Deuil.

Pauvre petite chérie. Seule. Laissée à l’abandon par la Terre. Le Soleil ne veut plus se montrer. Il est caché par les nuages et la pluie commence à noyer son pauvre corps. Toute joie est partie de ton regard. Il aurait eu six mois aujourd’hui. Six mois de joie, de bonheur et de rires. Tes mains se posent sur ton ventre et ta douleur se mêle aux larmes du ciel. Jaime ne sera jamais là. Il est reparti danser avec les Anges. Loin de toi. Lion de tout. Loin d’une mère qui n'attendait que lui pour rayonner aux yeux du monde.

Il marche les mains dans les poches, le nez pointé vers le ciel. Serein. Confiant. Libre. Mais ça ne dure jamais longtemps, ce genre de sensation, de moment volé au destin. Le ciel se brouille. La pluie tombe, forte. Il grogne. Il baisse la tête, et là, il l'aperçoit. Si petite. Au loin. Recroquevillée sur elle même. Si seule. Il a le coeur qui brûle. Réflex, il la prend dans ses bras. Juste un peu de chaleur humaine.

Tu trembles. Tu n’avais pas pris de manteau et ton chemisier est trempé. Il te colle à la peau et des gémissements sortent de tes lèvres. Hadès aurait pu être là que tu lui aurais volontiers donné ton âme pour échapper aux souvenirs. Puis des bras t’entourent. Tu sursautes avant de lever les yeux. Tu ne le repousses pas et te laisses même aller, sanglotant toujours. Tu aurais aimé qu’il soit comme lui. Aussi prévenant et gentil. Il aurait été la prunelle des tes yeux, la chair de ta chair, les ailes d’un Ange.

Elle tremble dans ses bras. Il ne sait pas trop de quoi, de froid ou de tristesse. Il imagine que ce doit être les deux à la fois. Il sent une certaine détresse qui lui transperce la peau. Il sert plus fort contre lui. Doucement, il essaye de sécher les larmes qui dévalent ses joues avec son pouce, mais les larmes se mélangent à la pluie, son visage est inondé. Et la pluie qui dévale ses propres joues, c'est comme s'il pleure aussi, avec elle, pour elle. Il la berce. Il sait qu'aucun mot peut épancher ce genre de douleur sourde. Mais il essaye quand même. " Tu veux raconter ? "

Il te serre encore plus fort et tu aimerais te fondre en lui pour rester à jamais dans cet écrin de gentillesse. Ta joue est contre sa poitrine et son odeur t’enivre doucement. Il n’a pas celle de Lukas et ça te rassure. Il te demande de lui raconter. Tu te crispes. A part ta famille, personne ne sait ton histoire. Mais c’est en en parlant que tu finis par accepter. Que ton cœur défaillant se remet sur les rails. Alors tu lèves le regard pour croiser le sien, bleu/gris. Deux couleurs qui s’affrontent jusqu’à ce que sa flèche t’atteigne. « Il y a plus d’un an, j’étais étudiante en fac de psychologie et amoureuse d’un prof. Je l’ai draguée et je n’en suis pas fière. On se cachait pour s’aimer. Il me mentait. Il ne prenait pas ses précautions. Je suis tombée enceinte de cet … homme. » Ta mâchoire se crispe sur ce dernier mot. Il ne mérite pas d‘être appelé de la sorte. « Quand il a su que j’attendais un enfant de lui, il … » Tu inspires et les larmes recoulent à flot. « Il m’a quittée, ne voulant pas assumer alors qu’il avait une femme. Je l’ai porté pendant neuf mois. Je l’aimais. Jaime. C’était son prénom mais il est mort-né … » Tu n’arrives plus à parler. Les mots s’étranglent dans ta gorge. Tu te pelotonnes contre cette âme charitable.

