Putain d'falaise, peu importe quand, comment je me retrouve toujours au dessus de cette fuckin' falaise.. Assise en vrac, mon pull par dessus mes épaules, un vent glacial, les yeux rivés vers le ciel, en fait je m'emmerdais terriblement, j'avais ce sentiment atroce, t'sais ce sentiment de solitude. J'aurais dû m'y habituer depuis l'temps, faut bien que j'm'y fasse un jour, que j'comprenne que tous les gens que j'aimes finissent tous par s'barrer. J'dois avoir la poisse ou puer peut-être.. J'en sais rien, j'tente de trouver des réponses à ses questions que j'me dis pourtant sans importance, c'complètement con comme comportement j'trouve. Je tirais une latte sur mon joint, je prenais une grosse bouffée d'air à chaque fois que j'tirais sur cette merde, ça m'permettait d'immerger dans c'monde d'enculer.

Je sais pas bien ce que je fous, là, à marcher pieds nus sur des rochers qui m'entaillent la plante des pieds. J'aurais pu prendre mes chaussures, c'est vrai. Mais j'ai volontairement oublié. Comme toujours. Comme mon appareil. Du coup, me voilà déchaussés et plongé dans un silence tourmenté. Un silence grandiose, jamais vous n'aurez entendu un silence pareil, vous savez. Je n'entends même pas le vent, même pas le cri d'un corbeau, rien. Mes cheveux blonds se prennent dans une branche, je rouspète à voix haute, tire dessus, laisse quelques mèches emmêlées suspendues. Tant pis. T'façon il aurait bientôt fallu que j'aille chez le coiffeur, mais tout ça, c'est secondaire, vous savez.
J'arrive enfin à la falaise. Je souffle un peu, observe les environs, et c'est là que je la vois. De dos. J'hésite, mais je finis par m'approcher doucement, comme un fugitif. Sauf que d'être malentendant me fait souvent croire complètement inaudible à l'approche de quelqu'un, alors qu'en fait, comme tout le monde, je fais du bruit quand je marche. J'inspire à fond, peut-être dans le but d'annoncer ma présence, histoire qu'elle se retourne, mais au moment où j'inspire l'air, j'avale aussi un moucheron. Donc, je m'étouffe bruyamment ( j'imagine ) en me tapotant le torse comme un gorille, appuyé à un arbre comme si j'allais crever là tout de suite. Bon, c'est passé. Je crois que je l'ai avalé. Délicious. Bon, pour le coup, je crois qu'elle sait que je suis là.

Complètement noyée dans mes pensées, dans mes regrets, mes envies, je soupire un coup. C'bon Nëa' tu vas te lamenter longtemps sur ton sort ?! Il serait temps que tu reprennes ta vie en main, tu ressembles pu à rien là ! Je levais les yeux au ciel, j'ai parfois un inconscient trop présent à mon goût, j'ai l'impression que c'est une personne à part entière qui m'parle, qui me relève même quand j'suis au plus bas et pourtant on fait partie du même corps, la même âme, sauf que mon inconscient est plus courageux qu'moi j'crois bien.
Je sursaute.
Des étouffements, de l'agitation derrière moi, j'me relevais d'un bonde m'apprêtant à me battre contre mon.. Agresseur ?! -GNEU- Il avait plus l'air d'être agressé que de vouloir le faire en fait. Je le voyais s'étouffer se tenant à un arbre. J'arquais un sourcil un peu perdu, j'comprenais pas vraiment. - Tout va bien ?
Bah nan salle conne, tu vois bien qu'non ça va ! Putain j'vais m'barrer de ta tête un d'ces quatre ! J'avais envie d'lui répondre mais j'aurais l'air bizarre si j'le faisais alors je préférais laisser couler.

Je suis toujours en train de m'étouffer. Du coup, je ne remarque pas qu'elle s'est retournée. Du coup, j'ai pas vraiment fixé son visage, ses lèvres.
Du coup, j'ai pas entendu un traître mot de ce qu'elle vient de dire, mais quand le moucheron a délicatement fini son chemin dans mon œsophage ou ma trachée, j'sais pas vraiment quel chemin il a pris, je relève les yeux. Mes iris clairs rencontrent les siens. Elle a l'air d'attendre. Une réponse, sûrement. Donc, elle a parlé. Et merde. Bon, elle n'a pas pu me demander cinq cent mille trucs j'imagine. Je m'approche, grimaçant en marchant sur le seul caillou pointu de cette foutue falaise.
« désolé, j'étais en train de m'étouffer. » Bien, Balto, je crois qu'elle ne l'avait pas remarqué toute seule, tiens. Bon, d'un côté, j'vais pas lui dire que c'était avec un moucheron, elle me prendrait pour un attardé. « euh... ( super début de phrase ) ... j'vous dérange pas ? » Je me mordille la lèvre. Comme un gosse. En fait j'crois que j'ai oublié de grandir, à l'intérieur. J'lui lance un petit sourire un peu bancal, un peu tordu, mais surtout sincère, comme toujours.

