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 Le vent nous portera

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MessageSujet: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyMer 23 Avr - 7:59

Ce matin, le soleil était venu te rendre visite dans l'intimité de tes draps. Lorsque tu avais ouvert les yeux, tu t'étais levée pour arpenter à nouveau cette ville, la découvrir, flirter avec elle. Dans ta quête à la liberté, dans ta quête de toi-même, tu cherchais l'amour. L'amour de la nature, l'amour des éléments. Tu étais le cinquième, la femme. La femme naturelle, tu étais la beauté, la fragilité. Près de l'eau, tu t'étais assise un carnet en main avec un crayon. Les brises venaient t'envelopper avec douceur pendant que toi, oui, toi tu rêvais. T'étais là, tu ne te posais pas de questions. T'étais là, tu gribouillais des croquis du paysage sur tes feuilles blanches. De temps en temps, t'écrivais quelques mots, avec poésie, avec émotion. Encore une fois Cappie, tu t'inventais un monde, tu refaisais un univers. Ton univers. Rêveuse indomptable, tu découvrais enfin les petits plaisirs humains. Tu t'imaginais le bruit des oiseaux, celui du vent. Tu t'imaginais tout ce que tu ne pouvais pas entendre, ces choses aux sons trop faibles pour que ça puisse te parvenir aux oreilles. Et dans un ultime moment de détente, tu te sortais un joint de beau matin que tu avais déjà roulé. Un feu. Un joint. Une bouffée.
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyMer 23 Avr - 12:41

Le blond vaporeux jouait dans la lumière, le blond des cheveux penchés sur le dessin – ou légères brindilles au vent… Blond sur l’irréel bleu du lac devenu froid, et ces petits cheveux qui volent, innocents, devant l’immensité. La femme au pied du monde, fragile et offerte à cette grande nature qui l’inspire.
Au hasard de ses pas, il était venu, et tout se passait comme s’il avait fallu qu’il soit là, comme s’il avait fallu que quelqu’un témoigne de la seule beauté d’un moment simple. Elle l’avait touché, de ses frêles épaules, du regard qu’il lui devinait de dos déjà, du coup de son crayon. Soudain accroupi près d’elle – il ne s’était pas trompé. Mais il ne s’était pas approché pour profiter des arabesques blanches, qui déjà s’absorbaient dans l'invisible devant eux… Il avait juste été curieux. Curieux encore : « Est-ce que c’est inspirant ? » et il désigna cette si petite chose à ses lèvres qui, parfois, emmène si loin.


Dernière édition par Gennaro le Mar 6 Mai - 6:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyMer 23 Avr - 19:31

Le vent chatouillait la courbure de ton nez. Le vent effleurait tendrement tes paupières closes. Le vent embrassait tes jolies joues. Le vent dansait avec tes cheveux sur le rythme d'un sonnet. T'étais là, frêle comme jamais. T'étais là, découverte comme une plaie. Tu prennais une latte, longue et douce, tout comme ce moment. Et tu fermais les yeux, encore et toujours. La fumée s'immisçait dans tes poumons, les effets du thc te rendaient déjà plus légère. Puis le regard clos finissait par éclater comme un bourgeon de fleurs, rendant tes perceptions plus jolies. Et tu sentais une présence, curieuse, fine. C'était un homme, certainement bien plus âgé que toi. Et il ne t'effrayait pas, loin de là. Tu n'étais pas seule, tu n'étais plus seule. Puis lorsqu'il désigna le joint que tu tenais entre tes lèvres, tu souriais bêtement. Oui, oui c'était inspirant. Oui, c'était magique. Oui, c'était une nouvelle liberté, ta liberté. Celle que tu as longtemps cherché aux coins des rues de ta ville, celle que tu as longtemps pourchassé à travers les taxis encore plus présent que les bonnes âmes. « Ça permet de découvrir de nouvelles dimensions. » C'était ta réponse, d'une voix qui se voulait douce et calme. Tu retirais sur ce cône qui se consumait lentement, avant de le tendre à l'homme qui se tenait à tes côtés. « Vous voulez essayer ? » Demandas-tu alors, timidement.
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyJeu 24 Avr - 15:47

