Bercé par le bruit des vagues, son corps baigne dans une étendue de sable chaud. L'air y est pourtant froid. Son regard divague sur la nappe bleue couverte de nuages, les mouettes y font des valses. C'est amusant, du moment qu'elles se tiennent loin de lui. Le vent lui brûle les yeux, c'est pour cela qu'il a les paupières closes. Son esprit déambule, ici et ailleurs. Il sort une cigarette, et l'allume. Lorsque le bout de sa langue vient effleurer ses lèvres, il constate que celles-ci ont un goût salé. Il apprécie.

T'as l'impression de perdre pieds. Tes repères sont bien loin et tu t'engouffres dans l'air marin. Tu trembles, certainement à cause de cette fraîcheur. Ton esprit divague au rythme des vagues. Quelle sensation. Pure, bien loin des saletés qui t'animent. Pieds nus, t'avances vers l'eau, prête à te noyer dedans. Lorsque tu te retournes, tu croises un regard que tu fuies immédiatement. Où est passé ta sociabilité ? T'avances vers cette silhouette enfumée. Je peux vous en piquer une ? murmures tu.

Un murmure, un voile suave. Il ouvre les yeux, observe la silhouette qui se dresse au dessus de lui. Ses cheveux blonds tombent en cascade sur ses épaules, et les abysses de lumière caressent sa nuque, ses joues. Il ne répond pas, il profite simplement de la vue. Quelqu'un approche, celui-ci ne se gêne pas pour lui envoyer du sable. Le brun fait la grimace, puis se redresse doucement. Il analyse l'individu, hausse les sourcils, puis repose son attention sur la jeune femme. Un demi-sourire aux lèvres, il lui tend le paquet de cigarettes, la couleur écarlate de celui-ci faisant briller ses yeux sombres. « J'aime pas les embuscades » lance-t-il à l'intention des deux inconnus, d'un ton mielleux.

Pauvre petite chose. Il était paisiblement installé dans sa rêverie, appréciant l'instant présent et toi t'es venue tout gâcher. Ta voix presque inaudible laisse souvent les gens indifférents, pourquoi t'es-tu renfermée ainsi ? Et puis d'un coup, tu n'es plus le seul élément perturbateur. Un brun s'avance avec assurance. Tu le fixes, le dévisages, qu'est-ce qui te prends ? Tu l'envies. Son assurance te fascine. Il te lance un sourire arrivé à ta hauteur juste avant de recouvrir d'un peu de sable l'inconnu à la cigarette entre les lèvres. Tu étouffes un rire. L'effet est immédiat, l'individu sort de ses douces pensées pour revenir à la réalité. Tu te mords la lèvre inférieure, appréhendant une réaction négative. Il reste neutre, te son paquet, marmonnant quelque chose qui te fait sourire. Soulagée, t'en saisis une, le remerciant du regard. Ça fait longtemps. Au risque de paraître lourde, l'un de vous aurait-il du feu ? T'as l'air bien con, mais ça fait un bail que tu as arrêté.

Elle sourit. Il apprécie. Lorsque le second individu s'adresse à lui, il ne peut s'empêcher de grimacer. Le détrousser, lui ? Celui qui tenterait aurait intérêt à courir vite. Une tape sur l'épaule, une cigarette en moins. Il se demande s'il doit rire ou pleurer. Résigné, il pose son regard au loin, là où les vagues s'entrechoquent. Il apporte une énième fois la cigarette à ses lèvres salées, et se délecte de la fumée ardente qui inonde sa gorge, ses poumons. Les secondes s'allongent, le temps subsiste. « Restez pas debout comme des cons » lance-t-il alors, à prendre comme une invitation au rapprochement, à l'ouverture d'un esprit renfrogné. « Vous ne vous connaissez pas, je présume ? » demande-t-il, en déviant ses sombres prunelles sur l'un et sur l'autre, un demi-sourire au coin des lèvres. Un sourire qui sonne faux.

L'ambiance semble légère. Tu souries face aux réactions de celui qui te tend un briquet. Celui-ci n'a pas froid aux yeux. C'est clair. J'ai arrêté en faite, réponds-tu à sa provocation. Sa façon d'agir est assez déroutante pour toi, la sociabilisation, tu as oublié ce que c'était pendant ton voyage. La fumée envahit tes poumons et tu jettes un regard à celui qui est encore assis sur le sable. Il a raison. Tu l'imites, posant ton cul sur la fraîcheur du sol. Lorsque son regard arrive sur toi, tu fais non de la tête afin de répondre à sa question, les banalités des nouvelles rencontres, présumes-tu. Inspirant profondément chaque bouffée, tu laisses ton regard divaguer entre les deux individus. Détends-toi, ils ont l'air agréable. Quelle méfiance. Tu replies tes jambes sur ta poitrine et encercle tes genoux de tes bras. Ça fait longtemps que vous êtes ici ? t'aventures-tu à demander en fixant l'horizon.

« Tu sais où tu vas loger ? » demande-t-il au brun, lorsque celui-ci annonce qu'il vient tout juste d'arriver. « Pour ma part, ça fait seulement quelques semaines, et toi ? » Son regard vient de se poser sur la fille. Il tire sur sa cigarette. « Au fait, moi c'est Bellamy » ajoute-t-il à l'attention des deux individus, le regard interrogateur. Il sourit.

De quoi tu flippes ? C'est ce que t'espérais en débarquant ici. Tes cheveux volent dans tous les sens et viennent fouetter ton visage. Hier, dis-tu en soufflant ta fumée de cigarette. Bellamy, ce prénom vient caresser tes oreilles. Très beau prénom. Moi c'est Sura, cet accent te poursuivra toute ta vie.

Sura. Ça sonne bien, un peu exotique, c'est agréable. Puis il acquiesce d'un signe de la tête à la réponse du brun. L'hôtel, il connait ça. « De belles rencontres, j'dirais. » dit-il, un sourire niais aux lèvres. Oui, de belles rencontres. Des hommes plutôt mignons, des femmes électriques, tous différents, tous attendrissants, voire excitants. « Croyez-moi, vous allez êtres surpris. Cette ville cache bien son jeu » ajoute-t-il à l'attention de ses deux nouveaux compagnons. Lorsque Sam tiqua sur l'accent de la blonde, tous les regards se rivèrent sur elle.

Savoir où passer ses nuits, c'est la grande question que tu te poses. Tes insomnies règlent souvent la question. Écoutant Bellamy parler de cette ville et ses belles rencontrent, tu laisses s'afficher sur tes lèvres un grand sourire, sincère. Ça va, on commence bien notre séjour, dis-tu en les regardant tour à tour. Mais la question personnelle de Sam te fait frissonner. Tu pinces tes lèvres avant de répondre. Je.. Je viens de Bulgarie, à nouveau tu tortures ta lèvre inférieure en la mordillant. S'ils savaient tout...