Il avait l'air plutôt drôle, pis cette façon de pas hurler en marchant sur un caillou sur lequel il aurait mieux fait d'éviter de rencontrer, parce que ouais j'ai grillé ça grimace subtile histoire de jouer l'homme fort. Je souriais.
Je hochais la tête. - Naan sérieux ?! J'avais pas vraiment remarqué ! J'pensais que te grattait la gorge.. Okaaay.. Blague complètement merdique, on a rien vu, rien entendu, au pire après ça j'reviendrais moins souvent à la falaise histoire d'me faire oublier mon humour à la con et moi-même. Je me rassit à la même place après vérification que tout allait bien. - Non non, j'suis juste assise là, j'fais rien de fou pour être dérangé .. Je me retournais légèrement. Le voyant toujours debout.
- Tu peux venir t'asseoir s'tu veut ! Sur ces mots, je rallumais mon joint qui s'était éteint. - Tu fumes ?
J'lui tendis le joint en attendant sa réaction.

Je me mets à rire avec elle, amusé qu'elle le prenne avec humour. Ouais, ça m'fait rire, moi. Mais on m'a souvent dit que je riais pour rien, tout autant que je faisais des blagues de merde. Je renchéris pas, sinon on va y passer la journée. Elle se retourne pour me répondre. Super pratique, je n'peux pas lire sur ses lèvres, j'ai donc rien saisi, mais j'fais genre de rien. Ah, j'peux venir m'asseoir, parfait, la phrase d'avant devant sans doute pas me virer, alors. « ah ben ouais, volontiers. » Les médecins ont toujours été surpris de la facilité avec laquelle je parlais sans entendre ma propre voix. Mais j'ai appris, avec mon appareil, que je l'ai longtemps porté H24, à parler correctement, ni trop bas, ni trop fort. Elle me tend son joint. « euh... » Non. « ouais, merci. » Je sais pas ce qui pousse l'être humain à mentir aussi délibérément juste pour se faire accepter de l'autre, pour être dans un esprit de communauté ou j'en sais rien. Mais c'est dingue quand même. Je prends une latte, fronce légèrement les sourcils, recrache la fumée l'air de rien, jouant le naturel. Puis je le lui rends. Bordel, je crois que si je tire plus de trois fois dessus, ça va m'achever.
« c'est calme par ici. » Commentaire inutile, pour engager la conversation.

Il ne tarda pas à venir près d'moi. Je n'avais encore rencontré personne depuis mon arrivée ici, du moins je m'en donnais pas vraiment les moyens non plus faut l'dire.. Mon frère me manque, mes parents plus rien à foutre, mes amis ?! J'ai dû mal à m'en souvenir. C'est chaud maggle. Sooo, avoir un peu d'compagnie de temps à autre ça fait toujours du bien, surtout que j'bossais pas ce soir, j'pouvais donc profiter pleinement de ma soirée après avoir dormi comme une souche toute la journée pratiquement. C'est pas très sain tout ça mais au pire qu'est ce qu'on en a à foutre ?!
Oh ! Absolument rien, juste que quand tu seras sur ton lit de mort à trente ans, avec seulement tes chats qui viennent te rendre visite, tu t'diras " eh merde " ! Mouais. Pas faux. Mais que voulez-vous, this is thug life baaaby, bon eukay j'arrête mes délires. Je prends une longue inspiration, l'jeune homme assis près d'moi donc j'connaissais même pas encore le prénom d'ailleurs, avait tiré sur mon joint, juste une latte. Il ne doit pas fumer souvent, m'enfin c'pas le souci. - C'est quoi ton prénom au fait ?! Désolé j'pas demandais sur l'coup.. T'avais l'air en détresse respiratoire ! J'riais, ouais ouais, j'rigole souvent à c'que j'dis. Un jour on m'a même dit " pour l'faire tomber amoureux fait le rire .. " L'problème avec moi c'que ça marche pas, la plupart du temps j'rigole seule à mes blagues, donc j'vais sûrement tomber amoureuse de moi d'ici peur.. Mouhaha.
- Ça fait du bien l'calme parfois ! J'aime bien m'éloigner de tout l'bordel qu'il peut y avoir en centre-ville !

Je pouffais de rire. J'sais pas si c'était vraiment nos blagues qui étaient drôles ou seulement le fait que c'plus trop clair dans ma tête à  force de fumer, le fait est que j'commence à m'détendre et à m’apaiser bizarrement. - T'as réussis à survivre à ça c'déjà ça ! J'lui donnais un léger coup de coude complice. Balto ? Rooh ta gueule toi, on t'as pas demandé de donner un avis. Plutôt original, ça change de l'ordinaire, c'cool. - J'aime bien ton prénom.. Une touche de folie. Je marquais une pause, tirant la dernière latte avant de le jeter du haut de la falaise où nous étions perchés. Je soufflais la fumée épaisse qui ne tarda pas à se dispersait aussi vite. - Nëala. Mais tu peux m'appeler Nëa' .. Ca à toujours était mon surnom depuis l'enfance, j'trouve que c'trop long, trop lourd sinon. Je me recroqueville sur moi-même, les bras entourant mes genoux, la tête appuyée dessus, je me retournais vers Balto. Lui, était allongé.- Moins d'une semaine.. Et toi ? J'étais partis à l'aventure toute seule en venant ici, laissant tout l'monde derrière moi, j'avoue que parfois ça m'fait peur m'bon.. C'trop tard de toute façon pour faire marche arrière.

