IL FAIT FROID SANS TOI

t'as une boule qui se forme au creux du ventre. un noeud qui se tord, dans tous les sens. t'as un peu peur, tu voudrais lui dire. pour citer ses mots, il a dit 'ce soir', et toi t'as rajouté 'tous les autres soirs', pas sûr qu'il veuille, pas sûr qu'il t'accepte pour toujours ainsi. et s'il voulait voir ce que ça fait de dormir à tes côtés une nuit, pour se rendre compte qu'il ne supportera pas ta présence toute la vie. ce soir et tous les autres soirs. pourtant une alix sans maxence tu n'imagines pas, plus.
et puis il annonce, il est d'accord. grosse vague de soulagement. poids ôté de tes épaules. maxence.. il faut que je t'avoue alors, je parle parfois quand je dors. t'as hésité à lui dire, mais tu voudrais ajouter aussi, t'en fais pas, j'suis pas somnambule, j'me lève pas, je sors pas, je hurle pas, je raconte juste mes secrets les yeux fermés. je garde trop de choses sur le coeur, et parfois c'est trop, trop, donc forcément ça explose, ça sort quand je ne contrôle plus. d'habitude j'suis seule, alors mes secrets ils s'évanouissent au réveil, mais là avec toi ça me fait peur, j'veux pas que tu les retiennes, laisse les s'en aller, disparaître, s'il-te-plaît. voilà tout ce que tu voudrais lui dire, tout ce que tu retiens sur le bout de la langue pendant que tu glisses ta main dans la sienne et qu'il t'emmène au pays des rêves.

- Maxence ..
Avant t'aimais pas ton nom. Maxence n'a pas sa place ici, il y a des Ken et des Troye mais jamais de Maxence. Avant t'aimais pas ton nom, on te disait tout le temps Maxence, silence, ça rime, alors ta gueule ! Avant t'aimais pas ton nom. Mais ça c'était avant.
Qu'elle le dise.
Maxence, Maxence, dans la bouche de ta reine, c'est une caresse, un cadeau.
Savoure.
- Il faut que je t'avoue alors, je parle parfois quand je dors.
Ton visage ne sait pas quelle expression aborder.
Tu ne sais plus sur quel pied danser.
Tu la regardes - divinité.
Pourquoi elle dit ça, petite croix ? Elle veut que tu cries, elle veut que tu ris ? À quoi elle pense, de quoi elle a peur ? Que tu dises beurk, non, merci, que tu la vires de tes draps alors qu'elle y est même pas encore ?
Le pire c'est qu'elle a fait une rime dans sa confession.
T'as envie de la couvrir de bisous, sa peau t'appelle. C'est une maladie, du genre qui fait beaucoup de bien.
- Vùmldfk ...
Tentative de prise de parole, zéro.
Un, deux, seize, allez.
- Tout ce qui tombe de ta bouche est beau, moi je m'en fiche, je passerai des nuits blanches à t'écouter parler. Comme ça au moins, je ronflerai pas.
T'avoues. Bulldozer même aux heures de la nuit.

t'en as vu des sentiments passer sur le visage de ton poète. mais à cet instant, c'est l'incompréhension qui domine. il ne voit pas où tu veux en venir. il te comprend, c'est sûr, mais tu ne lui as pas encore donné la clef pour qu'il parvienne à lire dans tes pensées. à travers tes yeux, pourtant, il pourrait. tu rassembles tes mots alors pour lui expliquer autrement ce que tu attends, mais après un schmilblick compliqué de lettres désordonnées, il articule
- Tout ce qui tombe de ta bouche est beau, moi je m'en fiche, je passerai des nuits blanches à t'écouter parler. Comme ça au moins, je ronflerai pas.
t'as deux émotions contraires qui se battent à l'intérieur. tu souris quand il évoque que, lui aussi, il fait des bruits en dormant, lui aussi il ne dort jamais silencieusement. ça fait aïe quand il dit qu'il écoutera tes aveux, parce que ce n'est pas ce que tu veux. et c'est cette dernière qui l'emporte.
non, s'il-te-plaît, il ne faudra pas que tu écoutes, encore moins que tu te souviennes. ce sont mes secrets, je veux qu'ils restent cachés.
du regard tu l'implores, t'as les yeux brillants, t'espères qu'il va comprendre, que ces choses là, que ces mots que t'assembleras dans la nuit, ils sont sacrés. tu lui fais confiance, il pourrait les garder, pour lui tout seul d'accord, mais tu ne veux pas, tu ne peux pas encore t'en détacher.

