t'es revenu, ça y est mais c'est tout. t'as besoin d'un chez toi, d'un lit, d'un petit coin de paradis. tu demandes pas grand chose, juste de quoi vivre. et surtout, que ta maison ait un toit parce que t'as bien trop peur que le ciel te tombe sur la tête. t'es devant un panneau d'affichage à la recherche de ce bout de papier qui pourrait changer ta vie.

Au début elle était persuadée qu’elle pouvait vivre seule, qu’elle supporterait la solitude comme on supporte un pull un peu trop chaud. Mais cela ne faisait même pas une semaine et elle avait déjà donné un nom à tous les objets de son logement bien trop grand. Et vu qu’elle ne pouvait passer sa vie à discuter avec Bianca et Ida, ses deux poêles, il fallait absolument qu’elle trouve un colocataire, même si c’était un clodo barbu et violeur d’enfants. Quoique…
En tout cas elle avait repéré un panneau plus loin dans la rue, il était orné de petits papiers, d’annonces, de demandes, tellement qu’on ne voyait plus sa couleur d’origine. Ça aurait pu avoir un côté artistique si on pouvait trouver un intérêt particuliers aux propositions de ménage en petite tenue qui frôlaient les annonces pour cours particuliers. Armée de son papier où elle avait juste écrit « cherche colocataire(s), contacter 444-2658 » sans plus de précisions, car c’était le genre de chose qui lui échappait complètement, elle salua un compatriote de cheveux couleur carotte d’un signe de la tête avant de repérer un coin pour épingler son annonce. Elle jeta un coup d’œil aux autres et lâcha, sans savoir si elle serait écoutée « dur de s’y retrouver avec tout ça, non ? »

wahou. une rouquine, comme toi. fascinant, si rare en fait. tu lui souris puis tu vois son papier. tu souris de plus belle, peut-être que tu as enfin trouvé LE bout de papier qu'il te fallait. tu la regardes, tu l'écoutes.
- beaucoup trop de papier mais je crois avoir trouvé celui qu'il me faut.
tu pointes de ton doigt frêle le papier qu'elle vient d'épingler au panneau. t'espères qu'elle t'accepteras, elle, de la même couleur que toi.
- je m'appelle dino.

Elle qui pensait devoir attendre longtemps et surtout devoir affronter une horde de personnes bizarres (même si cette perspective l’amusait plus qu’autre chose ) eut un sourire ravi, jusqu’aux oreilles, quand son compère rouquin lui fit comprendre qu’il était intéressé. Où était le Guinness Book ? Ils avaient sans doute battu plusieurs records à cet instant. Décrochant le papier en hochant vivement la tête. « Parfait ! Moi c’est Milly, enchantée ! C’est drôle comme nom Dino, c’est de quelle origine ? » Encore une fois elle venait de s’engager en trois secondes et demies. Mais bon, qu’était-ce une vie trop prudente sinon un ennui qui durait cent ans ? Et puis si les roux ne pouvaient plus s’entraider, le monde ne tournait plus rond.

oh. on dirait une pile électrique la petite rouquine. elle te fait sourire parce qu'elle a l'air heureuse d'avoir trouvé quelqu'un pour vivre avec elle.
- euh, aucune idée. je pense que c'est italien mais je n'ai aucun rapport avec l'italie.
tu as hâte de savoir où elle habite, comment c'est chez elle, si elle vit avec d'autres personnes.
- dis milly, c'est comment chez toi ?
t'as envie qu'elle te décrive tout ça, t'as tellement envie. tu veux qu'elle te fasse rêver un peu, avant de la voir en vraie cette nouvelle maison.