Les petits cheveux se penchaient sur le joint cette fois ; les lèvres se plissèrent légèrement encore. Elle avait répondu avec une voix douce comme ce ciel qui les surplombait, douce comme le tracé de son crayon, douce comme la peau que caressait la douceur du soleil. Les volutes s’égayaient et dansaient blanches autour d’eux, les encerclaient. Alors elle lui tendit le joint, elle le lui proposa ; le filtre glissa entre ses longs doigts et Gennaro imita la jeune femme. À l’instant où la fumée soulevait sa poitrine, il se rappela tous ceux de ses jeunes jours – tous ces moments, ces nuits surtout, qu’il avait passées à fumer. Depuis, il s’était limité à la cigarette seulement, et au cigare même – il se faisait vieux. Ou plutôt, non : il avait toujours l’air d’un grand enfant. D’un « gamin, » aurait dit la femme de l’autre temps.

C’était peut-être la première fois cependant qu’il fumait en plein jour, il ne s’en rendait compte qu’à présent qu’il reportait son regard sur l’immensité bleue et qu’elle lui semblait plus immense encore. La chevelure blonde de lumière avait raison. Tous les sens, lentement, imperceptiblement d’abord, s’éveillaient comme d’un grand sommeil ; et pourtant le regard, lui, devenait lourd. L’homme s’assit complètement cette fois, genoux pliés contre lui. En rendant son dû à la fille, il désigna cette fois les feuilles abandonnées à ses jambes : « Puis-je ? » Et il n’attendit pas. Ce n’était pas de l’impolitesse, plutôt de l’inconscience – il avait toujours eu cette façon singulière et vive de ne jamais attendre… comme si le langage était trop lent, beaucoup trop lent. Aussi se saisit-il du papier, s’appropria le crayon, en tailleur le temps de croquer ce qui l’avait fait s’arrêter, s’asseoir là. Le trait minimaliste, élancé, fin, léger, laissait deviner les contours de la femme au pied du monde…

« Il semblerait que ça ait eu l’effet inverse, » fit-il remarquer contemplant soudain son esquisse, la brandissant sous leurs yeux, la lui montrant. Il disait ça pour le style du dessin qu’il avait fait, qui semblait avoir abandonné une dimension plutôt que l’inverse – mais il savait que dans l’éveil des sens, il n’échappait pas au pouvoir de cette bien curieuse petite chose, qui fumait à nouveau entre les lèvres rouges.
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyJeu 24 Avr - 21:08

Sous le soleil matinale, t'observais l'homme à tes côtés qui tirait sur le joint. C'était marrant, il n'était pas maladroit, plutôt habitué d'un certain côté. Tu le détaillais, sans retenue. Puis ton regard divergea vers le paysage qui s'offrait à toi, à vous. Tu t'amusais avec ton crayon, toujours dans tes mains. Tu te sentais jolie, tu te sentais légère, comme une plume, comme un ange. T'étais un nuage, un joli petit nuage. Fragile, doux, mystérieux. Puis le brun finit par prendre tes croquis, tout à coup, tu te sentais gênée. Tu murmuras pour te laver des dessins dont il s'était emparé. « Je ne suis pas très douée.. » C'était vrai, tu n'étais pas douée pour dessiner. Mais tu aimais ça, ça t'occupais l'esprit, c'était ton art, à toi. Ça t'appartenais, c'était personnel. Puis tous les deux, assis contre le monde, défiant le vent et son air farouche, tu te laissais aller. C'était irréel comme moment, c'était calme, doux, paisible. Ça te changeait tellement de la ville que tu te demandais bien comment tu avais pu vivre tant d'années si loin de ce paradis. La beauté était simple, jolie. Elle était honnête. Et t'observais l'homme du coin de l'oeil, lui aussi il s'était mis à dessiner. Tu continuais pendant ce temps, paisiblement à tirer sur ce cône. L'espace d'un instant, tu l'avais oublié. Alors tu le rallumais, une seconde fois. Tes yeux venaient vagabondaient sur l'esquisse que l'homme te montrait. C'était abstrait, c'était joli. L'art était quelque chose de personnel, et tout était beau dans l'art. « Je trouve ça beau, simple. Et ça fait du bien de voir ça. » Tu regardais dans le vide, un sourire accroché aux lèvres. Le vent balayait tes cheveux, quelques mèches venaient te cacher le visage. Puis entre tes doigts, tu relâchais ce joint pour le tendre à ton compagnon. Il fallait partager les plaisirs de la vie, à deux, avec n'importe qui.
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyVen 25 Avr - 15:57

La farouche présence de ces lèvres, la réalité pulpeuse de cette courbe fine contrastaient avec ce sourire, sourire lointain lui, et qui semblait comme se poser sur les choses, les retenir toutes et toute leur beauté dans son infinie douceur. Alors Gennaro souriait aussi, du même sourire presque inconscient. Ils étaient maintenant deux au pied de ce monde, dans le grand jour du matin, tandis que la lumière croquait à son tour des reflets et des ombres sur les sommets au loin. Et au grand jour le grand silence – celui qui apaise et qui berce. À repenser à la route, la longue bande d’asphalte par laquelle il était parti, aux premiers pas dans cette ville, l’impression qu’un genre de providence l’avait déposé là le prenait, profonde, et bien qu’il la sût faussée, fantasmée. Tout finissait là, devant cette vision impressionniste. Devant elle, il se sentait si petit – il se sentait si petit, pour la première fois.

Il fuma encore un peu, avec lenteur. Le temps les attendrait… le vent le balayerait. Il sentait mieux cette sensation cette fois, un relâchement de tout l’être, une paix intérieure mêlée à cette envie de pénétrer du regard le secret de chaque chose et d’y puiser un émerveillement rieur. Et il souriait encore, et ne savait plus qu’il souriait. « Mais je crois que c’est de vous qu’est venue l’inspiration, » disait-il très simplement. Soudain il se rappela ce qu’elle avait dit lorsqu’il avait pris ses feuilles à dessin, et il lui semblait qu’elle l’avait dit il y avait longtemps déjà. Ca y était : le temps se dilatait. Il prit conscience de la fumée qui divaguait, se rappela alors aussi la consistance du joint entre ses doigts – il ne le sentait presque plus, immobile qu'il était sur le bord du lac – et le rendit à la jeune femme pour considérer ses croquis qu’il avait toujours sur lui. Ils l’absorbèrent entre leurs courbes. Au bout d’un temps, il s’entendit dire : « Je ne sais pas si je saurais dire, mais c’est fascinant. » Il pensa vaguement que tout ça était trop peu clair, qu’elle n’allait peut-être rien comprendre à ce qu’il racontait. « La façon de tenir le crayon et le geste de la main lorsqu’elle trace, tout ça aussi ça devrait être l’œuvre d’art, » ajouta-t-il avant de sourire à nouveau.
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyDim 27 Avr - 10:55

