J'ai déjà des hypothèses pleins la tête. Une étoile de mer. Une étoile polaire. Une fleur solaire.
Aristide Beautignac. Humain qui respire.
C'est une petite révélation pour moi. Harry ne s'appelle pas Harry, Harry c'est Aristide qu'il a cassé en deux comme moi avec Thomas. Harry c'est Arii. Et si son anglais se confond parfois avec le vent, c'est parce qu'il est français. Aristide Beautignac. J'ai même du mal à le dire dans ma tête. Pourtant j'aimerais le penser correctement.
- Tu es magique ?
C'est bizarre comme question, j'aimerais juste lui dire que je suis comme lui mais en moins bien, moins beau, avec mon prénom estropié et mes poumons goudronnés comme une rue toute neuve. Mais magique. Magique non.
- Non j'suis pas magique, je ... J'suis un papa.
Boum.

Spoiler:

tom n'est pas magique, tom est un papa. papa d'un bébé magicien, d'un bébé lapin, ou d'une bébé lapinette. j'essaie de le rêver, j'essaie de le construire dans ma tête, une version miniature de tom, une version miniature d'une fleur d'or. - il, elle, est comment ? je me surprends à le fixer, droit dans les yeux, à voyager par ses pupilles de ciel. je rougis, je perds mon regard dans un ailleurs. un ailleurs lointain, et puis, mes joues deviennent comme un couché de soleil, un couché de soleil nommé arii. arii qui attend sa lune nommée tom, avec ses copines étoiles et son enfant astre étoilée. - il, elle, est beau ou belle. tu as la certitude, un peu comme savoir que les câlins, c'est bon.

Spoiler:

Il cherche, évidemment, à quoi peut ressembler le petit monstre, ce que ça peut donner, comme tableau, un moi en plus petit. Il pose la question mais il me regarde tellement fort, on dirait qu'il veut trouver la réponse tout seul comme un grand. Je le laisse faire, je me laisse regarder, c'est comme si c'était le soleil que j'avais en plein dans les yeux. Je me réchauffe sous sa lumière. Peut-être que je lui fais peur, il finit par virer son regard à tribord.
- Il, elle, est beau ou belle.
C'est la cascade qui recueille ses mots mais je sais que c'est à moi qu'il les dit, je sais pas pourquoi, mais il les dit comme ça, c'est comme ça. Il doit me trouver beau. Mais il doit pas oser le dire.
Je suis un coquelicot dans mon coin.
Je vais le chercher, avec mon rouge aux joues, je veux retrouver ses yeux, je m'y sens bien là-bas.
- C'est un lui. Il est petit comme ça et il est tout marron clair comme un chocolat chaud ou un kinder surprise. Il a des grands yeux comme moi, des yeux océan, c'est dingue. Il est beau, mais il est qu'à moi tout seul.
Je lui prends la main en même temps que je dis ça, ça n'a rien à faire ensembles, nos mains et cette explication, mais j'aime bien.

ses yeux cherchent les tiens. ils courent loin, ils essaient de jouer à la cachette, mais arii, toi, tu sais pas résister. mon regard tombe à nouveau amoureux du sien. il est doux, il est calme, ses yeux réconfortent. - il est comme une surprise. c'est beau les surprises, le coeur est heureux, tom doit être toujours heureux. tom aime, il l'aime son petit chocolat, dire le contraire serait mentir, et mentir, c'est méchant. arii aussi est un enfant, à peine va-t-il un jour passer le capte de l'âge adulte, ça non, arii ne veut pas. j'enlace mes doigts aux siens, c'est un contact chaud, c'est comme un croissant le matin. - tu ne le partages pas, ton kinder ? il n'a pas une mère quelque part ? pour lui donner des câlins et lui faire des biscuits quand il est triste. c'est si doux ce contact, mon autre main va chercher celle orpheline, elles vont se marier.

