une coccinelle posée sur mon index, j'avance doucement dans les rayons. là, là, je ne voudrais pas la brusquer, lola. lola, c'est la coccinelle. ça lui va bien au teint, lola. lola, elle est silencieuse, mais elle m'aide à faire mes courses. en silence. je me plante net devant l'étagère des biscuits. ma main vagabonde des uns aux autres sans en attraper un seul. je ne sais pas me décider. c'est triste. t'en dis quoi, lola ? des cookies ou des gauffres ? je la regarde comme si elle pouvait réellement me donner une réponse. d'accord, ça sera les cookies, tu as raison. j'attrape mon paquet de biscuits et là, c'est le drâme. elle s'envole, elle m'abandonne. nooooon lola, attends, pars pas, je n'ai même pas eu le temps de faire mon vœu ! fatigue et solitude. j'ai parlé à une coccinelle. et finalement, je ne sais toujours pas me décider entre les cookies et les gauffres. oh, malheur.

il faut bien qu'un jour elle aille faire les courses. mais elle déteste ça. elle redoute à chaque fois le moment où elle doit choisir parmi un tas d'aliments. de toute façon elle aime tout. alors elle est tentée à chaque fois et se retrouve avec une montagne de nourriture alors qu'elle n'était venue que pour acheter du pain et du beurre. puis là elle se retrouve dans le rayon gâteaux. c'est le pire. il y a tout qui lui plaît alors elle sait jamais quoi choisir. elle passe une première fois pour prendre des princes. puis revient avec son cadis les poser et prendre des kangoo. mais en fait ce qu'elle veut c'est des cookies ! alors elle revient une troisième fois et au moment de les prendre, quelqu'un se trouve devant. contorsionniste qu'elle n'est pas, elle essaie - en vain - de passer son bras devant lui pour attraper une boite.

je reste planté là, je réfléchis. mais c'est dur, très dur. j'hésite même à prendre les deux pourquoi pas. oh mais nom, budget restreint, je ne peux pas tout dépenser en nourriture, non. un petit bras me passe devant, ou du moins essaye, et me chasse de mes pensées, mes décisions existentielles. je me retourne. une petite brune est face à moi. je souris. tu veux que je t'attrape quelque chose quelque chose ? pas mes cookies hein, ne me prend pas mes cookies. ni mes gauffres.

elle se retrouvait pour la troisième fois dans le rayon. décidément elle était indécise. et quand elle chercha les cookies, un mec était devant. mince. elle tendit tant bien que mal le bras mais elle n'arriva pas à prendre le paquet qu'elle voulait. la voyant incapable d'attraper quoi que ce soit il se retourna et lui pondit un sourire. oh oui je veux bien quelque chose quelque chose dit-elle amusée. tu pourrais me passer la boite de cookies au chocolat au lait avec des éclats de noisette ? bah oui, elle voulait le top du top !

je me retourne, j'attends. que veux-t-elle, alors ? vite, j'attends, je dois me décider, je dois choisir, moi aussi. les cookies. elle veut les cookies. non. ce sont mes cookies. elle n'y a pas le droit, elle ne les mérite pas. je me retourne. c'est le dernier paquet. non, j'sais pas trop.. moi, égoïste ? même pas, en plus. seulement, là. là, on parle de cookies. bon, je te les passe, mais à la condition que tu m'en donnes la moitié. j'en veux aussi, et c'est le dernier paquet. oh, de toute façon, c'est soit ça, soit je garde le paquet entier pour moi. c'est à prendre ou à laisser.

il semblait être hésitant quant à ce qu'il allait choisir. ça la fit sourire. tandis qu'elle, ça y'est, elle était sure de savoir ce qu'elle voulait. et quand elle lui demanda le paquet de cookies, le dernier qu'il restait il ne voulait pas le lui donner. elle fit les gros yeux et avant même qu'elle puisse lui répondre, il lui proposa un marché. ok deal elle lui tira le paquet des mains et le lança dans son cadis. mais tu sais qu'ils vont fondre si tu les prends une fois que je les ai acheté ! ou bien il va falloir que tu les manges directement, et ça va te péter le bide.

