Mes yeux voguent dans les boules de cristals et les cartes postales non complétés. Un petit son de cloche à mes oreilles , une brise la porte c'est ouverte puis refermée laissant un autre corps déambuler dans la boutique.Je brasse doucement une des boules sous les yeux d'une âme parmis tant d'autre la regardant à travers l'image floue , image mal dessinée.

Deux vingt-cinq sous au fond des poches, deux vingt-cinq sous entre les doigts. J'entre dans la première boutique, me disait qu'ils doivent bien avoir des allumettes. Probablement ce genre d'allumettes avec le nom de la ville sur le carton, histoire de rappeler aux touristes dans quel trou perdu ils ont mis les pieds.

Une clochette annonce mon arrivée. Une clochette accrochée à la porte, trahissant ma présence. Je tombe nez à nez avec cette fille. Cette princesse aux cheveux inhumains. Ça me fait grincer des dents, ce rose, ça me fait mal aux yeux dans cette lumière. Elle a un regard de gamine au pays imaginaire, la tête dans un globe de neige éternelle. Je lève les yeux au ciel.

- Un paquet d'allumettes.
Que je demande à la fille derrière la caisse. Je lui tends de la monnaie, agrippe le carton. Et puis elle est encore là. Cette rose aux yeux trop grands. On lui a jamais dit que de rêver devant tout le monde, c'est le meilleur moyen de se faire briser ses espoirs.

J'ai l'air d'une enfant , prise dans un beau rêve , quelque chose d'irréel , mais au fond c'était une illusion.Je regardais chaque petit flocon dansant retomber mollement sur le fond.Cette voix grinçante me sortait de mes pensées , de mes rêveries. Si on pouvait dire ça. Je n'avais pas besoin de voir le visage , le ton en disait déjà des choses très larges. Une mauvaise humeur habituel et un cotée sociable peu développer. J'avais été sage la dernière fois , mais je sais très bien que j'aurais dû lui cracher au visage. Je dépose l'objet sur le tablette .«Tiens si c'est pas monsieur rabat-joie.» Je sourie en le regardant droit dans les yeux. Vas y j'en ai l'habitude de tes remarques amères.

Oh, elle se souviens de moi. Faut croire qu'elle est pas habituée à se faire envoyer promener. J'imagine que les gens sont polis d'où elle vient, qu'ils disent bonjour, s'il vous plait, merci, bonsoir. Que des conneries. Elle me salue, et je me dis qu'elle a bien raison, que c'est moi tout craché, que j'ai jamais été fait pour côtoyer les gens biens qui rêvent de flocons comme si c'était un mystère, une magie, encore un sale mensonge à faire gober aux enfants.

- Mademoiselle Bavarde, Impératrice des questions à la con.
La saluai-je, haussant un chapeau haut-de-forme imaginaire.

- Rien de mieux à faire que de batifoler dans les attrape-touristes, quelle surprise.
Me contentai-je de commenter, beaucoup moins serein que dans les bois, là où Stryder me rassurait de son museau humide, me calmait de sa présence canine.

Il méritait au plus au point , une vrais flamme allumé au fond de mon être alimenté par de l'huile qui l'emplissait. Elle courait sous mon épiderme à vite allure laissant mes traits d'ange disparaître. Je riais doucement , car peut de choses m'atteint , laisse une marque sur ma chaire. Une simple langue de vipère rien d'autre. Je l'aurais assommé de ce jolie jouet pour enfant , en un éclat , de millier de morceaux de verre un peu partout. Ne voulant pas être sanglante en imaginant chacun des morceaux dans son crâne je restais là dans la même position.«Je pourrais te dire la même chose et va donc crever avec ton sale cabot. Rien à faire de tes remarques. » Rien que du venin qui se crache sans cesse.

