J'attends là assise près du lac, ça doit bien faire vingts minutes que j'ai pas bougé. Qu'est ce que je fous là ? J'en ai tout simplement aucune idée, j'avais juste eu besoin de prendre l'air. Il m'était devenu insupportable de regarder les gens marcher, j'ai l'impression qu'ils sont sur avance rapide. La vie ne semble pas vouloir m'attendre, elle veut que je me perde. Je passe une main dans mes cheveux emmêlés et décide de plonger dans l'eau froide du lac. Le choc thermique me réveil les sens. Quand je remonte à la surface je sais que quelque chose ne va pas. Mon regard inspecte la rive, un morceau de verre, du sang. Je sors de l'eau en grommelant. Le seul morceau de verre du lac, t'as réussi à te couper avec. Bravo Maxyne. Je retourne à ma moto, qui est garé à quelques mètre de là, le pied en sang. Je fouille dedans, mais à part ma serviette de plage et mes vêtements propres, je n'ai rien d'autre. Je relève la tête, et personne aux alentours pour m'aider. C'est toujours quand on a besoin des gens qu'ils ne sont jamais là.

tu te promènes bien sagement au bord du lac, une cigarette au bord des lèvres. tu cherches juste à te changer les esprits, à penser à autre chose un peu, à ne penser à rien. tu vois une moto au loin et une fille avec, trempée. t'aimerais bien la regarder, l'observer sous tous les recoins et surtout l'admirer, la moto, parce que voilà, t'as toujours aimé les motos, c'est plus fort que toi. t'en as toujours voulu une. seulement voilà, t'as un chien, et c'est plutôt compliqué de se trimbaler à moto avec un chien, alors t'as abandonné. mais c'est la fille qui attire ton attention. d'abord parce qu'elle est trempée, et qu'il fait plutôt froid. t'es même presque frigorifié avec ton pull en laine, alors t'as froid pour elle. et finalement, c'est son pied rouge de sang qui attire ton attention. t'as pas l'âme d'un sauveteur, mais tu n'peux pas la laisser comme ça. il t'est arrivé quoi, tu veux de l'aide ? quelle question, bien sûr qu'elle veut de l'aide, qui n'en voudrait pas ? en plus, elle a l'air de ne rien avoir avec elle, et faut avouer, t'as pas grand chose non plus. peut-être dans ta voiture, mais t'es pas garé à côté. assieds-toi, j'regarde si c'est grave s'tu veux.

marcher. marcher. là où le vent nous porte. ton sac toujours sur le dos tu n'as pas encore trouvé d'endroit où te poser et tu désespère, bientôt tu n'auras plus un copec et peut-être que tu devras dormir dans la rue. il semblerait aussi qu'à banff personne ne cherche de nouveau employé, sans boulot t'es pas prête de t'en sortir. mais là n'est pas la question. tu souris. louis est heureux. et c'est tout ce que tu aimes. t'as réussi à lui trouver un poisson dans le lac. il avait faim. pauvre chat. tu guettes le lac, toi aussi tu as faim. il n'y a rien, rien d'autre qu'une fille qui sort de l'eau. quelque chose retient ton attention, t'es loin d'elle, pourtant tu vois très bien ce rouge sur son pieds. elle saigne ! tu prends louis dans tes bras, tu cours, du mieux que tu peux, on a jamais vu un escargot courir, pas facile avec la maison que tu portes sur ton dos. le temps que tu arrives quelqu'un s'est déjà approché d'elle, pourtant tu lâches pas l'affaires, t'as ta petite trousse de secours dans ton sac, c'est pas tout le monde qui a ça, c'est toujours bienvenue. « vous avez besoin de pansements ? ou même de désinfectants ? » dis-tu avec l'âme d'une sauveuse.

Je frisonne légèrement sous la morsure du froid, mais le pire c'est la douleur qui commence à se propager. C'est pas bien grave, mais ça fait un mal de chien. J'enroule la serviette autour de moi, pour avoir les mains libres. Je fouille une nouvelle fois dans ma moto, comme si un bandage allais magiquement apparaître. Je suis entrain de me dire que je vais devoir sacrifier mon débardeur quand j'entends une voix derrière moi. il t'est arrivé quoi, tu veux de l'aide ? Je lui souris, heureuse que quelqu'un me vienne en aide. J'ai glissé sur un bout de verre en plongeant dans le lac. Je me sens un tout petit ridicule à ce moment là. assieds-toi, j'regarde si c'est grave s'tu veux. Je hoche la tête, ne voyant pas de rocher où m’asseoir et ne voulant pas me retrouver pleine de sable, je décide de m'asseoir sur ma moto. Merci de m'aider, mais pour éviter tout incident du genre 'pied brûlé' tu veux pas que je te tienne ta clope ? Je lui fais un sourire amical, il a pas à craindre que je lui pique de toute manière je fume pas. Je vois une fille arriver, tout le monde se précipite pour me sauver à ce que je vois, c'est touchant. vous avez besoin de pansements ? ou même de désinfectants ? Waouh, elle est vraiment bien équipée, son sac ça doit être la caverne d'ali baba. T'es ma sauveuse, j'en étais presque venu à me dire que je devrais sacrifier mon T-shirt.

