« Bon sang Mathilda ! On ne frappe pas les clients avec les bouquets ! » Vêtu d'un costume bon marché et mal taillé, l'homme ne broncha pas lorsque les lys vinrent gifler sa joue, et pas plus lorsque Arthur - mon patron - se précipita vers nous. Pendant que ce dernier me hurlait dessus et se confondait en excuses, son visage resta parfaitement neutre et son regard fixé sur les bouquets intactes qui jonchaient le sol. Un pour sa femme, un pour sa maîtresse. Ben voyons ! Les mains dans les poches, il ne prêtait pas attention à grand chose et son attitude nonchalante eu pour conséquence d'exacerber mon agacement. Ce n'était pas la première fois que mon impulsivité me coûtait ma place, j'aurais sans doute dû retenir la leçon au bout de la quatrième fois... Mais non. Je profitais d'une pause entre deux remontrances de mon patron pour lui tendre mon tablier, tourner les talons et sortir de la boutique avec toute la dignité dont j'étais capable. D'un pas décidé et rapide, je quittais Banff avenue pour m'engager dans Bow river. Je m'arrêtais pour reprendre mon souffle seulement quand mes yeux se posèrent sur la surface lisse de l'étendue aquatique.

Tu cherchais à connaître les lieux. Les rues étaient labyrinthes, les habitants fantômes. Autant de visages que d'âmes, inconnus. Ça peut être beau le regard qu'on a sur un étranger. Le premier, il lance des fusées, des messages, des étoiles et des milliers de fleurs. Parfois tout est beau. Parfois, tout est violent. Y en a une, elle se balade et s'arrête devant l'immensité de la mer.
c'est beau la mer. ça peut être beau, ou violent. comme le regard.