FUMEE NOIRE

Une cigarette.
Deux cigarettes.
Trois cigarettes.
Tu fumes, encore, toujours.
Adossée au mur, t'attends qu'un gars te propose de rentrer avec lui là où la musique résonne. Tu veux pas passer la soirée seule, pas ce soir.

robe de soirée, escarpins, petite pochette et perfecto. total pour cette tenue ? 3 000$ américains, évidemment. j'passe devant une boite, pas assez hupée pour ma personne. moi j'vais plus loin, j'passe mon tour. ce genre d'endroits, c'est pour les presque clodos qui veulent pas s'assumer. j'passe devant une fille, blonde, qui fume des blondes bas de gamme. hm. j'la regarde de haut en bas, et évidemment, j'peux pas m'empêcher de lancer : « attends-toi à te faire recaler. ou violée. » c'est vrai quoi, s'ils la recalent pas, c'est vraiment qu'ils restent rentrer n'importe qui dans leur boui-boui, et si un ou deux doigts ne trainent pas par son vagin, elle aura d'la chance. merci bon soir, moi j'vais plus loin.

Tu prend une énième bouffée de fumée et tu la souffles dans le vide. Ca te détend, t'façon tu comptes attendre de passer la soirée avec un gars qui te voit, qu'ait pitié de toi, peu importe, mais qui te prenne sous son aile l'espace de quelques heures. T'observes les gens qui passent, qui entrent, qui sortent. T'es bien. Une fille passe, elle te lâche "attends-toi à te faire recaler. ou violée.". T'écarquilles tes yeux. Qu'est ce qu'elle veut elle. Tu te redresses un peu et tu réponds sur le même ton de voix. "Euh.. t'es qui toi?"

ah tiens, une réaction. ça n'arrive pas souvent, les gens, on dirait qu'ils acceptent mes réflexions, qu'ils les avalent et qu'ils s'en foutent. ou qu'ils y réfléchissent, j'sais pas trop. j'suis qui moi ? quelle question ! « pas toi, c'est l'important. » c'est vrai, aucune envie de ressembler à une fille pareille. non mais regardez ces cheveux filasses quoi. j'lui fais un ptit signe du style "réfléchis". pas que je sois hyper connue, c'est juste question qu'elle réfléchisse à ce qu'elle fait et surtout, à ce qu'elle est. ou du moins, ce qu'elle semble être.

T'es un peu plus loin, adossé contre le mur, au milieu de quelques autres fumeurs qui attendent aussi de finir leur clope avant de rentrer dans la boîte. Tu t'es incrusté dans leur bande parce que tu voulais pas avoir l'air du type pervers sur les bords qui traîne tout seul dans les boîtes de nuit. Tu fais semblant d'écouteur leurs conversations, mais ton regard est attiré par une petite blonde qui enchaîne ciggie sur ciggie un peu plus loin. Elle semble attendre quelque chose, ou quelqu'un. Une brune la rejoint, et elles semblent échanger quelques commentaires houleux.
Tu souris. Tu aimes quand les filles font des histoires entre elles.

La fille tu la connais ni d'Eve ni d'Adam, elle te parle comme si t'étais sa chienne, t'hallucines. Tu te rapproches d'elle, histoire qu'elle sente bien que tu t'adresses à elle, et pas dans l'vide et puis tu lâches d'un ton méprisant. "Tu t'prends pour qui toi. T'as cru que, parce que t'étais fringuée avec des trucs à 2000 balles tu pouvais t'permettre de m'parler sur ce ton? J'suis pas ta copine alors évite de faire la maline." Tu la toises de haut en bas. C'est quoi encore ça. Elle a cru qu'elle allait à une défilé de Jean Paul Gaultier celle-là. Tarée.

Spoiler:

wow, c'est qu'elle s'énerve la petite. aussi commun que les gens qui en ont rien à foutre. j'la regarde de haut en bas, blasée par une situation pareille. elle m'engueule, et elle pense vraiment que ça va m'atteindre ou quoi ? « pour commencer, tu vas reculer d'un pas. j'traine pas avec les souillons, il est hors de question qu'on me voit près d'une. deuxièmement, j'ai un flingue dans mon sac et des avocats influents, alors fais gaffe à tes fais et gestes. j'te conseille donc de pas faire la maligne non plus. » j'fais un pas sur le côté, histoire de m'éloigner un peu de cette fille. évidemment, elle n'évite pas mon regard condescendant. « j'te souhaite une bonne soirée, tu penseras à moi quand on tu feras une pipe à un mec crado derrière la porte de la sortie de secours. » un ptit clin d'oeil, et j'commence à partir.