C'est le genre d'histoire qu'il a déjà entendu dans les films. Le genre d'histoire qu'on attribue aux malchanceux, aux fatalement malheureux. Mais qu'on a du mal à imaginer arriver autour de nous, chez nous. Il ne sait pas trop quoi dire. Il ne peut pas vraiment comprendre la douleur de cette femme. Certes, il sent cette détresse, il la respire, elle l'étrangle. Mais il ne peut imaginer qu'une toute petite partie de ce qu'elle peut ressentir. C'est dans sa chair. Il respire fort. Il aimerait trouver les mots. Lui apporter du réconfort. Mais comment peut-on alléger ce genre de peine ? Il n'existe pas de remède. " C'est un joli nom, Jaime. " C'est pas parce qu'il est mort né qu'on doit négliger son existence. Dans l'âme de la femme, dans son coeur, dans son corps, il existera pour toujours. Alors, Axel aussi, il participe à sa mémoire. Il dépose un léger baiser sur son front. Il écarte les cheveux mouillés de ses yeux, et lui offre un sourire doux. " On devrait peut-être se trouver un endroit à l'abri. Tu es trempée. "

Tu es en sécurité mais trempée. Tu t’es épanchée et ça te fait un bien ou même si tu as toujours l’impression que des millions d’aiguilles se sont implantées dans ton cœur et s’enfoncent d’avantage à chaque respiration que tu prends. Mais il est là, ce bal inconnu. Oui, c’est beau Jaime mais à l’évocation de ce prénom, un nouveau frisson te parcours l’échine. « Je l’avais choisi parce que c’était le personnage que préférait le … le géniteur dans Game Of Thrones. » Tu ne peux pas dire père. Lukas n’en était pas un. Un papa, ça reste pour son enfant malgré les circonstances. L’inconnu reparle et tu l’écoute. Oui, la pluie a décidé de prendre possession de ton corps et le sien n’est pas loin de se noyer à tes côtés. « Oui, je suis désolée. Tu n’es pas obligé de supporter tout ça. » Un pâle sourire s’affiche sur tes traits. « Si je m’échappe de ton étreinte, tu seras encore là après ? Tant de gentillesse, ça ne peut pas être réel. »

Il passe une main dans ses cheveux. L'eau ruisselle sur eux, mais ça ne le gêne pas vraiment, il est à l'abris sous sa veste en cuire. " T'inquiète pas ma belle. " Il est là de bon coeur, vraiment. S'il ne s'était pas senti capable de supporter ça, s'il n'avait pas eu envie, il se serait déjà enfui. Mais étonnamment, il reste près d'elle, contre elle. Il rit un peu. Tant d'insécurité le trouble un peu. Il passe un bras autour de ses hanches et l'invite à le suivre, à marcher un peu, pour se trouver un abris. Une petite cabane se présente juste à quelques mètres, pour les promeneurs surpris par la pluie, comme eux. Il la pousse à l'intérieur et se glisse sous la charpente de bois. Le bois sent fort, mais ça n'agresse pas vraiment les narines, ça lui donne un petit côté chaleureux. Il se défait de sa veste et la dépose sur les épaules de la jeune femme. " C'est bien mieux comme ça, non ? Au fait, tu t'appelles comment ? Moi c'est Axel. Chevalier servant à ses heures perdues. " Il lui fait un petit clin d'oeil, mais Axel, c'est pas un dragueur, ça se sent.

Il est ta lumière parmi les ténèbres. Ton souffle de vie alors que tu étouffes. Ton guide. Ça va aller. Il le dit alors pourquoi devrais-tu ne pas le croire ? Tu souris à travers tes larmes. Tu as envie de rester à jamais dans ses bas parce que c’est un endroit où tu ne seras jamais blessée. Puis vous vous levez. Tu as peur que ça rompe le charme mais non. Il te prend par la taille et tu te blottis une nouvelle fois contre son corps. Tant de familiarités après seulement quelques minutes. Est-ce normal ? Tu ne sais pas et tu n’as pas envie de savoir car la vérité fait parfois mal à entendre. Tu préfères continuer à vivre dans le mensonge. Au final, ça fait moins mal.
La cabane vous offre un toit et une intimité que la forêt ne pouvait pas donner entièrement. Il passe sa veste sur tes épaules et son parfum t’enivre. Tu fermes les yeux et resserre le vêtement autour de toi. « Tu ne vas pas avoir froid ? Tu es aussi trempé que moi. Au pire, on peut se serrer et partager. » Tu rougis. Encore des habitues qui ne viendraient pas à des inconnus normaux. Tes yeux le scrutent et tes larmes sèchent. Il te change les idées. « Enchantée Axel. Excalie. Si tu es le chevalier, je suis censée être ton épée alors. » Ton rire résonne pour la première fois entre vous deux. « Merci en tout cas. » Tu n’as jamais été plus sincère.

Il grelotte, un peu, c'est vrai. Mais tant pis, il a voulu faire les choses bien, il assume. Il hésite deux secondes à accepter à la proposition. Finalement il hausse les épaules. " On va faire semblant que je suis un dur et que je ressens pas le froid, que je suis un guerrier, on verra bien quand mes lèvres deviendront bleues. " Tu lui souris, pour donner le change, qu'elle ne s'inquiète pas. Elle est charmante, vraiment, avec ses joues roses. Il préfère ça aux pleurs, largement. " Parfait, Excalie, j'en cherchais une justement, ça tombe à pic. " La blague est nulle, tant pis. Il sent que ça lui change un peu les idées, et puis le ridicule ne tue pas, pas encore. " Oh c'est rien, tu sais. Juste … " C'est à son tour de rougir un peu. Il est embarrassé, il ne sait plus quoi dire. " Charmante la cabane, non ? " Avec la pluie qui tombe dehors, ils risquent de rester ici pendant à un certain temps encore s'ils ne veulent pas se noyer …

Tu te rapproches de lui. Vous êtes seuls dans un endroit clos. Pourquoi laisser de la distance, pourquoi hausser le ton alors que tout peut être plus simple ? « Ce ne sont pas les gros dus qui me font craquer tu sais. » Tu accompagnes tes mots d’un clin d’œil. « Et si tes lèves deviennent bleues, je serais obligée de t’embrasser pour te réchauffer. » Confesses-tu en riant. Tu n’as pas peur e te faire mal voir. Tu t’amuses et ce n’est que du flirt gentillet. De toute façon, il faut bien parler de quelque chose et relativiser. Il t’aide à te changer les idées. Pourquoi ne pas le suivre ? « Fais gaffe, la petite épée peut contre-attaquer. Elle est assez indépendante. » Tu t’approches telle un chat. Ton visage est légèrement baissé mais tes yeux fixés dans les siens. Tu essayes de l’intimider même si tes lèvres tremblent en réprimant un fou rire. Puis il rougit et ne finit pas sa phrase. « Juste … ? » Tu aimerais savoir la suite, curieuse comme tu es puis tu lèves les yeux au plafond. « Oui, je me demande pourquoi je ne m’installe pas ici d’ailleurs ! Tellement mieux que l’hôtel, il n’y a pas photos ! »

Il n'est pas sûr d'être à l'aise avec ce genre de flirt. Peut-être parce qu'il n'en a pas l'habitude. L'image de garçon propret qui lui collait à la peau là-bas n'existe pas ici. C'est ce qu'il voulait. Et il n'a pas envie qu'elle revienne le hanter, cette image. Alors il prend sur lui, il peste de rougir aussi facilement, et se permet un petit sourire en coin qui se veut charmeur. " Juste que des filles comme toi on a juste envie de les serrer dans les bras. " Il hausse les épaules. C'est plus mignon que charmeur, mais il s'en fout. Tant pis pour l'image finalement, il n'y arrive pas. " Faudra peut-être refaire la tapisserie avant de s'y installer. " Il regarde aussi autour de lui puis réalise enfin. " Attends … Toi aussi tu viens d'arriver ici ? "

« Tu sais, si je dis tout ça, c’est pour penser à autre chose. » Tu souris légèrement, cherchant un moyen d’expliquer ton comportement des plus étranges. Est-ce parce que l’on est doux avec toi et que ça fait longtemps que les gens ne l’avaient pas été ? Peut-être. Peut-être pas. Tu rougis à ses paroles et baisses ton regard. « Alors faudra que je te surnomme Nounours, c’est ça ? » Tu souris et laisse tes cheveux te cacher le visage tandis que tu relèves le menton. « Ouais. Nan mais cette cabane pourrait être vraiment sympa. Repeindre le bois pour éviter es bêbêtes. » Tu tends une main hésitante vers le matériau qui se révèle être poisseux d’humidité. Tu grimages avant de l’essuyer sur ton jean. Sa question te fait rire. « ça va bientôt faire une semaine que je suis ici. Et toi ? »

Il sourit doucement, il accepte tant bien que mal que cette image lui colle à la peau. Il hausse les épaules, regarde ailleurs, un peu gêné, quand même. " Si tu veux, tu peux m'appeler Nounours, même si ma virilité en prend un grand coup. " Personne ne le croira, ils savent tous, ça se voit, que ce genre de surnom lui fait plaisir, finalement. Il râle un peu, pour la forme, pour se rassurer. Mais il ne va pas cracher dessus, il aime ce genre de petites attentions. " Il faudra un peu plus que de la peinture … " Il rit en la voyant grimacer. " Moi aussi, quelque chose comme ça. Je dors dans une chambre d'hôte pour l'instant, c'est plutôt sympa. Un peu cher. " Il hausse les épaules, il le dira pas mais l'argent c'est pas vraiment son problème. Mais il n'a pas envie, en plus, de se coltiner l'image du fils à papa. Ca, il a déjà donné, et non merci. Il regarde par le trou qui sert de fenêtre. Ca semble s'être calmé. Mais bizarrement, il n'a pas vraiment envie de partir. Il se sent bien ici, avec cette fille. C'est une jolie rencontre. " Encore un peu, et je pense qu'on pourra partir sans mourir, noyés. "

Tu n’es qu’une petite chose dans ce vaste monde. Certaines personnes vont et viennent sans t’accorder le moindre regard. Toi, tu restes figée, els regardant passer. Tu tends la main mais personne ne te la prends jusqu’au jour où. Et cette date là, c’est celle que tu vis en ce moment. Axel t’a relevée, il t’a aidée. Comment ne pas lui être reconnaissante ? « J’aime bien les Nounours. Ils sauvent la peine des enfants et tu as fait partir la mienne. » Tu souris gentiment, te rapproche de la porte, voyant que le temps se calme. « Chacun son truc. Je pense que je vais chercher une colocation d’ici peu. Mon chien ne va pas supporter sinon d’être toujours enfermé. » Tu joues avec la pointe de ton pied, balayant quelques cailloux ça et là. Il a parlé, tu sens un pincement au cœur. Non, ça ne peut pas s’arrêter comme ça. « Tu sais, j’ai une chanson en tête qui dit she’s dancing with strangers, she’s falling apart. Waiting for Superman to pick her up in his arms. Tu dois sûrement être ce Superman là.” Tu rougis et te mords la lèvre. « Alors permets-moi de te payer un café pour te remercier de ta gentillesse. »

Il sourit doucement, il tente de s'imprégner du moment, qui passe trop vite, de cette douce atmosphère. Il a l'impression d'être quelqu'un de bien. D'être gentil. Ca lui fait énormément de bien. Pour son égo, certes. Il la voit qui se rapproche de la porte. Il a envie de l'arrêter, de lui demander s'ils ne peuvent pas encore rester un peu. C'est sa faute, il n'aurait pas du dire qu'ils pouvaient sortir. Il s'en mord les doigts. Mais bientôt, elle les sauve, elle leur donne à tous deux l'occasion de profiter encore un peu de leur douceur. " Je suis sûr que Superman a plus de muscles que moi. " Il dit ça pour détourner le compliment, pour éviter de rougir et rire à la place. " Il n'accepterait sûrement pas un café, tu sais, le monde à sauver, et tout. Mais il se trouve que j'ai du temps dans mon planning du sauveur de l'humanité, donc je vais dire oui. " Il ne peut pas s'empêcher de ne rien prendre au sérieux pour éviter les moments embarrassants. Il ouvre la porte. Les nuages sont moins noirs, et la pluie est plus fine. Il se tourne vers elle, et lui tend la main. " Votre carrosse est avancé, madame. "

