Foudroyant. Incliné. Voilà comment Bellamy voit le monde cette nuit  ; le sol tremble, le déséquilibrant sans aucun scrupule. Ainsi il déambule dans la rue sombre qui fait face au Evelyn's Coffee Bar, tel un mort-vivant. Parfois même, on peut l'entendre gémir lorsqu'il pivote sur sézigue, mais personne n'y prête attention car il n'est qu'un éméché de plus dans la foule. Il n'avait pas eu l'intention de terminer dans un tel état. À vrai dire, si il était venu traîner dans le coin, c'était uniquement pour prendre l'air. Il avait prévu de rentrer tôt et par dessus-tout, d'éviter de payer une tournée à tout l'établissement. Mais il avait été influencé par un mouvement de groupe, et s'était très vite laissé entraîner. Ainsi, il n'avait pas payé une tournée à tout l'établissement, mais avait rameuté tout le quartier afin d'en payer deux ou trois. Peut-être même plus finalement, il a du mal à s'en souvenir, car sa mémoire commence à flancher sous les embruns alcoolisés qui lui montent à la tête. Et le voilà qui flâne sans but précis. Au bout d'une demi-heure d'errance, il décide inconsciemment de s'asseoir - à la manière d'une larve - sur le trottoir se situant juste en face du bâtiment licencieux. Et de sa main tremblante, il tente de s'allumer une cigarette. Échec titanesque.

Les étoiles m'ont lassées ce soir. Étrange perception que je n'arrive pas à tente du bout des doigts. Le ciel ne me donne plus aucun sens , car j'attends que l'ange descende de son nuage. Mais il n'a pas de nuage dans la nuit , non il n'a que des astres brillants.Alors dans mes prunelles aussi perdues que dans un océan je tente de dessiner l'étendu bleu morcelé de tâches blanches , mais voilà que je combats contre l'irréversible . Un vêtement sur la tête cachant le miroir de mes traits. Il faut les cacher , car vous voyez ces yeux ne sont que d'une froideur effrayante. Des cernes qui coulent de plus en plus loin et un visage blanc comme un fantôme. Les cadavres sont plus beau que toi Zelda , oui les âmes errantes ont plus d'harmonie. Toi dans ton enveloppe tu perds la magie , les étincelles .Où es-tu passé mon bel amour ? Je pourrais presque sentir les perles venir à mes yeux , mais cette statue que je suis le fuie. Dans ces pas sans chemin j'ai croisé un corps mort sur le trottoir. Dans ton échec j'ai allumé ta cigarette au bord de tes lèvres avec un sourire avant de m'asseoir.

Une silhouette trouble davantage la vue du brun, juste le temps que celle-ci ne prenne place à ses côtés. Elle lui agite une petite flamme sous le nez. Lorsque la source de chaleur effleure le bout de la cigarette, Bellamy s'empresse d'inspirer afin de ne pas la perdre. Ses yeux brillent dans l'obscurité, et semblent chercher le regard de l'inconnue. Il la toise alors d'un air incrédule. « Merci » souffle-t-il, un demi-sourire déformant ses lèvres. Le visage opalin de son interlocutrice devient trouble. Cette vision lui fait cligner des yeux avec une frénésie vertigineuse. « Toi .. cigarette, vouloir ? » tente-t-il d'articuler en agitant le petit paquet vermillon.

Des petites syllabes séparées , je souris par sa question. Je retire la capuche sur ma tête dévoilant mes cheveux roses qui flottent sur mes épaules. Je contemple ce paquet , si magnifique qu'il me tend au bout des doigts. La fumée je veux la sentir au fond de mes poumons encore , je ne peux m'en empêcher je l'aime tant , drogue si passionnel. Je ressorts mon paquet de mes poches.«Non ça va j'ai le miens.» Hésitante je cherche à savoir s'il a tout comprit mes mots. Ces phrases manquante de mots me soupçonne peut-être qu'il encore de la difficulté avec la langue. J'en allume la mienne à mon tours regardant la fumée s'envoler dans la noirceur. Je le pointe .«Ton nom ?»

Le son de sa voix lui arrache un sourire arriéré. Et lorsqu'elle sort son propre paquet de cigarettes, il se contente d'opiner et déposer le sien sur la bordure du trottoir. Tandis qu'elle s'interroge sur le prénom du brun, celui-ci se délecte de l'ardente sensation d'emplir ses poumons de fumée. Finalement, reposant son attention sur son interlocutrice, il tente à nouveau d'articuler quelques mots. « Hm. Bellamy. Le tien ? » Il étouffe un rire, il n'y a pourtant rien de drôle. Avant que celle-ci ne s'apprête à lui répondre, il approche dramatiquement son visage du sien, la toisant d'un air fureteur. « R-rose ? » lance-t-il en attrapant doucement l'une de ses mèches de cheveux, qu'il fixe comme un aveugle découvrant le soleil pour la première fois.

