j'hoche la tête. je suis bien d'accord, les bisons sont très importants, même primordiaux. oh, tu vas rire, elle s'appelle théana. ça veut dire dieu en grec tu sais, et ça lui va bien. c'est ma déesse. ma déesse, ma princesse, ma reine et mon amour. la seule qui compte, théana. mais je crains que lilou n'y croit pas, qu'elle s'appelle théana. théo et théana ça pourrait paraître un peu gros. oui, seulement, c'est que, en vérité, c'est fleur et théana. et là, tout de suite, ça paraît plus réaliste, je crois. je souris. j'ai hâte d'apprendre à surfer. ça doit sûrement ressembler au snow, j'imagine, mais sur l'eau. oh, peut-être pas le meilleur de tous, sans doute moins bon que toi, même ! mais je sais faire du snowboard, c'est pareil un peu ? si c'est pareil je vais sûrement m'en sortir, mais sinon, je vais me noyer. enfin, je sais nager, mais quand même.. tu me sauveras, si je me noie ? oh, j'espère bien, qu'elle me sauvera. je lui fais un petit regard de chien battu, d'enfant triste. je veux juste apprendre à surfer et être sûr qu'elle me sauvera, au cas où. sinon, je resterais sur le sable à la regarder surfer, elle. elle doit être belle, sur une planche de surf, les cheveux lâchés. lilou, ma belle surfeuse californienne. je me surprends à sourire bêtement, encore. et son rêve, à ma lilou, me fait encore plus sourire. les rêves les plus simples sont les plus agréables. et je suis d'autant plus content que je vais pouvoir le réaliser, son rêve. oh oui, moi, ça me va, on pourra prendre ma vieille voiture pour se déplacer de chez toi à chez moi, on sera bien ! moi ça me ferait trèèès très plaisir, tu sais, mais d'abord on profite de banff ensemble, hein ? oui, profitons de banff ensemble, ça sera rigolo, ça sera agréable. je vais beaucoup aimer banff à ses côtés je crois, encore plus que banff tout seul. je la serre contre moi, le sourire au bord des lèvres. elle embrasse ma joue, je ne compte même pas le nombre de fois, simplement je la serre un peu plus dans mes bras.

je trouve ça beau, la manière dont il l'aime. j'ai toujours rêvé que quelqu'un me considère de cette manière, et ça me donne presque les larmes aux yeux. j'ai toujours trouvé les amours fraternels magnifiques. même plus beaux que les relations amoureuses. c'est plus fort, plus passionnel et c'est un fil d'or qui ne se cassera jamais, même si les apparences peuvent le laisser penser. il a de la chance, je l'envie presque. oh, c'est vrai? c'est un joli prénom... vous allez bien ensemble, alors. elle s'appelle théana et pas théa. alors, ça veut dire que dieu existe à moitié? bon, ça me laisse encore un peu hésitante quant à son existence. pour la réponse à cette question existentielle, on repassera. bien sûr que je te sauverais. je veux pas que tu meures, moi. je serais très triste si tu meurs. oh ça oui, je serais triste. si j'ai plus théo, je suis qui, moi? y'aurait plus de lilou, ce serait un peu la mort d'une partie de moi. je compte pas partir maintenant, non, pour l'instant, je suis bien. quand j'en aurai assez de banff, je partirai. mais ça peut-être demain, dans un mois ou dans des années... ou peut-être jamais. oui oui ! oui, on profite ensemble aujourd'hui. d'ailleurs, je connais pas vraiment banff. tu connais bien, toi? ça fait combien de temps que t'es là? peut-être que comme moi dans le futur, il pourrait me montrer les jolis endroits cachés. ce serait cool.

