Ils disent tous que la folie c’est nuisible. Moi j’pense pas. Faut savoir prendre des risques, mais les bons. Ceux qui vous apportent des sensations ahurissantes, singulières. Sortir de notre quotidien, se faire peur, se bousculer soi même Tout ça, c’est ce que je recherche ici. Pourtant vous m’direz Banff n’est peut être pas la première ville qui vous serait venue en tête pour vivre ce genre d’aventure. Mais quand on a connu la fièvre des grandes villes et toutes les sensations extrêmes qu’elles peuvent vous apporter, il vous faut quelque chose de nouveau. Une nouvelle drogue pour compenser l’autre perdue. La nature c’est quelque chose de nouveau pour moi. La seule que j’ai connue toute ma vie c’est celle de Central Park. Excitant hein ? Tenez par exemple : je ne me suis jamais baignée dans une eau aussi pure que celle qu’on trouve ici. C’est pourquoi je suis là, sur ce petit ponton qui s’avance sur le lac. J’ai une petite idée de ce que je compte faire, mais je ne veux pas me la révéler véritablement, comme si j’essayais de me surprendre moi-même. Je ne suis pas vraiment chaudement vêtue, un simple t-shirt ainsi qu’une jupe. Mais je m’en moque, je vais le faire. J’inspire une grande bouffée d’air. Puis je place mes deux pieds sur le rebord des longues lattes de bois, dos au vide. Je ferme les yeux. Et je me laisse tomber dans l’eau.

La chute semble durer une éternité. Mais trop rapidement à mon goût je sens le contact de l’eau dans mon dos, puis je finis par m’immerger entièrement sous cette dernière. Elle froide, elle me glace la peau. Mais elle m’aide à libérer toutes mes pensées. Plus rien n’a d’importance à ce moment-là. Plus aucun geste, je suis inerte. Les yeux fermés, je sens pourtant l’eau remuer frénétiquement autour de moi. Qu’est ce qui se passe ? Y a pas de courant dans cette partie du lac, j’en suis certaine. J’ouvre les yeux mais je ne vois rien. C’est en me retournant que je peux apercevoir une paire de jambe s’agiter à quelques mètres de moi. Etrange je pensais pourtant être seule… Intriguée je remonte alors à la surface, propulsée par quelques battements de pieds. Et je le regarde fixement. L’expression de son visage montre une certaine inquiétude, voire même de la panique. Je commence alors à m’imaginer qu’il s’est inquiété pour moi. A mes yeux cette hypothèse est peu probable, mais soit. Alors soudainement je me mets simplement à rire. De joie, de bonheur, de tout ce que vous voulez. Je rie parce que l’envie y est.

L’être humain est imprévisible. Etrange aussi, je trouve. Tout ça à cause de sentiments qui nous animent et nous hantent. L’être humain il lui arrive d’avoir peur aussi des fois - malgré le fait qu’il soit le plus grand prédateur de cette planète. – Et j’crois bien que celui qui se tient devant moi a perdu son sang-froid. Sa réaction est brusque, violente. Le temps d’un instant il me fait peur à moi aussi. Pétrifiée, je ne bouge plus, mon rire s’est tu de lui-même. Je le regarde remuer l’eau autour de lui. Il me crie dessus. Je ne lui ai rien fait pourtant. « T'as pas d'autres conneries à faire que de mettre ta vie en danger ? » Non. C’est tout ce que j’ai envie de lui répondre. J’ai envie de lui balancer ce mot à la gueule comme il me balance de l’eau sur la mienne. Il a ruiné mon moment. Il a m’a fait perdre mon unique plaisir de la journée. Mais j’attends simplement qu’il se calme. L’être humain est peut être puissant, mais il n’est pas surhomme. Il va finir par en avoir marre ou se fatiguer lui-même. Lorsqu’enfin la tempête se calme, je soutiens son regard. Je ne riposte, je ne faibli pas, je me contente de plonger mon regard dans le sien pour y apercevoir le vague souvenir de sa tourmente. « Je n’ai pas demandé ton aide. Je ne t’ai rien demandé. T’es personne pour venir me gueuler dessus comme ça. » Ma voix tremble malgré moi, malgré la froideur de mon ton. Est-ce une pointe d’irritation que je sens en moi ? Ou la peur de le voir à nouveau s’emporter ?  

