Les auberges de jeunesses sont bien pratiques, pas chère et rarement loin de la ville : c'est l'endroit idéal quand on est fauché et que l'on cherche à rester dans les parages. Rae l'a bien compris et c'est pour cette raison qu'elle a élu domicile ici, au samesun backpackers. Sa chambre est pas bien grande et son sac traine dans un coin. Bientôt, il sera l'heure de manger et la jeune femme est affamée mais plutôt que de sortir se sustenter, elle traîne dans les couloirs comme une âme en peine. Peut être parce que c'est ce qu'elle est. Blessée, elle n'est qu'une petite adulte qui ne sait pas ou elle va. Elle n'est qu'une adulescente indécise et complètement perdue. Que s'attendait-elle à trouver à Banff ? Un chemin tout tracer ?
Rae n'a même pas l'espoir de voir sa situation s'améliorer. Elle ne connait personne et n'a les moyens que de payer cette auberge de jeunesse. Elle pourrait avoir plus si elle se décidait à renouer avec sa famille mais cette idée la répugne. Elle soupire désespérée, s'accoude à une fenêtre et le temps passe. Dehors des gens se promènent, des gens se retrouvent. Il y en a qui sortent et qui entrent. Il y a des couples, des groupes d'amis et il y a Rae. Seule dans l'auberge de jeunesse, attendant patiemment que le destin se décide à toquer à sa porte.

YOU ARE THE DANCING QUEEN, YOUNG AND SWEET – ONLY SEVENTEEN Je danse, la tête perdue dans la musique. Chambres, escaliers, corridors, partout où il y a du plancher, je pousse le balais, dansant et chantant comme une débile. YOU CAN DANCE YOU CAN JIIIVE HAVING THE TIME OF YOUR LIFE J'avance, tourne un coin, swirl et Paf.

Nouveau fantome à l'auberge. Nick quasi-sans-tête pleurant toujours sa « quasi »sans-têtitée. D'un coup de gauche, je laisse tomber mes écouteurs sur mes épaules, me rappelant mon état comateux, mes premiers jours a banff. Hey. Tu viens de débarquer? J'suis Juliette.

Le destin n'a peut être pas toqué à sa porte, ou du moins pas exactement comment Rae se l'était imaginée, n'empêche que quelque chose s'est bel et bien passé. Une fille, armée d'un balais et d'écouteurs semble s'intéresser à elle et lui tape gentiment la causette. Ni une ni deux la brunette revête son plus beau sourire oubliant presque toutes ses misères : « Hey. Tu viens de débarquer? J'suis Juliette. », elle acquiesce vivement d'un hochement de tête avant de répondre : « Et ben heu... Oui, je m'appelle Rae et je suis arrivée y a quelques jours à tout casser. ». La jeune femme ne brille pas par son assurance, elle aimerait bien rayonné comme cette Juliette, encore un peu chamboulée par tous ces changements elle a un peu de mal se montrer sociale. Mais elle fait des efforts ! La preuve en est qu'elle reprend plus chaleureusement : « Tu écoutais quoi ? » en faisant un pauvre sourire à son interlocutrice, un truc qui signifie "Merci et pardon".

Si elle est vraiment là depuis quelques jours, j'ai affaire a un vrai fantôme, une réplique de moi, une copie de mon petit frère Simon. Elle me demande ce que j'écoute, elle fait un effort. Je la remercie d'un sourire, parce que je sais a quel point c'est difficile. Elle a envie de mettre un masque dur, de partir en coup de vent, mais elle n'a pas le choix. Elle doit rencontrer des gens. Elle doit créer un environnement stable avant de se laisser aller. C'est du Abba, pas mon choix; Je dépose le balais, l'appuie sur le mur. c'est l'ipod de la proprio. Je travaille ici en fait. Ranger. Cuisiner. Être gentille. Pour ça, je suis payée un petit salaire, j'ai un toit et quelque chose dans mon assiette tous les jours. Je l'observe. Elle doit détester le small talk, ne pas aimée être coincée dans une allée de la sorte. Je propose alors de bouger. On t'as fait visité, l'auberge, banff depuis que t'es arrivée?

Juliette a l'air d'être adorable mais Rae n'a jamais été douée pour juger d'un regard alors ne se fie pas à son premier ressenti même si elle doute que cette fille soit mal intentionnée : « C'est du Abba, pas mon choix. c'est l'ipod de la proprio. Je travaille ici en fait. », étrangement Rae s'en doutait. Du moins qu'elle travaillait ici, ça lui semblait même évident. D'ailleurs, elle trouve ça cool. L'idée de bosser près de son logement, tout ça. Et puis au moins Juliette est capable de se débrouiller seule ce qui n'est pas son cas à elle, qui se perd rien qu'en cherchant la salle de bain... « On t'as fait visité, l'auberge, banff depuis que t'es arrivée ? ». Toutes les appréhensions de la jeune fille s'envole. Elle a l'impression d'être comprise et sourit plus naturellement maintenant : « J'ai un peu exploré par moi-même mais... J'ai surtout réussi à me perdre. », elle jette un coup d'œil par la fenêtre en se demandant si tout le monde galère comme elle au début : « Toi, ça fait longtemps que tu es ici ? À Banff je veux dire... », elle se retourne vers son interlocutrice, curieuse d'en apprendre plus.