Les rides du temps de plusieurs sourires heureux marquaient ton visage. Tes doigts effleuraient avec douceur l'herbe où ton corps se posait. Ici, là, avec, dans la nature. Tes yeux bleus océans balayaient avec curiosité ce paysage, il te saisissait, au plus profond de toi-même. Tu ne pensais pas qu'un jour tu pourrais être là. Les effluves du parfum de ton passé venaient te caresser le nez, le cerveau complètement embaumé, tu pensais avec nostalgie. T'oubliais la présence de l'homme brun, l'homme charmant, charismatique. T'oubliais tes pieds, tes sourcils ou même tes seins. Tu t'oubliais. Tu rêvais, de ton passé, de tes problèmes. Puis t'étais là, perdu dans tes pensées. Finalement, t'entendais le fruit du papier qui claquait, ça te ramenait comme une coup de fouet à la réalité. Tu finissais par lire sur les lèvres de ton compagnon de fumée, de liberté. Toi, t'étais inspirante. Toi et tes cheveux blonds, toi et tes dents pas très parfaites. Toi, simplement toi. Avec ton sourire aux lèvres gercées, ta voix qui résonnait comme un poète qui cherchait ses mots. Il était tôt, le soleil caressait ta peau blanche presque interdit. Tu dominais, au milieu de la nature, face à tout, contre le monde, ton monde, votre monde. Sans trouver de réponse satisfaisante, tu vagabondais dans tes propres souvenirs. Le temps s'évadait à grands pas, mais toi, tu finissais pas dire un simple « Merci » timide. Tu rougissais légèrement. Jolie teinte sur des joues innocentes, inconscientes. Tu te perdais, encore une fois. Comme toujours. Dans un élan d'amour à la liberté, ton corps se fondait dans l'herbe. Tu devais nature, non pas comme un yaourt, mais comme un élément. Tu étais bien le cinquième, aux côtés de l'air, du feu, de l'eau et encore de la terre. Tu étais Cappie, Cappie l'intrépide, Cappie. Cappie, celle qu'on regarde avec envie. Tu rougissais, repensant à ce que l'homme t'avais dit dans les minutes qui précédaient celle-ci. Tu le regardais, attentivement. Ses cheveux bouclaient, comme de jolies fleurs sauvages. Une par ici, l'autre à l'opposé. Ordonnées qu'étaient les fleurs, tu revoyais ses lèvres bouger. Jolie fente, tentatrice, qui donnait envie. Qu'est-ce qui était fascinant ? Tu ne savais pas. Mais tu le laissais découvrir, s'évanouir dans les délices d'un rêve infini. Un rêve exquis. Le rêve qu'un joint pouvait te donner. Jolie surprise de bon matin. Tu rigolais légèrement, non pas parce que ses paroles étaient insensées, mais plutôt parce que tu étais heureuse, apaisée. Selon toi, l'art était une notion insaisissable, c'étais sacré, indéfinissable. Qu'importe les beaux arts et la règle, parce qu'ici, c'était de l'art. Le paysage était artistique, le vent chantonnait, même si tu ne pouvais pas l'entendre ou même le saisir avec tes dents. « Vous êtes de l'art. L'arbre là-bas, c'est une oeuvre d'art. Puis ce petit canard qui nage tranquillement, c'est une sculpture. Ce brin d'herbe, il est peint à l'aide des mains de la terre. La mère nature, la mère à tous et à toutes. La vie est un art, on ne peut pas le toucher, ni même le commander. On se contente d'y participer, avec envie ou même désespoir. Nous sommes tous des apprentis artistes, contre notre gré ou par souhait. » Tu le regardais de tes yeux océans, puis tu fermais les yeux. Le soleil te faisait l'amour dans un silence et une douceur que toi seule pouvait ressentir.
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyLun 28 Avr - 6:23

Et de petits, soudain, ils devenaient grands. Le corps à la rive, abandonné ; le reste, en exception, se délivrait de la gravité. Tout légers, dans l’air, comme la fumée, leurs esprits en suspension… dans le temps suspendu, dans cette lumière blanche, dans le bleu de l’eau qui les enveloppait de son aura magnétique. Dans l’instant, tous les fantasmes les traversaient, à mesure qu’ils devenaient ce qu’ils étaient de plus simple, de plus pur – il ne restait que l’essentiel entre cette terre et ce ciel, et presque dans ce ciel. La liberté, immense, intense, les avait pris d’un même geste. Ils étaient là et partout, ils se posaient sur toutes ces choses dont ils avaient une conscience accrue soudain, et dont ils percevaient alors l’infinie et subtile beauté… une beauté diaphane et claire, qui se déployait jusqu’à leur sourire imprécis et à laquelle ils prenaient part. Gennaro sentait la force de cette nature qui les avait recueillis – elle émanait de l’herbe même – alors qu’il regardait à nouveau la femme et ses douces lèvres… cinquième élément, quatrième dimension : il comprenait, car tout faisait sens. Et cette voix qui remplissait l’extrême amplitude de leur espace comme une caresse, il la comprenait aussi. Chaque mot, chaque syntagme prenait un sens aigu et qu’il oubliait pourtant avec le suivant, retenant pourtant l’important, le cœur de ses paroles si justes.

Il laissa le silence rejoindre le soleil d’abord, songeur il réfléchissait – il s’était mis à plier une feuille vierge et, lorsqu’il eut fini, il se pencha, délivra au bleu du lac le tout petit bateau qu’il venait de finir. Il le fixa inconsciemment alors qu’il s’éloignait, un court instant, en soufflant : « c’est vrai… » Et il regarda à nouveau cette femme. Il la sentit si grande dans sa beauté jeune, si forte dans sa candeur troublante… C’était maintenant le monde – le monde au pied de la femme. Il sut alors ce qu’il voulait répondre. « C’est vrai, l’art est tout et partout pour qui sait le regarder. Et plus encore, je crois que… oui, je crois qu’il faut un regard. L’art existe dans ce rapport entre le regard de l’homme et ce que l’homme regarde, il existe dans l’instant de ce contact. Il meurt sans cesse et il est sans cesse renouvelé, parce qu’il vit de cette union » dit-il, et une fois qu’il l’eut dit il ne se souvint pas vraiment de la manière dont il l’avait dit. Mais il regardait encore les lèvres, la blondeur lumineuse des petits cheveux qui s’accrochaient à elles, et il sentit qu’il y avait du vrai dans ce qu’il avait voulu exprimer. Il tendit la main, lentement, et du bout de ses doigts il attrapa une mèche des cheveux blonds, une mèche égarée devant les lèvres, et l’écarta légèrement. « Oui, je crois que c’est ça, l’art. C’est ce que je pense. »

