Color

Ils sont rouges , rouges comme le soleil ardent , rouges comme le sang. Ils sont rose sur la langue , comme mes mèches volantes. Mes papilles elles prennent l'extase de chaque petit fruit que je roule entre mes doigts. La terre est vide , car les fantômes préfèrent errer dans les endroits bondés. Je suis la seule ombre qui se promène entre les buissons. Une tâche blanche entre la verdure cela n'a rien d'un très bon camouflage. Le soleil essaie toute fois de se percer une place sur mon visage immaculé et de briller dans mes iris. Je me suis perdu dans mes longues pensées. Banff semble être une maison maintenant . Je soupire , car au fond bientôt les quatre murs m'étoufferont . Mais voilà que je ne peux plus partir. Prisonnière de mes chaînes , prisonnière d'une flamme éternelle.J'ai touché ces corps qui maintenant me sont essentiels.Je songe au visage de ma mère pendant que je suis assise sur la terre. Les doigts qui forment de jolies dessins , un personnage rentre dans l'image , dans le paysage.Je m'approche doucement plongeant une main subtile dans le saut bordé de fruits sucrées. «Tu partage ?»

C'est là que je travaille. Tous les matins, à éloigner les oiseaux, à installer des CDs réfléchissants, à vérifier que les plants ne sont pas malades, qu'il n'y a pas eu de vol dans la nuit, à ramasser les fruits et les légumes pour les installer sur l'étalage.
Ce matin, je suis venu en moto, comme tous les jours. Aux aurores, j'aime le silence et le soleil qui caresse plus que brûle. J'ai fait ma ronde, j'ai croisé quelques cueilleurs motivés. La journée s'enchaîne, rapide, violente, cruelle. Un soupçon de la vie à laquelle je me suis pliée. Je cueille des baies et les jette dans un seau. Et là, une main vient s'emparer des fruits. Je lève la tête. Une fille aux cheveux rose veut que nous partagions. Je me retourne, arborant plus ou moins fièrement mon tablier de la ferme. Je te fais une facture pour chaque poignée ?

Ils n'ont pas compris les sens de la vie. Je rigole en voyant que je suis tombé sur un employé . Le goût des fruits , mes papilles le réclament toujours malgré l'autorité en face de moi. Je fronce mes sourcils à sa réponse. Je plonge la main provocatrice encore une fois , sans me soucier des conséquences. Chacun devrait goûter à ses petits plaisirs de la vie. Tu es sans doute tomber sur la mauvaise personne , car tu en a pas finis avec moi. Mes cheveux ont tord je ne viens pas des cieux. Je lui tape doucement la tête comme on le fait à un enfant. «Non je préférais que tu partage.»Mes sourires continuent d'éclore sur mes lèvres rosées par les fraises et les framboises.

Elle réitère son geste, reprend une poignée. Je fronce un sourcil. Elle se moque de moi ? Je n'aime pas ça. Peut-être que c'est une de ces demoiselles qui travaillent à la sueur du front des autres ? Je ne veux pas être victimes de celles-là. Je me lève, mange la dernière framboise que j'ai cueillie et la regarde dans les yeux. Tu vois, moi j'ai le droit. Et toi, tu m'offres quoi en échange ? Je croque la baie qui m'explose dans la bouche, son acidité pique ma langue. Je souris.

Une femme sans scrupule , sans gentillesse je lui vole son travail. Mon caractère est difforme , car à certain moment je serais très gentille pour l'aider.Comme si des neurones explosaient on ne sait jamais à quoi s'attendre , à se douter avec moi. Tu me fais confiance et plus tard je reviens et te voilà face contre terre.Par chance mon auréole est venue se poser aujourd'hui.«De l'aide ?»

J'avale ma framboise, sent l'une des graines se coincer dans ma molaire. Je déteste ça. Elle me propose de m'aider. Mon regarde va de ses cheveux roses aux ronces sur lesquelles des centaines de boules rouges se battent entre feuilles et épines. Je repense à la quantité de travail que j'ai à faire aujourd'hui. J'hésite. Tu m'aides à finir les framboises là et je t'offre ma part ? J'ai le droit à un demi-kilo de fruits rouges en vrac tous les jours. Ca te va ? Mais tu chômes pas hein !

