lève les yeux, je te vois. je souris à toi, ancien inconnu. j'ai peur, peur qu'il me voit trop enfant, comme une princesse, une princesse sans robe, une princesse sans rien. le lapin me cache, le lapin lui secoue la main. - zed. un zed silencieux, un zed après le igrec.

Je te vois. Mes lèvres s'étirèrent. A ma grande surprise, il était légèrement plus grand que moi, alors que son visage traduisait pourtant une part d'enfance qui pouvait parfois me manquer. « Arii. » mon ton se veut chaleureux, alors que mes lèvres se déposent maintenant sur les deux joues du garçon. Le lapin à nos côtés semble bien décidé à nous accueillir. « Une préférence pour le parfum ? Oh et hm, c'est moi qui paie, bien évidemment. » et ça n'était pas négociable.

ses lèvres font rougir mes joues. mes pensées trébuchent, je trébuche contre le lapin, je m'accroche à lui. trop de contact pour mon petit coeur. - je, oui, chocolat, chocolat et brownie. merci. un cadeau ? comme le père noël. - je peux t'acheter un truc ? ton parfum ? t'es ici depuis longtemps ? tes chaussures, elles sont belles. et toi, tu parles, tu vomis des mots, trop de mots.

Mon sourire s'appuie un peu plus lorsqu'une légère rougeur s'empare des joues du garçon. Chocolat et brownie ? Ça me semblait être un excellent choix. J'allais personnellement opté pour des saveurs plus traditionnelles. J'étais un inconditionnel du fraise et vanille que tout le monde connaissait. « Un parfum ? C'est peut-être un peu trop couteux pour une première rencontre, un simple sourire me suffirait. Et je dois dire que t'es plutôt mignon également. » je ris quelque peu, sortant mon porte monnaie de la poche intérieure de mon perfecto. « Depuis hier seulement, j'ai fait de l'autostop pour arriver jusqu'ici. » j'avais bien une voiture, mais je me voyais mal conduire de moi même, autant de kilomètres. « Tu dois pas être là depuis très longtemps, hm ? » après tout, s'il n'avait pas encore mangé de glace ici... Je m'approchais un court instant du comptoir, murmurant un « Une brownie chocolat, et l'autre vanille fraise, gardez la monnaie, merci. » de ma voix grave, tout en tendant un billet, avant d'adresser un nouveau sourire au garçon. « Alors, Arii, quelles sont tes activités favorites, par ici ? »

un compliment qui vient de voler. mon visage qui veut se cacher sous mes mains. - être mignon, c'est être un bébé panda. tu te sauves loin des compliments, ils te gênent, ils t'emportent. il pourrait porter un beau parfum, une belle odeur. c'est un voyageur comme moi, il vole, il change d'endroit, il voit. - trois semaines et deux jours, je suis arrivé en camion, sous le pouce. zen remarque des petits détails, des détails qui ne m'accrochent pas, des détails qui se cachent, comme mes joues rouges, comme mes mains tremblantes. arii mérite un autre sourire, mon sourire répond au sien. - manger et puis chercher des gens à aimer. je prends la glace entre mes doigts. - tu cherches quoi à banff ? il s'est peut-être perdu.

Ce garçon m'a l'air presque trop innocent pour être réel. Disney. C'était ce genre de phrases là qu'il méritait, oui, des phrases que je n'étais probablement pas à même de lui dire. Je n'étais pas un de ces garçons qui promettait des choses en l'air, non, tout ce que je disais était pesé à l'avance. Chaque mot avait son poids, sa valeur. Je ne faisais pas de miracles, et ce bien malgré moi. Mes yeux n'arrêtent pas de se rabattre sur celui du jeune homme, comme un couperet trop vif ne se lassant pas d'être un bourreau. Il était là depuis trois semaines, soit bien plus longtemps que moi. Lui aussi était arrivé plus ou moins de la même façon que moi. Je récupérais finalement les glaces, après avoir remercié d'un hochement de tête la vendeuse, tendant au garçon celle qu'il venait de commander. « Tu es souvent tombé amoureux ? » j'avais déjà pu lui dire qu'il m'était arrivé plusieurs fois d'aimé quelqu'un, mais était-ce le cas de ce garçon ? Je ne saurais trop vous le dire de moi même. Qu'est ce que je cherchais à Banff ? « Des réponses... » un ton plus sérieux, bien vite chassé par mon sourcil droit, qui venait de s'arquer. Je portais finalement la glace à mes lèvres avant de reprendre en un sourire « Eh bien, ça devait bien faire deux années que je n'en avais pas mangé. » en général, je me contentais des glaces de supermarché, et non pas de cornés. « Tu connais du monde par ici ? »

