Ouais, qu'est-ce que tu fous, Mae, la bouche accrochée à celle d'un inconnu, à une heure proche de la fermeture ? Ou peut-être de l'ouverture. Tu sais pas, tu sais plus. T'es arrivé dans ce bar il y a un siècle il te semble, et le nombre de verres, t'as même plus su les compter. Pourquoi, Mae ? Pourquoi tu t'arrêtes pas pour respirer ?

Non, elles ne veulent plus se lâcher. Toi non plus, tu n'veux plus le lâcher. Visiblement. Une de tes mains remonte sa manche. Dévoile un tatouage, que tu ne vois pas, trop occupé à avoir les yeux clos, bercé par l'assurance de l'alcool et l'euphorie du baiser. Tes dents mordillent doucement sa lèvre inférieure. Tout ça, sans un mot. Tu n'sais même pas comment il s'appelle.

Tu sens sa poigne solide encadrer ta mâchoire et grognes doucement. Tu appuies ton corps contre le sien, fondu à cette exquise perte de contrôle qui te colle à la peau, comme une addiction, comme une maladie. T'es malsain, Mae. Mais sur le coup, t'en as rien à faire. Tu n'penses plus à rien, si ce n'est à ses lèvres, à ses mains. Ta respiration se hache doucement, en même temps que ta conscience, qui s'effiloche. Une de tes mains vient glisser dans sa nuque, puis dans ses cheveux, que tu serres avec un mélange de sensualité et de force.

Vos deux souffles ne sont plus que chaotiques. Deux boxeurs qui s'affrontent. Se rentrent dedans, s'esquivent, se séduisent. T'entends ta veste tomber au sol, et à ce moment, rien d'autre ne compte que lui. Ni le décor, ni les fringues, ni ta politique de vie, existante tout de même. Sa main vous rapproche, encore, et tu soupires contre ses lèvres avant qu'elles ne réclament les tiennes. Que tu lui offres, toutes barrières tombées. Tes mains s'infiltrent sous son t-shirt, et tu en profites pour le lui relever, avant de détacher ton visage du sien pour le lui retirer. Tes yeux balaient un instant son corps, et ton esprit embrumé remarque quand même les tatouages qui signent sa peau. Il découvrira aussi bientôt les tiens. Mieux cachés. Ton corps raffermit sa prise sur le sien, le bloquant entièrement contre le mur, et ton torse s'écrase contre le sien. Tes lèvres, elles, viennent dévier de sa bouche pour mordiller l'os de sa mâchoire, avec une hâte que tu contrôles mal.

Il ne suffit que de quelques secondes supplémentaires pour que tu sois au même niveau que lui. Mais ça ne te pose aucun problème, car la simple idée de vos peaux collées te rend encore plus éméché que tu ne l'es déjà. Ça tourne plus rond dans ta tête. Tu grognes légèrement à ton tour aussi lorsque ses lèvres viennent épouser ton cou. Fermes les yeux et profites, durant quelques instants. Ton torse se plaque alors contre le sien, et tu ne t'occupes plus de rien, encore moins du décor externe. Si quelqu'un rentre, tu sais que t'auras honte. Demain, un autre jour, ou peut-être que tu t'en souviendras même pas. Ta main droite revient se perdre dans ses cheveux, que tu serres un peu fort. La gauche, elle, descend le long de son torse pour tracer un sillon rendu brûlant par le simple passage de tes doigts. Ou peut-être est-ce l'alcool qui, encore une fois, décuple toutes les sensations. Après quelques caresses, tes deux mains se joignent pour ramener son visage vers le tien, et que tes lèvres, mutines, redécouvrent encore les siennes, comme si elles s'étaient manquées.

Sans t'y attendre, il retourne la situation à son avantage. C'est son animal à lui qui prend le dessus, et tu fais taire ton loup. Ce loup sournois qui te pousse à avoir toujours le contrôle. Le dessus. Qui grogne, se débat, rugit. Mais pour l'instant, tu te laisses faire. Ses mains te rendent – encore plus – fou. Tu crois entendre vaguement quelqu'un entrer dans les toilettes. Mais tu ne t'en occupes même pas, tu serais de toute façon bien en peine de savoir quoi faire. Presque imperceptiblement, tu lâches un léger gémissement, avant de passer tes deux mains dans le bas de son dos, descendant jusqu'à ses fesses pour venir le plaquer plus fort encore contre toi. Comme si t'en avais pas encore assez. Comme si la proximité n'était pas encore assez forte. Enfin, tes lèvres délivrent tes premiers mots sûrement depuis votre rencontre. D'une voix suave et dévorée par l'excitation, tu lâches un simple : « j'ai envie de toi. » à son oreille, avant de venir mordiller son lobe. Demain, tu vas sûrement le regretter, tu le sais. Mais là, t'es juste incontrôlable.