Profite bien jolie blond pendant que ma gentillesse est présente à l'intérieur de mes veines. Qu'elle court et me donne l'aire d'une gentille petite fleur aux pétales fragiles , à une fée aux ailes translucides. Je regarde les framboises puis le saut. Le frigo à besoin d'être remplie et mj va adorer ces fruits. Elle me ferait sans doute de jolies desserts avec tout ça. «D'accord !» Comme une enfant je m'élance vers les buissons pour commencer la récolte. Petit ange aux cornes déjà poussés.

Elle accepte, se jette sur les buissons. Fais gaffe à pas te faire piquer ! Les ronces tendent leurs épines vers nous et nos doigts curieux. Tu mets tout dans le seau. Je reste là à l'observer faire. Je reste méfiant. Ce doit être ses cheveux roses, son air un peu rebelle. Je ne m'y fais pas encore bien. Tu viens souvent ici ?

Mes petites mains habiles remplissent rapide son saut. J'évite les épines d'une agilité surprenante. À force de venir ici j'ai appris à connaitre les buissons comme le fond de ma poche. Il me fait rire avec son aire un peu sévère comme s'il voulait me faire rappeler qu'il travaille ici et que je reste une voleuse de fruits. Quand j'ai faim j'adore les fruits C'est sand doute parce qu'ils sont de la même couleur que moi , aussi sucrée que mes lèvres. C'est pas un crime de manger des fruits J'ai une mine d'une enfant boudeuse. Si attachante , mais si bouillante , les griffes déjà assérées

elle avait des économies, juste un peu. elle devait trouver du travail, c'était la première chose qu'elle s'était dit en arrivant, qu'elle allait devoir trouver quelque chose qui lui rapporterait quelques dollards canadiens. Elle n'en demandait pas une quantité folle, juste la quantité suffisante pour sourire et vivre. vivre bien. on lui avait dit qu'il y avait cette ferme qui engageait des gens pour cueillir des fruits. elle était dubitatif. tom à la ferme. elle s'était dit qu'elle allait y aller. comment? à pied, autant profiter de l'extérieur. on lui avait dit que ce n'était pas très loin, qu'elle allait trouver facilement. lily ne trouvait rien facilement. elle avait marché probablement trop longtemps. elle s'était perdue dans ses pensées. elle s'était perdue, sens d'orientation en carton. elle avait dans son sac à dos, une gourde qu'elle avait fini par sortir pour se désaltérer. elle marchait sans réellement savoir si la direction était la bonne. elle était arrivée jusque là et plus personne ne l'attendait. qui se souciait d'elle? elle voyait deux personnes au loin. elle se rapprochait et elle se plantait devant eux, comme ça. « excusez-moi, je cherche une ferme qui engage des gens pour cueillir des trucs... enfin on m'a dit qu'il y en avait une et j'ai un peu du mal à me repérer. » sourire gêné, typique.

La fille semble bien se débrouiller. Je me mets à mon tour à la cueillette. Elle m'annonce qu'elle aime les fruits, je traduis par je viens souvent chiper des fruits sans payer. Je hausse les épaules. Aujourd'hui, elle aura gagné sa part de framboises. Les autres fois, je n'étais pas là.
Je n'ai pas le temps de répondre qu'une voix derrière mon épaule me force à me retourner. Il y a là une brune, qui s'excuse et annonce qu'elle cherche la ferme où je travaille. Je me lève aussitôt et lui montre la direction. La ferme est au bout de l'allée, derrière les pêchers. Demande Georges, la ferme est à lui. Un silence de ma part, j'ai l'impression d'avoir répondu à ses questions. N'est-ce pas suffisant ? Ah, surtout, n'aie pas peur de son chien, il se fie à lui pour repérer les bons employés. Je sais, c'est bizarre. Je souris.

Pendant notre cueillette déjà bien entamée , une brune se pointe avec des questions que je ne peux pas répondre. L'autre n'a pas répondu à ma question , alors je continue comme cela ne me concerne pas.«Bon suffit le bavardage aide moi!»