Tu n’as pas envie e partir de cet endroit si intimiste. Vous êtes seuls au monde. Tu es à l’aise et loin de la réalité. Tu ne veux pas y retourner. Tu ne veux pas briser ce qui se créé rapidement entre vous. La confiance. Le partage. Tu t’es livrée sur ton passé à un inconnu toi qui ne révèle jamais grand-chose. Il a été ta bouée de secours. Je ne veux pas que ce moment se termine. Non, tu ne veux pas que le temps reprenne son court. Alors tu te rapproches de lui. Vous êtes si proches tant par la pensée que par les corps. Tu poses une main délicate sur son bras et tu fermes les yeux. « Je ne sens peut-être pas les muscles de Superman mais là … » Tu décales ta main pour la placer sur sa poitrine. « Je détecte un cœur qui bat et ici … » Tu lèves ton bras et poses tes doigts sur sa tempe « Je sais que tu as quelque chose que les tas de muscles n’ont pas ; un cerveau. » Troublée, tu te recules avant d’accepter sa main tendue en riant à ses précédents mots. « Je suis flattée cher héro. Et je n’aurais pu rêver mieux comme carrosse. » Tu entrelaces tes doigts aux siens, par réflexe, avant de l’entraîner au dehors. « Il me semble qu’il y a un café pas loin. A même pas dix minutes. » En tournant les yeux, tu vois que sa veste et toujours sur tes épaules. Tu t’arrête et le revêts de son habit. Puis, délicatement, tu déposes un baiser sur sa joue. « Merci Superman. Tu n’es peut-être pas le vrai mais tu vaux bien plus que lui à mes yeux. » Rougissante, tu délaces vos doigts et te retourne vers le sentier, prête à continuer ta route.

Il frémit bêtement alors que sa main se pose sur sa poitrine. Il rougit alors que sa main lui touche le visage. Il regarde son visage, gêné et en même temps heureux d'avoir trouvé quelqu'un comme ça par hasard. Il aime le contact de sa main contre la sienne. Il sent le vent s'engouffrer dans ses cheveux et plaquer sa chemise contre sa peau jusqu'à ce qu'elle lui rende sa veste. Il la remercie du bout des lèvres, un peu sonné par ses lèvres qu'il sent encore sur sa joue. Il la regarde continuer à avancer, puis se décide à la suivre enfin. Il sait qu'il rougit comme une adolescente. Ca doit être drôle à voir. Il ne dit rien quelques secondes, ils marchent tous les deux côte à côte. Le silence est doux. " Tu crois qu'ils auront quelque chose de sucré à manger dans ton café ? J'ai super faim. " Parce que vous pouvez compter sur Axel pour revenir sur terre de temps en temps.

Tu cintinues d'avancer, savourant sa présence à tes côtés. Le temps s'est doucement remis à s'écouler mais il n'est plus compté. Il n'est plus une menace car vous êtes ensemble pour continuer un bout de chemin. Tu ne sais pas encore ce que l'avenir te réserve mais, pour le moment, il est plus que radieux. Tu ris légèrement à sa phrase. " Je vois que tu es un estomac sur patte. Comme moi. " Tu le regardes et lui adresse un clin d'oeil, amusée. " T'en fait pas, ils répondent au moindre de tes désirs. " D'ailleurs, la devanture du lieu de restauration se profile non loin. Tu fais signe au serveur que vous êtes deux. " et voilà, un coin tranquille pour les amoureux ! " Le rouge te monte violemment aux joues. "Nous ne sommes ... " mais il est déjà parti. Tu hausses les épaules en prenant la carte, cachant ta gêne au jeune homme mais aussi ton sourire. " Bon hé bien nous sommes catalogués. " Tu laisses tes yeux azur dépasser du dépliant. " Je vais me laisser tenter par un chocolat et des macarons à la pistache. Et toi ? "

Il fait semblant de bougonner, marmonnant dans sa barbe inexistante que non, il n'est pas un ventre sur pattes. Curieux, il regarde avec attention la devanture du café. Il la suit, la laissant faire, un peu en retrait, mais il entend très distinctement la remarque du serveur. Il sent le rouge lui monter aux joues, à lui aussi, mais ça ne l'empêche pas de faire un petit sourire en coin, quand la jeune femme essaye d'expliquer avant d'abandonner. Il rit de l'embarras d'Excalie. " C'est pas grave, tant qu'il pense qu'on est mignon ensemble, non ? " Il lui fait un clin d'oeil amusé avant de se plonger dans la carte. Comme d'habitude, tout lui fait envie et choisir devient une vraie torture. Il s'imagine manger chacun des mets décrits et ça fait gronder son estomac. Alors, comme il ne sait pas choisir : " On va faire simple, sinon me connaissant ça va prendre des heures pour que je sache enfin ce que je veux, et après je vais même pas être content. Donc … Je vais prendre comme toi. " Il lui fait un sourire contrit. Il se frotte les mains. " On est quand même mieux ici, même si notre cabane était pas mal, hein. "