- Non, s'il-te-plaît, il ne faudra pas que tu écoutes, encore moins que tu te souviennes. Ce sont mes secrets, je veux qu'ils restent cachés.
Effet décembre dans ton cœur.
Tu t'attendais à quoi ? Des secrets ça prend du temps. Tu la connais depuis quelques semaines, une poignée de jours qui, tous rassemblés, ne forment même pas un mois.
Vous avez eu un amour coup de chance, les deux bonnes personnes au bon et au même endroit, tu t'en remets pas. Le destin s'amuse bien.
Et puis toi aussi, t'as des trucs cachés en dedans.
Laisse tomber.
Tu laisses tomber.
- Je fermerai les oreilles, je te promets, t'en fais pas pour tes secrets, j'y ferai pas attention ... Mais tu me les diras, hein, un jour ?
Maxence impatience.
Avec une synchronisation parfaimagique, l'étreinte de vos mains, dansant au rythme de vos pas, se casse et vous allez enlacer la taille de l'autre.
Symétrie amoureuse.
Un gros morceau de chocolat au lait et une petite plume blanche dans la nuit.

à l'intérieur se livre une bataille. regretter tes paroles, les annuler, et tout confier à maxence. ne plus avoir peur de rien, tout déballer pour qu'il n'y ai plus aucun secret. ou continuer ainsi sur ta lancée, garder ce jardin secret enfoui pour le déterrer quand tu t'en sentiras capable et risquer d'en perdre quelques morceaux pendant la nuit à cause de l'inconscient. t'sais pas, vraiment, ça balance d'un côté, puis de l'autre. t'es comme dans un bateau, tu tangues dans ta tête, sur tes pieds.
- Je fermerai les oreilles, je te promets, t'en fais pas pour tes secrets, j'y ferai pas attention ... Mais tu me les diras, hein, un jour ?
bon, s'il ferme les oreilles tu veux bien, t'acceptes, surtout s'il te le promet alors c'est sûr, y'aura rien qui t'échappera.
oui, promis, tu seras le premier à qui je les offrirai. mais tu sais, ils n'ont rien d'exceptionnels..
quand le jour arrivera, tu veux pas que maxence soit déçu. tu préfères le prévenir avant, dans tes secrets y'a rien de magique ou de tragique, c'est juste une gosse qui apprend à vivre.
on eut cru que c'était un mouvement prémédité, appris par coeur à réaliser au moment établi par avance. mais non. ton bras s'enroule autour de sa taille et il fait de même, vos pas continuent de vous guider, quelque part, et tu demandes
c'est encore loin, ton chez-toi?

- Oui, promis, tu seras le premier à qui je les offrirai. mais tu sais, ils n'ont rien d'exceptionnels..
Tu ris.
Tu ris parce que justement, si y avait un mot pour elle, ce serait bien exceptionnel. Elle est exceptionnel. Et tout ce qui gravite autour d'elle l'est aussi - cheveux, souvenirs, cassures, secrets. Exceptionnelomagique. Alix, quoi.
- C'est encore loin, ton chez-toi?
Tu te rends compte que vos pas vous mènent au hasard. Et que malgré tout, vous y êtes déjà presque, à ton paradis.
- C'est à gauche à la prochaine étoile.
T'es con.
Faux poète.
C'est là en fait. 212 Wolf Street. Avec Ulliel-les-m&m's. Mille kilomètres sous les étoiles. Mais bon, c'est mieux que rien. Dernier étage. Dix escaliers. Pas assez de souffle. Et ta porte, votre porte. Maxence F. et Ulliel M. Le seuil vous cueille, Alix et Maxence.
Et toi.
Bah tu l'embrasses.
Tu l'embrasses comme si une apocalypse menaçait de vous tomber sur la tête. C'est un long voyage ce baiser, il commence sur ses paupières pour faire taire son regard curieux et puis il continue ses petits pas un peu partout sur son visage, elle se laisse faire, s'échoue finalement sur ses lèvres, là où il devait initialement commencer, apocalypse - tellement long, ce voyage, que quand tu rouvres le regard, t'as oublié qui t'étais, et tu l'as oubliée d'elle, t'es surpris de la voir aussi belle, l'avoir aussi belle.