- Il est comme une surprise.
J'ai envie de dire comme toi, toi la surprise et le mini miracle qui sort de nul part, toi qu'on n'attendait plus, même pas du tout, on y croyait pas, à toi, c'était pas possible, toi. Je dis rien. Je dis avec les yeux, il pourrait comprendre si ça se trouve.
- Tu ne le partages pas ton kinder ?
Ça me fait rire alors que j'ai envie de pleurer. Il prend mon autre main et comme ça moi je me pose contre lui, en sécurité contre son cœur. Je parle contre son torse.
- Sa mère veut plus d'lui. C'est une fille que je connais pas trop, c'est ... C'était comme un accident et en même temps un miracle. Elle m'a dit d'm'en occuper alors voilà. Je partage pas, j'ai personne avec qui le faire, c'est pas facile, un enfant surprise.

ce n'était pas un enfant papillon, il n'est pas né avec des ailes l'enfant surprise, il est seulement apparu. je sais que enfant tom peut voler, c'est seulement que ses ailes ne sont pas poussées, elles attentent, patiemment. et puis, sa maman est cruelle, sa maman, je ne l'aime pas. avoir un enfant, c'est avoir de l'amour. - je suis un enfant surprise. je souris, je sens l'odeur de ses cheveux, ils sont rebelles, ils dansent sur sa tête. je danse avec lui, sous la musique du vent, mes mains, ne lâchent pas les siennes, elles sont amoureuses, elles ne veulent pas partir. - un jour une magnifique maman va vouloir le partager et même, le garder pour elle. c'est comme un encouragement.

Il est la machine de mes sourires. Elle est là, la cascade, dans mes sourires qui tombent suite à ses mots, en ribambelle, mes sourires à la pelle. Dans mes cheveux, il glisse quelques mots, je suis un enfant surprise, ça me tue. C'est pas un enfant, c'est un homme, grand jusqu'aux étoiles. Je souris quand même, j'espère qu'il sent ma bouche s'étirer contre son torse.
- Un jour une magnifique maman va vouloir le partager et même, le garder pour elle.
Je relève la tête comme une flèche, ça fait craquer mon cou et voler les oiseaux. Pleurer la cascade.
- Tu voudrais le rencontrer ? Mon enfant surprise, mon Cosmo ?
Je le regarde, c'est bizarre et c'est doux. On est tellement près quand je le regarde. Et quand je suis contre lui. Mais même quand je suis loin, un mètre, deux mètres, et que je le regarde, on est près. Y a des gens comme ça. Y a des gens comme Arii. Qui sont toujours proches de toi on dirait. À te parler directement au cœur, à te toucher l'âme. Je le regarde en levant la tête, et en la levant encore plus, je pourrais l'embrasser.
Je le ferais ?
C'est con. Peut-être qu'à son contact je deviens un peu trop quelqu'un d'autre.

cosmo, ça sonne doux comme le vent à mon oreille, ça sonne comme une belle étoile. cosmo l'enfant surprise. arii, tu as peur qu'il se cache de toi et qu'il ne t'aime pas, pourtant, tu veux seulement de l'amour. - oui. c'est une toute petite réponse. les yeux de tom font de la magie, ils prennent toute l'attention, eux aussi veulent de l'amour. son souffle si près qui chatouille mon cou. maladroitement, mon nez accroche le sien, je crois qu'il lui fait la guerre, ou peut-être la danse, mes lèvres cherchent les siennes et elles s'accrochent, elles se percutent et moi, je rougie. arii, ton premier baiser. c'est étroit, c'est chaud et humide, c'est doux, ses lèvres sont douces. ton premier baiser arii.

Il est si près quand il dit oui, un oui petit comme un courant d'air, que je peux à peine le voir, je me demande s'il est encore là, peut-être qu'il a disparu comme un rêve, mais il est toujours là, il est partout sur mon visage. Nos nez se contournent mais nos lèvres se mangent, et nos cils se tutoient. C'est comme un premier baiser pour moi. D'homme à homme. Homme, lui, et homme, moi. Bouche à bouche. Tom est parti, dévoré par ce baiser qui s'allonge comme une nuit sans fin. On ne sait même plus lequel embrasse le plus fort, c'est lui, c'est moi, c'est nous.
Deux. Minutes. D'éternité.
Et puis mes mains quittent le confort des siennes, j'oblige mes lèvres à me revenir, rien qu'à moi. Je recule, trois mètres entre nous. J'ai la bouche en feu, la tête à l'envers, les sentiments en colère.
- Pourquoi t'as fait ça ?!
Et moi pourquoi j'ai rien dit ? Pourquoi je m'énerve ? Pourquoi je suis là ?

il s'éloigne, très loin de moi. je n'ose pas le regarder, c'est être une honte. tu es une honte arii. essayer de trouver une étoile à laquelle s'accrocher, essayer de chercher un sourire quelque part, un câlin à avoir. tom ne peut pas me donner ça, il ne veut plus, parce que je suis un papillon avec les ailes cassées. c'est qu'une autre histoire triste. les larmes aux yeux, des larmes suicidaires qui coulent contre des joues rougis par la honte. - je ... je ... je ... je pars sans rien ajouter, c'est une autre histoire d'amour sans aucune fin, car il n'y avait aucun début, sauf dans ton coeur arii, mais ça, tu es un enfant, tu tombes amoureux de tout. cesse de pleurer, c'est triste pleurer, comme c'est triste de tomber amoureux et de tomber.

