10 juin 2014, 7:59.


t'allais enfin partir. tu venais d'arriver à banff, mais t'avais envie de découvrir autre chose. alors le road trop t'appelait. et puis, gentille sookie avait bien voulu de toi, la pauvre. enfin, t'avais fait un petit bisous à ta maman, t'étais sur le trottoir, avec ta valise et ton ardoise. t'avais écrit sur l'ardoise, pour qu'elle te reconnaisse. même si une fille avec une valise sur banff avenue, c'est pas très courant. t'avançais un peu et tu toquais. ça devait être la bonne maison, y avait une voiture de sport à côté. et sur ton ardoise t'avais inscrit quelques mots.
hello i'm alyn. please love me.

toc toc toc. j'vais ouvrir. et là j'vois une petite blonde avec les dents du bonheur, et une pancarte. bon, bah c'est elle. et autant dire que j'la regarde bizarrement. « salut... » j'la regarde de haut en bas, elle est encore habillée en mode banff, et moi... bah moi j'suis toujours avec des louboutins et puis une robe légère. en prévision du voyage qui nous attend, parce qu'il peut faire 10 degrés à banff, mais dans l'oregon, il fera chaud. et puis j'ai déjà les lunettes de soleil coincées dans les cheveux. « t'as trouvé un hôtel ou quelque chose à cannon beach ? » que je balance en avançant vers le perron après avoir mis ma veste en cuir. j'vire les clefs du studio de mon porte-clef et j'les fout dans la boite aux lettres. ça c'est fait. j'lance ma main vers ma voiture, déverrouille ma voiture. « allez hop, traverse la route et va mettre tes affaires dans le coffre. »

elle te regardait de haut en bas. qu'est-ce qui a ? t'avais mal accordé tes vêtements ? oh non. tant pis, tu lui faisais un large sourire et écoutais ce qu'elle avait à dire. en tout cas, elle était très jolie sookie. si t'avais un hôtel ? non. t'aurais pas pu appeler toi, et puis t'avais pas encore internet à banff. t'effaçais et t'écrivais sur ton ardoise, elle allait croire que c'était une blague.
non je verrai sur place ! ou j'achèterai une tente.
elle te disait d'aller ranger ta valise. tu hochais la tête et ouvrais le coffre, gardant ton sac à dos à fleurs. oh. elle avait beaucoup de bagages sookie. tu rangeais ta valise et t'asseyais du côté passager. sur l'ardoise.
tu veux un gâteau ?
tu lui faisais un petit sourire.

elle efface qu'il y a sur son ardoise, et puis écrit un autre truc. non mais elle déconne ? elle a pas de langue cette fille ? en plus, elle dit qu'elle n'a pas d'endroit où dormir, bien, bien. on va arriver à plus de 23 heures ce soir, si on a de la chance, et elle trouve quand même le moyen de ne pas s'inquiéter. normal. « attends, t'es... muette ? » oui, j'viens de comprendre, c'est super. j'sais pas comment j'vais faire, pour discuter vite fait dans la voiture, ça risque d'être sympa. j'la fais se diriger vers la voiture, et puis j'avance derrière elle, et mets toutes mes valises et sac dans le coffre. heureusement que j'ai de la capacité quand même. et puis je m'assois à ma place, met le contact et regarde la jeune fille à côté de moi. elle me demande si j'veux un gâteau : « ouais, mais un seul, ça va tomber sur mes fesses après. » et puis j'me râcle la gorge et en reculant, je demande : « sinon, t'as pas un téléphone sur lequel tu puisses écrire et lui, il le dit ? ce serait plus simple... »

oui t'étais muette, pas de naissance, mais muette. alors tu hochais la tête pour lui répondre, t'avais pas besoin d'écrire cette fois. ça surprenait toujours les gens. toi, à force, ça te faisait sourire. elle acceptait ton gâteau. tu souriais, ouvrais ton sac, en coinçais un dans ta bouche et lui en tendais un autre. du coup, tu disais rien, t'écrivais rien plutôt. elle commençait à parler de téléphone. tu haussais un peu les épaules. t'hésitais, t'écrivais.
je sais pas si peux, j'suis un peu nulle. t'effaçais. tu sais toi ?
ça serait peut être plus pratique oui. c'est pas bête.
trop jolie ta robe, tu l'as achetée où ?
large sourire. tu dévoilais ta dentition maladroite, heureuse de partir avec sookie.

elle hoche la tête. putain, c'est super, fallait que je me débrouille avec ça, avec c'que j'avais, une muette. « c'est de naissance ? » ouais, j'ai pas ma langue dans ma poche et j'm'en fous de poser la question qui n'est pas forcément appropriée, j'ai toujours été comme ça, ça ne changera pas. j'prends finalement son gâteau, le garde entre mes doigts pendant que je fais ma manœuvre et ne le mange que lorsque je suis prête à partir. j'regarde son ardoise, tant que je suis encore à l'arrêt et j'lui demande : « t'as un iPhone ? j'sais comment faire sur les iPhone... » et puis elle demande où j'ai acheté ma robe. « Elie Saab, la collection prêt-à-porter de printemps-été. j'en ai d'autres dans mes valises, j'te montrerai si tu veux. », et j'lui lance un sourire. c'est rare que j'sois touchée par quelqu'un, mais elle a réussi à avoir cet effet sur moi. j'm'en veux déjà.

c'était marrant, souvent, quand on découvrait ton problème, on allait pas chercher plus loin. mais sookie, elle, elle posait une autre question. ça te dérangeait pas d'y répondre. fallait bien que tu vives avec ça. alors tu fais non de la tête, et tu écris.
depuis deux ans, un accident de voiture.
tu rajoutais un petit smiley à la fin. un smiley triste, alors que toi, t"affichais un joli sourire.
c'est pour ça que t'as voulu devenir mécano d'ailleurs. peut être que t'allais pouvoir sauver quelques vies avec des nouveaux freins.. enfin. tu lui tendais ton iphone. t'y connaissais pas grand chose, tu venais de le recevoir et il remplaçait un vieux nokia bourré de stickers enfantins. pour remplacer tes stickers, t'avais choisi une coque toute fleurie, où tu voulais rajouter quelques paillettes. t'avais prévu de faire ça pendant le voyage d'ailleurs, t'avais tout ce qu'il te fallait. bref. elle te parlait de sa robe ? elie saab ? ça devait être une boutique un peu chère, tu connaissais pas trop. toi, t'allais dans des magasins pas trop chers, ou dans la friperie du coin. en tout cas, ton visage s'illuminait et tes yeux brillaient quand elle te proposait de te montrer les autres. t'imaginais déjà des robes de princesses. oh, et puis.
je pourrai en essayer ?
t'as de l'espoir oui. beaucoup. t'es un peu dans ton monde des fois, t'imagines que tout les autres sont comme toi. t'effaces tes quelques mots.
ça va être long comme voyage ?
t'es vraiment dans ton monde alyn. tu souris.