je pense à cette question qui vient de tomber, je pense à cette question qui fait chavirer mon coeur, mon corps. trois fois. l'une enseignait le français à cette école voisine, cette école avec des grands, des méchants. ils s'amusaient à me noyer sous les déchets. ce garçon, qui me défendait et puis cette fille sous l'eiffel. - non. mon coeur est malheureux sans amour. - toi, tu as déjà donné ton coeur ? toi, tu es déjà tombé pour les yeux de quelqu'un ? toi, tu es déjà tombé pour te faire mal ? tomber pour t'envoler ? les nuages, c'est beau. combien de fois ? que cette glace taise sa bouche. mon ventre crie la joie. - des réponses à quelles questions ? des réponses. je peux lui donner un dictionnaire, je peux lui donner un livre. je ris. je ris pour moi-même. - la glace c'est magique, comme les sourires et les câlins. je le regarde manger sa glace, comme si c'était un film. - trois personnes, et puis la dame qui me sert de voisine, le gérant de la boulangerie. tu es populaire ? je dis que oui. j'hoche de la tête.

Non, il n'était pas souvent tombé amoureux. Mais peut-être que quelques fois lui avaient suffi ? Toujours est-il qu'il était encore à la rechercher de personnes à aimer, et que je pouvais totalement comprendre ce sentiment. Quand à moi, j'avais plusieurs fois eu assez confiance en quelqu'un pour lui confier mon coeur. Mais j'en attendais toujours trop, et eux pas assez. Peut-être souhaitais-je l'un de ces amours éternels ? Je ne savais plus bien si ils étaient à ma portée ou non. « Et je suis prêt à le refaire, oui. » que je lui répondais en un hochement de tête, alors que ma seconde main s'enterrait dans une de mes poches. Oui, je pourrais aimer à nouveau, je sais que j'en étais largement capable. Il souhaitait savoir quelles questions je souhaitais élucider. « Oh des... enfin, ma mère vivait ici, c'est pour ça que je suis venu à Banff. » pour en apprendre un peu plus sur elle, oui, bien que tout ceci restait encore plutôt flou. « Mais j'ai tout mon temps. » repris-je finalement, alors que mes billes océans croisaient à nouveau celles du garçon. Je ris quelque peu face à sa vision des 'bonnes' choses. « Rien n'est aussi magique qu'un baiser, à mes yeux. » c'était étrange, mais j'attachais énormément d'importance à ce geste, bien plus qu'une simple étreinte. Peut-être même trop, allez savoir. « Qu'est ce que tu entends par populaire ? » repris-je finalement en arquant un sourcil, tout en reportant la glace à mes lèvres.

- elle est où ta maman ? tu parles d'elle comme si c'était un fantôme. la mienne me manque, ses biscuits me manquent, ses câlins me manquent, son rire me manque. zed, cet homme, le dernier homme de l'alphabet va rester longtemps. peut-être que tu vas le recroiser arii, à manger toujours de la glace. un baiser, c'est magique. je touche mes lèvres chocolatées. c'est quoi se faire embrasser ? ça doit être bien, bien comme les amoureux, bien comme l'amour. c'est quoi un baiser ?. - je sais pas, mais ça doit goûter le sucré, le caramel. un baiser, c'est un bonbon. je me recroqueville sur moi-même pour terminer ma glace. regardant le gris de sol. - populaire, avoir des amis.