J'ai le cœur qui bat à fond les ballons et la bouche qui en redemande mais je préfère pas y penser. Je le regarde devenir rouge comme un soleil en colère mais je crois qu'il est triste, je crois qu'il a honte, je sais pas, en tous cas il pleut des larmes sur ses joues. Je mords les miennes, à l'intérieur. Je veux pas. Le voir. Pleurer. Je veux pas ça, je veux Arii bonheur.
- Je ... Je ... Je ...
Et sur cette hésitation il s'en va.
C'est comme si un aperçu du bonheur partait. Sans revenir. Je suis con moi. Je suis très très con, parfois je le fais pas exprès, parfois, je m'en sers. Je suis con. Mais pas à ce point. Pas au point de le laisser s'en aller. Il a l'air de trébucher et moi déjà ça me fait mal. Je veux pas. Je veux pas ses larmes et sa tristesse. Je fais la course avec le vent pour le rejoindre, faut pas qu'il parte, faut pas qu'il tombe. J'attrape son bras, et puis sa main plutôt, j'attrape sa main. Je le regarde, je l'oblige, et moi je m'oblige à pas voir la tristesse qui roule des deux côtés de son nez, parallèlement, comme des petits soldats bien dressés.
- Mais Arii faut pas partir comme ça, faut ... Pardon, j'ai-j'ai pas compris ... T'en va pas Arii s'il te plaît ...
C'est un murmure. Rien que pour lui.

ma main dans la sienne, je tire, maladroitement pour ne pas que ma main pleure elle aussi, car elle tient une main qui ne veut pas d'elle. je veux voler, je veux voler très loin et dormir, rêver. rêver de ce baiser. - non. il faut pas voir les larmes, alors mon bras les cache. tu es un enfant surprise arii, tu es aussi un enfant jouet, tu es heureux qu'on joue avec toi, mais tu es ennuyeux comme enfant jouet, alors on se débarrasse de toi. rien de mal, non, c'est rien de mal. - cosmo, il attend un câlin. tu peux partir tom, c'était qu'un baiser, c'était que des papillons qui dansaient et des mains qui se mariaient.

Sa main s'échappe, m'échappe, il faudrait qu'on parle avec des vrais mots, nous, qu'on se dise ce qu'on attend l'un de l'autre. Moi je veux pas de baisers. De baisers d'un homme ou d'un garçon. Je suis con moi, mais je suis pas pédé, ah non. Mais pourquoi sa main elle s'en va de moi, pourquoi il dit non, à qui ? Dans son bras qui lui sert de parapluie à moi il dit :
- Cosmo, il attend un câlin.
Je crois que je vais tomber.
Je prends son bras et je le fais tomber le long de son corps, tant pis pour les larmes, je leur fais face et je m'excuse d'elles, je m'excuse pour elles, pardon, pardon de vois avoir sollicitées. Pardon Arii on ne marche pas dans le même sens vers la même direction mais on peut quand même se parler un peu.
- Et toi, tu veux pas un câlin ?
Douce tentative.
- J'aimerais te revoir.
Écho à tout à l'heure, à ses mots qui m'ont fait si peur. Mais là c'est presque violent, c'est une prière, plus fort qu'une espérance c'est une supplique. J'aimerais te revoir. Je veux pas te perdre alors que je viens juste de te trouver.
Par contre j'aime les filles.

- je suis un jouet brisé. on ne peut plus jouer avec moi. alors je pars, tenter de me réparer. - faut pas briser cosmo, tom, faut pas. c'est pire que le silence. mais, arii il veut te revoir. non, pas moi, moi j'ai été rien. lui, mon premier baiser, mais ça, c'est rien non plus. ma main, elle dit au revoir à ses yeux bleus océan. - peut-être. peut-être ailleurs, peut-être à une heure, ou jamais, banff c'est grand, comme les montagnes et le ciel. c'est comme se perdre à l'intérieur, se chercher, et tourner en rond. un chat, je le suis, un chat errant, alors j'erre aussi.

