T'es matinale. La température est fraîche. Tu te frottes les mains en avançant dans ce parc pour tenter de les réchauffer. Plutôt agréable, penses-tu. Joe cours dans tout les sens. Non, ce chien ne porte pas de laisse, tu n'en as jamais vu l'utilité. Et puis la liberté, c'est le rêve de tous non. Joe se défoule, il te saute dessus, signe chez lui d'une terrible envie de jouer. Tu te mords la lèvre inférieure en sortant un jouet en plastique de ta poche de veste. En faite, c'est plus une balle multicolore, mais c'est son jouet préféré. Tu le cherches, tu lui mets sous le nez et lui, il se dandine, prêt à bondir. Et puis d'un coup, tu balances la balle par dessus ton épaule pour l'envoyer à l'aveugle. Cours, joe ! lances-tu.

Il ajuste le col de sa veste en cuir, car il ne fait pas si chaud ce matin là. De grosses lunettes de soleil noires trônent sur sa tête, la clarté du petit jour l'ébloui déjà ; il est un peu dans les vapes, ce lendemain de soirée. Une cigarette est en équilibre entre ses lèvres, et il marche dans le parc désert. Les oiseaux, eux, sont déjà réveillés, et se plaisent à chantonner toutes sortes de mélodies. L'odeur de l'herbe humide est omniprésente, Bellamy apprécie ce genre de ressourcement. Quand soudain, un aboiement. Le corps crispé, il cesse tout mouvement.

Ces bruits, ils te manquaient. Les oiseaux, les feuilles qui volent au vent, les pas dans l'herbe humide. C'est un retour aux sources, en quelques sorte. Dans cette histoire, c'est Joe le plus heureux, tu te contentes de survivre depuis . . tu secoues la tête de droite à gauche pour faire fuir ces pensées. Joe est déchaîné, il court, saute, puis aboie, ce qui attire ton attention. Lorsque tu te retournes, tu découvres une silhouette crispée devant ton chien. Tu cours pour l'attraper par le collier. Qu'est-ce qui lui prend ? songes-tu. Désolée, vraiment, il n'est pas comme ça d'habitude . . bafouilles-tu. Son visage ne t'es pas inconnu, tu apprécies l'idée de ne pas tomber sur un total inconnu, ça change.

Le chien s'approche, la queue frétillante, la gueule entrouverte et le regard enjoué. À temps, sa propriétaire lui inflige une pression par le collier, ce qui l'incite à rester en place. Bellamy en profite pour effectuer un mouvement de recul, avant de poser son attention sur la femme qui maîtrise le canidé. Elle s'excuse, il ne comprend pas pourquoi ; ce chien n'a pourtant rien fait de travers, il n'était pas censé savoir qu'il était l'objet d'une phobie. Le brun tousse, un tantinet gêné. Quelle drôle de situation, il ne s'attendait pas à être surpris de la sorte. Lorsqu'il réalise enfin que la fille qui se tient devant lui n'est pas si inconnue que ça, un gémissement étonné se fait entendre. « Oh tiens. Je m'attendais pas à te revoir ! » dit-il, souriant.

Sa mine crispée indique qu'il n'est pas très à l'aise, voir même pas du tout. Joe, c'est pas un pitbull, alors tu supposes une petite phobie, mais tu n'en dis rien. Ce demi-sourire se transforme en sourire lorsqu'il te reconnaît. On dirait que cette ville n'est pas si grande finalement, ajoutes-tu en cherchant au loin le joujou tant convoité par le golden retriever. Ses couleurs multicolores attirent ton oeil. Tu te demandes ce qu'il fait ici aussi tôt. Lui aussi souffre-t-il d'insomnies récurrentes ? La question est : as-tu réellement envie de le savoir ? Ta gorge se serre. Tu es matinal, fais-tu remarquer. Tes doigts continuent de retenir l'animal par le collier. Tu reportes ton attention sur lui. Il ne faut pas avoir peur de lui, sous ses airs de dur, c'est juste une poule mouillée, il veut jouer et son jouet est derrière toi, te justifies-tu pour essayer de détendre l'atmosphère.