d'un côté, t'aimerais continuer votre balade jusqu'à l'éternité prochaine. aligner tes deux pieds l'un après l'autre encore et encore, tant qu'ils restent à proximité des siens. garder ton bras autour de sa taille et ne plus jamais vous décrocher. et d'un autre côté, t'as envie de te poser avec lui, au chaud dans ses bras, le nez dans son cou pour respirer son parfum qui te fait tourbillonner le ventre. vos jambes aussi, emmêlées, comme tes écouteurs au fond de ta poche qui gardent en réserve une chanson d'amour. tu sais que durant la prochaine que t'écouteras il n'y aura qu'un nom que t'entendras chanté. maxence, maxence, maxence.
- C'est à gauche à la prochaine étoile.
mais, les étoiles elles sont partout. tu les vois, dans ses yeux, dans sa bouche -ses dents-, sur ses lèvres, au bout de ses doigts, sur la pointe de ses cheveux. ça veut dire quoi alors, prochaine étoile? peut-être qu'il faut prendre une échelle et monter dans le ciel? peut-être qu'il t'emmène dormir sur la lune?
ah non, c'est au dernier étage de l'immeuble à gauche, là. à cause de l'altitude tu perds ton souffle. ou peut-être à cause de ce silence absolu qui signifie : vous êtes seuls, c'est maxence et toi, personne d'autre.
la chanson commence. la votre. elle met du temps à démarrer, les premières secondes sont longues, elles s'attardent et se font désirer. tu fermes les yeux là, lorsque les sons s'y posent, et t'accompagnes de tes lèvres, tu les tends, à chaque tempo. lorsque vos deux musiques se rejoignent, enfin, elles explosent, c'est un mélange de sonorités graves et aigus, si passionné, doux et violent à la fois. tu dois te rappeler de respirer au risque de devoir t'arrêter de jouer. le rythme de votre mélodie, c'est vos deux coeurs qui bat à l'unisson, difficile à suivre, difficile car ça va trop vite.

C'est comme si tu voyais pour la première fois.
Et tu ne vois qu'elle.
Cascades dans ses yeux, rougeurs sur ses lèvres, chocolat blanc sur sa peau. T'es plus chez toi, t'es plus sur Terre, t'es plus nul part, t'es avec elle et c'est tout. Dans ses yeux et sur sa bouche. T'es plus toi. T'es nous. Et puis tu reviens. Parce que c'est aussi bien, d'être chez toi, d'être sur Terre, tant que c'est avec elle. Avec elle c'est plus doux surtout.
Alix.
Elle est le pourquoi de l'univers.
Elle est ce qui explique la création de la planète terre. Si le soleil s'est mis à briller, un jour, c'est pour la faire sourire. S'il y a le vent qui souffle et les vagues qui chantent, c'est pour l'amuser. S'il y a eu le big bang, c'est pour qu'un monde la voie exister.
Boum. Univers sur mesure.
Tu l'emmènes jusqu'à ta chambre sans faire de bruit, parce qu'il doit bien être minuit. Tu te plais à penser que sa beauté pourrait te garder éveillé pendant des heures mais la vérité c'est que même les amoureux, ils sont pas capables de défier les lois de la physique.
Sans faire de bruit, donc.
On sait pas pourquoi mais avec elle tu parles moins, avec elle tu parles bien, tu choisis tes mots parmi tous les autres que tu voudrais dire, tu prends ton temps, tu fais le tri.
Avec elle t'es mieux.
Draps blancs, draps défaits, pourtant t'oses quand même dire :
- Voilà c'est ton lit de princesse.