je la regarde un peu de travers quand elle m'arrache le paquet des mains. oh, c'est mes cookies, là, qu'elle jette dans le caddie ? elle va les effriter, les casser, les émietter, les réduire en bouillie, en purée. et moi, je vais pleurer. mais, mais je ne dis rien. je la regarde juste de travers, un peu. j'ai un estomac en béton, t'en fais pas pour ça. oh ça, c'est sûr. je pourrais presque manger l'emballage des cookies avec, que j'irais très bien. pourtant, je ne le fais pas. c'est que, le carton a mauvais goût. mais, j'ai une meilleure idée que de tout manger d'un coup, on n'aura qu'à les manger directement ensemble en sortant du magasin. oui, oui, c'est une très bonne idée. et puis, là, on n'a qu'à faire nos courses ensemble. d'ailleurs, puisque c'est elle qui paye les cookies, j'en profite pour mettre les gaufres dans le mien, de caddie.

et puis ils mettent tous les deux dans leur cadis un paquet de gâteaux. c'est plutôt simple en fait. elle lui a dit faisons ça alors ! je connais un endroit pas mal près d'ici où on pourra se poser ! et puis ils sont sortis du rayons. à la recherche de ce qu'elle pourrait bien prendre d'autres, elle s'égare un peu avec son cadis. elle lui demande parfois conseil. plutôt pâte feuilletée ou pâte brisée ? des questions totalement insignifiantes qui ne changent rien à la donne. mais ça lui fait plaisir de parler. de lui parler. il est sympa. alors elle continue.

alors c'est parti, on se la joue comme ça, on n'aura qu'à manger nos cookies ensemble après, dans cet endroit qu'elle connaît. j'hoche la tête. moi, ça me va, du moment que je peux manger mes cookies. je me satisfais de peu. il en faut peu pour être heureux. c'est que, baloo a raison. enfin, je crois que c'est baloo. je la rattrape, la petite brune avec mon paquet de cookies et on finit par faire nos courses ensemble. feuilletée, c'est bien meilleur, surtout pour les tartes salées, comme la tarte jambon tomate mozzarella, t'en as déjà mangé ? c'est suuuuper bon, si t'as jamais goûté, tu devrais prendre une deuxième pâte rien que pour t'en faire, vraiment. vraiment, vraiment. j'hoche la tête vivement pour appuyer ce que je dis, et j'en profite même pour attraper une pâte, du coup.

tous ces rayons lui donne l'eau à la bouche. c'est fou comme elle aime tout. et alors qu'elle pensait que sa question était saugrenue, il lui répondit avec autant de passion. ça la faisait sourire, lui aussi il aimait la cuisine. elle prit alors deux pâtes feuilletées et lui répondit va pour ta tarte mais à une condition ! c'est que tu me la fasses ! j'ai bien trop peur de ne pas la faire aussi bien que toi ! et puis ils marchaient encore, mais la fin des rayons étaient proches. ils s'avançaient vers les caisses.

je souris. bien, bien, je lui cuisinerais sa tarte, alors. enfin, si on se recroise un jour, sans doute. tu verras, elle est très très simple à faire et tu pourras la faire toi aussi après, aussi bien que la mienne. j'souris encore, et on va vers les caisses directement, les caddies bien remplis. j'ai une illumination, d'un coup. atteeeeends, garde mon caddie, j'ai oublié le fromage à poutine, j'arrive ! s'entame une course après le fromage et je reviens quelques minutes après, essouflé mais triomphant.

finalement, ton cadis était rempli de bonnes choses. tu savais que tu allais pouvoir te faire pleins de bons petits repas. et puis la tarte qu'il te proposait te paraissait exquise. t'avais bien envie de la manger. et bien ça marche ! tu lui tendis la main, pour qu'il la prenne dans la sienne et que vous scelliez votre promesse. une fois à la caisse, tu posais toutes tes affaires les unes après les autres pendant qu'il se mit à courir dans les rayons pour prendre ce qu'il avait oublié. il revins en tenant fièrement le fromage et ça te fis rire. tu sais que j'ai jamais mangé de poutine non plus ? avec ça il allait te prendre pour une folle. sur quelle planète tu venais ?

