Run, Joey run !

Il venait juste de prendre ta bagnole, le mécanicien. Tu t’étais donc perdue dans les environs, shootant de temps en temps dans des cailloux qui traînaient là. La forêt t’avait parue accueillante jusqu’à ce que le soir se mette à tomber plus tôt que tu ne le penses et que le chemin te soit alors inconnu pour retourner à la vie civilisée. « Putain, j’espère qu’y a pas de loups ! » Ce serait ta veine. Morte avant d’avoir pu courir dans les rues. Tu t’étais arrêtée prêt d’un arbre, sortant ton cellulaire pour trouver du réseau mais aucune barre ne donnait signe de vie. Puis, d’un seul coup, un craquement. Sonore. Tes bras se couvrent de chair de poule mais tu gardes la tête froide. C’est ce que tu sais mieux faire. Anticiper. C’est important pour un pilote de course et c’est la première chose que ton père t’a appris. « Je vous préviens, je suis armée ! » C’est faux mais tu ne te laisserais pas faire dans tous les cas.

Mais le loup, ici, c'est toi. On dit que l'homme est un loup pour l'homme. Mais toi, t'as toujours été ton propre loup. Maevan, le loup de Maevan. Tss. La nuit ne t'effraie pas. C'est ton monde, ton univers. Là où on ne voit pas les cernes sous tes yeux. Là où on ne devine pas les traits tirés de ton visage. Tu t'es sûrement paumé, sur ce beau sentier de forêt, mais t'en as rien à faire. Ici c'est toi le loup. Toi, le prédateur. T'hausses un sourcil lorsque t'entends une voix briser la quiétude plombante. Tu te figes, lentement. Tes lèvres affichent un sourire narquois. Armée ? Tes yeux distinguent la silhouette, un peu plus loin. Toi, t'es armé. Tu sens le poids de ton arme contre ton flanc. Ton arme de service, que t'as emmené, même si t'es censé être en vacances. Mais t'es jamais en vacances. Ton cerveau n'se repose jamais, lui. « du calme, demoiselle. » fais-tu en sortant à découvert, d'un pas presque félin. « vous vous êtes perdue ? »

T’es perdue Luciole. Tu ne brilles plus dans la nuit, tout s’est éteint. Tu frissonnes. Tu fais ta dure mais ce n’est qu’une carapace sauf que, contrairement à la tortue, tu n’as pas de toit pour te protéger. Alors tu prends un bâton qui traîne non loin. Il est beau ce matin. Sur, massif, presque trop lourd pour tes petits bras. Il faut que tu te muscles si tu veux que la F1 t’accueille dans son milieu. Tu ne peux pas faire autrement. T’es armée. Ouais, ça marche aussi dans ce sens là finalement. Les minutes s’éternisent sans que rien de particulier ne se passe. Alors que tu baissais la garde, un homme sort des ténèbres. Tu lèves l’élément de la nature à hauteur de ton visage. « Oui, je suis perdue et je ne me calmerai pas. Qui me dis que vous n’êtes pas un pervers hein ? » Ton regard l’aurait foudroyé sur lace si t’avais eu les pouvoirs de Scott Summers aka Cyclope. Malheureusement, tu n’es pas douée de cela alors tu te contentes de te tenir bien sur tes positions. « Qui êtes-vous ? » Tu poses les questions. Tu gardes le contrôle.

Elle semble sur la défensive à trois cents pour cent. Agressive, la nana. Y a vraiment quelque chose de mal à se promener en pleine forêt ? Promen'nons nous dans les bois... Mais le loup est là. Juste devant toi, ma jolie. Pourtant, t'affiches un sourire en coin. Son comportement t'amuse. « personne, en effet. » acquiesces-tu calmement. Tu fais un pas, sans la lâcher des yeux. « mais qui te dis que j'en suis un ? » répliques-tu, d'une voix toujours posée et contrôlée. Elle te fait l'interrogatoire, ma parole, alors qu'ici, c'est toi le flic. C'est toi, qui gardes le contrôle. Et gardes tes yeux, braqués sur elle comme deux projecteurs noirs. « tu flippes si je te réponds un truc bateau du genre "ton pire cauchemar" ? » fais-tu très sérieusement. Puis, t'éclates de rire. Considères un instant le bâton qu'elle tient, contre l'arme qui pèse contre ton flanc droit. Tu balaies l'air devant toi, haussant les épaules. « bon écoute, arrête de flipper comme ça, tu veux ? j'vais pas te manger. » Tu lâches un petit soupir, avant de croiser les bras.