Et il eut la vague conscience qu’un prénom lui échappait, et il savait que ça n’avait pas de lien avec l’état second dans lequel il prenait un immense plaisir à être – simplement, elle ne le lui avait pas dit. Mais il savait aussi que peu importait, et qu’en cet instant, il aimait profondément le grand art de ces cheveux, il aimait profondément cette femme aux grands yeux bleus.
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyMer 30 Avr - 18:19

T'observais le bateau de papier qui partait à la rive, dans sa dérive, il se noyait de sa blancheur qui prenait la rosée du lac. De tes yeux bleus, t'avais le regard qui se perdait dans cette étendue immense. C'était peut-être plus réel, tu t'étais sûrement endormie sous les rayons qui te tatouaient la peau un petit peu plus. Il s'élevait plus haut dans ce ciel, il grandissait, il rayonnait. Il avait la belle vie, le soleil. Et aujourd'hui, il était heureux. Son coeur n'était pas embrumé, il ne pleurait pas la tristesse. Puis le vent venait juste balayer tes cheveux, tu l'observais parler. T'observer cet inconnu au prénom trop peu connu. Il était là, à tes côtés, puis toi, toi tu l'ignorais. T'ignorais ses sentiments, t'ignorais sa vie, son prénom. T'ignorais le goût de sa peau, t'ignorais son passé. Il était juste là, puis ça te suffisait. Tu buvais ses paroles comme un poète pouvait lancer les bouteilles à la mer. Ces bouteilles pleines de sentiments, peut-être qu'ils étaient trop grands pour être contenus dans une simple bouteille de verre. Puis ils éclataient dans la mer, ils nageaient à travers les eaux qui se remuaient. Tu te perdais dans ton esprit, dans tes pensées. Tu caressais l'herbe de tes mains frêles. Il parlait de l'art comme on pouvait parler de l'amour, il te parlait de l'art comme si l'homme était son oxygène. T'étais penchée à ses lèvres, envieuse de découvrir la suite d'une histoire qu'il racontait entre deux lignes rosées. C'était l'ode à la mort, l'ode à l'amour. C'était une déclaration de sentiments trop présent. On t'aime l'art. On t'aime, pour ce que tu es, ce que tu seras et également ce que tu as été. Puis tu fermais un peu les yeux, tu sentais le contact de ses doigts sur une mèche de cheveux. C'était le rayon de soleil qu'illuminait sa peau. D'une douce voix rêveuse, t'ouvrais tes grands yeux pour violer le silence de ta voix enfantine. « Une oeuvre d’art existe en tant que telle à partir du moment où elle est regardée. Nicos Hadjinicolaou » Tu citais ça, t'étais heureuse de connaître des références. C'était ta manière de montrer ton intelligence, c'était ta manière d'exprimer tes pensées. T'observais ses yeux, tu regardais son nez. T'étais enchantée sous ses traits. Il était là, à tes côtés. Il était beau de ses cheveux noirs. Noir comme les corbeaux ou peut-être un ange. Un ange blessé, du mauvais côté. L'ange rejeté. Il était beau, peut-être un peu trop. Dans un élan d'amour, dans un élan de tendresse; puis dans ce moment aux allures de jeunes qui n'aimaient pas la détresse, tu caressais sa main. Tu touchais ses phalanges, tu les découvrais du bout des doigts. Puis tu souriais légèrement. « Je crois que je suis amoureuse de votre façon de penser. » Puis tu murmurais, doucement. Tu murmurais entre ses lèvres qu'avaient connu l'amour le temps d'une étreinte. Ses lèvres qui, autrefois, avaient trouvé la foie dans quelque chose d'autre que la liberté.
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyVen 2 Mai - 5:04

