Ce sont des pas de loups qui t'ont porté jusqu'à cette balançoire sur laquelle tu t'es posée. Tu aimerais te souvenir de ces instants d'enfant durant lesquels tu t'envolais, prête à toucher du doigt les nuages et à les caresser de ta main comme tu aurais pu le faire s'ils avaient daigné s'abaisser à ton niveau, te souvenir des poussées appliquées dans le dos, du grisement de l'envolée si haute que faire le tour du portique te serait semblé possible. Mais t'as jamais eu de balançoires, c'est pas pratique dans un appart', et du coup t'essayes de rattraper le temps perdu. T'as les jambes qui traînent au sol, trop longues, peut-être trop vieilles pour ces jeux d'enfant. Et pourtant tu as l'impression que c'est un peu le destin qui t'a guidée là, c'est con, c'est vrai, la providence n'existe pas. Tu t'accroches à ces songes comme tes doigts s'enroulent autour des cordes.