La voilà qui s'énerve comme une gamine à qui on viens de dire qu'elle aura pas de gâteau tant qu'elle aura pas gobé ses brocolis. Ça me fait rire, de la voir si facile à faire craquer. Elle a une tête à être prévisible. Petite princesse des bas fonds de Banff, va.

- C'est drôle, j'arrive pas à te prendre au sérieux avec la tête que t'as.
Le rose, c'est franchement mauvais pour sa crédibilité.

Je la regarde un peu, me disant qu'au fond, sa tête, c'est pas sa faute. Quoi que la couleur, c'est certainement un choix, une perte de temps, je vous dit.
- Mais le chien t'as rien fait, c'est pas sa faute à lui tout ça.

Il se moque de mes cheveux. C'est pas la première qu'on se prend au rose teint sur mon blond naturel. Attaque toi à autre chose , car tu n'as pas reçu avec tes petits aiguilles. Continue de chercher tu ne trouveras , tu auras un poing sur ton visage , mais pas de larmes.«Et toi tu dois avoir des poux qui se promène dans ta barbe un peu trop longue.» L'apparence c'est un point facile tu n'as rien inventé. Continue dans cette lancée encore un peu j'ai vraiment envie de te défoncer.

Petite sauterelle qui rêve d'être un dinosaure, voilà ce qu'elle est cette fille. Rien à faire, ce qu'elle dit me passe à travers la barbe, à travers la peau, comme des lettres sans forme, sans substance, sans véritable importance. Je fais semblant d'être offusqué, ouvre un peu la bouche, avant de hocher un peu la tête, comme ci, comme ça, pas vraiment.
- Tu sauras que la barbe est très utile, un type m'a filé un billet l'autre jour, parce que je lui ai ouvert la porte, pensant probablement que je suis un clochard.

Je hausse les épaules comme on ouvre les dents pour bailler, un peu désintéressé, un peu envolé. Les conventions m'emmerdent, mais il y a bien autre chose que des poux ou des puces qui se trament sous ma barbe. Il y a des années de secrets que personne ne saura m'arracher. Il y a cette rage qui m'irrite les tympans, causant des maux de tête aux petites sauterelles.

Mon carton d'allumettes sous les doigts, je repense à la clope de Gus, bien contre mon coeur.

Si le vent était contrôlé par mes fines mains , une tornade s'abattrait sur l'édifice emportant chaque souvenir sans intérêt un peu plus loin. Je prends conscience que rien ne me force à rester là. Il y a ces corps qui se croient plus malin les uns que les autres , mais ils finiront tout seul au fond de leur tombe. Un cadavre non regretté , la terre tombera sur lui l'effaçant sans problème. Pas de pleures et pas de fleurs rien que des insectes pour manger ta chaire. «J'ai pas de temps à perdre avec toi.» Je passe la porte rapidement . On est mieux à l'extérieur.

Je reste là, un peu con, après qu'elle soit partie. Je me dis qu'elle a raison, que c'est mauvais de perdre son temps. On en a si peu qu'on reste figés, croyant que si on ne fait pas la bonne chose au bon moment, tout sera foutu, et rien d'autre ne nous fera jamais sentir aussi vivant. On s'en fait pour rien. On a du temps, l'important c'est de pas le perdre, il y a tant de choses à faire, tant d'endroits à voir, tant de sentiments à ressentir. On vit pour nous, et pour ceux qu'on aime. J'aimais maman, je l'aime encore, mais au passé, parce qu'elle est passée de l'autre côté.

Mes yeux se posent sur ces globes de miracle où la neige ne s'est pas encore posée au sol. Je vois des reflets d'un hiver passé, d'une vie oubliée. Saleté.

Le calme revient , je pourrais presque dire que je suis zen. Je me suis posée sur le trottoir l'air de rien la tête prise dans les nuages. Douces tâches blanches morcelées dans le ciel. Je cherche les problèmes et les batailles. Si peu apprécié par un caractère capricieux je ferais mieux de changer et de m'accoutumer.