J'avançais doucement, d'un air indécis, je n'arrivais pas à trouver cette foutue ruelle. Pourtant papa m'y a déjà emmené pour que je puisse visiter mon nouvel appartement.. Je faisais deux, trois allers-retours cherchant en vain cette rue. Je regardais l'adresse, ce n'était pas censé être si loin que ça. De toute façon, le sens de l'orientation et moi ça a toujours fait deux. Un immense soulagement lorsque je reconnais enfin ma nouvelle habitation, une résidence privée, papa a fait fort sur ce coup-là. J'me demande si c'est pas trop grand pour moi toute seule, j'devrais sûrement poster une annonce en recherchant un ou une coloc' histoire de.. M'enfin on en était pas encore là. J'ouvrais la porte, les meubles étaient déjà installés, ça raisonnait encore.. Je déposais mes valises en vrac et finis par ressortir aussi vite en refermant la porte.
J'avais envie de découvrir cette ville, d'voir comment étaient les gens ici, si ça change de la Nouvelle Orléans.
Je parcourais les rues près de chez moi, repérant ce qu'il y avait autour pour ne pas me perdre en rentrant. OUUUTCH. - Oh ! Je suis vraiment désolé ! La cruche qui a la tête en l'air pour pas changer. J'ai nommé; ARIJE. - je ne regardais pas devant moi.. C'est d'ma faute. J'viens d'arriver et j'me tape déjà la honte, bah bravo meuf !

Le temps passe comme ça, comme le vent. Tu sais pas où tu vas. Tu t’enfonce juste dans le dédale des rues, te laissant porter au grès du vent. Comme le temps. Parce que tu n’as que ça devant toi. Du temps. Pour tout recommencer, pour tout retrouver. Pour te retrouver. Toi, juste toi. Petit Neo qui vient pas de là. Qui connait rien, qui sait rien. Justement, tu veux tout voir, tout savoir. Apprendre à connaître, pour plus tard reconnaître. Parce que t’aime ça l’aventure. Au moins ça ne laisse jamais le goût de la torture. Alors tu te laisse porter, sans regarder où tout ça va t’apporter. Parce que toujours tu trouve ta route, même si l’inconnu t’aveugle. T’es presque joyeux, un fin sourire sur les lèvres, tu savoure la journée qui s’élève. Puis tu croise son chemin. C’est surprenant, pas évident. Tu l’as pas vu débouler, tu étais trop entrain de rêver. Tu retourne à la réalité. Les pieds sur terre.« Non non ! Moi non plus je faisais pas attention. » Elle s’excuse, t’as presque envie de rire, mais tu garde ton sérieux. « Ça va ? Tu t’es pas fais mal ? » T’es presque inquiet. Tu t’en veux d’avoir osé t’échappé et de t’être transformé en vrai danger.

Il était un peu plus grand que moi. Blond patine. Le contraire de moi, physiquement mon opposé, ses yeux noir perçant, il me fit avoir un moment d'hésitation avant de pouvoir parler. Moi qui parle toujours, je ne m'arrête jamais, c'était le comble. Je souris. Il avait l'air plutôt gentil à premier abord, puis il ne devait pas être beaucoup plus vieux que moi, du moins je ne pense pas.
AHAH ! Me faire mal ?! A moi ? Il lui en faudra beaucoup plus que ça quand même.. - Ca va t'inquiète pas ! Je ne suis pas en sucre. J'en ai peut-être pas l'air vu comme ça mais je suis du genre coriace. - Tu habites dans le coin ? Ce serait cool que ce soit mon voisin, je me sentirais moins seule au moins. J'dois avouer que cette ville, ce nouvel envol me faisait un peu flipper, je n'avais encore jamais bougé autre part que chez moi, un père -trop- protecteur, une mère qui veut faire de moi sa poupée miniature, elle aimerait tellement que je suive ses traces et que je puisse avoir une grande carrière de mannequin.. Je ne pense que cela pourrait me correspondre, non, je ne suis pas faite pour tout ça moi, j'ai envie de croquer la vie à pleine dent, de vivre au jour le jour, de connaître les vraies valeurs de la vie, c'est un peu le "pourquoi" de cette nouvelle vie.

T’es déstabilisé, trop vite ramené à la réalité. Parce que t’aime bien te laisser flotter, laisser ton esprit s’échapper. Parce que les rêves font moins mal. Parce que dans ses moments là t’es invulnérable, intouchable. Pourtant… Pourtant non. La preuve en est, elle t’as terrassé. Mais c’est rien, juste un mal pour un bien. Parce qu’elle a rien avoir avec toi. Parce qu’elle est cash, tout le contraire de toi. Elle a pas l’air traumatisé, juste un peu chamboulé. T’es rassuré, alors tu te laisse aller. Un petit sourire. « On sait jamais » Elle aurait pu être une pimbêche, du genre qui prend la tête. Pour rien, pour pimenter son quotidien. Mais elle à pas l’air comme ça. Puis elle te pose la question, qui trouble d’avantage. Tu sais même pas où tu es, tu t’es trop laissé flotter. Tu jette un coup d’oeil autour de toi, pour te retrouver. « Euh… Oui un peu plus loin, enfin je crois. » T’es nerveux et hésitant, mais c’est ce genre de questions que se posent les gens. Les gens normaux, qui n’ont pas de maux, comme toi, Neo. T’es pas trop sociable, plutôt maladroit et peu aimable. T’es trop timide, trop livide. Tu préfère qu’on t’ignore plutôt qu’on t’adore. Parce que t’as jamais trouvé les vrais, ceux qui savent apprécier, qui savent aimer. C’est plus facile de se méfier. Mais t’es ici pour changer. « Et toi? » Alors faut que tu te laisse aller, que tu te laisse apprivoiser. Tu n’as aucun mal à essayer.

Je tournais la tête de gauche à droite d'un air désolé, il n'était pas tombé sur la bonne personne s'il cherchait une fille fragile. Je regardais autour de nous, on n'avait pas bougé, moi j'étais sortis pour partir à la conquête de cette nouvelle ville, de mon nouveau " chez moi ", je l'invitais donc à se joindre à moi, à moins c'qu'il avait autre chose à faire, ce qui était possible d'ailleurs. - Je t'invite à t'joindre à moi mais si t'as des trucs à faire c'est pas grave hein ! Il avait l'air un peu mal à l'aise, c'est peut-être de ma faute ? J'ai peut-être dit un truc qui fallait pas ou je sais pas... Mais c'est vrai que j'avais envie de me faire de nouveaux amis, d'avoir mon petit entourage petit à petit histoire de ne pas trop sentir la distance avec mes proches. - Oui, à deux pas d'ici ! Lui dis-je en pointant du doigt ma résidence au loin.
Je marquais une pause avant de rétorquais une nouvelle fois. - D'ailleurs si tu connais quelqu'un qui cherche un logement, je suis à la recherche d'un ou une coloc' et comme je ne connais encore personne ici..

L’accompagner ? Pourquoi pas. T’as rien à faire, rien à perdre. Juste un peu de compagnie, pour t’apporter un peu de magie. Un bon moyen de faire connaissance, de sortir de ta transe. C’est pas désagréable, qu’elle soit agréable. Tu souris toujours, parce t’as presque confiance, aucune défiance. « J’accepte, j’ai rien à faire, ça m’occupera. » Ça t’évitera de flâner et de bouder la réalité. Parce que maintenant ta vie c’est ici. T’as tout à découvrir, tout à construire. Alors tu trouve le courage, de passer pour quelqu’un de normal. Tu suit des yeux ce que pointe son doigt, c’est pas très loin de toi. Peut-être que tu l’as croisera plusieurs fois. « On doit pas être loin alors… Mais je t’avoue que je suis comme toi, je connais personne encore. » Tu dis ça presque avec une note d’amertume, parce que même si tu aime la solitude, t’aimerais en dire autrement. T’aimerais être comme tout le monde. Des amis, des vrais, des faux, peut importe. Partager ta vie, avoir confiance, avoir envie. Mais tu connais pas ça, c’est pas encore pour toi. « Je te propose qu’on avance pour pas se faire rentrer dedans encore une fois. » Tu souris de nouveau et tu décide d’ouvrir la marche un peu hésitant, pour suivre la direction dans laquelle elle allait avant cette interruption. Encore une fois tu te laisse porter, mais tu essaye de rester concentrer. Sur elle, sur ce qui se passe, là, tout autour de toi. Pour pas t’envoler encore une fois. Tu mets les mains dans tes poches, mais pas ta langue. Faut que tu te force à parler. « Donc si j’ai bien compris tu viens d’arriver ? Pourquoi avoir choisi ici ? » T’es curieux. Peut-être un peu trop. Puis maladroit aussi. Parce que t’es pas trop causant normalement. Mais tu t’y risque, pour que le silence soit meublé et pas passer pour un taré.

