Je suis pas encore sortie depuis que je suis arrivée dans cette ville. Ce soir, c'est l'occasion, c'est le moment. Ayant enfilé une petite robe noire qui me sied à merveille, je me rends dans cette boîte de nuit dont j'ai entendu parler. J'sais pas grand chose mais j'espère passer une bonne soirée. Je rejoins le bar peu de temps après être arrivé et je repère alors un beau brun. Un inconnu, un de plus. « Ca te dit de m'offrir un verre ? » que je lui lance alors.

Je ne faisais pas bien attention au reste, vous savez aux autres. Il faut dire que, là, quelque part, mes pieds ne me répondaient plus. Un gémissement avait fini par s'échapper de mes lèvres, tandis que je renversais la quasi totalité de mon verre sur cette épaule inconnue. Oh non. Oh non, non, non. « Oh je... » pris au dépourvu, je tente tant bien que mal de frotter l'omoplate de la blonde, sauf que voilà, ça ne fait qu'empirer les choses. Tout le monde nous regarde. « Je crois que... Je... J'ai un peu mal à la tête... » que je me confesse, rouge pivoine alors que je sens le décors vaciller autour de moi.

J'ai à peine le temps d'aborder ce gars, à peine le temps d'entamer une discussion que l'on me renverse un verre sur mon épaule et bien sûr, je peste. Arf, j'aime pas les gens bourrés qui ne savent pas mettre un pied devant l'autre - sauf si c'est moi parce que dans ce cas-là, je rigole toujours beaucoup. «Cette robe m'a coûté une fortune.» En soit, c'est pas si grave parce que j'en ai plein mais je râle pour le principe, uniquement pour le principe. Je pose mes iris sur le maladroit et reconnais son visage malgré l'obscurité qui règne dans la pièce «A croire que tu es partout» remarquais-je simplement tandis que mon premier interlocuteur, le premier, me demande si je désire tout de même à boire. «J'en ai toujours envie mais je dois faire un détour par les toilettes pour aller nettoyer tout ça.» Je ne pourrais pas rester comme ça durant toute la soirée «Prends-moi un verre de ce que tu veux, je reviens.»

C'était tout moi ça, frôler le malaise pile quand je commençais à m'amuser. Oh, je n'avais pourtant pas bu énormément... Juste un ou deux verre de cette boisson que Raphaëlle m'avait recommandé, et qui de toute évidence, continuait de me sortir de la tête. La blonde râle mais j'ai déjà bien du mal à me concentrer sur mes propres pieds pour réussir à cerner toutes ses paroles. La seule chose que j'en retiens, c'est qu'un garçon m'a demandé de m'asseoir, ce que je me fais une joie de faire. La blonde s'éclipse, je me frotte l'oeil gauche à l'aide de mon poing en gémissant d'une voix faiblarde et pathétique « C'est nul d'être saoul... » j'avais jamais testé avant, et je ne retesterai probablement jamais. Ça m'apprendra. « En plus, je suis sûr qu'elle est vraiment pas contente. » que je reprends en rivant mes prunelles océans vers celles du garçon, alors que ma tête frappe tel un tambour.

Perchée sur mes hauts-talons, je me fraye un chemin à travers la foule qui inonde la boîte de nuit. Il y a du monde, beaucoup de monde mais cela ne me dérange pas. Je fais partie des habituées à ce genre de soirée. Je suis de celles qui se mêle à la foule sans aucun problème. Arrivée dans les toilettes, je me rapproche du lavabo et tente tant bien que mal d'essayer de sécher le liquide qui s'est répandue sur une partie de ma robe et mon épaule. Je mouille un bout de papier et y ajoute du savon pour éviter d'avoir la peau qui colle. Puis, je reprends le chemin inverse pour retrouver les deux hommes que j'avais connu quelques minutes plus tôt.«Me revoilà ! J'espère que je vous ai pas trop manqué ! » Honnêtement, j'en doute. J'prends place sur l'un des tabourets«Tu as prévu quoi pour m'hydrater ?» que je lance au premier avec le sourire le plus charmant possible.

J'ai la tête qui tourne, oui, je crois que c'est la toute dernière fois que je touche à un verre d'alcool ! Le problème, c'est que j'arrive jamais à savoir ce que je bois, je suis pas très doué pour reconnaitre les gouts, alors forcément, me piéger est plutôt chose facile... Le garçon me répond que les femmes ne sont jamais contentes, et mes grands yeux bleus le dévisagent d'un air naïf. Peut-être a-t-il raison, oui, mais tout de même, je l'avais quand même trempé jusqu'aux os. « Mais toi... tu m'aurais probablement tapé non, si t'avais été à sa place ? » le garçon m'impressionne de par son physique, alors je me dis que de toute évidence, il m'aurait fait vivre un enfer. De toute façon, il ne pourrait pas me torturer autant que j'étais entrain de le faire mentalement, et tout seul. Il me commande un verre, et une moue hésitante s'installe sur mon visage. « Je suis pas sûr que... » que j'allais pouvoir en ingérer un autre, oui. La jolie blonde revient à nos côtés, et je n'ose pas vraiment lui répondre, encore un peu trop gêné par ma maladresse.