Le serveur s’efface, ton rouge est déjà présent et Axel te fait encore plus rougir. Tu acquiesces derrière ta carte, préférant ne rien dire d’autre. Si vous êtes mignons ensemble, est-ce que ce serait un bon signe pour plus tard ? Tu préfères balayer cette pensée assez rapidement. Tu viens à peine de le rencontrer. Puis il décide de t’imiter dans ton choix. Tu souris et reposes le papier glacé. « Comme tu voudras. Les macarons à la pistache sont mon pêché mignon. » Dis-tu en tirant la langue. En attendant le vendeur, tu croises tes mains et appuies ton menton dessus, détaillant le jeune homme. Tu regardes ses cheveux méticuleusement décoiffés et ses yeux bleus/verts dans lequel de petites paillettes dorées viennent briller. Tu te sens un peu trop envahissante et décide de te reculer pour t’adosser au siège, fuyant son regard. « Alors c’est devenu notre cabane ? » Dis-tu avec un demi-sourire. « On pourrait y emménager. La retaper. » Tu ne plaisantes qu’à moitié. Tu aimerais te lancer dans des travaux. Avoir ton propre chez toi, à ton image.

Il se sent un peu intimidé par son regard ancré dans le sien mais elle détourne les yeux et le malaise disparaît. Il ne se comprend pas parfois, ne pas avoir du mal dans la foule, sans complexe, mais rougissant au moindre moment intime quand la personne devient plus proche, c'est complètement incompréhensible. Il oublie ses pensées troublantes quand elle lui fait une suggestion qui engendre un sourire sur ses lèvres et un nouveau enthousiasme non feint. " Ce serait génial ! Ce serait comme construire une cabane dans la forêt. En plus ça occuperait mes journées, je suis totalement désoeuvré … " Il est coupé par le serveur qui revient. Sans réfléchir il commande pour lui et Excalie. Le serveur a l'air de s'amuser du fait que les deux prennent la même chose, il ose même un petit clin d'oeil. Quand il part, Axel le suit du regard, les sourcils froncés. " Je crois que c'est trop tard pour le contredire. " Mais il oublie vite, et se retourne sur Excalie, un sourire toujours aux lèvres. " Si ça te dit, moi ça me dit ! On commence quand tu veux. " Il construit enfin quelque chose à un endroit. Il arrête de picorer partout, de rencontrer sans jamais s'attacher. Sédentarisé, l'animal s'abreuve de son nouvel habitat.

Tu attends ton repas de la matinée. Ton ventre laisse échapper sa remontrance face à l’injustice que tu lui as faite en ne le nourrissant pas. Tu croises tes mains sur la table, ne sachant trop que faire ‘autre. Tu ne veux pas fixer une nouvelle fois le jeune homme. Ce serait si déstabilisant pour toi. Pour lui. Heureusement, il te parle et cela t’occupe l’esprit. Il semblerait qu’il prenne le sujet de la cabane au sérieux. Toi, tu plaisantais. Tu te disais que ça resterait un délire que vous ressortiriez de temps en temps mais cette idée a pris de l’ampleur. Il s’emballe et tu t’affole. Ton cœur tambourine à tes oreilles et tu fixes le jeune homme, la bouche entrouverte. Puis tu hausses les épaules. Au final, pourquoi pas ? Il suffirait d’avoir un permis de construire de la part des autorités. Vous seriez au milieu de la nature. Sans voisins. Rien que la forêt et les animaux. Le Paradis en somme. « Bah si le Maire de Banff est d’accord, je te suis la dedans ! » Ton sourire est plein, tes yeux brillants. Tu viens de trouver un nouvel objectif dans ta vie. Une nouvelle façon de renaître de tes cendres. De tout recommencer. Enfin ! Le serveur finit par arriver et continue à vous prendre pour un couple. Tu as finalement accepté la situation tout comme Axel qui s’en amuse. Un sourire malicieux, tu te mords la lèvre inférieure en le regardant, amusée. « Et si on s’en amusait ? » Ton rire flotte autour de toi comme une nuée de petits papillons. Mais tu redeviens vite sérieuse. Tu tends une main vers le jeune homme. « Chiche ! » Tu n’as qu’une seule vie de toute façon !