« Non, en effet. » souffle-t-il à sa remarque. Cette ville n'est pas si grande d'autant plus que le monde est petit. Matinal. Il rit. « Pas vraiment matinal, je dirais plutôt noctambule » dit-il doucement, tout en songeant qu'un peu de repos ne lui ferait pas de mal. « M-mais j'ai pas peur » ment-il, se grattant nerveusement le bras. Il se décale, afin de ne plus être dans la trajectoire du chien. Ainsi il pourra récupérer son jouer, sans venir se frotter contre lui. Il renifle. « C'est juste que les chiens, c'pas trop ma tasse de thé tu vois .. » avoue-t-il en se rapprochant d'elle.

Noctambule. Tout s'explique. Sa défense t'arrache un rire. Puis il se décale. Après une dernière caresse, tu lâches le fauve, émerveillé, il retrouve son grand amour. Tu baisses le regard, sans Joe pour vous séparer, tu te rends compte qu'il s'approche toi, qui nerveusement te mords la lèvre inférieure, acte qui peut faire dériver les idées. Tu plongés les mains dans les oches arrière de ton jean tout en haussant les épaules. Et c'est quoi ton truc ?, tu le fixes, toujours en torturant cette pauvre lèvre

Elle se mord la lèvre inférieure, ça le fait sourire. « Les jolies filles » articule-t-il avec insistance, avant de lui adresser un clin d’œil amical, censé lui faire comprendre qu'elle est indubitablement visée. Le chien déjà loin, Bellamy récupère un teint hâlé. Il tâtonne ses poches, sort un paquet de cigarettes et le tend à la belle Sura. « J'espère que tu as du feu, cette fois-ci » annonce-t-il, un faux air renfrogné trônant sur son visage.

Tes joues prennent une couleur rose. C'était facile. A la fois flattée et gênée, tu détournes le regard pour chercher Joe, déjà loin. Attrapant une clope dans son paquet, tu rigoles. J'ai arrêté, insistes-tu. Son regard est troublant alors tu baisses les yeux. Sinon ça bouge un peu ici le soir ? Tu serrés les dents, sur certaines syllabes, ton accent est indéniable

Une moue déforme son visage. Son regard se pose sur la cigarette qu'elle tient en main. « Hm tu as arrêté. Je vois ça. » Il ne peut retenir un petit rire, légèrement taquin. Quand soudain, elle lui pose la question. La question qu'il faut éviter de poser à Bellamy. Dès lors, son petit rictus se transforme en un large sourire. « Si ça bouge ? Bon dieu. » Il apporte la cigarette à ses lèvres, en exhale la fumée, puis enlève ses lunettes de soleil, avant de reprendre; « J'te laisse deviner à la vue de ma tête de cadavre » rit-il, encore fatigué de la veille.

Tu as arrêté, oui. A ton tour, tu fixes cette cigarette entre tes doigts, la délivrance de deux ans de frustration. Encore une fois, tu te mords la lèvre inférieure mais cette fois pour retenir ton sourire. Banff, cette ville, peut-elle faire en sorte que tu te retrouves ? Ta main libre vient tripoter la chaîne autour de ton cou et tu l'observes. Et puis il fait tomber le voile, libérant ses iris de l'obscurité de ses lunettes et répondant ainsi à ta question. Tu laisses échapper un rire. Ah effectivement, ris-tu. Ton regard soutient le sien. Mais bon . . j'ai vu bien pire ! La fumée envahit tes poumons. Et tu fais ça tous les soirs ? La curiosité t'anime.

Elle dit avoir vu pire. « Ah, tu m'rassures là » avoue-t-il, d'un petit rire. Faire ça tous les soirs ? Si il pouvait avoir assez de force pour tenir le coup, il irait tous les soirs, en effet. Mais malheureusement, c'est loin d'être le cas. « Nan. Je ne me risquerais pas à arriver au niveau du pire que tu as pu voir avant moi » dit-il, en écarquillant lentement les yeux. « Pourquoi, t'aimes ça, la fête ? Tu veux que j't'y accompagne un soir ? » Petit garçon espiègle.

Ton sourire ne te quitte plus et ça fait du bien. Il te confit ne pas pouvoir faire ça tous les soirs. A-t-il déjà testé ses limites en matière de soirée pour affirmer une telle chose ? Certainement. Tu acquiesces d'un signe de tête, approuvant sa confidence. La bouche entrouverte, tu bloques sur sa question. Aimes-tu la fête ? Tu passes une main dans ta nuque. J'adorais ça, oui. Et puis, tu as dû vivre dans l'ombre. T'accompagner serait certainement un bon début. Toujours cette main sur ta nuque, tu penches la tête sur la droite en regardant son regard, espiègle. Pourquoi pas . . mais laisser le hasard agir peut être amusant aussi, non ?. Cette fois, c'est un regard de défi que tu lui lances.

