Tu continues à visiter la ville, t'arpentes les rues comme une vagabonde en quête d'aventure. Tu cherches ta liberté, jour après jour. Et tu commences à apprécier Banff et ses habitants, Banff et sa sa nature, Banff et sa décadence. T'avances, encore une fois, comme toujours. Les pas te guident, tu regardes autour de toi. Des animaux, des chevaux. Ils sont beaux, ils sont forts. Tu les envies, à les voir trémousser des oreilles. Tu les envies, de galoper à vive allure en défiant le vent et même les éléments. Ils sont beaux, et toi, tu les observes. Tout comme cette jeune femme, tu la vois, de loin. Tu l'apprivoises avec ton regard. Quelques mèches de cheveux viennent te chatouiller le visage et d'un geste, tu les dégages pour t'aventurer. Encore une fois. Oui, encore une fois tu t'aventures vers cette jeune femme. Elle semblait fragile, elle semblait perdue. C'était contradictoire, n'est-ce pas ? Oui, car elle te semblait si forte. Comme une brindille au milieu d'un ouragan. Mais elle résiste, sans aucun doute. Tu te mets à ses côtés, tu termines de tirer sur ton joint et tu termines par l'écraser sous ton pied. Parce que tu aimes fumer, ça te fait rêver, ça te détend. Ouais, ça te fait oublier. Et ça t'accompagnes, ça t'amènes dans ce pays, cette liberté, cette nouvelle vie. « Ils me donnent envie. » Et tu essayes de murmurer, dans un souffle, dans un instant de vie.

Un jour ses images ne seront plus là , la seule chose qui m'en restera sera quelques fragments de souvenir. Mon corps sent le désespoir. Les chevaux... le paysage tout est si paisible ici, tellement plus paisible que mon esprit. Non loin de moi une jeune femme se tient debout aidée par une canne, elle a l'air tellement fragile comme ça, debout le regard sur les chevaux. Je demande au propriétaire si je peux monter un cheval, mon choix se porte sur un bel étalon blanc, il accepte après quelques négociations il faut dire aussi que je suis assez forte pour ça, un petit regard, un sourire, un gros billet et puis j'ai déjà monté Nuage ce belle étalon blanc pendant toute une journée il y a deux jours. Ce n'est pas la première fois que je monte un cheval, j'ai fais de l'équitation quand j'étais encore qu'une enfant. Je m'équipe correctement et m’apprête à faire un petit tour, la jeune femme fragile n'est plus toute seule, une autre personne est présente. Et puis me viens une idée folle, partager avec elles le sentiment d'être libre rien qu'un instant, je ne sais pas si elles ont déjà fait de l'équitation mais je pourrais être utile, rien que pour une fois, être utile pour les autres. Je m'approche lentement des deux jeunes femmes. « ça vous dirait de faire connaissance avec Nuage ? C'est un cheval très doux, il n'est pas farouche.» Elles vont peut-être me prendre pour une folle et émettre un refus. Je veux juste partager...

Elle ne les remarque pas tout de suite, les deux blondes, les deux incongrues, étrangères. Elle est trop enchevêtrée dans son chagrin, dans son mal-être, dans son épée de Damoclès. Elle ne pense qu'à cette canne, qu'à ces jambes qui, bientôt, ne lui appartiendront plus. Elle ne mourra pas de sa maladie ; sans doute pas. Mais ce sera tout comme. Ne plus pouvoir marcher. Courir... Et même se lier charnellement. Parce que tout le bas de son corps ne fonctionnera plus, un jour. Et elle ignore même quand sa tête tombera. Quand la sentence résonnera. Personne ne le sait. Mais en entendant la voix de l'une des deux jeunes femmes, elle se referme. Comme une huitre, de peur d'être mangée ; mutilée. « Ils sont libres. » Elle murmure dans un souffle, l'envie transperçant sauvagement les accents suppliants de son timbre. « Mais vous, vous devez l'être aussi. » Elle se retourne vers la jeune femme (Cappie), du reproche dans ses iris mordorées. Mais avant que Brume ne puisse lui sauter à la gorge et lui mettre sur le dos tous ses déboires, avant qu'elle ne montre son vrai visage, son hideux visage, une seconde femme arrive (Lenka). Dans ses prunelles, à la belle rousse, miroitent tous ses regrets. Toutes ses envies des choses qu'elle aimerait faire avant de ne jamais plus pouvoir. Alors elle acquiesce. « J'adorerais. Mais... Je n'ai jamais monté. Ni approché de trop près ces créatures. » Elle avoue, un peu gauche. Elle ravale toute l'aigreur de sa vie passée, toute l'aigreur que ces personnes du passé ont créé.

Pis toi t'étais là, comme une parasite dans un calme légendaire. T'arrives, tu chamboules tout, et tu te casses. Mais non, cette fois-ci, tu ne quittais pas ta place. Même lorsque les mots claquaient dans l'air comme des couteaux, même lorsque ça faisait comme des coups de revolver. Tu la regardais, d'un oeil innocent. Elle était malade, le teint pâle, les yeux tristes. Tu avais peine à la comprendre, alors tu lisais sur ses lèvres. Elle murmurait, ses lèvres ne s'ouvraient que légèrement. Les autres endroits de son visage respirait l'impuissance. Alors par choix, tu restais silencieuse. La liberté, oui, tu étais libre. T'apprenais à le devenir, tous les jours. Tu étais partie pour ça, Cappie. « La liberté, c'est un concept. On accepte de l'être, ce n'est jamais universel. » Et lorsque tu termines ta phrase, une jolie blonde venait faire irruption dans cette discussion qui n'en était pas une. Tu n'arrivais pas à compatir pour la rousse à tes côtés, elle était malade, mais toi aussi tu souffrais. Et ça, personne ne le savait. Puis elle vous proposa de monter, de chevaucher. Tes yeux brillaient comme une enfant. Tu n'avais jamais eu l'occasion, après tout, dans les grandes villes, ce n'était jamais facile. Si, tu chevauchais les gens à coup de coudes dans les rames du métro. Interdite, tu regardes la belle bête blanche, innocente. Nuage. Ça sentait l'inconnu, ça sentait la puissance, ça sentait sa liberté. Ta liberté. Votre liberté. Alors tu te tournes vers la rouquine, l'incitant à monter sur cette belle bête. « C'est l'occasion pour vous d'essayer, non ? » Et tu souriais à la jolie jeune femme qui était venue vous voir, parce que c'était simple et léger. Et ça réchauffait ton coeur d'une manière inconnue.