Son sourire s'agrandit encore quand la jeune femme accepte. Il a l'impression d'avoir gagner deux choses aujourd'hui : une nouvelle grande amie et un projet pour le futur. Ca faisait très longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Il en est juste émerveillé. " On ira demander à la mairie le plus vite possible. Ah ! Tu peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir ! " Il ne réfléchit pas trop, il déverse son enthousiasme à tout va. Il est juste rayonnant. Un peu comme si c'était Noël. Il a toujours adoré Noël. Transporté par son enthousiasme, il n'arrive pas à s'empêcher de rire face au défi proposé par Excalie. Il prend un air faussement sérieux pour lui répondre. Il lui sert la main vigoureusement, et un sourire en coin, rusé, nait sur ses lèvres. " Chiche. " Ca fait très longtemps qu'il n'a plus joué à ce genre de jeu. Depuis trop longtemps. Il garde sa main dans la sienne, la caresse du pouce et joue de ses sourcils, ridiculement charmeur. Alors qu'il continue à s'essayer à des mimiques charmeuses toutes plus risibles les unes que les autres, le serveur revient avec les commandes. Axel se sépare de la main de la jeune femme et son regard se retrouve obnubilé par le macaron qui lui fait de l'oeil. Il pense à peine à dire merci au serveur. " J'ai bien fait de te suivre, ça a l'air juste délicieux. " Il lui envoie un baiser de remerciement et commence à manger. C'est la bouche pleine qu'il s'exprime. " Délicieux ! " Pour le romantisme, on reviendra.

Souffle le vent, file la vie, tournent les heures et balade ton cœur. Reposée. Heureuse. Épanouie. Tu n’es plus que tout ça. Oublié les pensées horribles de ce matin. Tu es passée à autre chose. C’est fini. It’s over. Ton plan l’enchante. Alors ça y est, tu vas avoir un chez toi ? Original de surcroît. Tes yeux pétillent. Tu n’en reviens pas. Ça a l’air si simple de vivre ici. Un conte de fées qui se réalise devant ton regard ébahi. « On ira ensemble. On se textera. » Oui, c’est la meilleure façon. Le téléphone est bien pratique dans une vie comme celle que tu vis. Comment faisaient-ils les gens, autrefois, pour se donne rendez-vous sans moyen de communication ? Il y avait les lettres bien sûr, mais combien de temps mettaient-elles à arriver au destinataire ? Les envois devaient prendre des mois si l’on parle du Moyen-âge. Tu sors vite de tes pensées scientifiques. Il n’y a plus que vous deux. Dans une bulle. Ses doigts sur ta peau, le frisson qui naît et se propage sur ton échine. Tu avales avec difficulté. Mais tu aimes cette sensation. Tu aimes ce jeu, Peter Pan t’habite. Tu ne veux pas grandir. C’est trop dur la vie d’adulte. Le serveur vous regarde, un sourire attendri sur le visage. « Je te l’avais dis chéri. Les macarons sont aussi jouissifs que toi. » Tu te lèches les lèvres et ne peux t’empêcher de pouffer en voyant l’homme se stopper net dans la prise de sa commande. Tu relâches la main d’Axel pour croquer à ton tour dans la pâtisserie. Tu fermes les yeux pour savoureux ce délicieux goût de pistache. Tes paupières se rouvrent, Axel parle et tu avances un doigt pour essuyer la crème qui perle au coin de sa bouche. « Tu es un vrai cochon mon cœur. Tu ne sais pas te tenir ! » Tu lèches ce que tu as pris chez lui. Gamine vous avez dit ?