Aller avance. Avance et que jamais ça s'arrête. Bouge toi, remue toi. Vas là-bas. De l'autre côté du monde. Vas découvrir le monde. Laisser toi aller. Laisse toi porter. Par le bain de foule. Le bain de la houle. Laisser toi porter. Laisse toi filer en fumé. Une clope au bec. Sentir le goût amer et sec. La chaleur qui embrase. S'embrase. Par le feu. Putain du feu. « Excuse t’aurais du feu par hasard ? » Comme ça, demandé à la volé. A un passant. Comme ça juste en passant.

Juste comme ça, s'arrêter. Pour quémander. Comme un mendiant. Un con, chiant. Pas de feu, c'est comme si t'avais pas tes papiers. Pas d'identité, rien pour fumer. Rien pour te détendre, te calmer, te la fermer. Et tu reçois le saint graal, sans un râle. Journée ensoleillé, bien commencée. « Merci mec » Un sourire constipé, pour remercier.

Puis t'es prêt à repartir, fouler le pavé sans t'arrêter. Mais voilà une inconnue, belle ingénue. Un boulet, qui vient tout percuter, tout faire tomber. Pas habillé, à l'air un peu paumé. Elle s'adresse à toi, pour la même chose que tu tiens entre tes doigts. Un bâton de tabac, que t'as même pas le temps de sortir, que l'autre gars vient la servir. Pour elle le choix du roi, même si la demande était pour toi. « Blonde ou brune ? » Tu vas pas râler, elle à l'air échouée, lui il à l'air dérangé. Faut pas râler, juste accepter.

c'est bizarre, marcher à nouveau ici mais en même temps, c'est un peu chez elle, alors elle souris, un peu. sa tignasse coincée dans l'écharpe, elle cherche depuis deux minutes un fumeur, sa cigarette toujours éteinte entre les lèvres, un peu fatiguée de chercher en vain. Elle passe à côté d'un groupe sans prêter attention jusqu'à sentir l'odeur de la cigarette, elle s'arrête et fait demi-tour mais hésite en voyant la brune se rhabiller en pleine rue. Elle arque un sourcil mais se lance quand même, cachée derrière le brun, elle tapote son épaule excuse moi j'veux pas casser votre tripe mais, t'aurais du feu ? ça fait dix minutes que j'cherche là ça m'a gavée. un sourire désolée.

Comme les autres, t'es aussi paumé. Stoppé dans ta rêverie, t'as juste envie de te barrer. Fumer ta clope, l'assassiner. Reprendre ta route sans discuter. T'es sauvé et pourtant, pourtant c'est pas terminé. La femelle demande où elle est en plus de la clope qu'elle t'a refusée, comme si tu le savais. Tu regarde pas les panneaux. Tu fais pas gaffe au signaux. Toi tu vas. Juste comme ça. Alors t'essaye de te repérer, de t'y retrouver. Dans le dédale des rues. Te souvenir de quelque chose qui pourrait t'aider, quelque chose que t'as vu. « J’en sais pas plus que toi meuf » Et tu répond faussement vexé. Comme ça, juste pour pas t'éternisé. Et l'autre il cause pas, et l'autre il bronche pas. Puis y'a une autre demoiselle qui se ramène. Tu pris pour pas qu'on t'enchaîne. Parce que tu veux juste te sauver. Recommencer à marcher. T'éloigner. Loin de ces paumés. De la misère humaine de la matinée. Reprendre le file de ta journée. C'est à l'autre gars qu'elle cause. T'es pas mis en cause.

elle sourit d'un air un peu désolée au tatoué qui lui offre son feu et se penche un peu en avant pour griller le bout de sa cigarette, inspire une bouffée, la recrache et sourit plus franchement ah, merci, c'que ça fait du bien. puis c'est la voix de la brune qui attire mon attention, j'arque un sourcil, un demi sourire sur les lèvres en la regardant partir à l'opposé. ben alors, quelle mouche l'a piquée celle là? j'hausse finalement les épaules et reporte mon intention sur le tatoué, lui sourit bon, ben bonne journée. que j'ajoute en un sourire amusée. drôle de rencontre. J'adresse un signe de tête au blond également avant de repartir dans les dédales des rues. c'est drôle, les rencontres que nous font faire l'inconnu.

Ça s’envole. Comme une nuée de moineaux, elles prennent toutes leur envole. La brune se débine avec sa mauvaise mine. Bizarre elle fou les jetons comme le blizzard. T’as pas de réponse à lui donner. Toi même t’es paumé. Ça a pas l’air de lui plaire. Ça a pas l’air de le faire. Toi t’es largué. T’as encore rien capté. Comme personne d’ailleurs. Vaut mieux aller ailleurs. « Elle est tarée elle… » Tu la regarde s’éloigner. Blasé. Puis c’est au tour de la blonde de se sauver. De vous laisser. T’as rien compris. Pas tout saisis. Alors tu regarde l’autre, le gars. Comme toi. « Bon bah, merci encore mec et bonne journée quand même. » Un signe de tête entendu. Puis tu reprends ta marche pour rejoindre les avenus. Les mains dans les poches. La clope au bec, à la quelle tu t’accroche. Vivement que tu rentre chez toi. Vivement que tu laisse tout ça loin derrière toi.