Ah, good, il n'avait rien d'prévu non plus, c'était déjà un bon début. Tant qu'à faire autant rien foutre à deux ça fera passer l'temps plus vite et j'avais pas envie d'me retrouver seule dans cet appartement pratiquement vide avec des voisins que j'ai pas encore eu la chance de découvrir ou la malchance.. Qui sait ! C'est peut-être des cons, putain. Je souris. Sourire de compassion, on était deux dans le même bateau. Je remuais la tête, en effet, il devait pas habiter très loin d'chez moi, tant mieux si ce début de rencontre se passe bien, j'saurais quoi faire et surtout qui voir quand j'me sentirais seule. - Ouaip, puis surtout a l'air un peu cons, planter là ! Un large sourire aux lèvres, j'attrapais son bras, débutant ma marche dans le sens qu'il avait indiqué. J'étais le genre de fille plutôt sociable, qui s'met vite à l'aise, la meuf passe partout ahah.. Bon ça dépend dans quel contexte aussi. Je tords ma bouche, laissant sortir un léger soupir d'entre mes lèvres. - Ouais c'est ça. Bah en fait j'en avais marre de mon train-train habituel, de mes parents surprotecteurs envers moi, ça m'a lassé, j'avais envie de découvrir la vraie vie, apprendre à compter que sur moi même.. Tu vois le genre.. Pour ici, j'ai pas vraiment choisi, c'est surtout pour mes études en fait. Je parlais avec un soupçon de regret tout de même, ma famille me manquait déjà et, pourtant j'étais pas partie depuis super longtemps et c'est pas comme si je les avait jamais au téléphone.. M'bon. C'est mon choix. - Et toi alors ? Il avait l'air plutôt mystérieux comme gars, pas l'genre qui pète plus haut que son cul, pas le genre s'exprimer facilement, il m'intrigue un peu j'dois dire. Il avait son petit charme..

Tu souris, parce qu’elle a raison. Faut être assez con pour rester planter là à se regarder dans le blancs des yeux. Elle est franche, impulsive, imprévisible. C’est assez déstabilisant, mais ça te rend souriant. Elle a pas froid au yeux et a l’air de savoir ce qu’elle veut. Moins complexe que toi, peut-être plus agréable que toi aussi. Surtout plus vivante. Toi t’es trop mort, depuis trop longtemps. Trop distant, trop chiant. Un mirage, juste une image. Alors ça te change un peu d’animation, un peu d’action. Tu la laisse prendre ton bras, même si c’est un peu étrange pour une première fois. Tu suis sa marche, des petits pas, tout le contraire de toi. Puis tu l’écoute. Tu t’intéresse, comme les gens normaux le font. Tu l’entends soupirer, peut-être que ta question l’embête, pourtant non, elle y répond. T’écoute sagement, son débit de parole important. Une bavarde, ça change de toi. Toi t’es pas comme ça, tu sais pas te livrer aussi facilement, puis t’aime pas parler de toi. Mais dans un sens elle est un peu comme toi aussi. Elle a voulu voir du pays. Tu hoche la tête pour accompagner ses paroles, comme pour confirmer. Tu comprends parfaitement. Puis elle retourne la question. T’aimerais pouvoir parler comme elle, te livrer comme elle. N’avoir peur de rien, cesser de te préserver. « Je… Euh j’avais besoin de prendre un nouveau départ. De changer de vie, de tout quitter et tout recommencer… » T’es hésitant, pas vraiment sûr de toi. Tu reste évasif, trop confus. Tu mets pas, mais tu dis pas tout. Y’a du vrai, oui. Oui tu voulais tout laisser derrière toi. Oui tu voulais tout recommencer. Tout oublier, ce qui fait mal, ce qui allait mal. Parce que t’es trop lâche. « Enfin, rien de bien intéressant… Tu fais quoi comme études si non ? » T’essaye de changer de sujet, d’y échapper. T’aime vraiment pas aborder ce sujet, tu préfère le laisser là où il est, dans un coin de ta tête. « Si c’est pas indiscret bien sûr. » Encore un rire nerveux, pour pas passer pour un boulet. Faut que tu détende Neo, respire et laisse toi aller, elle va pas te manger.