oui, c'est un joli prénom, elle a raison. théana c'est bien plus joli que fleur. mais c'est aussi joli que théo, je crois. sans doute que oui, puisque ça se ressemble tant. je souris. c'est aussi joli qu'elle. mais on ne se ressemble pas du tout, tu sais. on est tout l'opposé l'un de l'autre, physiquement du moins. et niveau caractère, aussi, en fait. c'est vrai, on est totalement différents. c'est drôle. oui et non. on ne semble même pas être frères et sœurs, finalement. c'est dommage. mais ça n'est pas pour autant qu'on s'aime moins. oh ça, non. oh, tu me rassures. je serais très triste de mourir sans que tu m'aies sauvé aussi, tu sais. oui, évidemment, je serais triste de mourir, mais je le serais d'autant plus si c'est qu'elle ne m'avait pas sauvé. et j'en ferais de même bien entendu si elle avait besoin d'être sauvée, elle aussi. jamais sans ma lilou, maintenant. jamais, plus jamais. lilou, elle va devenir comme un porte bonheur, comme un genre de grigri qu'on accroche à ses clés ou à son sac. sauf que lilou, elle, je lui tiens la main et je peux la trainer avec moi de la même façon, et elle me rend tout aussi heureux qu'un grigri que je serrerais dans ma main. peut-être même plus. peut-être parce qu'elle peut me parler, ma lilou. peut-être à cause de son sourire qui me fait sourire moi aussi. oh, je connais un peu, mais pas très bien, pas tous les endroits, en fait. ça fait moins d'une semaine que je suis là, tu sais, alors je n'ai pas eu le temps de tout voir, je crois. mais je connais l'auberge par cœur. je hausse les épaules et souris. t'es ici depuis combien de temps, toi, lilou ? nouveau sourire.

c'est bizarre comme la nature est faite. elle peut réunir deux personnes issues du même sang, mais les faire complètement opposées. mais moi, je me dis que si on était avec des gens semblables à nous... ce serait pas intéressant, non? aaah d'accord... mais c'est peut-être pour ça que vous vous aimez si fort? moi je ne sais pas. je fais des tas d'hypothèses. des farfelues, comme des plus plausibles. parfois, je tombe juste, parfois, je suis à côté de la plaque. et le plus souvent, je tombe à côté. tant pis. l'auberge? j'y suis jamais allée. je vis dans une tente, perdue au milieu de centaines d'autres tentes. tu connais cet endroit? c'est magique. oui, et c'est mon endroit préféré. on ne s'y sent jamais seul. que ce soit à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. il y aura toujours quelqu'un pour vous consoler, sécher vos larmes si vous vous mettez à pleurer pour une raison ou pour une autre. si théo venait habiter au milieu de ces tentes, lui aussi, je serai tout le temps là pour lui. depuis combien de temps je suis là? c'est une question difficile, parce que moi et les jours, ça fait 2. même 3. je crois que ça fait seulement quelques jours que je suis là... peut-être deux ou trois. puis je lui souris. on est arrivé presque en même temps. peut-être que s'il était arrivé deux jours après, on ne se serait pas croisé. mais je me console: la vie est bien faite parce que là, maintenant, il est là, avec moi.

oh, peut-être. elle a sans doute raison, lilou. elle a dans sa naïveté, un air enfantin. et, après tout, ce n'est pas nouveau, la vérité sort de la bouche des enfants. je souris. oui, c'est sûrement pour ça, c'est vrai. et c'est sûrement pour ça, aussi, qu'on s'engueule, des fois. on a des caractères divergents. des fois un peu trop proches. on s'aime plus que tout, et des fois, on ne se supporte pas. c'est normal, après tout. je ne l'aimerais pas autant, ma théana, si elle n'était pas insupportable certaines fois, je crois. oui, l'auberge de jeunesse, j'ai un lit, là-bas, j'ai rencontré du monde, et c'est cool. mais la vie en tentes doit être cool, aussi. je n'connais pas, non, mais si tu dis que c'est magique, alors je te crois. mais les tentes, ce n'est pas pour moi, je crois. je n'ai jamais trop aimé ça, c'est vrai. ou alors seulement si je partage ma tente. je crois que c'est ça, le soucis, je n'aime pas dormir seul. peut-être que c'est pour ça que j'aime l'auberge, aussi, à quatre dans une chambre, je ne suis jamais seul. mais à l'entendre, à la croire, s'il y autant de tentes qu'elle le dit, alors je suis rassuré. elle n'est pas seule, elle non plus, jamais à l'abandon. ça me rassure, beaucoup. oh, c'est très récent, alors, encore plus que moi. déjà, lilou, je te présente la pharmacie de banff (je pointe le bâtiment dont on est sortis), très utile, comme tu l'as remarqué, pour prendre des médicaments (je brandis mon sachet) et pour faire des rencontres inattendues et voler des jouets. je ris, un peu, heureux. des rencontres inattendues, ça oui, mais pas désagréables, bien loin de là.

