T'étais penché sur un verre que tu t'étais payé avec un porte-monnaie volé. T'étais penché sur tes pensées, les idées noires et les gens que t'avais pu blesser. T'étais penché sur les notes de pianos qui résonnaient dans ta tête comme des sonnettes d'alarmes. T'étais penché sur l'horreur, la tristesse de ce bas monde et l'être horrible que t'avais créé de toute pièce. Instant de lucidité. T'étais plus Seven, t'étais Raphaël. Ce prénom trop français pour être accepté. T'étais penché sur tes origines, t'étais là, dans un bar, un verre de whisky entre les mains. C'était le mépris qui toquait à ta porte, doux et malheureux retour dans les réalités gâchées. Tu pensais à te droguer, mais tu n'avais plus rien. L'argent te manquait. Tu devais attendre, toujours penché sur ce verre qui finissait sa route contre le sol à cause d'un moment de réalité.

Spoiler:

T'entendais le bruit du verre se fracasser dans une symphonie qu'avait perdu l'harmonie. Ton regard suivait sa chute, les yeux perdus. Tu voyais cet homme blond, il se faisait tabasser là, comme ça. Les gens n'avaient même plus la politesse de sortir dehors. "Calmez-vous putain" que tu sifflais entre tes dents. C'était Raphaël qui parlait là, c'était Raphaël qui pensait. Le liquide qui calmait ta peine, il avait échoué sur le sol. Il était seul, il était sale. Pis toi, tu te passais une main sur ton crâne, nerveusement. Ils se battaient, t'entendais des gens crier. Les autres, ils regardaient le regard curieux. Les ragots. Pis toi, t'étais toujours assis au bar comme si de rien était. Seulement, t'avais perdu ton ami qui s'appelait Whisky. T'avais perdu l'envie. L'envie de ne pas bouger, l'envie de rester Raphaël le temps d'une nuit. La colère te montait, pis les autres, ils continuaient de se battre. Tu tapais d'un point nerveux sur le bar. Ça te faisait chier, putain, putain ça te cassait les couilles. Tu pestais entre des douces lèvres. Tu te levais nerveusement de ton siège, t'avais le regard embrumé. T'étais qu'un drogué en manque, dans une impasse. T'avançais le pas déterminé vers les jeunes qui se battaient. Des putains d'enfants qu'avaient cracher sur leur intelligence. Enfin, rappelle-toi Raphaël, quand Seven était là, toi aussi tu pouvais être comme ça. La colère filait dans tes veines à un rythme qui valait la démesure, ton coeur manquait des battements sous la tension de tes membres. Tu serrais les poings. Finalement, tu prenais le blond pour le tirer en arrière. Tu sifflais méchamment entre tes dents. "Arrête ça putain." T'avais le regard noir, les idées coléreuses. Si t'étais drogué, tu l'aurais sûrement frappé. Tu te retournais vers son compagnon de bataille, tu le pointais du doigt. Tu faisais peur, pis d'une voix animal, tu le dissuadais de venir te frapper. "Je te conseille pas d'avancer enfoiré." Finalement, tu poussais le blond à l'aide de tes mains, il reculait sous ta force. Tu le regardais, avec ton regard qu'avait déjà trop vécu, trop bu. "Avance et ferme-là." Que tu lançais, voulant le faire sortir du bar pour le calmer.

T'étais dehors, tu sortais une clope de ton paquet pis tu venais l'enflammer entre tes lèvres. Ton amour nicotine, ta maîtresse qui t'aidais à ne pas fréquenter Marie-Jeanne de manière trop régulière. Ou plutôt quand l'argent se faisait la belle, tu piquais des clopes à droite ou à gauche, c'était plus simple. Pis l'autre blond là, il était dehors comme un lion en cage. Ta colère était retombée. Tu tirais sur ta cigarette, elle se consumait lentement. Toi, tu le détaillais avec ton regard noir. Il t'agaçait le gamin, il avait la haine dans les yeux et l'horreur sur les traits. T'avais vu des étoiles malsaines brillaient dans son regard, tu voyais bien que tu l'énervais. Mais tu t'en fichais, ce soir, tu n'étais pas Seven mais Raphaël. T'étais plus simple, t'étais pas le compagnon des vices qui dictaient ta vie depuis que t'étais sortie de taule. Tu l'observais, il était là, il réfléchissait trop. Puis toi, tu continuais de fumer. T'avais envie de te droguer, tu baissais la tête. Ton pied tapait nerveusement contre le sol, c'était incontrôlable. C'était pas de la dépendance, c'était l'amour à l'acide. T'avais envie de voir tes pupilles dilatées, t'avais envie de te sentir comme une plume qui volait au vent, douce liberté. La nuit vous enveloppait, puis t'avais rapporté ton attention sur ce mec blond violent que tu venais sauver. Tu l'avais sauvé Seven, non ? Tu l'avais aidé, pour qu'il puisse se calmer. Tu connaissais bien trop la colère et la haine, t'avais côtoyé la mort avec le bout de tes doigts. Ton coeur connaissait ce sentiment, t'avais payé pour ce crime, subissant le châtiment la tête haute. Ou alors, tu faisais semblant. "Évite d'avoir envie de fracasser un mec jusqu'à la mort, ça peut arriver sans vraiment t'y attendre." Tu rompais le silence, finissant ta winston entre tes lèvres qui étaient assoiffées.

