c'est l'envie de t'aérer la tête, de faire envoler ton esprit, d'écouter un peu la vie des autres pour moins penser à la tienne pour une fois. c'est apprécier la beauté des images, voyager en étant posée tranquille pour une fois, écouter les musiques inconnues. c'est pour ça qu'tu vas claquer une partie de ton fric dans le cinéma du coin. mais en ce qui concerne le choix, t'es paumée. perdue, tu reconnais même pas les noms sur les affiches, faudrait juste te fier aux titres. mais qu'est-ce t'en sais toi, ça fait tellement longtemps que tu n'as pas vu un film. c'est de ta vie dont tu as fait un film, d'aventures, de romances, une comédie, la vie est si belle, à quoi bon la catégoriser ?
tu te détournes des murs pour observer les gens, peut-être l'un d'entre eux saura te donner un indice pour te décider.

Tu cherches un endroit où bosser, un endroit ou tu pourras obtenir un montant d'argent raisonnable pour cette nouvelle aventure qui s'offrait à toi. À Banff, t'étais toute seule, seule comme un poux jusqu'à maintenant. À vrai dire, ça ne te dérangeais pas, mais un peu de compagnie pourrait surement te changer les idées. Le problème, c'est que les gens ne tombent pas du ciel qu'en le demandant, le problème c'est que tu dois te bouger et faire les premiers pas pour te trouver de la compagnie. Le problème, c'est toi. Toi et tes manies associable, laissé à toi-même. Mais ce soir, ta vie devait changer, elle devait prendre un tournant différent. C'est donc dans cette optique que tu t’aventures dans les rues, et que tu cherches quoi faire. Le cinéma attire ton attention, après avoir vérifié que tu pouvais te l'offrir, il ne manquait plus qu'à trouver un film intéressant.

le cinéma, pour aller promener, pour visiter, pour rencontrer. le cinéma, et aucune idée du film à regarder. et finalement, c'est pas tant pour le film que j'y vais, mais pour les gens qui peuplent les salles. j'ai bien décidé d'être 'ce chieur qui parle pendant la séance'. oh, j'veux pas plus que ça emmerder le monde, moi, je veux juste parler. j'aime parler. j'aime beaucoup beaucoup beaucoup parler. alors, y a le cinéma, et les affiches devant lesquelles je vais me planter. y a le cinéma, et les trois petits cochons blonds, toutes la tête relevées vers les mêmes affiches. toutes ensembles, mais séparément. petit cochon aux cheveux longs entame la conversation. j'hoche la tête. elle a raison. « c'est vrai, j'en ai entendu beaucoup de bien de lui » je tourne la tête vers les trois autres. je souris. j'suis pas le grand méchant loup, c'est promis. alors quoi, on y va ?

Tu sursautes en entendant une voix derrière toi que tu n'avais pas sentis arrivé. Arrêtée les bras croisés devant les affiches, tu n'arrivais pas à faire un choix, comme cette blonde près de toi qui semblait aussi hésiter pour ce film western dont une autre blonde parlait. C'était la réunion des blondes qui ne savent pas quoi aller voir. Tu souris pour répondre à la demoiselle, partant pour dire un truc au même moment ou un homme cette fois, arrive pour commenter l'affiche. Voilà que ton défi était peut-être relevé; avais-tu trouvé de la compagnie par hasard ? « Tout le monde est d'accord alors ? » demandes-tu en les regardant un par un, ne prenant même pas le temps de te présenter.

t'as plus vraiment l'habitude de faire des choix, ça a tendance à s'imposer à toi. mais au final, c'est ce qu'il se passe. trois contre un, toujours un peu seule lova. tu suis la cadence, c'est vrai que t'en as marre d'être la meneuse du vide, ça peut faire du bien de se poser un peu, de juste tracer la route dans un chemin déjà tracé. tu jauges un peu ton monde, faut dire que t'as quand même appris à être méfiante sur la route, mais la ville c'est pour s'arrêter et être à nouveau sociale. tu sais faire ça lova, mais oui, tu l'sais.
« des chevaux et des flingues, pourquoi pas. ça redonnera un peu l'air de la route. »

chaque petit cochon parle à son tour, chacune approuve. bien, bien, alors allons voir ce western. je les observe une à une. trois petites blondes. une chose me saute directement aux yeux en tout cas, elles ont chacune un semblant de timidité et de douceur en commun. je vais devoir faire la conversation, alors ? oh, pitié, non. « bon, bon, c'est parti alors ! » je commence à avancer doucement, histoire qu'elles me suivent, quand même. je n'voudrais pas les perdre, non plus. puis, je me retourne pour me mettre à marcher à reculons et les voir en même temps que je leur parle, tiens. pas bête la guêpe, hein. « vous venez d'où, toutes ? »

en route pour le western, l'aventure en écran. vous vous dirigez tous vers le guichet pendant que le jeune homme vous fait la conversation.
« de l'amérique. »
vaste, grand, diversifié. et pourtant tu viens bien de là, tu ne sauras faire plus précis tant tu as voyagé ces dernières années. c'est un peu partout chez toi et t'as nul part où te poser.