Il est impossible. Impossible comme essayer d'attraper la fumée d'une cigarette, comme la vapeur d'un nuage. Il s'en va, encore. Ça me tord le cœur je te raconte même pas à quel point, pour une fois je voudrais que quelqu'un reste. Si c'est pour ça qu'il m'a attendu, pour partir ensuite, moi, ça m'intéresse pas. Il m'intéresse. Lui. Lui et puis ses mots qui sortent de nul part et de partout tellement que je comprends plus rien au monde. Le monde, moi, je veux le réapprendre avec lui. Apprivoiser le sien et puis vivre comme ça, avec lui, comme dans un rêve.
Il dit peut-être.
Peut-être ça veut rien dire, c'est comme schmilblick.
Et puis il s'en va, et là, et ça, c'est encore pire. Je veux pas le voir partir comme ça, s'éloigner, je veux pas qu'il devienne une petite tâche dorée à l'horizon. Il suit un chat et moi je le poursuis.
- Arii, arrête, allez, on s'en fout du chat ...
Je me mets sur son passage comme un barrage, un obstacle. Pour que plus jamais il s'en aille de moi.
- Allez, Arii, reste, quoi ...
Mais c'est nul des mots, elles sont nulles, mes phrases. Je suis pas lui, moi tout ce que je sais faire c'est des bêtises. Des jolies, parfois, comme Cosmo. Et je le regarde et je me dis que je peux pas faire pire. Pire belle bêtise que Cosmo. Alors je l'embrasse. Je garde mes mains avec moi mais je lui donne ma bouche et je lui donne un baiser. Il trébuche et il hésite, ce baiser, parce qu'on peut dire ce qu'on veut, mais une bouche de garçon et une bouche de fille c'est pas pareil. Il hésite, mais aussi il y va franchement, mon baiser, parce qu'il a beaucoup de choses à prouver.
Je crois qu'il y a comme ça que je peux le faire rester, Arii.

il est beau ce chat, il est la couleur du soleil, avec des petits rayons clairs. il est heureux, il se dandine fièrement, la queue dans les airs. ce chat me fait sourire, je vais l'appeler gus, mais gus semble perdu, un autre chat n'a pas voulu de lui, alors comme moi. il part, il va essayer d'être heureux ailleurs. tom me cache de gus, alors j'arrête, mais gus continue. mon regard fuit, il essaie de perdre quelque part, mais ce regard ne quitte pas mes pieds. ma bouche ne veut pas s'ouvrir, ma bouche accueille celle de tom, c'est tout ce quelle sait faire. je m'éloigne de lui et je le pousse au loin. - non, on peut plus jouer avec moi, tu peux plus jouer avec moi. son baiser goutte le faux, il goutte l’empêchement, il ne goutte pas le sucré. - je suis désolé. je m'excuse d'un premier baiser, d'un baiser tout simple et tout doux, un baiser indésirable.

Mais c'est encore trop peu pour lui, il casse le baiser en deux et je me retrouve tout seul comme un con, et lui aussi.
- Non, on peut plus jouer avec moi, tu peux plus jouer avec moi.
J'en perds mon vocabulaire. Je veux pas jouer, je veux vivre.
- Je suis désolé.
Je sais pas pourquoi il dit ça mais j'ai l'impression qu'il va s'en aller et que je serais toujours trop loin pour le rattraper, pour le ramener à moi, et puis pour goûter de ses baisers qui ont la saveur de l'été et de la mer. Là, c'est amer, c'est tout. Je suis triste quand je le regarde et j'ai plus rien à dire. Arii m'aura tout donné, le bonheur et l'amour, la colère et la tristesse. Il est arrivé y a une heure comme une mini tornade pour me rappeler que j'étais vivant et maintenant il a fait son travail et il peut partir, c'est ça. Mais moi j'en ai marre qu'on me laisse. Que. Voilà.
J'ai un stylo dans ma poche et il va peut-être me sauver. Je dis ça mais j'en sais rien, je sais rien Arii. Sur sa main je m'écris, j'écris Tom et à côté 482-5829, c'est comme ça qu'il pourra me retrouver s'il a envie de faire un autre bout de vie avec moi. Je m'écarte de lui, je le rends à la vie.

je ferme ma main pour qu'il devient un poing précieux, comme une pierre d'or, comme si c'était un trésor et je le sers contre mon coeur avant de partir sans dire un mot, pas un seul sourire, rien. c'était le désert dans mon visage, il se cachait. tom. 482-5829. tom. 482-5829. c'est tout ce que je pensais, même le chat soleil ne rayonnait plus. tom. 482-5829.