minuit, c'est le tic, tac, de l'horloge qui tourne au dessus de vos têtes. l'apogée de cette lune resplendissante qui brillait au dessus de vous, le zénith de votre monde sans fin. l'hypoténuse de vos dix doigts réunis reste une distance encore trop importante qu'il faut impérativement combler. tu les attaches aux siens. en même temps que ton corps s'approche, se colle, et que l'angle de vos deux enveloppes se réduit à un cosinus nul. aucune tangente ne peut passer entre vous, rien ne peut plus vous séparer. même pas al-kashi, même pas pythagore ni thalès, aucun théorème n'existe pouvant expliquer cette attirance qui vous relie. un vecteur vous dirige jusqu'à la chambre de maxence, silence. tu poses ton regard sur le lit défait, sur les oreillers tout écrabouillés où tu devines que sombre, chaque soir, ton poète dans des rêves dont lui seul garde la clef.
il est parfait. tu réponds.
t'as tant de questions en tête, tu voudrais poser des x et des équations partout, chercher des réponses logiques à tout ce qui arrive, à toi, à lui, à vous. est-ce le destin x qui s'amuse avec vous? quand sera le jour x où la chance cessera de vous accompagner? le bonheur x qui vous unit est-il capable de durer éternellement? maxence ton petit ixe sera-t-il demain à tes côtés ou est-ce un rêve x dans lequel tu es en train de plonger ?

T'as hâte de lui prêter ton oreiller, veilleur de tes rêves, et qu'elle y laisse un peu des siens, aussi.
- Il est parfait.
Ta fée, tu l'épluches comme une clémentine, ce soir c'est toi qui la couches. Alix est comme un jardin fruitier, lui enlever son pull dégage une odeur de fraise - le joli goût sucré se faufile jusqu'à ta langue - et puis d'abricot, aussi, délivrée lors du contact entre la maille et ses cheveux.
Elle te donne faim, la petite Alix.
Quand est-ce que tu te mets à table ?
Plume, poussière, tu la soulèves et tu l'allonges sur tes oreillers, princesse. Tu t'installes à côté, meilleure place de la terre. T'embrasses son épaule nue, tu voudrais croquer dedans, voir quel goût elle peut avoir dans ce coin-là, la croquer à pleine bouche, comme une pomme, mais sans te casser les dents non plus.
- Tu vas rêver de moi ?
Toi, tu rêves d'elle les yeux grand ouverts, là.
T'as pas pu faire ça tout seul.
Vous.
Deux petits ixes.
Ça vient d'ailleurs, c'est l'univers, c'est les étoiles ? À qui tu dois envoyer la carte de remerciement ? Et le petit assortiment muffins, cookies, cakes ?

doucement mais avec une envie non dissimulée, il t'aide à retirer ces couches de vêtements qui vous séparent et qui ne sont qu'accessoires pour cette nuit à deux. tes doigts parcourent sa peau, tracent des sillons de feu, effleurent du bout des ongles son épiderme laissant des frissons le parcourir. ça t'en donne aussi. ses bras t'enlèvent, te portent et te posent, tout en douceur sur ce tas de draps et d'oreillers. tes yeux se ferment d'eux-mêmes. t'as l'impression d'être déjà en train de parcourir tes rêves. t'appliques tes lèvres sur chaque partie de maxence que tu trouves, sa paume, ses doigts, son cou, son nez, sa clavicule, évitant soigneusement ses lèvres pour l'instant. ce sera un cadeau pour plus tard. quand on attend on savoure mieux le moment, pas vrai? est-ce que tu vas rêver de lui? je vais rêver de nous. tu lui dis, le souffle court par tant de beauté et d'attachement qui émanent de lui. c'est des chuchotements qui se perdent dans la nuit. des bruits de baisers qui s'envolent tout là haut dans le ciel accompagner les étoiles. tu es fatigué? tu veux dormir, là, tout de suite? toi, t'en as pas envie. tu veux juste regarder maxence, manger maxence, boire maxence, parler maxence, toucher maxence, caresser maxence, embrasser maxence et rêver maxence. tu t'es jamais sentie aussi réveillée et rêveuse à la fois.

