S'IL TE PLAIT.

la foule,
la foule,
mais presque aucun bruit.
ça te fait flipper, t'ignores si un jour tu t'y feras à cette connerie. tu regardes autour de toi puis quelqu'un vient tapoter son doigt sur ton épaule, t'en sursautes. parce que cette personne aussi tu ne l'as pas entendue venir, comme toutes les autres.

qu'est-ce que tu fais ici Abel ? T'es invisible, à traîner là, quelqu'un va finir par te marcher dessus. Un peu comme cette pièce tomber d'une poche. Personne ne s'en préoccupe. Ce n'est qu'un centime ou deux. Qu'est-ce qu'ils pourraient bien en faire ? mais peut être que le propriétaire de la poche en a besoin. Qu'il vivra un jour ou deux de plus parce qu'elle est là, quelque part entre le paquet de chewing gum et le briquet. T'aimes bien rêver comme ça. Tu la serres entre tes doigts et tentes de le rattraper. T'as déjà les joues rouges. Ça ne te ressembles vraiment pas cette agitation en toi. Tu tapotes son épaule. T'as déjà les yeux baissé Abel. Le courage et toi, ça ne dure qu'un temps. V-v-v-vous avez fait tombé ça... quelques centimes. Tout ça pour ça. Ce n'est p-p-pas grand chose m-mais...je sais pas....c'est le début de t-tout non ?

la course m'entraîne. j'suis presque sur le point de m'envoler. un truc de dingue, une sensation folle. je. suis. libre. et j'ai dormi cette nuit, en soit, c'est déjà pas mal. j'ai l'sourire gravé sur le visage, le genre indélébile, qui voudra jamais s'effacer, j'crois. et puis je cours, je cours. j'ai sauté hors de l'auberge après avoir avalé un bout d'pain, ce matin. je m'suis dit qu'aujourd'hui, j'en profiterai pour visiter, et que demain, j'irai me faire du blé. faire du fruit picking, ou que sais-je. un truc qui rapporte, et sans trop de difficulté. alors je galope dans les rues de banff, tantôt au trot, tantôt au galop, comme un gosse dans un champ de fleur. sans regarder où je vais. à un moment j'me dis que j'vais traverser le centre commercial, passer acheter un casse dalle, et puis y retourner, à ma course folle.
alors évidement, je leur fonce dedans aux deux gars arrêtés au milieu de l'allée centrale, je les percute de plein fouet et perds l'équilibre, en manquant de me péter le nez quand je finis la gueule éclatée sur les dalles du centre commercial. je sens mon sac à dos s'écraser sous mon poids. je jure, je crie à moitié; "vous pouvez pas faire attention à où vous mettez les pieds non!" l'hopital qui se fout de la charité, exactement.

tu te retournes vivement et là, il a les yeux baissés alors tu ne comprends pas du tout ce qu'il est en train de te dire. putain, le bordel. puis tu vois la pièce et là, mille questions se bousculent dans ta tête. est-ce la tienne ? est-ce que tu as l'air d'un clochard à qui il faudrait donner une pièce ? est-ce qu'il a beaucoup de quelque chose ? est-ce qu'il est juste généreux ? tu ne sais pas. tu soupires doucement.
pardon ?
t'as pas le temps d'entendre sa réponse que vous vous retrouvez tous les deux à terre, surplombé par un jeune blondinet qui venait de vous rentrer dedans. et qui en plus, hurle que nous sommes les responsables, là t'as très bien compris. tu te relèves, frotte ton pantalon. parce que ouais, t'es assez maniaque pour certaines choses.
je peux te retourner la réflexion.

Spoiler: