La beauté des choses m’éblouie souvent. Je ne suis pas facilement impressionnable, mais la nature… la nature elle a tous les pouvoirs qu’elle veut sur moi. Je suis comme un enfant découvrant pour la première fois la beauté d’un arbre. D’une fleur. Même les nuages semblent différents ici. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Pourquoi avoir détruit tant de fois ma vie et risqué de ne jamais voir un tel spectacle. Le soleil a commencé sa descente, sa course effrénée que je suis avidement. Libre. En haut de ces montagnes, je le suis pour la première fois. « LIBRE ! » Je crie pour la première fois depuis des mois.

Les feuilles vertes sont illuminées par les rayons du soleil. Adossé à un arbre, ces rayons lumineux te traversent le corps pour réchauffer ton âme comme après un hiver rude. Tes yeux sont fermés depuis quelques minutes, se reposant au son du chant des oiseaux perchés dans les arbres. Tu profites du cadre. Soudain, tout se brise. Un cri retentit, les oiseaux s’envolent, tes yeux s’ouvrent et tu vois une personne à quelques pas de toi. Malgré toi, un soupire s’échappe de tes lèvres.

Je frémis de plaisir. Crier semble libérer de toute emprise. Peu importe que l’on m’entende, c’est ce que je veux. Je veux que le monde entende le son de cette voix qui s’est tue durant des mois. Etre prisonnier de mes propres liens, ce n’est plus pour moi, c’est révolu. Avec émerveillement je scrute les oiseaux prenant leur envol. Je leur ai fait peur. C’est étrange un oiseau qui a peur, je n’ai connu que les pigeons de la ville moi. Un autre son parvient à mes oreilles. Ce n’est pas un bruissement d’ailes bien un son humain. Je fais volteface et je le vois. Je ne sais trop comment réagir. M’excuser ? Après tout je n’ai pas à le faire, je n’ai rien fait de mal. « Je dérange peut être ? »

Désolé pour le temps de réponse   

Ce soupire n’est pas contre elle. Pas vraiment en tout cas. Il est plus destiné à toi-même. T’aurai dû aller dans un lieu encore plus reculé. Pourtant, tu ne bouges pas de là. As-tu réellement envie de bouger finalement ? Tu te redresses lentement avant de faire un pas en avant. « Pas plus qu'un autre, mais pourquoi crier si fort ? Vous allez vous faire mal aux cordes vocales. » Tes sourcils se froncent alors. Depuis quand tu te soucis des cordes vocales des autres, au juste ?

Spoiler:

Pourquoi ? C’est une bonne question… Peut-être parce que le monde fait la sourde oreille ? « Mes cordes vocales se portent à merveille, merci de vous en soucier. Mais vous devriez essayer, ça fait vraiment du bien, j’vous promets. » J’aime jouer au serpent tentateur, entraîner les gens dans mon petit monde d’infimes folies. Mes yeux se veulent doux et aguicheurs à la fois, un sourire se forme sur mes lèvres pour montrer l'innocence de mes paroles.

Tu n'es pas ainsi, tu ne cries pas dans les bois, ni où que ce soit d’ailleurs. T’as appris cette habitude parce que même si tu parles peu, tu tiens malgré cela à ta voix. La briser te briserait surement toi-même. Un peu certes, mais déjà trop. Pas d’quoi. Tu regardes alors fixement la jeune femme. Je préfère crier mon âme avec mes mains. Ainsi, t’as moins de chance de te briser la voix.