Quand elle fermait les yeux, c’était à la fois le signe d’une grande paix et à la fois une grande tristesse car, quand ils s’ouvraient à nouveau, c’était pour faire la lumière sur un monde, sur leur monde. Sa voix glissait sur leurs visages et à travers leur corps – il l’entendait, et il aurait voulu l’attraper, la sentir, la goûter, cette voix suave et sucrée. « Voilà, tout est dit, » répondit-il lorsqu’elle cita cet homme que Gennaro ne connaissait pas, mais qui disait les choses mieux qu’il n’aurait jamais pu les dire.

Et puis elle prit sa main, la parcourait légère, légère aussi de son sourire aérien, légère de cette aura blonde qui sublimait sa beauté blanche. Il quitta un instant ses yeux, regarda fasciné ces phalanges qui s’accrochaient en se découvrant – c’était une œuvre d’art au point qu’il eut du mal à croire cette paume sienne, cette paume que l’ange blanc caressait, alors même qu’il ressentait profondément cette caresse. Un murmure et il la regarda encore, il saisit ces grands yeux et tout leur océan, et il les laissa le saisir aussi, découvert, comme à nu. Mais il fallait garder cette main… « Et je suis amoureux de votre façon de regarder le monde. » Garder cette main… Il referma ses doigts sur la paume de cette femme, doucement. Puis il se laissa aller, s’allongeant, les cheveux dans l’herbe et l’herbe dans les cheveux, un rêve horizontal. Il sentit le monde tourner mais il la regardait toujours ; elle était son point d’ancrage, son repère, son amer.

Il avait gardé sa main. Et il la tenait toujours, contre sa poitrine. Seule une dernière lucidité l’avait retenu d’amener cette femme contre lui dans l’herbe. Libre à elle… « Qui pourrait ne pas tomber amoureux de ce moment ? » lui demanda-t-il, ou demanda-t-il comme au ciel qui lui faisait face. Il eut un sourire rieur. Il voulait que ce jour soit leur éternité, il voulait que cette profonde paix ne cesse pas, jamais. S’arracher au temps et au souvenir… Il regardait ces lèvres maintenant, ces lèvres en surplomb, ces lèvres en filigrane contre l’or des cheveux et le timide bleu du ciel. Depuis combien de temps n’avait-il pas ressenti ce désir diffus sans se sentir coupable ? Depuis combien de temps ne s’était-il pas trouvé libre d’envier ce seul contact, le toucher d’une peau étrangère et dont tout restait à découvrir ? Oui, il avait conscience en son esprit engourdi de l’envie qu’il avait de cette femme inconnue, de cette candeur qui défiait le monde – même si la seule chose qu’il demandait véritablement, c’était qu’elle demeure là, près de lui. Que le vent continue de connaître son corps qu’il enveloppait ainsi que le soleil, que ses paroles pures éclatent encore dans la lumière, que ses yeux soient le lac sur les eaux duquel flottaient ses rêves de papier, ses vœux silencieux…
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyDim 4 Mai - 12:43