J'aime les doux prénoms que je peux coller sur les visages nouveaux. Il rit contre la brise et cela fait éclater le miens. Rire si facile comme mes sourires jamais disparus. Avant même que je lui donne un indice de mon être il s'approche à deux pouces fixant mes mèches rosées. Mes yeux s'agrandissent et je l'observe. Jeune enfant émerveillé devant les fantaisies.«Oui j'aime le rose. C'est mieux que le blond.» Je ne sais pas faire des phrases courtes , les mots ils sortent si facilement. Enfin je souffle. «Zelda.» Nos visages sont encore aux millimètres près. Je lui souffle la fumée au visage.

Zelda. Il ne peut retenir un sourire. Lorsque la fumée vient lui caresser les joues, son instinct lui dit de reculer. Ce qu'il fait, avec distinction. « Ça te va bien. On dirait une fée. » avoue-t-il, avant de jouir pour avoir enfin réussit à aligner les mots dans le bon ordre. Ses paupières clignent avec enthousiasme tandis qu'il apporte à nouveau la cigarette à ses lèvres. « Pourquoi t'es toute seule ? » lui demande-t-il alors, d'un air faussement inquiet. Il a l'air de l'apprécier ; peut-être pense-t-il qu'elle finira par lui dévoiler ses petites ailes et que de sa baguette magique, elle fera scintiller des milliers de confettis. Ah, l'alcool.

Les gens n'ont pas finis de me couvrir d'une nouvelle apparence mythique. Ce soir j'ai laissé tomber les écailles pour des ailes translucides couverte d'une parfaite brillance. Ils retrouvent ses mots ce qui me fait rire.« Merci , mais je n'ai pas de pouvoirs malheureusement.» La seule chose que puisse faire c'est d'envoûter les gens de mes iris quand je les observe en quête de leur secret. «La nuit c'est mon amie donc je n'ai besoin de personne. Je cherche quelqu'un en fait.» Les mots me sont échappés de mes lèvres. Oui je le cherche ce bel homme rencontré sous les nuages qui pleurent. Peut-être m'aidera tu à le retrouver Bellamy , peut-être l'as-tu déjà croisé ?.

Une petite moue accablée déforme le visage du brun lorsqu'elle prétend ne pas avoir de pouvoirs. Quel dommage, pense-t-il. Le corps courbé, il bascule légèrement en avant, comme si il allait tomber la tête en première sur le sol goudronné. Mais il n'y parvient pas, s'attribuant par la même occasion un air tout-à-fait idiot. « La nuit est ton amie ? » répète-t-il, incrédule ; quelle étrange expression. La cigarette toujours en équilibre entre ses lèvres, il gémit, longuement, comme si ce bruit sourd pouvait l'aider à mieux se concentrer. « Demande à la Lune où est-ce qu'il se trouve, ça se fait couramment à ce qu'il paraît » lance-t-il, en un petit rire cristallin.

Même si je ne prétends d'avoir aucun pouvoir magique ce n'est pas l'envie qui manque. Tant de déformation dans ma boîte crânienne qui sont en train de se déformer. Tant de sentiments qui pour n'étaient rien se couchent sur mes neurones. «Je me balade toujours la nuit et je dors le jour. Tu sais on dit que la nuit porte conseil.» Au rythme que le temps s'écoule je l'observe de plus en plus. Ces petits gestes à ses sons ne peuvent m'empêcher de rire au même rythme que le siens. Je hausse les épaules au fait de parler à la lune. Les étoiles elles sont plus jolies dans leur nappe dorées. Je lui ébouriffe les cheveux.«Tes marrant toi !» Un petit enfant égaré dans la nuit , tomber sur une femme aux cheveux roses.

