t'es là, devant la boîte aux lettres. tes mains tremblent, tes prunelles fuient cette vérité qui te dérange. cela fait un moment que ta lettre est écrite, et déjà quelques bonnes minutes que t'es là sans bouger. t'as le coeur qui saigne, t'as le coeur aux bords des lèvres. la gorge sèche, la gorge obstruée par ton passé. t'avances lentement ton dû vers la fente, mais c'est à ce moment là que t'entends des pas derrière toi. alors tu te ravises, et tu la caches sous ta veste.

sauf que tu te réappuies un peu mieux sur ta canne, mais que c'est pas suffisant : tu tombes, juste devant la boîte jaune, en trombe. tu serres les dents en essayant, vainement, de te relever. mais t'y arrives pas alors tu finis par demander, de la honte envahissant les notes mélodieuses de ta voix : « à l'aide. quelqu'un, s'il vous plaît. » t'aimes pas, tu détestes même, ta condition du moment. y'a des fois où tu te demandes si tu préférerais pas mourir plutôt que d'être perpétuellement dans l'attente du jour où tes jambes te lâcheront ; où elles ne répondront plus à tes suppliques, à tes appels.

C'est une simple routine , quelque chose de sentimentale . Elle est là à des milliers de kilomètres à déposer des lettres qui viennent se coucher dans un pauvre casier postale. Pardonne moi maman , mais j'ai trébuché , une pile à l'intérieur m'attends. Je crois qu'il y a 2 semaines que je ne suis pas venue , je ne sais plus , je n'ose plus compter les jours. Je m'avance donc vers l'endroit , mais je recule à certain moment , puis après je reviens sur mes pas et je repars. Enfin j'arrive à destination et je n'ai pas le temps de rentrer qu'une jeune femme demande de l'aide. Je fais aller mes yeux bleus ciel et ils s'écarquillent en voyant le petit oiseau hors de son nid. Une canne qui se meurt à ses pieds sans ses mains. «Attends attends je vais t'aider !» Je lui attrape doucement les mains pour l'aider à se relever. Qu'est-il arrivé bel ange ? Pourquoi on a poussé hors de ton nuage ?

rose. c'est la première chose que tes prunelles chocolatées remarquent. ce rose en abondance, ce rose partout. t'imagines que t'es déjà morte, ou que c'est rien qu'un enfant avec une barbe à papa. mais tes yeux s'habituent finalement à cette masse de cheveux roses. des cheveux roses, c'est dingue : t'aurais tué pour en avoir de tels quand t'étais plus petite. elle t'attrape les mains, et tu la regardes comme si tu voyais le petit Jésus en personne. ta foi qui t'avait quittée, elle revient, se logeant dans ton petit coeur. pas la foi comme tout le monde l'entend, simplement la foi en l'humanité. tu ne pensais pas que des gens pouvaient s'intéresser aux autres. surtout à quelqu'un d’impotent comme toi. t'acceptes son aide avec un sourire et tu te redresses sur tes pieds. t'es tellement touchée que t'en as les larmes aux yeux. « merci beaucoup », tu murmures, une sincère reconnaissance brillant dans tes iris. tu te baisses pour rattraper ta canne, en luttant contre tes jambes tremblotantes. puis tu t'appuies dessus. « je... je m'appelle brume. j'aimerais beaucoup vous remercier. comment pourrais-je le faire ? » tu demandes, presque suppliante. t'as une dette, parce que sans elle, tu serais comme une tortue tombée sur le dos : à lutter pour ta survie.

Elle se relève avec des ailes abîmées . Elle est courageuse oui le plus grand des oiseaux . Je ne saurais pas vivre sans le pouvoir de courir d'un bout à l'autre , de perdre mon souffle dans un marathon . Elle , elle est mennoté à un bout de bâton pour l'aider à survivre à ses membres qui tremblent . Main douce au touché je le regarde de mes grands yeux bleus comme on regarde le ciel. Un grand merci et une larme au coin de ses prunelles mon cœur de serre le temps d'un instant je n'avais jamais pensé que je pouvais être ange . Perdu dans ma violence j'ai oublié la bonté depuis longtemps . Je lui reprends sa canne et la met en dessous de sa main pour empêcher qu'elle tombe . Mes cheveux volent elle doit me trouver étrange . Un ange aux cheveux roses ce n'est pas très commun . Moi c'est Zelda et tu ne me dois rien c'est tout à fait normal , mais moi je peux t'inviter à prendre un petit café ou quelque chose ? J'ai peur que tu tombe à nouveau alors je vais vieller sur toi le temps d'un instant . Je lui replace une mèche de cheveux comme pur la rassuré elle et sa grande beauté.

t'as toujours imagé les anges blonds. parce que c'est ainsi que Michel-Ange les peins ; que la bible les dépeins. tu crois, t'es pas sûre. trop longtemps que t'en as pas ouvert une, de bible. tu peux plus ; tu veux plus. mais l'ange que tu croises aujourd'hui, elle ne ressemble en rien à ce que tout le monde en fait. sa tignasse te rappelle les barbes-à-papa que l'on vend aux foires. ça te donne faim, mais tu vas pas le lui montrer, elle te trouverait bizarre sans doute. tu peux pas t'empêcher de la dévisager, cette belle inconnue, cette belle ingénue. elle te retend ta canne, et tu la remercies d'un sourire. t'as pas envie de te confondre en remerciements ; ce serait avilissant. elle sait que tu lui devras toujours quelque chose ; que sans elle, tu serais toujours perdue. pauvre petite chose. tu l'écoutes puis tu tournes la tête de droite à gauche. « prendre un café, je veux bien. mais je vous invite, c'est la moindre des choses ! » tu déblatères, de la détermination perçant ta voix fluette. tu la laisses faire quand elle replace une de tes mèches, alors que t'es pas du genre à apprécier ce genre de gestes en temps normal ; ce genre de gestes qui cachent toujours un intérêt malsain, ancré bien profondément. mais elle, tu lui fais confiance. c'est un ange. ton ange du moment. si seulement elle pouvait éradiquer le venin... si seulement elle pouvait te les rendre, tes jambes... mais si elle est gentille, elle n'est pas mystique. elle ne fait pas de miracles. tu commences donc à avancer lentement, à la recherche d'un café. mais tu te retournes vers elle, un peu embarrassée. « je suis nouvelle ici, je ne connais vraiment pas grand chose. vous savez où il y aurait un café ou quelque chose du genre ? » tu demandes en te mordillant la lèvre inférieure. t'as honte, tu devrais tout savoir, tout connaître. mais t'es pas dieu. heureusement, parce que tu te haïrais. ou tu te guérirais, toi et le reste du monde. mais t'es pas Lui. malheureusement.