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La neige tombe depuis ce matin donc tu as enfilé deux ou trois tee-shirts ainsi que ton plus gros pull histoire de ne pas finir congeler dans un fossé. Et à présent tu marches sur le sable de la plage. La mer te manque, le soleil aussi et les vraies plages de la côte californienne. Ton ancienne vie te manque et t'es à deux doigts de partir de ce trou paumé pour rejoindre te bande de potes qui doivent être en train de se dorer la pilule dans le sud de la France. Tu aurais dû les suivre dans leur road trip en Europe plutôt que de faire le con et venir ici.
Un vent froid vient te fouetter le visage alors t'essaye de te mettre à l'abri comme tu peux, derrière le bâtiment qui sert aux maitres nageurs l'été. Adossé contre le mur en bois, tu t'allumes une clope et tu attends que le temps passe.

tu oublies, parfois, où tu te trouves à présent. banff, au coeur du canada, est bien plus glaciale que là d'où tu viens. quand tu te réveilles, il neige à gros flocons. tu sens la gamine en toi sauter partout. tu te rappelle jouer dans la neige, faire des bonhommes, des batailles, des anges, tout ça dans cette poudre blanche, et c'est sans attendre une seconde de plus que tu enfiles de quoi sortir par ce temps. tu te prépare un thermos de thé, mets de quoi manger dans ton sac, et te voilà partie. le froid ne te dérange pas. tu te ballades dans la ville déserte, et tes pas te conduisent jusqu'à la plage. émerveillée, tu observes l'effet de la neige sur les vagues. tu restes comme ça longtemps, fascinée. mais tu sens ton ventre gronder, et décide de t'abriter pour manger quelque chose. le seul bâtiment en vue est une cabine. quand tu y arrives, un jeune garçon se tient adossé, une cigarette à la main. il semble frigorifié. tu t'approches de lui, lui sourit timidement. « vous ne voulez pas entrer pour vous abriter ? » tu te demandes si la cabine est fermée à clé. c’est possible, probable, même.

Il fait de plus en plus froid et tu te demandes encore pourquoi t'es venu ici, tu préfères la chaleur, toi. Une silhouette s'approche tandis que t'écrases ta cigarette sous ton pied. Tu regardes la demoiselle devant toi, une Asiatique, elle te sourit timidement alors tu fais pareil. Entrer ? Dans ce placard à balais ? j'suis pas certain que ça soit ouvert et puis j'aurais trop peur que sa s'écroule. L'abri n'a pas l'air très solide et le bois est même rongé à certains endroits. Et si ça se trouve des bestioles pas très belles ont élu domicile à l'intérieur. Tu préfères avoir froid que de te faire bouffer par une bande de rats affamés.

tu observes la cabane, pensive. tu sais qu'en été, elle abrite les maîtres nageurs, c'est écrit sur la porte. tu regardes autour de toi. tu commences à avoir froid, et tu ne penses pas que l'intérieur de l'abri soit si horrible que ça. en outre, même si son état pourrait prétendre le contraire, tu ne penses pas non plus que ça va s'effondrer, contrairement au jeune homme qui se tient à côté de toi. ça a probablement connu bien pire qu'un peu de vent et de neige. tu abaisses la poignée. sans grande surprise, c'est fermé. sans réfléchir, tu retires de tes cheveux une des barrettes qui maintien tes mèches folles en place. tu t'accroupis devant la serrure, tirant le bout de la langue. c'est ton frère qui t'a appris ce petit tour. c'était il n'y a pas si longtemps, mais tu as l'impression que c'était dans une autre vie. tu t'es améliorée, en tout cas. en moins d'une minute, la porte s'est ouverte, et tu pénètre à l'intérieur de la petite cabane.