Va-t-il recommencer ? Je me sens telle une gamine attendant sa punition. Et comme la majeure partie des mômes, je ne sais pas pourquoi on me gueule dessus. Du moins les raisons précises ne sont pas claires à mes yeux. Mais la tempête a cédé sa place au calme. Envolée la peur, elle s’est envolée. Sur le visage de l’inconnu je peux encore voir les traces de cette dernière, mais elle devient vite un lointain souvenir. Il s’excuse. Je n’en demandais pas tant... L’angoisse d’avoir à faire à un bipolaire laisse place aux remords de ma propre froideur. Et tes bonnes manières alors ? Dois-je moi-même m’excuser ? Indécise, je ne suis pas assez rapide. Impuissante, je le regarde faire demi-tour. Curieuse, je ne peux m’empêcher de le rappeler. « Attends. » Et qu’est-ce que je dis maintenant ? Je laisse un terrible silence, bien trop dramatique à mon goût. « Merci de t’être soucié de moi. Ça fait du bien dans l’fond de savoir que le monde est encore bon. » Ils étaient pourris jusqu’aux os ceux que j’avais connus. Jamais ils n’auraient sauté pour moi. L’inconnu l’a fait. Et quelque part, ça fait quelque chose au cœur.

Elle ne s'excuse pas. Elle n'a pas à le faire. Il se retourne, lentement, l'observe au fur à et mesure que son corps bouge contre l'élément. Il rencontre ses prunelles, emplit de curiosité, la même qu'il rencontre à son égard. Pas banale cette fille. Peu s'élancerait, pour le plaisir, le frisson. Il hésite. Sur qu'elle attitude prendre, quoi lui dire. Sa main humide rencontre son menton rendu râpeux par sa légère barbe. Il a soudain froid. L'eau a transformé son t-shirt en une seconde peau qui englobe son torse d'un poids désagréable. Il doit soit sortir, ou alors...
Il plonge, disparaît dans l'eau trouble. Il revient à la surface à peine à quelques centimètres du visage féminin. Maintenant seules sa nuque et sa tête sont proies au vent frais. Comme il n'a plus pied il agite légèrement et avec lenteur ses bras autour de son corps pour rester stable. Il l'observe toujours, puis lance, presque inaudible : “Je suis Ash.”

J’ai peur qu’il s’en aille sans un mot. Qu’est ce qui me prend ? J’savais bien que la solitude serait mon unique amie ici. Mais maintenant qu’il est là, j’ai plus envie d’être seule. On se croit tous suffisamment fort pour endurer l’isolement, jusqu’au moment où on rencontre une personne, une personne qui devient un quelqu’un d’indispensable. J’veux avoir mon d’indispensable moi aussi. La moindre parcelle de mon corps est anesthésiée, je ne ressens presque plus le froid. Pourtant mes lèvres sont violettes, gelées et abimées. Mais j’ignore le froid. Je garde mes yeux plongés dans les siens, jusqu’à ce qu’ils disparaissent sous l’eau. Un court instant mon regard s’affole. Qu’est-ce qu’il fout ? L’eau est beaucoup trop obscure pour voir où il va. Alors je l’imagine déjà rejoignant le ponton. Mais je suis bien loin de la réalité, car en effet l’inconnu refait surface. Son visage est dangereusement près du mien. Je peux voir la moindre gouttelette pendre à ses cheveux pour venir s’écraser à la surface de l’eau, je peux observer chacun de ses traits. « Et moi Nala. » J’reste là, presque immobile, me contentant de battre des jambes pour me garder à la surface. « Dis Ash, t’as pas froid ? »

Nala. Il pense à la lionne dans le dessin animé. Tout de suite, avec ses cheveux blonds et son goût du danger, il trouve l'association parfaite. Sauvage c'te fille. Elle lui demande s'il a froid. Son rire écho légèrement, il lui sourit. “Tu rigoles, j'me les cailles ! Ça te dit, un café ? J'en ai dans mon sac.” Du menton, il désigne la berge, où il a laissé ses affaires.

Alors que quelques minutes plutôt il me gueulait dessus, c’est maintenant son rire qu’il me laisse entendre. Du café. Putain j’en meurs d’envie. Mon visage s’illumine rien qu’à la pensée de cette boisson. « Avec plaisir. » Je jette un rapide coup d’œil vers la berge. Hum… Il y a quand même un peu de nage à faire pour l’atteindre. Je me retourne vers lui, un malicieux sourire pendu aux lèvres. « Le premier arrivé là-bas ? » Je n’attends pas sa réponse et m’immerge immédiatement sous l’eau, direction la terre.

Elle lui propose une course et sans l'attendre, s'enfonce dans l'eau. Il plonge à son tour, effectue de grandes brasses avec ses bras, le propulsant à vitesse rapide. L'eau semble tiède à présent, alors il profite du contact avec sa peau. Par contre, elle a rendu son corps engourdi et il sent ses muscles légèrement lutter dans l'effort. Habitué à  nager, il atteint la berge en moins d'une minute. Cependant il reste immergé,  la laissant gagner. Malin, il attend sagement qu'elle sorte de l'eau, pour l'observer tranquillement.