Elle adorait ça. Il se demande qu'est-ce qui a bien pu la faire changer d'avis. Puis, elle parle de hasard. Il fronce les sourcils. « Dans l'genre on s'pointe sans savoir si l'autre y sera ? » Il rit. Elle n'a pas l'air d'apprécier l'organisation, préférant laisser la vie couler comme de l'eau, guidée par le destin, le hasard. Il est d'accord. Il lui fait comprendre à travers un regard enjoué. Il remet ses lunettes, gonfle ses poumons de l'ardente fumée. « T'es timide, non ? » demande-t-il alors, ayant remarqué toutes ses petites manies.

Oui, tu adorais ça. C'était même tous les soirs, à n'importe quel moment et pour n'importe quelle raison. T'étais libre, libre de tes démons, libre tout simplement. Il demande alors confirmation. Tu secoues la tête de haut en bas, souriante. Oui, c'est ça, tu trouves pas ça plus . . excitant ? Tu avais dis ce dernier mot en levant les yeux au ciel. Ne rien prévoir. Et puis, alors qu'il remet ses lunettes de soleil sur son nez, il te demande si tu es timide. Tu passes une main dans la poche arrière de ton jean, juste avant d'hausser les épaules. Tu te pinces les lèvres. Tu laisses échapper un sourire. Non, je ne pense pas, c'est l'effet que je donne ? Bien sûr que oui, c'est l'effet que tu donnes et tu le sais. Non, j'suis pas timide, simplement je ne suis plus habituée aux rapports . . humains avoues-tu finalement.

Excitant. Il pouffe de rire. « Dans un sens, oui. Si j'avais conclu cet accord avec un petit homme gras ça aurait été un tantinet moins excitant » avoue-t-il, taquin. Il laisse son regard glisser sur le corps svelte de son interlocutrice. Une fois de plus, ses petites manies timides reviennent. Il se pince les lèvres. Ah, voilà qu'elle affirme ne pas être habituée aux rapports humains. Des pensées décalées viennent alors fulminer à l'intérieur de son petit crâne imbibé d'alcool de la veille. « Ah bon ? » Il espère qu'elle développe un peu plus, bien qu'il n'irait pas jusqu'à la forcer.

Il a raison, si tu avais été grosse, bedonnante, et repoussante, il n'aurait certainement pas eu la même réaction. Tu rigoles, ça fait du bien. Mais les choses sérieuses reviennent vite sur le tapis, "sérieuses" pour toi bien sûr. Tu l'observes un long moment, silencieuse. Sa mine étonnée. Il est mignon, c'est une certitude. C'est vrai que ton manque de pratique t'a rendu un brin timide, inexpérimentée même. Tu soupires, baissant le regard vers tes pieds. J'suis restée cachée du monde un long moment. Cette phrase est lourde de conséquences, et tes souvenirs viennent te hanter. Les chassant d'un revers de main, t'essayes de garder l'esprit léger. Tu reprends un sourire. Bref, j'ai envie d'en savoir plus sur toi, Bellamy. Détourner la conversation semble être la solution adaptée.

Lorsqu'elle dit être restée cachée du monde un long moment, les prunelles de Bellamy s'écarquillèrent. Il se fait tout un tas de films, imaginant du scénario le plus inintéressant, jusqu'au pire. Mais cette petite discussion semble la mettre mal à l'aise. Elle change de sujet, elle aimerait en savoir plus sur lui. « On peut dire que ma réputation de connard a joué en ma défaveur. J'ai du partir, et me voilà ici. Maintenant j'essaie de ne plus être un connard » dit-il, calmement, en soulevant légèrement son t-shirt. Au niveau du bas de son ventre, on peut apercevoir une cicatrice. Il en est pas si fier, mais il en est pas gêné non plus.