Elle dit vivre la nuit et dormir le jour. Il rechigne un instant, n'est-ce pas les vampires qui font ce genre de choses ? Ou bien les chômeurs fêtards de haut niveau ? Il semble avoir du mal à assimiler les informations, il se contente alors de hausser les épaules. Peut-être comprendra-t-il mieux lorsqu'il sera sobre. Lorsqu'elle lui ébouriffe les cheveux, il ne peut s'empêcher de glousser. Il tente de se redresser ; ses jambes tremblent, son corps bascule de temps à autre, mais il arrive à se tenir debout. « Hé, la Fée .. » souffle-t-il, en pointant l'index en sa direction. « .. je crois que tu vas devoir me porter. » ajoute-t-il, les mains sur les hanches, le regard trouble et le sourire niais.

Il est chambranlant comme une marionnette sans file.Un visage paisible écorché par une quelconque substance son cerveau n'est plus cordonné. Je le regarde vacillé d'un cotée puis de l'autre et je ne peux m'empêcher de rire. Le porter ? Sans doute mon âme charitable se collera à mon enveloppe je ne voudrais pas le retrouver le visage contre terre je ne sais où. Je me relève et je le pousse de mon index laissant le petit patin tomber de son équilibre et je le rattrape au dernier moment.«À ce que je vois j'ai pas vraiment le choix.» Je dépose un baiser sur sa joue comme on le fait à un enfant. «Aller viens petit choux.» Tu vas voler avec la fée.

Elle le pousse du bout du doigt, et il perd son équilibre. Heureusement, elle est là pour le rattraper, et, en effet, elle n'a pas vraiment le choix. Lorsqu'elle l'embrasse sur la joue, il est envahit d'une intense chaleur, resserrant de ce fait la ravissante étreinte. Petit choux, l'appelle-t-elle. « Hop, hop, je suis plus grand que toi » signale-t-il en la toisant de haut, tout en se dressant davantage sur la pointe des pieds. Un pas après l'autre, il se hasarde dans une déambulation asthénique, Zelda pour cavalière. « Vas-y laisse-moi être ta Epona mon petit » bafouille-t-il, en lui attrapant une mèche de cheveux.

Tout petit. Une moue déforme son visage, il est convaincu du contraire. Un geste un tantinet énergique de la part de la créature rose, et le voilà qui chavire vers elle, naïf, exténué. Mais il se redresse, une énième fois, quoi qu'avec difficulté. Il se délecte du parfum coloré, rien qu'un instant, imprégné au cou duveteux de la fille. Lorsqu'un son le fait sursauter, il s'agit du rire féerique, celui qui carillonne dans les airs comme une centaine de petites clochettes. Il rit à son tour. « Naaah, moi j'suis un cheval indomptable ! » chantonne-t-il, ravi. « M-mais, mais j'veux bien t'laisser monter sur mon dos si tu me dis un secret »

La route s'annonce longue et périlleuse. Mon épiderme ressent le souffle chaud lorsqu'il retombe sur mon corps frêle . Petit squelette aux jambes frêlent. Petit cheval indomptable je perds ma monture et ma mine boudeuse vient se dessiner sur mon visage. Non je ne veux pas dire un secret non je veux tout garder toi qui est encore un jeune inconnu le sang baigné dans l'alcool . Et puis je songe il aura sans doute tout oublié demain vu son état. Quel genre de secret ? Je lui fais un grand sourire. Moi même je ne connais pas l'intérieur de mes grands murs mystérieux , des petits poussières magiques cachées dans ma boîte cranienne. Toi aussi tu dois m'en dire un !

« Un tout petit secret tout mignon tout plein » balance-t-il d'une voix enfantine. « Ben, ben non. J'ai dit que moi, si tu me dis un secret, je te laisse monter sur mon dos. C'tout. » marmonne-t-il, tentant de se stabiliser. Attrapant Zelda par les épaules, il la fait pivoter face à lui. De ses prunelles humides, il cherche à nouveau le regard de la Fée. Il lui sourit. « Tu connais pas un endroit tranquille ? J'ai peur de dormir dehors » avoue-t-il, presque maussade. Non vous ne rêvez pas, il a oublié son adresse. Il ne sait même plus à quoi ressemble sa chambre. Ni même sa propre tête.

Un petit secret , seulement un seul quelque chose de mignon pour faire briller ses yeux par des milliers d'étoiles. J'aurais aimé qu'il me dise aussi quelque chose qui se cache au fond de son âme , mais il me le refusait.«D'accord alors j'ai fais des petits gâteaux hier alors si tu viens avec moi je t'en donne.»Pardonne moi je n'arrive pas à m'ouvrir , mais ton esprit gourmand aimera cette patisserie sucrée.«Vient je t'emmène chez moi de toute façon tu n'iras pas très loins à ce rythme.» Un petit lit sur la canapé pour éviter un corps brisé sous le soleil d'un dur matin.