J'arbore la rue qui défile devant mes yeux, je regarde de partout, ça me faisait encore bizarre d'être ici, j'avais envie de me pincer pour pouvoir être sûr que je ne rêve pas, parti tête première en plein terrain inconnu, ne pas connaître les coins branchés ou les coins plus sinistres à ne peuvent y mettre les pieds, les cachettes secrètes pour être tranquille... Avoir des endroits préférés, d'autres qu'on déteste, tout c'genre de trucs. Nos bras entrelacés, je ne prenais pas conscience de la valeur de mon geste, de ce qu'il pouvait ressentir, j'avais encore une fois agis sans réfléchir, j'hésitais à retirer mon bras... Il était parti pour un nouveau départ lui aussi, il était hésitant, son regard sombre, son regard dur, un regard déstabilisant presque.
Moi, j'étais plus expressive, plus volage, plus énergique, je faisais passer mes émotions à travers mon corps, je disais tout haut les paroles que j'ferais mieux de garder au fond de moi, je suis comme ça moi. Je suis le feu ardent qui ne cesse de grandir, je suis similaire à un feu d'artifice, pleine de vie, de couleurs vives et d'explosion quand tout va mal. - Tout recommencer ? Cela veut dire que tu fuis quelque chose que tu aimerais oublier ? Recommencer ? Le recommencement d'une vie, le début d'une nouvelle vie disent-ils ? Comment cela est-ce possible ?! Ce serait se mentir à soi-même, personne ne peut oublier son passé, le troquer contre un autre, plus beau, plus joyeux, notre passé c'est notre vécue, notre passé c'est notre personnalité, si t'en as pas, tu n'es rien. Personne. - Non pas du tout, je suis en socio et langue en fait... Malgré ma gueule je suis une meuf plutôt intelligente faut l'avouer ! La meuf qui se vante pas beaucoup t'sais, good, good Arije continue.. J'étais pratiquement polyglotte quand on y repense bien. - Et toi t'études encore ou tu bosses ? Je plonge mon regard dans le sien, voir un semblant d'émotion, à la recherche d'une touche d'expression..

Tu fuis Neo ? Oui tu fuis. Tu fuis ta vie. Tu fuis pour trouver une accalmie. Tu t’es sauvé pour échapper aux choses qui blessent. Aux choses qu’un jour il faut qu’on délaisse. Comme ça, sur un coup de tête. Pour échapper aux choses abjectes. De la vie. Tout ce qui pourri cette galaxie. Tout ce qui fait mal. Toutes ses choses qui enfoncent dans les profondeurs abyssales. Que tu peux pas repousser. Parce qu’un jour tu les as choyées. Alors il reste que ça. La fuite. Et ensuite ? Il faut tout recommencer. Tout repenser. Ailleurs. Mais t’y arriveras Neo, parce que t’es un batailleur. Un lâche, un menteur. Mais un batailleur. A jamais. Tu vas essayer. Sans les faire les mêmes erreurs. Parce que maintenant t’es ailleurs. Oui, t’es là. Avec une fille à ton bras. « Oui, on peut dire ça. » Tu souris nerveux. Parce que c’est affreux. Tu veux pas en parler. Tu veux pas expliquer. Tu veux juste l’oublier. Le laisser. Là. Juste derrière toi. Avancer et tout recommencer. Parce que t’es plus lui Neo. Maintenant faut que tu deviennes un héros. Un bon. Pas un con. Alors vaut mieux parler d’elle. Elle, qui a encore des ailles. Comme un papillon. Plein d’illusion. Joyeux. Des étoiles pleins les yeux. « C’est bien, t’as de l’ambition ! » Elle te fait rire. Presque faiblir. Parce que toi t’es pas comme ça. T’es fais pour ça. Jamais t’y es arrivé. A bosser. A te défoncer. Pour une cause qui te plaît. Tu préfère abandonner. Rester là, à rêver. A te morfondre. A fondre. Non, t’as encore un peu de chance. Du fric en abondance. Fils à papa. Que jamais on oubliera. Que toujours on voudra soutenir. Même si tu veux pas t’en sortir. « Ni l’un ni l’autre. Je fais rien de ma vie… Pour l’instant en tous cas. » Et t’y crois ? T’es qu’un rat. Toujours à ronger. Toujours à rogner. Capricieux. Vicieux. T’as pas encore trouvé. De quoi t’occuper, de quoi te bouger. Simplement pas trouvé une raison de vivre. De survivre. « En même temps je cherche pas, c’est pas pour moi le travail. » Encore un rire nerveux. Espèce de cul-terreux. T’es trop rêveur pour appartenir à ce monde. Ça en devient immonde. Tu t’es trompé de vie Neo. Parce qu’à tes yeux, rien n’est assez beau.