tu l'écoutes t'expliquer la façon dont elle s'est ouvert le pied. tu te demandes un peu ce qui a bien pu lui passer par la tête pour aller plonger dans le lac en même temps avec la température qu'il fait, elle doit être plutôt téméraire. c'que tu n'es pas. pas tout le temps. t'es plutôt du genre courageux mais pas téméraire, en fait. tu la laisses s'asseoir sur sa moto et t'accroupis. ouais t'as raison, on va pas empirer ton état. tu lui donnes ta cigarette avec un léger sourire aux lèvres et prends son pied entre tes mains. une autre fille arrive et propose de quoi la soigner. elle tombe vraiment, vraiment bien. tu regardes sa plaie, et tu te dis qu'heureusement que t'as une bonne vue. y a un bout de verre dedans. tu grimaces et te tourne vers la blonde. t'aurais pas genre, une pince à épiler ? elle a sûrement ça, toutes les filles ont ça sur elles. j'espère que t'es pas douillette, ça risque de faire mal. tu lances à l'estropiée, désolé par avance pour elle.

t’es accueillie comme la sauveuse avec ta trousse de premiers secours, au final c’est pas si mal de trimbaler ta maison sur ton dos. tu laisses louis s’amuser pendant que tu t’accroupis à côté des deux personnes, enlevant ton sac de tes épaules. « ce serait vraiment bête de gâcher ton t-shirt ». un doux sourire s’est dessiné sur tes lèvres. tu ouvres ton sac à la recherche de la dites trousse, y a pas mal de chose dans ce sac. t’étales ton petit bazar sur le sol, une bouteille d’eau, des cacahuètes, un bouquin, ta bible, et.. ta trousse elle est là. le brun se retourne vers toi, il a l’air de bien s’y connaître. tu te sens un peu comme son assistante pour le coup. Une pince à épilé, oui t’en a une. « tiens, la voilà » que tu dis après avoir un peu fouillé dans ta trousse qui est un réel bordel. tu sais bien que ça va être douloureux, alors t’entame la discussion avec la fille qui pisse le sang. « tu t’es pas ratée ? t’as fait ça comment ? » t’oses pas regarder ce que va faire le mec, ce serait con que tu tournes de l’œil, clairement.

Je commence à regretter d'avoir plonger. Il fait froid. Trop froid. Je me frictionne les bras, comme si une grande chaleur allait m'envahir, en faisant gaffe de pas faire tomber la clope que le brun vient de me tendre. Faut pas trop rêver ma vieille. C'est là qu'il m'annonce qu'il reste un bout de verre coincé. Manquait plus que ça. Je rigole légèrement, trouvant la situation plutôt étrange. J'écoutes distraitement leur bout de conversation, trop occupée à essayer de me détendre. j'espère que t'es pas douillette, ça risque de faire mal. Je sais que je me suis pris plusieurs belle chutes avec ma moto et c'était beaucoup plus grave qu'un simple coupure. Seulement voilà, à ce moment là, j'étais trop dans les vapes pour avoir mal. tu t’es pas ratée ? t’as fait ça comment ? Tout au fond de moi, je remercie cette fille qui essaye de faire diversion, et je lui réponds avec un petit sourire. La fille très adroite que je suis a marché sur un bout de verre. J'ai pas regardé où je mettais les pieds en allant dans le lac. J'essaye de pas baisser les yeux, de ne pas regarder ce qui se passe en bas. Je sais pas comment le brun fait pour rester aussi calme, mais ça me rassure. Je remarque alors le chat toujours posté sur l'épaule de la fille. Il est mignon ton chat. Il a un nom ?

tu restes calme, zen. ça n'sert à rien de paniquer, même si elle peut se mettre à pisser le sang, parce que ça la ferait paniquer, et t'as pas franchement besoin de la porter jusqu'à ta voiture pour la mener à l'hôpital parce qu'elle aura fait un malaise. en plus, si ça se trouve, la fille à côté de vous aussi craint le sang, et à ce moment-là, t'auras deux évanouies à t'occuper en même temps. l'horreur. non, vaut mieux que tu restes calme quoi qu'il arrive, et surtout qu'elle évite de regarder. tu demandes une pince à épiler à la petite blonde, et par chance, elle a. elle a l'air bien équipée, de toute façon. tu soulèves le pied de la fille et t'attrapes le bout de verre et le retires en essayant de n'pas lui faire trop mal. ça va, tu survis ? tu lui lances, un léger sourire aux lèvres, en même temps que tu tires doucement. elles se font la conversation, et c'est pas plus mal. pour ne pas les couper dans leur distraction, tu te tournes et fouilles dans la trousse de la fille pour y trouver une compresse, du désinfectant et un bandage. tu vois une bible au passage, par terre. t'es croyante ? tu demandes à la blonde. tu n'peux pas t'empêcher. tu souris. t'es juste curieux. puis tu t'attèles au bandage de la fille, concentré dans ce que tu fais. et voilà, comme un sou neuf, c'était pas très grave. tu te relèves, tu la vois trembler. t'as froid ? tu veux ma veste ? en même temps, l'idiote, elle est trempée, et il fait pas vraiment chaud.