Eliana. Elle se retrouve ici, telle une fleur au milieu des eaux. Perdue ? Elle l'est. C'est la première fois qu'elle met les pieds au Canada. Elle ne connait pas ce pays, encore moins cette petite ville nommée Banff. Va-t-elle s'y plaire ? Compte-t-elle poser bagages ou prendre de nouveau la route ? Elle l'ignore. Tout ce dont elle est sûre à cet instant précis, c'est que sa vieille bécane noire a rendu l'âme. Pourtant, elle ne baisse pas les bras. Elle essaye encore et encore de la faire démarrer. Finalement, elle pose la béquille, soupire désespérément et contemple le paysage. Ces montagnes sont magnifiques, elle n'a jamais vu un tel spectacle. Pourtant, elle n'a aucune envie de passer la nuit ici. Se servant de sa main comme d'une visière, elle cherche de l'aide malheureusement, cet endroit semble désert. Un nouveau soupir s'échappe de ses lèvres. Elle lève les yeux au ciel et abandonne. Laissant tomber son sac à même le sol, elle pose ses fesses sur le goudron et attend, les bras croisés. Attend quoi ? Allez savoir !

Le vent balayant le peu de cheveux qui restaient à l'air libre, le soleil réchauffant sa peau à travers sa veste en cuir d'un noir sombre et profond et cette sensation de liberté lorsque vous êtes pris par la vitesse. Voilà ce qui faisait vivre la demoiselle. C'était unique, magique et pour rien au monde elle ne voulait arrêter seulement, elle n'eut d'autre chose. Se posant sur le côté de la route, Eliana finit par baisser les bras et attendre le déluge. Il semblerait que celui-ci existe puisqu'un jeune homme finit par s'arrêter, retirant son casque pour lui demander s'il y avait un soucis. Sans même prendre la peine de se lever, blasée par les caprices de sa vieille bécane, la blondinette se contenta d'hausser les épaules d'un air désespéré. Madame est capricieuse... Elle lança un coup d'oeil à son bolide. Adressant alors un léger sourire au jeune homme, elle se mit sur ses deux jambes et essaya ses mains pleines de gravillons sur son jeans. Peut-être serait-il son sauveur !

Tout était parfait jusqu'à maintenant. Elle voyageait comme elle aimait, avec le strict minimum, s'arrêtant de temps à autre, plus ou moins longtemps. Il faisait beau, le soleil était au rendez-vous, tout allait pour le mieux jusqu'à ce que sa vieille moto rende l'âme. Elle savait que ça devait arriver un jour ou l'autre. Elle était vieille, elle en avait vu du pays. Pourtant, Eli ne se voyait parcourir les continents sans elle. C'était sa bécane et elle, contre le monde entier. Aujourd'hui, elle avait bel et bien besoin d'aide et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle accorda un beau et large sourire au jeune homme qui prit la peine de s'arrêter pour venir à sa rencontre. Habituellement, elle arrivait à le redémarrer ou du moins, à la réparer. Là, elle n'avait rien si ce n'est son sac à dos rempli de fringues et de bouffe. Il est clair qu'elle ne pouvait aller loin avec tout ça. Elle ne pouvait pas non plus la pousser à travers les montagnes, c'est pourquoi qu'elle leva les bras et acceptant sa proposition. Ouais d'accord, je veux bien. Merci, c'est gentil ! De nouveau, Eliana se mit à sourire. S'il y a bien une chose pour laquelle elle était douée, c'était bien pour cela. Et mh... Je pourrais pas t'aider pour ce qui est de la ville la plus proche. Je ne suis pas d'ici non plus. Elle esquiva une légère grimace. Ils étaient mal barrés tous les deux !

Perdue au milieu de nulle part, dans un paysage grandiose qui fait rêver. Pendant quelques secondes, Eli pensait réellement devoir passer sa nuit à la belle étoile, au bord de cette route montagneuse. Finalement, son sauveur est arrivé. Non pas sur un cheval blanc mais, sur une moto qui paraissait en meilleur état de la sienne. Elle s'est levée, lui a souri et a accepté sa proposition. L'espace d'un instant, elle a oublié sa pauvre bécane. J'adore l'aventure ! S'est-elle empressée de répondre en laissant échapper un léger rire jusqu'à tourner la tête en direction de son moyen de transport à elle. Elle a hésité. Elle ne voulait pas l'embêter, il était déjà bien gentil de lui proposer son aide. Finalement, elle s'est mordue la lèvre inférieure, assez gênée et s'est risquée à lui demander : Oh, j'ai failli l'oublier ! Si tu pouvais m'aider à la déplacer, ça serait juste... Super sympa. Elle a une grande valeur pour moi. Une légère grimace s'est installée sur son doux visage jusqu'à se transformer en un fin sourire. Elle ne pouvait tout bonnement pas la laisser ici, en évidence, aux yeux de tout le monde. C'était comme son bébé, ça lui faisait déjà mal au coeur de la laisser ici alors...