La rose finit par m'interpeller. Selon elle, il serait temps que je retourne travailler. Je pouffe un peu et la corrige : Tu te débrouilles super bien toute seule. Je me retourne vers la brune et lui souhaite bonne chance. Je m'appelle Ulliel, bonne chance avec Georges. Et souviens-toi, n'aie pas peur du chien !

Je n'ai pas envie qu'il me refile tout le travail.Il rit de moi en me disant que je me débrouille très bien tout seul. Je me relève avec ce sourire malicieux. Un fruit contre mes doigts je lui écrase gentiment sur la joue. «Tout rouge !» Gamine qui ne grandira jamais je joue toujours. Une teinte ce dessine maintenant sur es traits. Il est mieux ainsi avec cette jolie tâche. Je reste sur mes gardes. Le soleil tape sur ma tête. Doux après-midi.

Je suis tourné vers la brune et je ne vois pas la rose se lever. Je sens simplement la framboise s'écraser sur ma joue. Et sa voix qui annonce le crime. Mes doigts se posent sur la baie qui colore ma joue et mon regard va et vient entre le fruit et la fille. Elle a l'air de s'amuser. Moi ça ne m'amuse pas des masses. Je suis sur mon lieu de travail, et je n'aime pas l'idée que mon boss puisse à tout instant venir et réaliser que je sous-emploie une fille qui écrase ses baies sur les joues des gens. Ca va, j'arrive pour t'aider ! Je m'abaisse en appuyant sur l'épaule de la rose pour qu'elle m'imite et je retourne à mes baies.

Comme une simple statue , il reste de marbre à mon jeux. Le fruit écrasé dégoulinant sur sa joue ne lui tire même pas un simple rire. Même pas un au creux des buissons , contre le soleil enflammé. Il retourne rapidement à son travail comme un simple robot. Un simple mécanisme , toujours le même. Le pot se remplie si rapidement par ses mouvements si similaire. Je grimace par son manque de joie , de gaieté dans son visage. Traits affaissés les rayons ne peuvent te toucher. «Ça t'arrive de rire un peu?»

Je ne suis pas énervé. Mais elle me fatigue. En fait, elle me gêne. Je lutte contre le malaise qui me gagne. Je n'ai jamais eu à travailler, j'ai toujours été à sa place, à avancer grâce aux autres. A profiter de leur labeur. Mais aujourd'hui, tout a changé. Et c'est de moi qu'on profite. Je sais rire oui, mais pas quand mon taf est en jeu.

Je ne supporte plus tout ces visages sans vie. Tout ces rabat-joie qui n'en font qu'à leur tête et refuse de parler ou de faire broncher leur corde vocale par un simple rire. Je me relève et je fais tomber son saut les fruits partent dans une course. «Alors arrange toi tout seul!»

Elle voit rouge, se lève d'un coup, renverse - j'espère sans le vouloir - le seau et me crache qu'elle me laisse seul. Qu'elle parte, je m'en fiche. Je suis embauché, pas elle. Elle voulait des framboises et m'aider, j'ai été naïf d'accepter. Mais qu'elle ruine mon labeur, ça me rend fou. Et dire que le mois dernier, c'est moi qui était à sa place, à renvoyer des plats au restaurant qui avaient mérité bien plus d'intérêt. Je me lève, furieux, redresse le seau pour sauver les meubles mais déjà la moitié des framboises ont filé. T'es complètement folle ou quoi ? crié-je, excédé.

Tu pourrais crier comme ça te chante je ne viendrai pas ramasser tes petits fruits si précieux. Je ne te lancerai pas d'excuses non plus. «Ta gueule et bonne journée.»Je m'enfonçais déjà plus loin j'en avais marre et je n'avais pas à lui rendre quelque chose.

Elle m'insulte et me souhaite une bonne journée. Elle est folle. Je suis bien tombé moi. J'aurai dû m'en douter faut dire. Les cheveux roses, l'air rebelle, tout d'une mauvaise graine. C'est ça, casse-toi. Il lève la main alors que ça ne sert plus à rien. Sous la colère, il manque de donner un coup de pied dans le seau. Je m'abaisse, récupère les framboises qui sont potables, balance les autres dans le buisson. Crime caché, crime pardonné.

Spoiler:

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