l'odeur t'insupporte, ça donne pas envie de respirer, tu retiens même parfois ta respiration, t'as l'impression que ça vient dans ta bouche, que l'odeur a un goût. un goût âcre, râpeux, ça irrite la gorge, ça pique le nez. et puis t'as mal aux yeux, c'est blanc. partout, du blanc opaque, lumineux, trop, comme si t'étais déjà mort, que tes yeux se fermaient pour te laisser partir au loin. et tout ça, putain tout ça qu'est-ce que ça fout mal au crâne. c'est horrible. tu trouves ça dingue, comme une salle d'attente d'hôpital te rend encore plus malade que les raisons de ta venue.

mon bras me fait mal, il souffre et il me crie, mes yeux crient ce mal avec des larmes pui je le sers tout contre moi, je protège ce mal. il y a des gens, pleins de gens qui attendent et moi je mange, je mange des trucs d’hôpitaux, des trucs que des gens ne trouvent pas bons, mais c'est bon au final, ça goûte le chocolat. c'est bon, ça goûte le bonheur. un sandwich au poulet. une fille malheureuse, là au loin, je suis un chevalier, chevalier de la nourriture, chevalier pour cette princesse. je m'approche et lui propose une partie de mon sandwich en lui souriant, c'est bien sourire, ça rend les gens heureux les sourires.

l'odeur change, quelque chose s'ajoute, une espèce d'odeur de bouffe, c'est plus goûtu . t'ouvres les yeux alors, tu quittes le noir et tout n'est pas blanc, non. il y a de la couleur, des beaux cheveux blonds, des habits colorés, un sourire qui te veut du bien. alors tu souris aussi, ce serait bien si le bonheur était une maladie contagieuse. il y aurait plus de tristesse, des mots pour guérir les maux, câlins pour réconforter les gens, ça pourrait marcher comme ça. tu te décales sur le banc, tu laisses une place, s'il veut. tu dis merci, merci pour le poulet, merci pour la compagnie, merci de t'faire penser à autre chose. tu manges de la main gauche, ça te lance ta main droite cachée dans ta poche, mais tu manges, ça fait du bien.