je prends sa main qu'elle me tend. deal. pis quand je reviens de la course au fromage, elle me dit ce truc. je refuse d'y croire. jamais, jamais ? c'est impossible ! je suis.. choqué. et outré. pis désespéré, aussi. comment c'est possible, ça ? presque j'aurais envie de pleurer, c'est pire que sacrer à l'église, ça. bon, ce soir, je te fais à manger, du vrai manger ! comme si on vivait ensemble. ce soir, en tout cas, ça va être le cas, elle n'a pas le choix.

tu venais pas du canada toi. t'y avais jamais mis les pieds. et puis tu voyais que ça le minait que tu connaisses pas ça. mais tu ne demandais qu'à connaître. tu hochais la tête en guise de non pour appuyer ton propos puis tu baissais les yeux. c'était si honteux que ça ? et bien je viens pas d'ici moi ! puis tu te mis à sourire quand il te proposa de te cuisiner ça. oh oui oh oui ! puis tu le regardais d'un air plein de malice on fait ça chez moi ? sortit du contexte, ça faisait bizarre et c'est ça qui te fis rire.

ooooh si elle ne vient pas d'ici, je comprends mieux d'un coup ! t'es pardonnée alors. mais tu viens d'où ? si, j'suis curieux de savoir, du coup. pis je ris de son enthousiasme et de ce qu'elle dit. okey, mais j'couche pas le premier soir. pis je ris, encore. les autres customers doivent nous regarder étrangement.

tu commençais à poser tes affaires sur le tapis roulant. t'avais quand même pas mal de choses. comme à chaque fois. t'aimais avoir tes placards remplis. et bien je viens des etats-unis, de eugene dans l'oregon ! ça te fasais bizarre de te retrouver au canada. mais c'était pas plus mal. ça te coupait avec ta vie d'avant. parfait, il va falloir qu'on se fasse plusieurs diners alors tu te mis à rire à nouveau. c'était drôle votre discussion. c'était léger. sans aucune gêne. il te faisait rire c'était le plus important.

je la regarde vider son chariot, j'me dis qu'entre le sien et le mien, le caissier va sans doute vouloir partir en pause après nous. je n'connais pas eugene, c'est beau ? c'est comment ? j'suis curieux de savoir, pis si c'est beau, je l'ajouterais peut-être à ma liste des lieux à visiter. que j'écrirais, un jour. quand j'aurais le courage. et surtout moins la flemme. oh, j'ai honte. anyway. le nombre de dîners à passer avant dépendra de si t'es entreprenante ou pas. je ris encore.

t'es songeuse quand tu parles de la d'où tu viens. nostalgique même. puis assez triste. mais il s'intéresse à eugène. il te pose des questions. ça te fait sourire. et ben oui c'est magnifique. et il y a de la neige en hiver et du soleil en été. c'était un peu ta définition de l'endroit parfait. t'avais besoin de vivre à fond les saisons. un hiver sans neige c'était pas un hiver. et puis un été sans canicule, c'était pas non plus un été. haha tu verras bien alors ! tu ris avec lui. il est sympa en fait. ça fait toujours plaisir de rencontrer quelqu'un d'aussi simple.

je ris avec elle. je l'aime bien, moi, elle. elle a l'air cool. pis j'ris bien, c'est bien. hé j'ai hâte de voir alors ! j'ris, encore, pis je passe mes articles à la caisse pour payer, moi aussi. on sort finalement avec nos caddies pleins sur le parking et j'ai une grande révélation, c'est que, j'ai pas de voiture. oh, j'aurais pas dû acheter tout ça. j'espère qu'elle en a une, elle, et de la place pour nos deux caddies de course. pis j'ai une idée, d'un coup. une course de caddies jusqu'à ta voiture ? sauf si elle n'en a pas, et là, je passerais pour un idiot.