Elle avait énormément de chance d'être tombée sur un type sympa. Bon nombre de personnes aurait tracé leur route sans même lui accorder un regard. C'était son jour de chance, comme un signe du destin. Elle était comme ça Eliana, elle croyait au destin. Rien n'était fait par hasard. Elle avoua bien vouloir cacher sa moto à l'abri des regards indiscrets et le jeune vint à lui dire qu'il aurait agi de la même façon. Elle se trouvait tout de suite soulagée et l'accompagna pour trouver l'endroit idéal. Finalement le bel inconnu mit la main sur un petit renfoncement qui n'était pas visible de la route. Elle approuva mais intervint avant qu'il n'eut le temps de faire le moindre mouvement. Par contre, je vais y aller si ça te dérange pas. Je voudrais pas que tu te casses quelque chose par ma faute! Elle lui offrit l'un de ses plus beaux sourires, poussant sa bécane un peu plus près. Elle ne voulait pas être la cause d'un accident, elle préférait donc prendre les devants, au cas où...

C'était en quelque sorte son sauveur. Sans lui, elle aurait très certainement passé la nuit à pousser sa bécane du moins, si elle avait eu le courage de lever ses fesses et gravir les chemins montagneux qu se dressaient sous ses yeux. Sinon et bien, elle aurait dormi à la belle étoile, ce n'est pas comme si c'était la première fois, loin de là. Elle ne laissa pas le jeune homme risquait de se casser quelque chose pour cacher sa bécane, elle voulait le faire toute seule. Ça faisait partie du jeu, de l'aventure et les risques, elle aimait les prendre. Tout sourire, elle la poussa jusqu'à l'endroit parfait puis, poussa délicatement son petit trésor à l'intérieur de la fosse. Tout en s'activant, elle lança un regard par dessus son épaule et se présenta : Au fait, je m'appelle Eliana ! Elle lui sourit et reporta de nouveau son attention sur sa bécane qui finit par heurter le fond du trou. C'est con c'est vrai, ils parlaient depuis quelques minutes maintenant, il lui proposait son aide alors qu'elle n'avait même pas eu l'idée de faire les présentations.

Tout en plaçant sa bécane à l'endroit approprié, la demoiselle fit les présentations. Elle avait bien droit à un prénom, il lui sauvait sa journée. Une fois fini, elle se retourna vers le jeune homme, passant sa main dans ses cheveux pour les faire basculer en arrière. Ulliel... C'est joli ! Ça vient d'où ? Elle a toujours été comme ça Eliana. Elle n'avait pas sa langue dans sa poche, elle aimait en savoir beaucoup trop sur les gens et elle ne changera sans doute jamais. Parfois, c'est ce qui faisait son charme et d'autres fois, sa grande gueule lui valait des ennuis. Ulliel, elle le trouvait charmant. Il avait un sourire communicateur et puis, il était très gentil avec elle jusqu'à maintenant. Elle attrapa son sac qui était toujours là où elle l'avait laissé, au bord de la route et, plaça ce dernier sur son épaule. C'était le stricte minimum, elle voyageait léger. C'était ce qui rendait l'aventure encore plus excitante et puis, elle pouvait toujours acheté le reste une fois posée.

Elle parlait trop Eliana. On lui avait souvent reproché de s'attarder sur des choses sans importance. Le prénom du jeune homme qu'elle venait de rencontrer par exemple. Qu'il s'appelle Pierre, Paul ou Jacques n'aurait rien changé,  elle aimait parler pour ne rien dire. Finalement elle leva les bras d'un air innocent, ne s'attardant pas tant que ça sur Ulliel et sa consonance -ou pas d'ailleurs- américaine. Elle prit son sac de voyage sur le dos et rejoignit sa nouvelle connaissance. Il prit place sur sa moto et elle le regardait faire le sourire aux lèvres. Elle ne connaissait rien de lui, elle aurait très bien pu prendre ses jambes a son corps or, aussi bizarre soit-il, elle lui faisait confiance. A son tour elle enjamba le bolide, passa ses bras autour de la taille du jeune homme et acquiesça d'un geste de la tête. Let's go! Un sourire se dessina sur ses lèvres, pour la première fois elle faisait un bout de chemin accompagnée et, c'était loin d'être déplaisant.

Eliana, elle est comme ça, elle fait confiance à tout le monde. Un peu naïve me direz-vous ? Surement. Les sourires de Ulliel lui donnent envie de le suivre, elle le sent sincère et c'est tout ce qui compte à ses yeux. Elle aime l'aventure, elle a toujours aimé cela et c'est pas ça qui va l'en empêcher au contraire, elle repousse toujours un peu plus ses limites. Sur la moto, derrière sa nouvelle connaissance, elle observe le paysage, le sourire aux lèvres. Elle admire, elle veut garder tous ses passages en mémoire, ne rien oublier. Son cerveau est bourré d'images, elle en ajoute toujours de nouvelles. Finalement, le jeune homme ralentit puisqu'ils arrivent en ville après plsuieurs minutes de voyage. Elle regarde autour d'elle. Des visages, des bâtiments, c'est tout de suite moins joli or, elle ne se décourage pas pour autant. Elle a déjà vu pire, bien pire. Il finit par s'arrêter, la demoiselle descend de la moto et le regarde en riant. Banff... Qu'est-ce que c'est moche ! Banff. Comment peut-on appeler un village Banff. Ça ressemble à rien. Tant pis, il faut de tout dans ce moment. Elle regarde le garage un instant, regarde autour d'elle et demande curieusement : Tu comptes rester ici ? Tu crois que tu vas t'y plaire ? Les petites villages, ce n'est pas pour tout le monde après tout. Elle ne connait rien de ce jeune homme pourtant, ce n'est pas l'envie d'en savoir plus qui lui manque.

