j'vois pas. j'vois pas. vraiment, ça m'échappe, je saurais pas dire comment j'en suis arrivé là. et puis ça me fatigue par avance de réflechir à toute cette merde, ce qui compte c'est que j'ai plus rien pour me la coller, plus d'héro, pas une trace. le vide pesait lourd dans ma poche. alors j'ai voulu jouer au malin. j'ai joué et puis j'ai perdu.
Steve choppe le. il a dit. et Steve m'a choppé. sa grande main agrippant mon cou, serrant ma gorge. et mes ongles pour griffer son bras. son poing qui m'arrive en pleine gueule. premier sang. et la rengaine ou le ressac des vagues, qui s'en va pour revenir toujours. de plus en plus bas. coup de genoux dans le ventre. je m'écroule. et les coups pleuvent. la en pleine rue, mais ça n'a pas l'air de gêner les gens.
les gens regardent pas, les gens veulent pas voir, et moi j'crache mon sang sur le pavé. j'crache ma vie dans les étoiles, mais ça fera qu'se noyer dans l'ciel. qui peut dire si le soleil brille au dessus des nuages ? moi je sais que s'il fait chaque jour semblant de se lever c'est la nuit pour toujours. alors Steve s'éloigne avec son acolyte. je demeure. j'me retourne sur le dos en toussant, j'grogne, les mains pressées contre mon abdomen, là où il s'est vengé, encore et encore avant de se détourner. comme si ça pouvait leur rendre leur argent; et moi, j'suis de nouveau en manque. j'me redresse, c'est pénible, et je sens que je vais tomber d'un instant à l'autre. j'me traîne jusqu'au mur. devanture de café.