Gambader

souriante, posée, tu es là, accroupie sur ce qui ressemble à un petit coin paisible. et oui, tu souries, tu te sens bien et on dirait que joe apprécie le paysage, de pouvoir se dégourdir les pattes. joe, c'est ton chien, en référence à la mythique chanson de hendrix, hey joe. le soleil commence à disparaître à l'horizon et tu te surprends à observer les alentours. des gens sont là, certains sont seuls, d'autres sont accompagnés. un jour, peut-être que tu retrouveras le courage d'aborder les autres . .

faut bien se reposer et puis s'amuser et puis oublier. il faut qu'il arrête de conduire, ça le saoûle, ça lui casse la tête mais bon, il a pris sa décision, peut plus revenir dessus, c'est comme ça, c'est la vie. le soleil se barre en mode comète dans le ciel et lui il le regarde, avec sam qui saute joyeusement autour de lui, les mains dans les poches, la clope au bec comme toujours. et puis sam, il trouve un pote, il s'amuse avec, bruyamment, y'a des gens qui se retournent : vous voulez pas le faire taire, votre chien ? art leur faire un doigt d'honneur, une grimace canaille sur la lippe. woof ! il voit sam qui essaie de sauter l'autre chien et il s'approche précipitamment. “ sam ! sam arrête ça, putain ! ” il est pire que tout, ce chien, il saute sur tout ce qu'il bouge. il le regarde d'un air provocateur genre : woof, tu peux pas nous séparer, crève, j'voulais te le dire, j'suis gay, woof. art ose pas s'approcher.

Mais tu n'es pas non plus fait pour approcher les autres. Le premier pas, premier contact, c'est pas pour toi tout ça. T'as jamais été doué. Et aujourd'hui encore, ça n'a pas changé. Mais c'est Pâris qui s'en charge. Kira, c'est ton chien aussi. Enfin, chien femelle mais t'aimes pas dire chienne. Le seul compagnon que t'as emmené dans ce trou paumé. Tu répètes tout le temps que tu l'aimes pas. Au fond, elle est tout ce qu'il te reste de Raphaëlle. Mais... on s'en fiche. C'est elle qui te sort de tes pensées, parce qu'elle a décidé d'aller faire copain-copine avec un autre. Tu soupires. Si tu tombes sur le vieux papi grincheux qui n'aime pas qu'on laisse son cabot renifler le sien, t'es mal barré. Mais en t'approchant, d'un air désinvolte, les mains dans les poches et le regard dans le vide, tu t'aperçois finalement que c'est en fait une jolie demoiselle. Ça change tout, hein, Mae ? Au fond, ça change que dalle. « désolé. » fais-tu d'un ton neutre en rattrapant Kira par le collier, avant de remarquer qu'il y a un troisième chien. Ils sont à elle, les deux ? Tu regardes autour de toi tranquillement.

L'esprit léger, tu continues d'observer. Un peu comme si tu avais peur que quelque chose ne t'arrive en pleine face. Bizarrement, t'es tellement occupée à regarder les gens, par peur, méfiance, orgueil, curiosité, appelez-ça comme vous voulez, que tu ne remarques pas que joe s'éclate lui au moins. Un chien, puis deux, les choses s'animent. Dans le fond, t'aimerais que les choses s'animent pour toi aussi. Pensée perverse, chassée d'un revers de la main lorsqu'en levant les yeux, tu découvres une silhouette proche de toi. Tu frissonnes. De peur, peut-être. Lorsque tu te redresses, tu constates l'engourdissement de tes jambes. Tu grimaces. Tes doigts viennent caresser le troisième chien. Ils sont mignons. « celui-là aussi est à vous ? ». Les rapports humains sont si durs.

y'a un troisième chien qui débarque, bordel, c'est mort, sam va péter un câble et il va tous les sauter, ça arrive tout le temps, ça fait chier. art ose pas approcher. même si y'a une jolie fille qui s'approche. même si y'a un joli mec qui s'approche. et puis merde alors. la blonde se penche vers son clebs qui, trop content, se serre contre elle. s'il lui bouffe la main, va falloir payer l'hôpital et c'est cher ces trucs là, hein ? en deux grandes enjambées, presque possessif, il est à côté de sam, son joli husky, son joli chien, son trésor, son seul ami, son frère. “ désolé désolé. ” il murmure timidement, regardant la fille qui caresse son chien, et l'autre qui tient le sien par le collier. ils sont encore plus jolis de près, il se dit. ils ont l'air paumés. il esquisse un sourire sincère, il est tout rouge. “ je voulais pas vous déranger. ” il est presque penaud, sam semble pas prêt à partir, se serre à la fille. bordel. il tire anxieusement une énième latte de son clou de cercueil, regarde autour de lui. “ allez, sam, on file, on dérange pas les gens, allez allez. ”