Ils étaient arrivés à Banff. Banff, ce nom ne lui disait rien. Elle aimait le paysage qui se dégageait des montagnes or, tout ce suite, ici, ce n'était plus pareil. C'était étrange, elle se sentait oppressée. C'était angoissant. Elle descendit tout de même de la moto, se plaça devant Ulliel et lui demanda ce qu'il en pensait mais aussi ses projets. Est-ce qu'il allait rester ici ? Est-ce qu'il allait poser bagages quelques jours ? Est-ce qu'il comptait repartir directement ? Elle n'en savait rien. Elle ne savait même pas ce qu'elle allait faire elle-même. Différent des States. Eliana pouvait le confirmer. Elle avait eu la chance de pouvoir passer plusieurs de ses vacances aux Etats-Unis. Ce n'était pas vraiment ça. Elle soupira en constatant qu'il avait raison. C'était petit, plat, si bizarre. Elle ravala difficilement sa salive, arrêta d'explorer le village et reporta son attention sur le jeune homme. Je... J'aime pas tellement mais après, peut-être que c'est cool. Après tout, il ne faut pas faire de jugements trop vite. Elle reprit : Je crois que je vais devoir rester ici un petit moment. Avec la bécane et puis, les réparations qui vont surement me coûter un bras... Elle soupira fortement et leva les bras au ciel. Tant pis. Elle lui sourit et observa ensuite le garage.

Ce village était très bizarre or, Eliana n'était pas du genre à se fier à sa première impression. Heureusement sinon, elle serait bel et bien partie en courant, avec ou sans sa bécane. Elle n'avait jamais apprécié les petites choses, elle voyait grand. Rectification, on lui avait appris à voir grand. Bref, il fallait tout de même si faire car, elle était coincée ici pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois si elle ne trouvait pas de quoi payer les réparations de sa moto. Ulliel lui proposa de l'avancer avant un haussement d'épaules qui prouvait sa sincérité. La jeune femme prit, à nouveau, quelques secondes pour analyser la situation. Elle devait parler au garagiste avant toute chose. Je te propose un truc, t'as juste à me dire oui ou non. Mais qu'est-ce qui pouvait bien se passer dans sa petite tête ? Tu m'attends ici, je vais parler au garagiste et après je te paies un café, une bière ou tout ce que tu veux pour te remercier de m'avoir conduit jusqu'ici. Elle croisa les bras contre sa poitrine, lui adressa un petit sourire tout en attendant une réponse de sa part. C'était le minimum.

Il était sympa Ulliel. Il aurait pu la laisser sur le bord de la route ou alors la déposer au garage et se tirer. La plupart des gens agissait de cette façon dans sa ville natale. C'était chacun pour soi et tes erreurs, tu devais les réparer seuls. Eliana détestait cette façon d'être et c'est sans doute pour cela qu'elle avait décidé de s'enfuir. Au fond, elle ne savait pas réellement pourquoi elle était partie alors qu'elle avait la vie dont toute jeune femme rêvait d'avoir. Assez rêvasser, il fallait agir et vite. Elle lui proposa de la rejoindre après qu'elle ait parlé avec le garagiste dans le but de lui payer un verre et, il accepta. Parfait ! S'exclama-t-elle tout sourire avant qu'il ne lui indique la banque un peu plus loin. De toute façon, il fallait qu'elle parle avec le proprio du garage et surtout, qu'elle négocie. Lorsqu'il sortit son téléphone portable, elle réfléchit pour ne pas se tromper dans les chiffres -on sait jamais- et finis par le donner : Bien sûr ! 911-2012. Sur quoi, elle lui fit un signe de la main et partit en direction de l'entrée. Que les négociations commencent !

Ulliel accepta sa proposition et elle en était plus que ravie. Ne connaissant personne ici et n'aimant pas tellement la solitude, elle était très contente de l'avoir rencontré et heureuse qu'il passe du temps avec elle. Quel inconnu était capable de faire une telle chose ? Eliana ne s'attendait pas à tant à vrai dire, elle avait pensé qu'il la déposerait ici, point barre, ce qui aurait été logique après tout. Ils ne connaissaient rien l'un de l'autre, ils étaient de bels inconnus l'un pour l'autre. Bref, elle se dirigea donc vers le garage, jeta un dernier coup d'oeil par dessus son épaule avant de continuer son chemin et entrer à l'intérieur du bâtiment. Elle avait dorénavant une heure.