J'arquais un sourcil, d'un air faussement étonné à sa remarque.. Nan à son affirmation. - Ah ouais ? A tout ? T'es suuuuuur ?! J'prenais un air mesquin, un petit air sournois presque. Nan, nan j'pas d'idées malsaines derrière la tête, promis ! On s'en balance de tes promesses, tu sais très bien mentir ! Tout l'monde ment t'façons donc ça compte pas.
Je répondis négativement de la tête, il n'était pas loin mais presque, il manque juste un -e dans l'histoire, le -e qui fait toute la diff' guy. - T'y est presque ! NË-A-LA. C'tait un peu la réaction première de tout l'monde quand j'leur dis mon prénom, alors j'décompose histoire qu'ils assimilent bien même si au final ils auront la flemme de m'appeler comme ça et pencheront pour un diminutif.. L'habitude.
- Ca n'empêche que j'ai une crinière de lion ! Je riais. Tirant une mèche de cheveux blonde de ma touffe. Mes cheveux étaient définitivement indomptables.
- Tu t'plais ici ?

Mouhaha, il me tente, il aime autant l'jeu que moi à ce que j'vois. C'cool ça, j'aime bien, j'le regarde en faisant mine de réfléchir, grimaçant légèrement avant de lui répondre. - Mouais p'têtre bien que j'ai une idée.. Tu prends l'risque ? NALA ! Nala.. Nala.. Ouais, pourquoi pas, pis ça l'fait trop j'trouve, on aura deux noms sortis d'un disney c'pas trop la classe ça ?! - Tu peux ! On aura trop la classe, genre Balto & Nala ! Ça sonne bien j'trouve, nan ?! Faut dire que j'aime bien flatter mon ego parfois, ça fait pas d'mal de temps à temps. - On est parti à l'aventure presque en même temps en fait.. Il n'était là que depuis deux jours, je n'avais pas beaucoup plus d’ancienneté que lui ici. - Qu'est ce qui t'a emmené ici ?

Je le regarde un instant, il venait de répondre positivement. Je pris un petit instant avant de -presque- m'jeter sur lui pour lui faire plein de chatouilles en espérant qu'il craigne ça sinon j'aurais pas l'air d'une conne.. So, j'aurais toujours moins l'air ridicule que lui avec la danse des épaules qu'il venait d'me faire. J'explosais de rire, ça faisait longtemps que j'avais pas ris aux éclats comme ça. - T'as oublié d'me dire que tu faisais la danse des épaules comme un dieu ! Haan mais ouais mais grave, tu étais fait pour t'étouffer en croisant mon chemin.. Okaaay le truc pas vraiment joyeux t'sais. Faut que j'arrête de débiter d'la merde à longueur de temps moi. Il reste silencieux un moment, le sourire qu'il avait s'efface peu à peu, j'avais l'impression d'avoir touché une corde sensible d'après son regard fuyant. Je ne dis rien, j'écoute simplement. Sa voix rauque, sa barbe mal taillée, son regard brillant sous l'horizon. - J'vois.. Moi ? Je me laissais tomber près d'lui, allongé sur les feuilles mortes de l'automne. - J'avais envie d'renouveau. J'pense..

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me saute dessus comme ça, me tortillant dans tous les sens pour essayer d'y échapper. Si beaucoup d'hommes se vantent de ne pas craindre les chatouilles, ça n'est pas mon cas ; ça a toujours été un de mes points faibles. Je rigole en m'étouffant presque de nouveau et finalement, je réussis à la repousser en inversant les rôles, à cheval au-dessus d'elle. Mon esprit enfantin et mes yeux rieurs ne saisissent pas tout de suite l'ambiguïté de notre position.
« je sais faire plein de choses comme un dieu, voyons ! la danse des épaules, c'est qu'un échantillon. » Encore une fois, je ne pense pas aux sous-entendus qui peuvent se faufiler dans mes propos. Sûrement que je suis un peu naïf. On m'a souvent dit aussi que j'aimais trop jouer.
Le sujet devient un peu plus sérieux. De renouveau, qu'elle me dit. Je hoche doucement la tête, sans avoir bougé, sans rien répondre non plus. Puis, comprenant que je suis peut-être dans une position suggestive, je me renverse sur le côté pour retomber allongé à côté d'elle, en me retenant de rire doucement, comme un gosse, curieux de sa réaction.