Quand t'y repensais, c'était démesuré. C'était pas contrôlable, c'était fou. Fou d'ivresse, fou de tendresse à coup de poings, fou d'adrénaline et fou. Fou. Inexplicable. T'avais le sang au bout des doigts, t'avais la haine dans tes veines. C'était pire que de l'héroïne, c'était des shoots sans chose illicite mais c'était encore pire. Pis tu l'avais senti monter en toi, c'était pire que la mort ou même l'amour. C'était pire que tout, parce que t'avais eu ce sentiment, ce sentiment qui t'as poussé à toucher la mort avec tes doigts. Et tu le voyais bien dans son regard qu'il ne maîtrisait rien, on dirait qu'un gamin en détresse qui ne sait pas trop comment se canaliser. Et toi, Seven ou Raphaël, tu regrettais ton choix, tu regrettais tes actions après avoir subis les conséquences ? Tu réfléchissais, tu le regardais. Il était un peu l'attraction du soir, il était le clown du cirque. Même si son comportement impulsif pouvait t'énerver, t'éprouvais de la sympathie pour ce blond. Ce blond peut-être trop violent dans sa façon de vivre, peut-être ce blond trop perdu pour réussir à continuer. Il te sortait un merci, ce merci trop froid et brutal. C'était pas vraiment sincère, il s'en foutait sûrement. Puis tu le fixais, tu te rallumais une deuxième clope. T'avais envie de te droguer, ça occupait ton esprit, tes pensées. C'était ton nouveau pape, ta religion constituée sur trois pattes. C'était bancale, mais c'était toi, ta vie. Ça te plaisait de t'enterrer un peu plus chaque jour, ça te plaisait, Seven. Et Raphaël, il en pensait quoi lui ? Finalement, tu le voyais s'asseoir. Peut-être qu'il finissait par se calmer. T'as toujours été qu'un putain d'égoïste Seven, mais peut-être que tu voyais un reflet dans ce gamin irrité. Tu lui tendais une clope, t'avais pas besoin de parler il allait très bien comprendre. Puis tu consumais la nicotine entre tes lèvres, encore une fois. Tu ne te laissais pas deux secondes de répit, peut-être parce que la vie en profiterait pour te baiser un peu de ton existence.

Il refusait ta cigarette, tu finissais par la ranger. Il refusait ta gentillesse, tu serrais un peu les dents, tu te passais une main dans les cheveux. Tant mieux, tu en aurais une de plus pour tout à l'heure. Puis franchement, c'était qu'un gamin, on dirait un enfant. Il était chiant, là, assis contre le bar. Il se prenait pour qui, pour un roi ? Peut-être qu'il croyait qu'il allait vivre en frappant, vivre en tuant. C'était malsain, tu voulais le frapper. Seven revenait à grand pas, sans aucune raison. La colère t'habitais, Raphaël mourrait dans les flammes de l'enfer, il mourrait sous le regard de Lucifer. T'étais ce diable, non ? Puis quand t'avais l'autre abruti de tout à l'heure qui sortait du bar, tu le voyais bien le gamin qui faisait son malin. T'avais envie de lui cracher dessus. Tu voulais te droguer, et lui, là, il t'énervait. C'était trop de gentillesse, t'avais envie de tout casser. Tes mains se serraient en deux poings dur et froid, t'avais une auréole qui puait la mort autour de ton corps. Tu le connaissais ce putain de sentiment, puis t'avais encore la haine. Tu passais ta vie à avoir la haine. Tu tirais sur ta cigarette de manière nerveuse, encore une fois. T'expirais, t'observais la scène. C'était qu'un petit con, il t'énervait. Puis ses cheveux blonds, la gueule massacrée. Tu te levais, tu le pointais du doigt, les traits durs et tirés. Tu serrais les dents. Tu tirais sur ta clope. "Arrête de te croire plus malin que les autres." que tu grognais.

C'était quoi ce gamin, c'était quoi ce désespoir, c'était quoi cette mort ? Hein, c'était quoi Seven ? Tu le regardais de tes yeux trop conscient de son comportement. Tu le regardais faire, il marchait vers les cieux, il y allait de plein gré. C'était quoi cette merde ? Tu soufflais, c'était qu'un enfant. Peut-être que lui non plus il avait pas sa place sur terre, peut-être que lui non plus il se sentait pas à l'aise ici. Un peu comme toi, un peu comme toi encore une fois. Tu soufflais. Puis tu le voyais insister, t'étais indifférent à son sort, il pouvait crever là s'il en avait envie. Tu soupirais. Tu te passais une main dans les cheveux. Tu seras tenu pour responsable, on t'avait vu sortir avec lui, on t'avait vu en sa compagnie. Tu finissais par te lever, tu jetais ta clope au sol et tu le prenais par le bras avant qu'une voiture vienne le percuter. Tu le jetais au sol, tu crachais à ses côtés. T'avais le regard noir et le sang ampli de haine. Tu commençais à crier, à l'engueuler, comme un père avec son fils. Ouais, c'était un peu ça. Ou son maître, le maître et le disciple. "Tu veux crever, hein, c'est ça ? Tu crois que tu vas bander en trouvant la mort ? Tu crois que c'est la seule solution ? Tu veux te battre pour te sentir respirer ? Dis-moi, tu te sens comme un raté c'est ça ? Arrête de faire l'enfant et assume ta place sur terre, on te l'a donné alors évite de la gâcher." C'était quoi tout ces mots, Seven. C'était ta leçon de moral que finalement, tu prenais même pas la peine d'écouter ? C'était la vérité en face, dans tes lèvres, dans ton âme. T'avais peut-être envie de le sauver, Raphaël.