Il fait tard depuis un moment, la nuit est tombée, elle s’est installée, elle laisse couler son encre bleue autour des étoiles, tout ça. Faut que j’explique que je suis pas gay, c’est pour ça que j’ai avaler la boîte entière de tic tac. Enfin, c’est pas la vraie raison, mais c’est tout pareil. Je suis ouvert, moi, il a pas pris mon poing, je me suis juste barré. Ouais j’ai encore un goût désagréable dans la bouche, je ne sais plus trop si c’est le french ou juste le fait d’avoir pris tellement de bonbecs mentholés que ma langue est brûlée. Vous savez bien, la sensation où t’as plus de sensations sur le bout de la langue tellement la menthe te l’a bouffée ? Je crois que j’ai ça. Donc ça m’embête. Cette soirée m’a embêté. Je suis noctambule mais pas in love des soirées où tout le monde croit qu’on peut fourrer tout le monde. Nan je dois être sacrément prude à leurs yeux. Je préfère me poser ici, attendre que le goût de menthe décampe. Mais t’as une silhouette qui se dessine à la lueur de la lune. Je sais pas qui c’est – certainement pas le frencheur, il avait déjà sa proie number two – et puis je veux pas le savoir, en fait. Je sors une paille et je l’allume nonchalamment. La silhouette tangue bizarre. « eh, j’sais que t’es là, c’plus nécessaire que tu te fasses calme. »
Invité
Sujet: Re: accuser le coup. Ven 28 Nov - 18:24
Il fait nuit, nuit noire, nuit froide, nuit sans étoiles, nuit laide. Je ne sais plus pourquoi je suis sortie. Je me suis échappée par la fenêtre, comme une aventurière, avec un air d’enfant coupable. Je crois que Papa et Maman dorment, ou bien ils regardent la télé et ils n’ont rien entendu. Je ne vais jamais regarder les films avec eux, alors ils ne s’inquiètent pas. Ils doivent penser que je dors, bien sagement, comme une petite fille. J’erre dans les rues, sans savoir où aller, et puis je me perds, et j’avance au hasard, mais j’avance quand même, sans jamais m’arrêter, parce que si je m’arrête, je tombe. Tu le crois, toi, que si je m’arrête, je tombe ? Il y a de l’eau, tout droit, de l’eau, et une silhouette qui parle. Je ne sais pas qui c'est. Mais je ne crois pas que ce soit très important. Après tout, on s'en fout, non ? Alors je m'approche, et puis, comme ça, je lance – Bonjour. C'est con, ça, bonjour, dans la nuit, non ? Tant pis.
Invité
Sujet: Re: accuser le coup. Ven 28 Nov - 18:40
C’est une voix douce, calme, fine comme une jolie verrerie qui ricoche contre les étoiles. Mais est-ce qu’on a le temps d’en parler ? Le bout orange de ma cigarette s’impatiente – je me consume, que tu me fumes ou pas. « bonsoir » je dis. Puis je repense à ces légendes urbaines de la honte, comme quoi quand on répond bonsoir à un bonjour, ça fait devenir tout rouge ceux qui disent bonjour. Je sais pas si elle est comme ça, mais j’anticipe un peu. « mais bonjour aussi ça m’va » la fumée s’en va au loin, je n’vois pas très bien le visage de la fille mais elle a l’air jeune. Style ado. Style grands yeux et cheveux clairs. Du coup, je sais pas si je dois lui tendre ma clope ou pas. comme si ça avait de l'importance. « t’es là pour le lac ? » elle a l’air jolie, aussi.
Invité
Sujet: Re: accuser le coup. Ven 28 Nov - 19:11
Je plisse le nez, un tout petit peu, parce que bonsoir, c’est nul, mais bonjour c’est nul aussi, alors tant pis, alors tant mieux, alors quelle importance. Le garçon a des cheveux un peu longs qui se confondent avec la nuit, et une cigarette entre les doigts. Je vais m’asseoir à côté de lui. De toute façon, on a tout le temps. J’ai tout le temps. Je ne veux pas rentrer. Je ne veux pas me glisser sous mes draps et fermer les yeux et dormir et me réveiller fatiguée le lendemain en me demandant où est passé tout mon temps. Je ne veux pas être sage. Je veux pas faire comme si j’étais contente d’être là, comme si j’étais la petite fille parfaite dont ils rêvent. Je secoue la tête, doucement, dans le mauvais sens. Droite-gauche droite-gauche. – Non, moi je suis là pour la nuit.