Reste calme Pom. Si tu t'fais remarquée par un videur t'es sure de pas pouvoir rentrée. Tu te contentes de faire un sourire hypocrite. T'as juste envie de la gifler mais tu vas te retenir. Pas ce soir, un autre jour peut être. T'essayeras de la recroiser à cette occasion. "Et qu'est ce que ca peut me foutre que t'aies des avocats pour t'aider? Ca m'fait ni chaud ni froid. Si tu penses me faire peur, connasse, tu te fourres le doigt dans l'oeil." Elle commence à partir. Tu lui agrippes le bras vivement avant de lui rajouter au creux de l'oreille. "Tu sais ce qu'elle te dit la souillon en passant? que ton père baise franchement bien." Tu lui relâches le bras en souriant. "Allez ciao ma vieille. J'espère qu'on se recroisera un de ces quatre." Tu reprends ta clope entamée et jette un coup d'oeil aux videurs. Visiblement ils n'ont rien vu, rien entendu.

Quelques bribes de leur conversation parviennent à tes oreilles. Ca parle chiffons hors de prix, flingue, avocats influents ET fellation, à priori des sujets qui n'ont pas forcément de rapport évident entre eux. La brune semble vouloir quitter les lieux, mais t'es obligé de détourner ton attention de la scène car tes nouveaux potes te demandent ton avis sur la chasse à l'ours en forêt.

Spoiler:

j'la regarde, un sourire railleur sur les lèvres. j'arrive vraiment pas à l'enlever de mon visage, sans déconner. lui faire peur ? « en fait, t'as raison. ils ont rien à t'enlever de toute façon, t'as pas l'air d'avoir grand chose. » et le peu qu'elle a, il t'intéresse pas. tu croules sous le fric, t'as pas besoin de 1 000$ de plus, et en étant optimiste. j'commence à me casser, elle m'agrippe le bras. elle est folle, elle. j'arrive pas à m'enlever, elle me touche pas avec ses mains sales elle ! elle me balance que mon père baise bien. bah tiens, c'est dans les gênes ça, faut pas s'en faire. à vrai dire, j'lui laisse pas le temps de vraiment finir sa phrase avant de commencer à crier. « A MOI, ON M’AGRESSE BORDEL ! » que j'hurle, jusqu'à ce qu'elle me lâche enfin le bras. là, si les videurs ont rien capté, c'est que y'a un problème. quand elle lâche, j'lui lance, souriante. « oh oui, moi aussi. »

Un énième sourire moqueur se dessine sur tes lèvres. Les filles comme ça te font tellement rire. Si elle croit t'impressionner avec sa montagne de fric qu'elle exhibe, elle te connait mal. D'ailleurs t'as même pas envie de la connaître, t'as juste envie de lui refaire le portrait à cette pétasse superficielle brune, pour que son fric lui serve à se refaire les traits du visage que le bitume aurait amoché. Tu lui souffles ta fumée à la figure, t'as même pas une once de respect pour elle. Ca tombe bien, elle non plus. "J'te retiens pas, tu peux te barrer. Fais gaffe de pas te faire piquer ton sac à 3000 balles en arpentant les rues, tu sais, c'est malfamé par ici." T'as envie de lui cracher à la gueule mais tu te retiens. T'as quand même un peu de dignité.

faire attention à pas me faire piquer ma sacoche, non mais faut pas croire, j'sais y faire avec ce genre de choses. déjà, quand j'vois un clodo, j'change de trottoir. j'avais un poil plus de considération pour elle, mais en fait, c'est plus ou moins la même chose. « ooooh, c'est gentil de t'inquiéter pour moi. » que j'balance, d'un air faux et provocateur, tout en balançant mes jambes vers l'avant, direction les bars et boîtes de nuit branchés.

Alors qu'elle commence à s'éloigner sur de belles paroles tu lui cries: "De rien! C'est toujours un plaisir d'aider les vieilles chiennes friquées" Ben tiens, ca t'a animé ta soirée cette connerie.

j'me retourne, un large sourire sur les lèvres. « t'façon, t'as rien d'autre à faire, en tant que vienne chienne fauchée et mal baisée ! » bon, c'est fini là, j'me retourne plus. manquerait plus que j'me fasse renversée par une voiture, merde alors.

C'est qu'elle y tient à te répondre. Toi t'en as juste marre alors avant qu'elle ne retourne la tête pour continuer sa marche vers les bars à putes, tu lui fais un fuck en levant le bras, bien visible, accompagné d'un petit clin d'oeil. T'es vraiment trop gentille.