tout est toujours mieux la nuit. tu le savais et maintenant t'en es persuadé. la cigarette en équilibre entre tes doigts, tes pas qui raisonne sur les pavés du trottoir de banff avenue, tout ça avec des cernes et un sourire à faire fuir les morts. t'es pas un junkie, t'es pas en manque, t'as pas besoin d'extasy et t'as pas non plus besoin de corps pour satisfaire ton appétit sexuel. c'est fini ça, tu recommences -difficilement- une nouvelle vie, c'était ça le deal, mettre toute ta vie de merde côté pour en reconstruire une meilleure en faisant confiance au destin. mais assis en plein milieux du trottoir, ta clope quasiment fini, tu t'interroges. c'est quoi le sens de tout ça ? pourquoi est-ce qui rien ne peut-être simple ? t'aimerais claquer des doigts et devenir une meilleure personne, pas le pauvre clochard entrain de trembler sur un trottoir parce que t'as pas eu ta dose depuis longtemps et que tu te rends compte que t'as horriblement besoin de sexe, homme, femme qu'importe. mais ce n'est pas new-york ici, ce n'est pas en regardant les étoiles que les miracles vont se faire.

On s’était promis qu’on arrêterait de boire. Mais un verre en a entraîné un autre. Plus rapidement que je l’escomptais, l’alcool m'était monté à la tête. J’avais quitté le bar, je tournoyais dans les rues de Banff en regardant le ciel étoilé. Qu’elles sont belles ces étoiles, qu’elles sont lumineuses. Moi aussi je me sens lumineuse ce soir, d’humeur à faire tout ce qui me passe par la tête. Arrête d’être trop sérieuse Nala, elle est terminée ta désintox, éclate toi maintenant. J’ai plus personne pour me dicter de règles. T’façon ils ont pas leur mot à dire, je fais ce que j’ai envie de faire. J’inspire un grand coup, sentant la liberté courir dans mes veines. Mais y a pas que la liberté que je sens… Nan ça sent aussi la clope par ici. Je me retourne et je vois un type en train de fumer, à quelques pas de moi. Je m’approche de lui et par derrière je lui attrape sa cigarette pour tirer un coup dessus.

t'arrives finalement à un point où tu te demandes si tu vas pas dormir ici, t'as pas le courage de rentrer à l'auberge où tu séjournes, puis si on oublie le froid, c'est pas si mal ici. mais une demoiselle a foutu un coup de pieds dans tes plans en s'emparant de la cigarette que tu laissais se consumer, trop perdu dans tes pensées. tu lui souris et la laisse faire, ça t'amuses, tu sais que tu l'aimes déjà. tu fixes ses lèvres, la regardant tirer sur ton bien. « je te l'offre. » c'est ce que tu peux faire de mieux, tu l'aurais probablement jeté dans un caniveau de toute façon, le tabac, c'est pas assez fort pour toi.

Je recrache la fumée aussi lentement que possible, la regardant s’envoler. Mais moi je reste à terre. Quoi que… L’alcool de fait prendre de l’altitude à moi aussi. Le sourire pendu aux lèvres je lance un coup d’œil audacieux à l’inconnu. Il a l’air de bien prendre le fait que je lui dérobe sa cigarette. Jusqu’où peut-il tenir ? Je m’approche de lui, me sentant soudainement bien trop sûr de moi. « T’as que ça à m’offrir ? » Je tire une fois de plus sur la cigarette.

elle t’envoûte, tu ne peux clairement pas le nier. avec son air de défis et son petit sourire. cette assurance qu'elle a quand elle s'approche de toi sonne presque faux, est-ce l'alcool qui la fait parler ? tu t'en moques, ça t'amuses, et t'es pas vraiment du genre à faire en sorte que les gens ne dépassent pas leurs propres limites. « j'ai bien plus à t'offrir, mais ça se mérite. » cette fois c'est toi qui t'approches et qui souris.

J'ai l'impression de retrouver l'ancienne moi, celle pleine d'audace et de défis, celle qui n'a peur de rien ni de personne. Celle qui jette son dévolu sur le premier qu'elle croise. Et putain c'que ça fait du bien de sentir ça à nouveau. Il entre dans mon jeu, il répond positivement à ma requête. Il est taquin, j'aime ça. Tel un félin, tu t'approches de moi. Voulant à tout prix réduire le peu de distance restant entre nous, je fais le dernier pas. Je me hisse légèrement sur la pointe de mes pieds pour atteindre son oreille. « Tu peux faire de moi ce que tu veux. »