus de place sous mes ongles. Elle se déverse comme un raz-de-marrée. Une symphonie de larmes silencieuses, laissant humblement la place à sa musique, à son secret. Ava aurait aimé, c'est tout ce que je peux jurer. Quand les notes s'évaporent vers le monde intouchable d'où elles sont descendues, mes paupières s'éveillent, mes doigts n'ayant pas la décence d'essuyer mes joues. « C'est un si beau secret, merci. »

Mes mains tremblent quand je touche cet instrument. J'aimerais pouvoir le cacher , le casser et le noyer au fond de l'eau pour ne plus jamais entendre sa mélodie. Pour oublier que mes doigts peuvent sortir la plus parfaite des chansons , pour oublier que ce ne sont que des larmes que je n'ai fais couler. Et quand je la regarde c'est joue souillé par les mêmes perles que celle de ma mère mes lèvres se mettent à trembler. Mes mains se serrent contre l'instrument et je me retiens pour ne pas fendre comme elle. Je ne sais comment caractérisé ses pleures , mais ce que je sais ce que je n'aime pas les voir. J'ai l'impression d'être giflé par des images que j'avais caché au fond de moi. Sa voix s'élève et vient soulager mon coeur qui gémis. Un soupire s'échappe de mes lèvres , un sourire même réussie à venir s'infiltrer au coin de la rougeur de celle-ci.«Il est horrible aussi.» Je me relève mes pieds s'enfoncent comme j'aimerais le faire. Je ne veux pas m'ouvrir et ma coquille semble vouloir céder sous mes doigts.Elle sait un secret , mais je ne lui refilerait pas entre les mains plus longtemps. Je veux que cette guitare flotte sur l'eau , mais je n'arrive pas à la laisser tomber pourtant elle fait saigner mes cicatrices à chaque fois. Laisse moi partir odieuse et égocentrique tes cordes ne suffisent plus.