- Je vais rêver de nous.
Ouf.
Être avec Alix c'est doux. C'est comme être sur la route. La nuit. Éclairée plus par les réverbères que la lune. Avec personne autour. Aucun bruit. À part la vitesse des pneus qui caresse l'asphalte. Et le paysage qui défile des deux côtés. C'est ça Alix. Là tout de suite c'est ça. Parce qu'une seconde plus tard quand elle dit
- Tu es fatigué? tu veux dormir, là, tout de suite?
Alix c'est une tempête.
Et tu sais pas pourquoi.
Alix elle devrait pas vraiment exister si la nature respectait le fait que personne n'est parfait. Alix quand elle marche elle vole, quand elle parle elle chante. Faudrait la pincer pour voir si elle est vraie, aussi vraie qu'elle en a l'air, mais là t'as plutôt envie de l'embrasser.
À la réflexion tu devrais être plus généreux pour les remerciements. Offrir des étoiles et du soleil à celui qui t'a donné la petite Alix.
Des gâteaux, non mais t'as pas honte ?
T'as chaud, tu te décharges du dernier pull qui te protégeait de l'hiver-sans-Alix, tu dévoiles des kilomètres et des kilomètres d'épiderme chocolatée. Et des muscles qui sortent d'on ne sait où parce que tu fais jamais d'exercice, et puis toute la journée tu manges des céréales.
Tu lui dis, entre parenthèses :
- On dirait des étoiles.
Ses yeux.
Tu regardes, de tes yeux ensablés de sommeil, les cils d'or éparpillés sur les extrémités de ses paupières. Même de ça t'es amoureux.
- Je sais pas, je ... Si je dors, tu vas me manquer.
Aveu.
- Et toi tu es fatiguée ?
Tu caresses des cernes imaginaires sous ses yeux.

tes paupières se ferment doucement sur tes prunelles, te plongeant dans l'obscurité parce que t'as besoin d'une pause. un temps mort pour respirer, un laps de temps pour redescendre sur terre, dans ses bras et sur sa peau. ça va vite, ça te fait peur, un peu d'adrénaline parcourt tes veines, t'as le coeur qui semble s'être engagé dans une course contre la montre. tu voudrais pas brûler les étapes, tu voudrais pas anticiper les événements ou les bousculer ou les oublier. t'as envie de vivre chaque moment que la vie vous réserve. mais t'as aussi envie de précipiter les choses, de peur que demain au réveil tout s'écroule, plus rien n'existe, que des souvenirs qui font mal et qu'on veut enfouir sous terre. t'as envie de te fondre dans sa peau, là, te faire tatouer maxence partout sur ton corps, ne jamais oublier ces sept lettres et ce ixe qui vous unit. deux secondes se sont écoulées. t'ouvres les yeux.
- On dirait des étoiles.
tes yeux ? des étoiles ? ce sont des cailloux, qui brillent quand on les regarde mais qui sont morts à cet instant depuis bien longtemps. ils brillent parce qu'ils cachent des larmes, ils les enferment et les empêchent d'êtres libres. de s'abattre comme la pluie, de s'effondrer comme des astéroïdes.
si je m'endors j'ai peur de ne jamais me réveiller. mais si je dors je sais aussi que tu seras là dans ma tête, toujours, c'est pourquoi je n'ai pas peur.
tu veux pas sombrer avant. t'as encore besoin d'un peu de temps avant. faut attendre avant. ça n'arrivera pas facilement avant. ne pas se forcer avant. que ça vienne naturellement avant. avant ces premiers mots, ses premiers je t'aime.