et il me dit que j'ai sûrement raison. je lui souris. un jour, il faudrait monter une équipe scientifique pour essayer de mettre à l'épreuve cette théorie fraternelle. ce serait cool, d'avoir une réponse. puis il me parle de l'auberge de jeunesse. je suis contente qu'il ne soit pas seul, qu'il ait des personnes avec qui dormir et qui veille sur lui. j'ai tellement peur qu'il se brise devant moi que je pourrai en trembler. ça doit être super! je crois que si ma tente est emportée par le vent, je viendrai à l'auberge de jeunesse. ça doit être chaleureux. en fait, tout est chaleureux ici. même quand les gens sont froids, ils dégagent une aura. une chaleur froide, quelque chose qui les rend beau. tout le monde est beau, ici à banff. très beau bâtiment. utile aussi pour retrouver une famille perdue. c'est vrai, il est venu ici avant tout parce qu'il était malade. d'ailleurs, qu'est-ce qu'il avait? je ne sais pas. mais je me promets de lui demander avant qu'on ne se quitte. oh, et qu'est-ce que c'est là-bas? on dirait une boutique de chocolat. dis théo, tu aimes le chocolat? parce que moi, j'adore. et si le monde était en chocolat, je l'aurai déjà mangé tout entier.

l'auberge, elle est cool, vraiment. le monde y est cool, les chambres sont cools, alors si elle veut venir un soir, moi, je serais très content. mais, pas tant que ça, parce que tous les lits de ma chambre sont déjà pris. alors ça, ça serait dommage. pis j'pense à une idée, qui résoudrait ça. oh oui, c'est très cool, t'adorerais ! pis tu pourrais dormir avec moi, comme ça tu n'payerais pas un lit. enfin, si tu veux. pis j'souris, un peu. j'espère qu'elle ne m'en veut pas pour mon trop plein d'enthousiasme, parce que, si ça se trouve, elle ne voudrait même pas. mais moi, ça ne me dérangerait pas, lilou c'est ma famille, alors elle peut, quand elle veut. oui, très utile ce bâtiment, sinon on ne se serait pas rencontrés, et ça serait triste, quand même. très triste. moi, je suis bien plus heureux depuis que j'ai lilou à mes côtés. pis je regarde dans le même sens qu'elle. du chocolat. j'en ai des étoiles aux yeux. ouuuuuui, j'aimmmme le chocolat, surtout le blanc ! on  y va ? j'avance un peu plus vite, sa main dans la mienne. direction le chocolat. comme des enfants.

et puis, je me dis que même si ma tente est toujours là, je pourrai passer le voir. oui, il ne faut pas de raison pour voir quelqu'un qu'on aime. alors désormais c'est sûr, je viendrai. c'est un bonne idée ! je me ferai toute petite pour ne pas te déranger, ni toi ni les gens de ta chambre. d'ailleurs, c'est qui les gens de ta chambre? je suis curieuse, peut-être trop. mais j'aime ça, m’intéresser aux gens. j'espère que théo me comprend. puis on se dirige vers le magasin de chocolat. je sens déjà l'odeur, d'ici. on entre et je vois qu'il y a même des tables. je souris de plus belle, puis je me dirige vers l'une d'elles pour m'y asseoir et y déposer le petit jouet volé de la pharmacie. c'est comme ça qu'on fait, non? après, quelqu'un vient nous voir pour nous demander ce que l'on souhaite prendre. je ne sais pas, je n'ai jamais trop eu le sens de convenances. tu sens cette odeur? j'ai une idée, je vais te payer du chocolat blanc. ce sera comme un cadeau ! oui, ça me fait plaisir de lui faire plaisir si ça lui fait plaisir. je passe ma main dans ma poche. mes doigts effleurent quelque chose. quelque chose de minuscule. mais quelque chose qui a un poids, parce que depuis tout à l'heure, je sens cette chose peser contre ma peau à travers le tissu de mon pantalon coloré. j'extrais avec peine ces choses oubliées de la veille, puis je les examine. ce sont des perles. trois, pour être précise. elles sont pleines de couleurs si bien qu'on ne pourrait en choisir une pour les définir. et tout à coup, je me souviens. je les ai trouvées enfouies dans le sable, hier soir. je les avais ramassées parce que je les avais trouvé belles. jolies, douces comme le sable qui leur a servi d'écrin pendant tant de temps. c'est poétique, une perle. comme la vie. j'en pose deux délicatement sur la table, en gardant une précieusement dans ma main puis je m'approche de théo. je passe ladite perle dans le fil de son gilet puis je fais un nœud au bout, pour que jamais elle ne s'échappe. voilà. comme ça, tu auras toujours quelque chose qui vient de moi avec toi ! puis je lui donne la deuxième perle. ce sera pour théana, comme ça peut-être que je l'aiderai un peu moi aussi. ça me fait sourire. peut-être que je me trompe. puis je finis par prendre la mienne dans ma main.