« C'est pas un secret, ça » boude-t-il, en acceptant tout de même l'invitation. Les secondes s'éternisent, silencieuses. L'effet de l'alcool a atteint un tout autre stade, Bellamy n'a plus envie de rire. Il devient sensible à la fraîcheur de la nuit, tandis qu'un goût amer demeure entre ses lèvres crispées. « Oh putain j'vais gerber » avise-t-il, le visage pale et les yeux embrumés. Il s'agrippe un instant à l'épaule de Zelda, puis relâche la pression, avant de continuer la marche. « T'es vraiment gentille toi, d'habitude les gens me traitent de connard » lance-t-il finalement, pas vraiment conscient de ses paroles. Il tousse. De sa main libre, il tâte ses poches ; il a oublié son paquet de cigarettes sur le trottoir où ils étaient assis. Tant pis, la flemme d'y retourner.

Le temps avance , les rires tombent comme les sourires à pleine dent. Il est plus qu'un léger et minuscule au rictus de mes lèvres. Mes prunelles s'écarquillent quand il est sur le point de vider ses entrailles. Un estomac trop acide .Il semble surpris que je l'invite chez moi , à quoi bon je me sentirais mal de le laisser mourir sur le trottoir. «Ça dépend si tu te mets à être un connard je te pousse en bas de la fenêtre !» Mes sourcils se froncent pour tenter de le convaincre que je suis sérieuse , mais mes rires sont de la parties et éclatent doucement au fond de ma gorge.

« Oh non. Tu n'oserais pas. » proteste-t-il, en lui assénant un coup de coude. « Tu habites toute seule ? » lui demande-t-il, curieux. S'il était sobre, il se serait probablement demandé comment et pourquoi une jeune femme accepterait un inconnu alcoolisé chez elle. Il pourrait devenir agressif, ou obsessionnel. Comment pourrait-elle savoir si il est quelqu'un de bien ? Il en aurait sûrement déduit qu'elle aime prendre des risques. Mais pour le moment, il ne peut rien déduire. Il est bien trop faible, bien trop érodé.

«J'ai une colocataire depuis quelque temps.»Une jolie brune installé dans mon être depuis peu. Ma coquille que j'avais dû partagé par besoin financier. Réfléchir n'était pas une notion installé au fond de ma cervelle. Les actions se déroulaient et je vivais à pleine vitesse. Si le temps s'arrêterait mon corps chercherait à voler toujours plus haut , à foncer sans attendre. Extase au creux de mes veines , adrénaline vient à moi.«Et oui j'oserais.» je lui renvoie son coup de coude.

« Rrho je ne vais pas déranger ? » s'enquit-il, en tentant d'imaginer la réaction de la fameuse colocataire lorsque celle-ci découvrira le déchet, lamentablement affalé sur leur canapé. Il hausse les sourcils ; tant pis si elle le prend mal, du moment qu'il puisse utiliser la douche le matin au réveil. Le coup de coude qu'elle lui renvoi l'extirpe de ses pensées. Ah, comme ça elle oserait ? Il gémit en guise de réponse. Très explicite. « Du coup demain tu dors toute la journée ? » demande-t-il, les yeux tout écarquillés.

Mon appartement devait être dans le vide total comme à son habitude. Perdue dans des pièces sans vie et sans corps pour les faire vivre. La nuit il n'avait personne tout simplement et le jour deux femmes sous des couvertures. Mj était là plus souvent que moi , moi je fuyais cet endroit.«Non elle doit être sortie de toute façon .» Il me regarde en me disant que je vais dormir tout le long que le soleil sera dans le ciel. Je rie doucement , car c'est vrais , mais je peux me lever pour lui tenir compagnie. «Habituellement oui , mais je me peux lever si tu veux.»

Il acquiesce d'un signe de tête incertain lorsqu'elle lui affirme que cela ne posera aucun problème pour sa colocataire puisqu'elle est probablement de sortie. « Non, te force pas pour moi. C'tait pour savoir si tu voulais que j'fasse le p'tit déj ! » rit-il, en se redressant légèrement. Il pense déjà au matin. Il se demande si il arrivera à se souvenir de cette soirée, au réveil. Peut-être devra-t-elle lui expliquer comment il a atterri chez elle. Peut-être qu'il se contentera de la regarder dormir, le visage enfoui dans ses cheveux roses. Il sourit. « C'est encore loin ? J'ai mal aux jambes. T'étais censée me porter j'te signale ! »