Gamin tu joues à repousser le moment de votre prochain baiser, alors que vous deux coeurs vous supplient de vous embrasser, pitié. Ça fait mal, mais la perspective de la réunion de vos lèvres fait danser ton cœur.
Couillon.
Et en attendant tu joues, tu dis des choses comme :
- La lumière de ton regard fait office de jour, avec lui je n'ai plus de nuits.
Haha c'est drôle.
Ton regard à toi, sombre puits sans fond, part dévorer son corps. Elle n'est pas bien grande, ta petite croix, mais il te faudrait des heures et des heures pour tout explorer. Emmagasiner chacune de ses perfections. Comprendre et apprendre toutes ses courbes. Tu te demandes, mais comment ils font, les gens, dans la rue, pour croiser Alix sans avoir envie de s'arrêter et de la regarder sous tous les côtés ?
T'as envie de bavasser.
Faire du bruit à deux, d'amoureux.
- Tu sais, si j'arrête de t'aimer, j'arrête de vivre, c'est pour ça que j'suis là. Jusque là, jusque TOI, j'errais dans la vie, j'aimais des films, je mangeais des céréales, je criais beaucoup, mais je changeais pas le monde. Je crois que depuis qu't'es là je sers à quelque chose.
Et là c'est fini.
Fini, dormir, t'en es de retour aux déclarations d'amour.

ses effluves de poète commencent à renaître. il redevient celui qu'il était, celui que t'as connu, celui qui t'as charmé. avec ses mots doux, ses drôles de mots qui jouent dans tes yeux, ses perles qui s'échappent de ses lèvres pour se fixer dans tes oreilles. et elles dansent, elles virevoltent, mélodie heureuse, joyeuse, rebondissant dans tes tympans et s'imprimant dans le ciel. t'aimerais bien lui répondre aussi joliment, aussi talentueusement, mais tu ne manies pas les sons aussi bien que lui, tu parviens pas à assembler les lettres pour dire ce que tu penses de lui. t'as besoin d'emprunter des phrases à d'autres, mais de une sur le moment tu trouves ça impersonnel, parce que ton maxence il est unique et il a besoin de choses qui n'appartiennent qu'à lui, personne ne peut le décrire comme tu le vois à présent, avec une auréole dorée sur la tête et des ailes qui t'enveloppent et te bercent ; et de deux, t'as épuisé ton stock là, tu trouves rien, tu cherches dans ta mémoire mais aucun vers ne te revient, ils veulent pas, ils s'enfuient dès que t'essaies d'en choper un, parce que sur l'instant tu ne penses qu'à ces lèvres, ses lèvres, qui se tendent et qui quémandent les tiennes. bref tu te tais. le silence c'est ta plus belle mélodie, le bruit du silence il est capable de dire tout ce que t'as sur le coeur, un arrêt cardiaque tellement il est beau, des palpitations effrénées tellement il est parfait. mais tu le gardes pas bien longtemps le silence. tu t'articules, sans même t'en rendre compte des syllabes déguerpissent. j'adore les céréales. t'es mon oreiller pour ce soir, le gardien de mes rêves et de mes secrets. tu te rappelles ta promesse ? tu les laisses s'envoler, tu les retiens pas, promis ? juré ? craché ? si tu ne veux pas cracher tu peux aussi m'embrasser, ça me dérange pas. tu dis n'importe quoi, vraiment, on dirait une gamine qui bafouille et qui ouvre son coeur en disant tout ce qu'elle pense, tout ce qu'elle ressent. aucune retenue, aucune réflexion, maxence il te fait un tel effet que t'en oublies de respirer. t'as juste envie qu'il te découvre telle que tu es réellement, dans ta tête, celle qui parle pour combler les silences.