elle confirme, alors moi je suis content. oh moi tu ne me dérangeras pas tu sais ! et puis eux, ben, ils n'auront pas le choix. je souris. la vérité, c'est que diane est tellement adorable que je vois mal comment elle pourrait déranger quelqu'un. y a deux garçons, sid et asher, pis une fille aussi, une québécoise comme moi ! ils sont cools, tu les adorerais ! vraiment, vraiment cools. même si on n'se voit pas souvent. on arrive au magasin, je la suis jusqu'à la table mais j'ai l'esprit ailleurs, dans les chocolats. tous ces parfums me mettent l'eau à la bouche, j'ai des étoiles aux yeux, si je m'écoutais, j'achèterais tout. c'est le plus bel endroit de banff, tu n'trouves pas ? je souris, pis je suis gêné un peu. t'es sûre lilou ? t'es pas obligée, achètes-en pour toi plutôt ! ça me gêne beaucoup qu'on m'offre des choses, vraiment beaucoup. et je la regarde sortir les perles de sa poche, elles sont belles. elle en accroche une à mon gilet, me donne l'autre sans ma main. je souris, un très grand sourire. elles sont magnifiques, merci. théana sera très contente. quand je la verrais, en tout cas. je fouille mes poches, moi aussi. elles sont vides. alors j'enlève mon bracelet en cuir tressé, je prends sa main pour le mettre à son poignet. j'y tiens beaucoup, alors je veux que tu le gardes et que tu y fasses attention, c'est mon porte-bonheur alors ça pourra être le tien aussi.

je suis rassurée. de toute façon, si je viens à l'auberge, je ferai tout pour ne pas me faire remarquer. comme une petite souris dans un trou minuscule. théo me dit les noms de ses amis, et j'approuve. rien qu'à entendre leurs prénoms, c'est vrai qu'ils ont l'air cools et gentils. peut-être qu'un jour, je pourrai leur parler. oui ! j'aimerai passer toute ma vie ici. je regarde autour de moi. tout est beau, tout sent bon. c'est le paradis sur terre. mais nooooon. t'inquiètes pas, sois pas gêné, ça me fait plaisir. faut pas qu'il soit gêné. faut qu'il soit content. un serveur s'approche de nous, alors je commande du chocolat blanc pour théo, et du chocolat au lait pour moi. le chocolat au lait, c'est vraiment bon. j'espère qu'elle sera contente! mais je sais que si elle ne l'ait pas, théo ne me le dira pas. je range la dernière perle dans ma poche. je l'accrocherai sur moi plus tard. c'est alors qu'il me prend la main. j'avais pas fait ça pour qu'il me donne un cadeau aussi, mais ça me fait sourire. avec ça, c'est sûr, je n'aurai plus aucun malheur dans ma vie. grâce à lui. oh merci... j'y tiendrai comme à la prunelle de mes yeux maintenant. il ne lui arrivera rien, promis. maintenant, je suis invincible.