Tu perçois sa réaction, celle du mec qui s'imagine tout un tas de scénario autour de ta révélation. Il ne s'imagine pas à quel point c'est terrible alors . . Tu inspires profondément. Tes prunelles le dévisagent. Lui, un connard ? Tu l'imagines difficilement, mais après tout, les gens peuvent changer. Lorsqu'il relève son t-shirt, tu fixes, les yeux écarquillés, cette cicatrice. La curiosité te pique une nouvelle fois, et en même temps ça te rappelle des souvenirs, triste souvenir, ton corps aussi est recouvert de cicatrice en tout genre. Bouche entrouverte, t'hésites un instant. Et puis tu te lances. Tu devais pas être un ange . . Qu'est ce qui s'est passé ?. Ça passe ou ça casse. Peut-être changera-t-il de sujet, comme toi.

Il grimace. Il n'était pas le genre de connard à faire du mal aux gens dans le sens propre du terme, mais plutôt celui qui fait des blagues déplacées et qui drague tout ce qui bouge. Qu'elle ne s'attende pas à ce qui lui raconte une histoire extraordinaire, mêlant drogues et tueurs en série. Une histoire de flirt, voilà la cause de sa cicatrice. « Lors d'un festival, un mec m'a foutu un coup de couteau. Deux jours avant, il nous avait surpris, sa copine et moi. » avoue-t-il, pas plus gêné que ça. « Direction l’hôpital, mais plus de peur que de mal, j'ai envie de dire » Il lui sourit, pour dédramatiser la chose. « Et toi alors tu sors d'où ? »

Les histoires d'amour finissent mal, général. Cette pensée te traverse l'esprit à sa révélation. L'amour fait perdre la tête, et il avait payé les conséquences d'un homme trop orgueilleux. Tu le regardes, compatissante. Et maintenant, tu ne dragues plus les filles prises je suppose ? lâches-tu en rigolant, un soupçon de provocation dans la voix. Puis te pinçant les lèvres, tu lèves les yeux au ciel. Inspirant profondément. Je te l'ai dis, de Bulgarie, laissant un silence, tu continues, . . il y cinq ans, je suis partie de Bulgarie pour les Etats-Unis, Atlanta et aujourd'hui, je suis ici. Sourire en coin, tu t'approches lentement de lui, ton visage est proche du sien. Si je te disais tout, je devrais partir à nouveau et pour le moment, j'me sens plutôt bien ici. murmures-tu.

« Hha ha oui, on va dire que j'évite » lance-t-il alors, avec humour. Puis, ce n'est que lorsqu'elle énonce la Bulgarie, que les souvenirs lui reviennent. Comment a-t-il pu oublier ? Il faut vraiment qu'il cesse les soirées à répétition. Elle s'approche, le nombre de centimètres qui les séparent peuvent se compter sur les doigts des deux mains. L’aveu fait, Bellamy retient son souffle. « De toutes les façons, je ne te laisserai pas partir aussi rapidement, aussi facilement » dit-il d'une voix faussement sévère.

Tu es si proche, tu sens son souffle venir s'aplatir sur ton visage. L'iris de ses yeux se dilate et son regard devient espiègle malgré l'air sévère de sa voix. Par réflexe, tu te mords la lèvre inférieure. Voilà des mois que tu évites le contact humain, et depuis que tu es ici, tu ne cesses de te surprendre. Tu rentres dans un jeu . . dangereux. Qu'est ce que tu feras ? M'attacher ? demandes-tu sourire espiègle aux lèvres. Tu n'imagines pas à quel point je suis experte en évasion. Tu hausses un sourcil, laissant échapper un rire. Es-tu en train de jouer avec le feu ?

Elle évoque le fait qu'il puisse l'attacher pour la garder auprès de lui. Il sourit, espiègle, humecte ses lèvres. « C'est ce que tu aimerais ? » demande-t-il, le regard embrumé, toujours caché sous ces grandes lunettes de soleil. « Tu n'imagines pas à quel point je suis un bon chasseur » lance-t-il alors, lorsqu'elle mentionne l'évasion. Il ne bouge pas. Il aime jouer avec le feu, le Bellamy.

« C'est ce que tu aimerais ? ». A vrai dire non, pas du tout, ça ferait resurgir tellement de souffrances mais pour le fun, tu secouais la tête de haut en bas tout en te mordant la lèvre inférieure. Sa remarque te fait sourire. A quoi jouez-vous ? Un autre jeu dangereux de plus. « C'est ce que tu aimerais ? ». Tu lui retournes la question, toujours aussi proche de lui, proche de son souffle, de ses lèvres.