Alix, c'est dur d'y croire, de la réaliser. C'est pour ça, que les passants, ils tombent pas raide dingues devant elle. Ils croient pas à Alix. Elle est un jeu de leur imagination, un cadeau de leur inconscient. Elle est comme ça, de toute façon, Alix. Un tour de magie. T'as peur : qu'un jour elle disparaisse dans un nuage de fumée.
Pouf.
Toi, t'as décidé d'y croire, parce que sinon tu meurs.
Alix, elle se tait dans un silence de cathédrale auquel tu dis amen. Tu voudrais pouvoir l'imiter. T'es pas capable, toi, de produire un silence comme ça. Y a toujours quelque chose qui tue le silence, chez toi. Là, c'est ton cœur qui bat trop fort.
C'est ton cœur qui est trop amoureux.
- J'adore les céréales. T'es mon oreiller pour ce soir, le gardien de mes rêves et de mes secrets. Tu te rappelles ta promesse ? Tu les laisses s'envoler, tu les retiens pas, promis ? Juré ? Craché ? Si tu ne veux pas cracher tu peux aussi m'embrasser, ça me dérange pas.
Céréales.
Oreiller.
Ses secrets.
Promesse.
Tu rêves sur ta vie réelle.
T'aimes parler avec elle, t'aimes quand son silence s'arrête pour devenir un fleuve violent de mots originaires de l'autre côté de l'Atlantique. Verlaine, Baudelaire, ça te plaît, avec elle tu peux tenir une conversation pour dire pleins de choses.
Et puis parce qu'elle t'es galant ...
Et qu'elle te demande de l'embrasser ...
Bah tu l'embrasses. Encore. Toujours. Pour toute la vie. Vous tombez dans le vide que le baiser ouvre sous vos pieds. Tu sculptes ses lèvres des tiennes, et tes mains, elles vont explorer un peu ailleurs, un peu par là-bas, sur ses bras, et puis plus bas.
T'es comme un gosse à Noël.
Mais tu te contiens quand même.
Maxence, insuffisance.
- Et voilà. Juré-embrassé.

une impression de revivre, redécouvrir la vie, respirer pour la première fois quand la pluie de ses baisers tombe sur toi. sur tes lèvres, partout, sur ta peau, chaque parcelle libre qui ne demande que ça. sensation de voltige dans le ventre, tourbillons dans le coeur, c'est mignon l'effet qu'il a sur toi alix, maxence. c'est l'histoire de deux ixe réunis, encore et encore.
- Et voilà. Juré-embrassé.
ça sera ça votre code, c'est décidé. vos promesses, vous les scellerez par des jurés-embrassés. personne ne pourra les briser, même pas le ciel ni les étoiles. elles seront bien gardées de cette façon là.
un bâillement étire ta bouche, t'as lutté contre le sommeil mais cet idiot te rattrape. il vient là achever ce moment, rappeler que l'heure tourne. t'aimerais bien combattre encore contre morphée, qu'elle te laisse du temps pour dire au revoir, te préparer à le quitter. puis tu te souviens. partout, où que t'ailles, maxence il sera là. alors tu fermes les yeux, paisiblement, toute crainte envolée, dissipée.
tu es d'accord pour dormir ? de toute façon on se rejoint au pays des rêves, pas vrai ?
cette formulation, 'pays des rêves', ça semble tout droit sorti de la bouche d'une gamine, pays utopique, enfant naïve aux illusions bien ancrées dans la peau. mais dans ta bouche alix, ça sonne bien, ça sonne vrai. on a pas envie d'en rire, on veut juste la croire.

Le joli rouge de la bouche d'Alix s'ouvre non pas pour dire de jolies choses mais pour témoigner de sa fatigue. L'épuisement plus fort que l'amour.
- Tu es d'accord pour dormir ? De toute façon on se rejoint au pays des rêves, pas vrai ?
De toute façon on se quitte(ra) jamais.
Tu voudrais dire.
Tu la prends dans tes bras super fort, tu te roules dans ses paillettes avant de te séparer d'elle pour huit heures de renaissance que t'as pas envie d'affronter, là, tout de suite. Pourtant tu sais qu'elle envahira tes rêves, l'enchanteresse, évidemment, mais dans tes rêves ce sera pas vraiment elle, et pas vraiment toi.
Alix petite croix. Suffixe de la perfection.
Alix, elle te remplit la tête de belles choses, mais t'en es pas encore au point de pouvoir la laisser partir, te quitter, t'es pas encore habité par des milliers de beaux souvenirs.
Dormir, dormir, t'en fais tout un drame, hein ?
Parce que tu l'aimes Alix, pour sa bouche qui dit le défi insolent et ses yeux qui vantent l'océan. Tu veux pas la laisser partir, tu veux pas la laisser dormir, mais puisqu'elle le désire ...
T'y vas.
Au pays des rêves.
- Je t'aime.
Rideau.

» ILS REGARDENT LE SOLEIL SANS RIEN Y COMPRENDRE
» froid.
» Dans le froid de novembre
» toi tu dis que t'es bien sans moi.
» j'y arrive pas sans toi.

IL FAIT FROID SANS TOI

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