toute notre vie ici. voilà, on n'a qu'à passer toute notre vie ici, dans le magasin de chocolats. rien que tous les deux, ici. moi, ça me convient. pis, on a de quoi se nourrir. moi, j'suis quand même gêné. elle a beau me dire que non, je le suis. pis elle m'en commande, et je suis encore plus gêné, d'un coup, alors qu'au début c'était juste un peu. même si ça lui fait plaisir, moi, ça me gêne, j'y peux rien. mais je souris, quand même. bien sûr qu'elle sera contente ! théana, elle est contente pour pas grand chose, quand ça vient de moi. là, ça viendra de lilou, mais de moi, puisque je lui transmettrais. et moi, je suis heureux d'avoir lilou, alors elle sera heureuse pour moi. alors c'est sûr, elle sera contente. pis je lui mets le bracelet, et ça a bien l'air de lui plaire. moi, je suis content. tu m'auras toujours avec toi comme ça, encore plus, pour quand je rentrerais à gatineau, et toi à los angeles. si un jour on se sépare, elle ne m'oubliera pas, comme ça. parce que j'ai peur qu'elle m'oublie, lilou. c'est facile d'oublier les gens.

le serveur part et laisse derrière lui une délicieuse et douce odeur de chocolat. pourquoi on peut pas manger les odeurs? ce serait bien, parfois. pas les mauvaises, les bonnes. théo a l'air tout gêné, pour qu'il soit de nouveau à l'aise, je lui fais une seconde fois ma tête de chien battu. s'il te plaît... puis je pose les yeux sur le bracelet qu'il vient de m'accrocher au poignet. oh non. ce que tu dis, c'est triste... tu vas repartir quand? je veux pas qu'il parte, moi. je veux pas qu'il m'oublie. ce serait bien si on pouvait arrêter la vie, le temps. pause.

elle insiste, ma lilou. elle insiste et fait une tête triste. alors moi, je craque quand je vois sa tête. elle est vraiment cute, et j'sais pas résister. alors je souris. simplement, pis comme toujours. je souris, encore, beaucoup. t'es vraiment fine, merci. pis par-dessus la table je vais embrasser sa joue, un peu. pis quand je suis de retour mes fesses sur la chaises, et que je mets le bracelet à son poignet, elle a l'air triste. triste que je parte, pis du coup moi aussi je suis triste. je prends sa main et j'entremêle nos doigts. un sourire. dans longtemps, longtemps, pas tout de suite, je viens juste d'arriver. je partirais quand on n'aura plus rien à se raconter, ou quand je te gosserai trop. je ne repartirais jamais, en fait, je crois. sauf, sauf pour revoir théana. pis si vraiment je dois partir avant, tu viendras avec moi, hein ? si, viens avec moi lilou. pour de vrai, pas juste pour des paroles d'enfants en l'air. pour de vrai.

il sourit, alors, ça va mieux. et il vient me faire un bisou alors ça va encore "plus" mieux. il est gentil théo, j'ai de la chance de l'avoir. le serveur revient avec ce que j'ai commandé et ça sent encore meilleur. j'essaye de retenir cette odeur pour la graver dans mon esprit, mais c'est compliqué. d'accord, ça me va alors. même si je doute qu'il me gosse un jour, comme il dit. je serre sa main dans la mienne, je suis rassurée maintenant qu'il m'a dit qu'il partirai dans longtemps. bien sûr que oui. c'est promis ! si il veut de moi, bien sûr. je ne pourrai pas supporter savoir que je le dérange, il faudrait que je parte tout de suite. ce serait horrible. moi aussi si je pars avant, tu viendrais avec moi? j'espère qu'il dira oui. en attendant sa réponse, je prends un petit bout de chocolat et le dépose sur ma langue. c'est encore mieux que ce que j'imaginais !