C'était la douceur, le chant des oiseaux que tu ne connaissais pas. C'était le vent que tu sentais, celui que tu voulais attraper. C'était l'amour, l'amour d'une vie, d'une nuit, d'une étreinte. L'amour étoilé, l'amour envolé. C'était la soie des draps, la matière d'une chemise de nuit. C'était la beauté et c'était l'inconnu, l'amour à la mort, la mort à la douceur. L'herbe t'accueillais à ton tour, ta main prisonnière de cette caresse. Amoureux de tes yeux, de ton océan, amoureux heureux, amoureux et bien, tant mieux. Tu te laissais aller, ton corps se fondait dans le vert trop tendre pour ne pas respirer la joie. Tu sentais ce monde autour de vous, de vos deux corps qui défiaient tout, même la mort. Tu regardais ses yeux, puis ses sourcils. La courbe de son nez, la respiration sur son ventre qui se soulevait. Tu pourrais tomber amoureuse, comme une poupée, comme une enfant. Amoureuse d'un moment, d'une période. T'aurais la nostalgie dans tes pensées, le regret dans le coeur. « Sûrement. » que tu lui murmurais. Tu rougissais un peu, il te détaillait. Il regardait cette femme au visage blanc, cette femme qui ne venait chercher qu'une liberté. Tu cherchais une nouvelle raison de vivre, tu cherchais une raison d'avancer. Puis là, allongée à ses côtés, t'avais trouver un moyen. Tu te voyais gambader main dans la main, tu te voyais chercher les fleurs aux coins des bois trop froid. T'allais distribuer de l'amour en dessinant sur les arbres solitaires trop triste. Puis avec sa main, tu donnerais de l'amour à ceux qui le demandent. Tu sauverais le monde, avec ses yeux, son précieux regard envoûtant. Les yeux clairs, le soleil amant d'une union idyllique. Tu savais pas trop quoi penser, tu vagabondais sur sa peau et dans ses rêves. Tu venais, tu t’immisçais dans son être puis tu le chatouillais avec des brins d'herbes qui entouraient son visage pâle. Tout le monde était pâle ici, le soleil se cachait. Pourtant, les anges, tu en croisais souvent à Banff.
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MessageSujet: Re: Le vent nous portera   Le vent nous portera EmptyMar 6 Mai - 5:58

Offerts à un silence tout bruissant de leurs songes, ils étaient tous deux adossés à cette terre, à ce monde souterrain ; l’herbe leur faisait une couche tendre tandis que le blond et le brun s’y mêlaient maintenant. D’insoupçonnées images fouaillaient leurs esprits embrumés, d’improbables tableaux aux mille points de fuite. Tant de choses étaient dites dans ce silence et aucune cependant – c’était un absolu fragile, ce moment suspendu. Tout prenait l’accent d’une évidence profonde, et tout menaçait de se rompre. Cet amour abstrait tenait à la disposition précise d’un certain équilibre ; celui du monde puis le leur, un microcosme d’infimes gestes – dont le plus infime pouvait tout ébranler. Ils étaient vulnérables : vulnérables les joues hâves de l’homme, et de la femme les lèvres délicates. Une respiration, un souffle pouvaient tout changer de cette osmose pleine et passagère. Cette impression qu’un battement d’aile, de paupière, pouvait tout bouleverser, rendait soucieux mais, surtout, grisait. Il fallait être sans cesse dans l’antithèse, porter une attention infinie à la moindre caresse sans y penser à la fois, être conscient et s’abandonner. Ces sensations contraires avaient quelque chose de profondément enivrant.

Il donnait son rire au ciel quand elle chatouillait son visage, et la simplicité de ce geste le remplissait d’une grande joie, faisait en lui un bonheur inéluctable qui par vagues le rendait un peu plus fort, un peu plus libre surtout.

Il lui donnait son rire, si elle le voulait ; qu’elle le rassemble, l’attrape ou bien le cueille et qu’elle le garde : il le lui offrait, plus sincère et plus vrai qu’il ne l’avait été depuis bien longtemps. Qu’elle le garde, léger souvenir d’un modeste moment d’amour – qu’elle le garde, ou qu’elle le délivre au vent à nouveau.

Mais alors que ces caresses chatouilleuses devenaient intenables, il saisit doucement les petits poignets entre ses doigts, et tout alla si vite qu’il ne se rendit compte de rien – il sut seulement qu’il était maintenant au-dessus d’elle et si près d’elle, alors que toujours allongée ses cheveux, épandus dans l’herbe, tannaient sa peau de reflets blonds et allumaient son regard indigo. Il avait lâché ses mains pour s’appuyer sur un côté, au-dessus d’elle mais léger, présent mais pas pressant. Il découvrit sa main libre venue trouver refuge à la courbe de ses hanches. Il sentait ce creux délicieux contre sa paume qui l’épousait au plus près, il sentait ce corps de jeune femme contre lui, fort et fragile ; il sentait ce souffle contre son visage. Il regardait ces yeux qui l’avaient fait voir bleu – il regardait ces lèvres, se perdait entre l’arête du nez et ce fin cou de cygne, cette peau blanche et tendre à laquelle les baisers devaient si bien aller. L’instant s’était fait plus dense, mais malgré une intensité soudaine, malgré ce presque-rien qui seul subsistait entre leurs lèvres, demeurait la douceur fragile, le goût du rêve.
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