Naïve que je suis, j’me crois en tête de la course. Je reste en profondeur, j’ai du souffle et j’me dis que j’ai le mérite d’être partie la première. Arrête de te prendre pour une sirène Nala, t’es une fille de la terre toi, pas de l’eau. J’suis humaine, oui, alors il faut que je remonte à la surface pour reprendre une bouffée d’oxygène. Je me rends alors compte que la rive n’est qu’à quelques mètres de moi, je m’élance à nouveau, ne cherchant pas à savoir où il se trouve. Je vais gagner… Victorieuse, je me pousse hors de l’eau, à quelques pas de la berge. « J’vais gagner Ash, j’vais gagner. » Je le cherche du regard. Bah… Il est passé où ?

Il sort la tête de l'eau, laissant les gouttelettes tomber sur ses yeux et lui brouiller la vue momentanément. Son regard rencontre celui de Nala, puis descend graduellement. Il apprécie le corps qui s'offre à sa vue, s'en délecte. Ses vêtements lui collent à la peau et ne laissent que peu d'imagination possible dans l'appréhension de ses formes. Il observe les courbes de la jeune fille, un léger sourire en coin étirant ses lèvres. “Bravo..” qu'il dit, moqueur, sans même lever ses iris vers son visage.”

Il s’est quand même pas bar… Ah non, le voilà, sortant la tête de l’eau. Un court instant, j’arrive à attraper son regard. Mais seulement un court instant, car très vite je le perds. Et j’me rends compte qu’il est pas en train d’apprécier la beauté de mes prunelles. Ouais l’eau ça mouille Nala. Et le blanc c’est transparent . Je ne rougie pas, au contraire je me sens flattée. Mais tout de même, j’aimerai bien à nouveau pouvoir saisir son regard. Y a tellement plus qui peut passer dans un simple regard. Je m’approche de lui, laissant sur mon passage un long sillage de gouttelettes. « J’espère que tu profites bien du spectacle. » Je réponds sur le même ton que lui. Quoi qu’un peu plus provocatrice.

Elle a comprit, mais s'approche tout de même. Il est surprit par la manière dont elle lui répond. Il croyait qu'elle allait être embarrassée, mais non, au contraire. Il est stupéfié par son attitude. Il analyse la manière dont elle se joue de lui et de la vision qu'il a sur son corps. Une étincelle s'allume dans son regard, qu'il redirige vers ses yeux. Son visage redevient impassible, mais contient un sourire intérieur. Sur un ton de défi, il hausse les épaules. “Bof, c'est pas non plus le top.”

Enfin j’arrive à capturer à nouveau son regard. Persuadée de faire mon petit effet, je ne m’attends absolument pas à sa prochaine réplique. Mon sourire s’efface immédiatement tant il est convainquant. A la fois vexée et déçue je me retourne pour saisir son sac et j’entreprends de chercher le café qu’il m’avait promis. « Te prends pas non plus pour le mannequin du coin hein. » Mais quelle répartie de minable Nala…

Il rit à sa tentative de répliquer, tout en sortant de l'eau à son tour. Le froid le frappe de plein fouet, alors il presse ses pas vers le sac à dos, qu'elle a déjà ouvert pour se servir. Avec douceur, il l'a pousse sur le côté, pour entreprendre lui même la recherche dans ce bazar, dont l'organisation a plus de sens pour lui. Il en sort une couverture fine, qu'il étend sur le sol, un thermos en métal contenant la boisson sacrée et un duvet, pour se réchauffer. Il enlèverait presque son t-shirt pour qu'il sèche, mais il doute qu'avec le peu de soleil, il y est un quelconque effet sur le tissu. Par contre, il sent que d'ici quelques minutes, il fera valser son jean car le contact avec le textile froid et rigide lui est presque insupportable. J'vais pas me mettre à poil quand même. Sans se focaliser sur la sensation au niveau de ses jambes, il s'assoit près d'elle sur la couverture et recouvre leur deux corps du duvet, descendant le long de leur dos respectifs. Enfin il lui tend le café. “Les femmes d'abord.”

Il se moque de moi. Evidemment, elle était bien trop facile celle-là. Moi-même je ne peux retenir un léger sourire amusé. La situation est plutôt cocasse. Mais je n’arrive toujours pas à mettre la main sur le graal. Ash prend alors la relève, se doutant bien que je n’y arriverai pas seule. Je m’écarte, le regardant sortir une couverture sur laquelle je m’installe sans un mot, attendant simplement qu’il me rejoigne. Et c'est ce qu’il fait, déposant sur nos épaules un duvet que j’accueille avec grand sourire. Mon corps est tellement frigorifié que c’est à peine si je peux sentir mes jambes et le bout de mes doigts. Je me rapproche de lui pour capter la moindre source de chaleur. C’est là que je me rends compte de la stupidité de mon geste. Pas de fringues pour me changer, ni même de couverture pour me réchauffer. J’aurai dû rentrer à l’auberge trempée de la tête au pied… Idiote. Les yeux pétillants d’envie, j’attrape le thermos pour avaler une gorgée. Gorgée que savoure. La moindre goutte est un réconfort certain. Mes lèvres commencent à reprendre une couleur normale. « Qu’est-ce que j’aurai fait sans toi… ? » Mon regard s’est adouci alors que je lui tends le café. Mon ton lui, est à la fois sincère et amusé.

Leur proximité est telle, qu'il sent la chaleur irradier de son corps trempé. Ils sont bien ainsi, l'un contre l'autre sur le bord du lac, avec une magnifique vue qui s'étend devant eux. Elle le questionne, seulement à moitié sarcastique. Il la regarde, penseur. “Eh ben..Tu serais morte, de froid ou noyée. Il hausse les épaules. Ou alors ton intégrité aurait été bafouée en rentrant la où tu crèches à pied.. son regard descend le long de sa nuque jusqu'à son t-shirt transparent dans cette tenue.” L'image de Nala marchant dans les rues frigorifiée et à demi nue provoque un sourire qu'il ne peut réprimer. Il détourne les yeux vers la nature tout en acceptant le café qu'elle lui tend, puis avale quelques gorgées. Ça lui brûle la gorge, mais il sent une douce chaleur se répandre dans tous ses membres.

Je sens bien son regard me sonder alors qu’il me répond. J’en profite alors pour m’enrouler un peu plus dans le duvet avec un sourire. Selon lui je n’aurai pas tenu longtemps ainsi et j’crois bien qu’il n’a pas tort. J’ai été un peu inconsciente sur ce coup, mais après tout c’est ce que je cherchais à être. Inconsciente, pour une fois. « Merde. On dirait bien que j’t’en dois une alors ? » J’annonce ça sur un ton faussement dépité, même si dans le fond j’ai bien conscience que sans lui j’aurai pas été bien loin. J’ai une dette envers lui, quoi qu’il en dise. Je lui donne un petit coup d’épaule accompagné d’un large sourire tout en tendant la main pour réclamer le café.

Il lui donne à son tour un coup d'épaule, peut être un peu trop fort, sans le vouloir, ni s'en rendre compte. “On dirait.” Il lui rend son sourire, ainsi que le café. Le volume à l'intérieur du thermos a bien baissé, mais il en reste assez pour elle. Il se rend compte que son torse est presque sec à présent, alors il enroule sa moitié de duvet autour de la jolie rousse. Elle semble avoir doublé de volume. Au moins elle aura chaud. “J'vais réfléchir à un moyen de me rembourser. Dommage que je sois à l'auberge, j't'aurais dit de faire le ménage sinon !”

Une complicité s’installe, je le sens. C’est étrange comment les choses ont évoluées. Comment tout est si mal parti. Et me voilà en train de lui promettre de lui retourner son aide. J’attrape le café pour en avaler une dernière gorgée. Geste inattendu, Ash entoure sa partie du duvet autour de moi. Je le remercie d’un large sourire. Mais il s’efface immédiatement lorsque j’entends ses paroles suivantes. Il crèche à l’auberge lui aussi ? Merde, je l’avais jamais vu là-bas… J’hésite à lui dire que moi aussi j’y suis. Je sais pas vraiment pourquoi je réagis ainsi. J’suis un loup solitaire d’ordinaire, un loup avec son petit grain de folie, mais qui n’est pas tout à fait du genre à avoir pleins de potes autour de soi. J’parle à personne à l’auberge pratiquement, je sais que j’ai trop mauvais caractère pour faire copain copine avec les gens. Je préfère pas m’attacher en fait, c’est ça. Finalement je lève les yeux vers lui, résignée à me dévoiler, un sourire en coin. « L’auberge hein ? Et un petit dej’ au lit, ça te dit ? »

il hausse les sourcils, pas mal mais.. son sourire en coin apparaît. il imagine la rouquine entrant dans la pièce où il dort, coincé entre  les deux genres. “J'suis dans une chambre avec trois autres personnes, dont deux gars, alors vaut mieux pas. L'un se jetterait sur la bouffe, et l'autre te mangerait toute crue...” s'il est vrai que Fleur apprécierait la nourriture, il est moins sûr que Sid agirait en dom juan en chaleur. au pire les deux garçons se partageraient le petit déjeuner, peut être à même leurs corps. haha. sid butinant fleur. nan, il va éviter le petit déjeuner au lit. séduisant, surtout servi par Nala, mais bizarre dans de telles circonstances. il tente de penser à une autre idée, se mord légèrement la lèvre inférieur. “Non.. j'suppose que tu me doit j'dirais... une existence de loyaux services.”