j'ai sa main dans la mienne, qu'elle serre, pis je souris. on sourit, on sourit sans arrêt. elle me promet qu'elle me suivra, et ça me fait tout chaud au cœur, et un au ventre un peu. ça fait un sentiment rassurant, de soulagement. j'attrape un bout du chocolat qu'elle m'a commandé pis joue avec un peu, en le faisant tourner dans mes doigts, en même temps qu'elle me retourne la question. c'est promis, je te suivrais. je lui dis sans réfléchir, et souris. pis réfléchir, j'aurais dû le faire avant, parce que je me dis que si je suis venu, c'est pour avoir de l'argent, et si elle part avant que j'ai assez, je saurais pas quoi faire. et penser ça, ça me rend triste. alors je mange mon chocolat, le chocolat ça donne le bonheur, je crois. il est très, très bon, merci lilou.

il me promet qu'il me suivra. tant mieux, tout va bien alors. le chocolat est si bon que quand je m'en rend compte, il m'en reste moins de la moitié. les bonnes choses se finissent vite, il paraît. enfin, non. on dit "les blagues les plus courtes sont les meilleures", ou "les meilleurs partent toujours en premier". je suis confuse, mais je me comprends. lui aussi me dit qu'il trouve ça bon, alors je lui souris. mais de rien petit théo. je fixe les petits carreaux qui restent dans l'assiette, orphelins. je me dis que quand le dernier aura disparu, il faudra se dire au revoir. on ne peut pas rester indéfiniment. mais j'espère qu'un jour, on se reverra. de toute façon, on se l'est promis.

je la regarde, je souris. elle, elle regarde son chocolat, et moi, je continue de manger le mien avec gourmandise. mais bientôt, j'ai fini, et je regrette de l'avoir mangé aussi vite. je mange toujours vite quand c'est quelque chose que j'aime. les meilleures choses partent trop vite avec moi. comme lilou. c'est l'heure, on va devoir partir, chacun de notre côté. ça sent la fin. c'est triste. tu m'appelles si tu veux voler un autre jouet, un jour? ou même si elle ne veut pas en voler, j'aimerais juste qu'elle m'appelle, qu'elle m'envoie un message, même juste un point dans un sms. comme ça je saurais qu'elle est en vie.

y'a plus rien devant moi. une table vide, mes mains, et un de mes poignets marqué du bracelet porte-bonheur de théo. je le regarde avec un sourire triste. voler des jouets, je le ferai à l'infini avec lui. oui, bien sûr. c'est promis. d'ailleurs, le jouet est toujours sur la table. on a croisé aucun enfant triste. tant mieux, dans un sens. alors je crois que je vais l'emmener avec moi et l'exposer dans mon musée de souvenirs. comme ça, théo aura sa place lui aussi. je regarde ma main. son numéro de téléphone y est toujours inscrit à l'encre noire. j'espère que tu iras mieux. je désigne son sac de médicaments du menton, avec un sourire. sa maladie a au moins quelque chose d'utile. sans ça, on ne se serait pas rencontré. au revoir, alors? voilà, il fallait le dire.

elle me promet, et je souris. elle, elle a un sourire triste, j'aime pas beaucoup ça, je dois dire. ça me rend triste pour elle. je regarde mes médicaments qu'elle me désigne. oh c'est juste des migraines, c'est pas grave. je souris encore, et finalement je me lève pour la serrer dans mes bras. fort, fort, fort, qu'elle n'oublie jamais mes bras. jamais. puis je la relâche et la regarde dans les yeux. oh non, pas un au revoir, c'est bien trop triste, ça me brise le cœur, c'est comme si on ne se verrait plus jamais après.. à bientôt, plutôt? pis on s'appelle et on s'fait une bouffe. éventuellement.

les migraines, ça me semble un peu grave. je me souviens, je connaissais quelqu'un qui avait ça, et je sais que cette personne avait très mal. ça me fait de la peine pour lui, s'il souffre. mais c'est comme ça, on ne peut rien y faire. il se lève pour me faire un câlin. dans ses bras, on est bien. c'est chaud, c'est rassurant. c'est lui. je souris puis je viens déposer un gros bisous sur la joue. c'est vrai que les au revoir c'est triste. trop triste pour nous. ah oui, pardon ! à bientôt c'est mieux. alors à bientôt théo ! puis je lui montre ma main avec son numéro imprimé à l'encre noir dessus. je devrais me le faire tatouer pour ne jamais l'oublier. et je commence à m'éloigner.