Un fantôme, elle l'était très probablement. Tout ce que j'avais d'elle était une photo, un portrait, un visage. « Peut-être en est-elle un, de fantôme. » mon regard se porte au loin. Je n'étais pas certain de ce qu'aurait été ma vie à ses côtés, peut-être avait-elle choisi de ne pas m'y inclure pour une raison. Mon père avait toujours refusé de me confier quoi que ce soit à son sujet. Il n'y avait que cette photo, avec la ville de Banff inscrite sur l'autre face. Mais je ne voulais pas être trop pressé, oui, je voulais prendre mon temps. Prendre mon temps pour découvrir cette autre facette d'un monde que je ne connaissais qu'à moitié. « Personne ne t'a jamais embrassé, Arii ? » j'en suis étonné. A vrai dire, j'aurais imaginé que pas mal de personnes se rueraient à son portillon, mais de toute évidence, les apparences étaient biens trompeuses. « Oh, la popularité, c'est bien surfait de nos jours. » mes lèvres s'étirent une poignée de secondes « Je n'ai pas besoin d'un surplus d'attention, seules quelques personnes me suffisent. » oui, peut-être étais-je un de ces garçons un peu trop solitaires. Mais je n'y voyais pas réellement d'inconvénient, à vrai dire. « Et puis, je me suis fait un ami de plus, aujourd'hui. »

je colle mes mains contre mes joues. - on peut la chercher, avec une carte, ta maman est un trésor. nous sommes des pirates. je vais porter le bandeau et puis le chapeau et puis une jambe de bois. zed me parle de baiser, je cache mon visage contre mes genoux. - personne ne voulait de mon amour ou de baiser. toi, les gens aiment t'embrasser ? je suis un indésirable heureux. un désirable amoureux. ma glace est morte, ma glace est dans un estomac, paradis pour la nourriture. - tu devrais être cool au lycée, tu devais être bien. je suis jaloux de ton toi, je suis jaloux de tes paroles, je suis jaloux.

Je me permets de prendre place à ses côtés, laissant l'une de mes jambes s'étendre de tout son long. Ma mère était peut-être un trésor oui, mais le chemin qui menait jusqu'à elle n'en était qu'un labyrinthe. « Je n'suis pas certain qu'une simple carte suffise, malheureusement. » il me fallait plus d'indices, plus de détails sur sa vie. « Mais comme je te l'ai dit, je ne courre pas après le temps. » oui, j'avais tout mon temps après tout. Elle ne pouvait plus s'envoler éternellement. Là où ses souvenirs étaient restés, j'étais certain qu'ils n'étaient pas prêts de s'effacer. J'observe à nouveau le visage du garçon, là, tout contre ses genoux. Je ne savais pas bien si j'étais quelqu'un que l'on voulait à tout prix fréquenter lorsque j'étais encore au lycée, je n'y avais même jamais réellement fait attention. Je n'étais pas de ceux qui courraient après une image, une étiquette. « Je suis certain que tu connaitras très vite ce sentiment. » mes lèvres s'étirent, alors que mon regard s'abandonne sur la jetée voisine. « Moi, je pourrais. » repris-je alors avant de préciser « Je pourrais, t'embrasser. » Oh oui, j'en étais bel et bien capable. « J'aimerais que tu te sentes désiré. » car il n'y avait rien de plus agréable, comme ressenti.

une simple phrase. - on peut pas embrasser un inconnu, on doit le faire avec amour.

« Je n'ai pas dit que je pourrais t'embrasser là, dans l'immédiat. » Mes lèvres s'étirèrent face à tant de candeur. En effet, le garçon n'avait pas totalement tord, l'amour rendait un baiser bien plus profond, lui donnait bien plus de sens, et pourtant... « Il suffit d'y croire. » c'était comme tout. Haussant les épaules, je passais une main sur ma nuque.

il suffit d'y croire. - tu sonnes comme une chanson de disney. prince. - tu aimes qui ? tu pourrais m'embrasser. tu aimes tout ?

Un nouveau rire s'échappa de mes lèvres. Oh, j'étais bien loin d'être un de ces princes, réellement. « Tu serais probablement déçu. » Mais oui, je n'avais rien à voir avec tout ce qui touchait aux contes, contrairement à ce garçon. « Tout et rien à la fois, tout dépend de quel point de vue on choisit d'adopter. Pourquoi ? »

je ris, je souris avec lui. c'est un prince quand il rit. - tu es le prince charmant dans cendrillon, tu cherches quelqu'un, comme lui il cherche sa princesse. je danse des yeux avec cette petite fourmi. - tu aimes les garçons et les filles ? tu es le premier que je croise.