Elle gesticule, elle a ses chaleurs la bestiole ou quoi ? T'essaies de raffermir un peu la prise sur le collier de Kira, en vain. Elle n'en fait qu'à sa tête, avec sa truffe qui renifle tout et n'importe quoi, et ses poils chocolats. L'un des chiens est un husky comme t'aurais aimé avoir. Mais Raphaëlle, elle préférait les labradors. Parce que c'est plus sûr pour le bébé. Le bébé. Tu parles. La blondinette désigne le beau toutou. « non, il n'y a qu'elle qui est à moi. » fais-tu sans comprendre, avant de voir une troisième personne se ramener. Les chiens, merci, vous faîtes le nouveau meetic 2014 ! Un instant, tu observes leurs visages. Ils sont doux, leurs traits leur confère une beauté presque innocente. À côté, avec ta barbe naissante et tes cheveux ébouriffés, tu dois avoir l'air d'un sdf. « non, c'est rien. » fais-tu au bonhomme, visiblement aussi mal à l'aise que la demoiselle, et que toi. Trois handicapés, super, on va aller loin. Kira tire si fort sur son collier que tu la lâches, et qu'elle se colle de nouveau au husky. Rapidement, les trois chiens sautent dans tous les sens, et celle du milieu fait le cabri. Eux au moins, ils n'ont aucune gène. « désolé, elle est super excitée en ce moment. » l'excuses-tu en baissant les yeux, te focalisant sur les chiens avant de les relever, deux gouffres orageux, vers les deux inconnus. T'es censé te présenter ? Ou bien prendre ton cabot et déguerpir pour les laisser tranquille ? Mais t'es nouveau, faut te faire des amis, Mae. Des amis, tu parles. « j'viens d'arriver y a quelques jours, c'est sympa ici. » Tu désignes le lac. T'es pas du genre à t'émerveiller devant un coucher de soleil pourtant. « maevan. »

Tu fuis les regards, déjà celui de cet homme, à la barbe naissante qui tient la jolie labrador par le collier. Et puis, bizarrement, le troisième propriétaire se ramène. C'est ta journée pauvre Sura. Où est passé la jeune femme ouverte et sociable ? Elle est partie en même temps que ton innocence. Tu te mords l'intérieure de la joue, continuant de jouer avec le beau husky. Son propriétaire est gêné, tu le sens. L'esprit animal rallie les causes perdues semble-t-il. Vous avez l'air chouette. Ton chien lui, ce beau golden retriever semble à l'aise comme les deux autres. Tu te redresses et enfonce tes mains dans les poches arrières de ton short en jean. « vous pouvez rester. » Tu t'adresses à celui qui cherche à se barrer. Qu'est ce qui te prends ? « joe adore avoir de la compagnie, ça fait longtemps qu'il en a pas eu. » T'as l'air cruche, complètement à l'ouest. « c'est vrai que c'est agréable ici » dis-tu à celui qui semble s'appeler maevan. Un semblant de sourire se dessine sur tes lèvres. Tu les regardes l'un après l'autre. « Sura. » Ton accent ressort, tant pis.

ils sont gentils, il le rassure et il se calme légèrement. art aime pas attirer l'attention, il est pas fait pour ça en tout cas, pas ici. ils l'invitent même gentiment à rester, la fille en tout cas. blasé, art regarde sam sauter joyeusement avec le labrador et le golden retriever. beaux specimens. il sait pas quoi dire, il fume, il finit par relever un regard interrogatif sur la fille quand elle parle. répond pas. gêné, timide, pas très bavard en l'essence. “ ouais c'est sympa. ” répond art, quand l'autre parle, puis il sourit légèrement quand ils se présentent. maevan et sura. c'est sympa, comme prénoms, il a jamais entendu avant. “ moi c'est art. et voici sam. ” dit-il simplement en désignant son chien, qui se découvre un ami en joe. ils regardent tour à tour sura et maevan, maevan et sura. son regard s'attarde sur le brun. “ moi aussi j'viens d'arriver. les gens sont cools. ” il se passe une main dans les cheveux puis, brusquement, se laisse tomber assis parterre pour regarder le coucher de soleil, désintéressé. “ ils ont l'air de s'entendre. ” marmonne-t-il en regardant les clebs, pour briser le silence qui les écrase.

Sura et Joe. Art et Sam. Ok, ça va pas être facile à mémoriser tout ça. Tes yeux les balaient rapidement. Puis les chiens. Husky, Golden, Labrador. Les clichés. Le chien du mec, le chien de la fille, le chien de famille. Famille sans famille, en fait. Ça aurait dû être le chien de famille. Pis en fait, t'es tout seul avec elle, maintenant. « art, c'est un surnom ? » que tu demandes poliment, sans préjugés, juste pour savoir, parce que t'as vraiment jamais entendu ce nom. Tu lui lances un demi-sourire, comme pour dire c'est joli hein, qu'il pense pas que tu te moques de son prénom ou quoi. En plus, il est plutôt beau garçon. Puis la fille aussi. Enfin, c'pas la question. « et tant qu'à faire, elle, c'est kira. » tu lances, juste avant que le dénommé Art se laisse tomber par terre. T'es amusé de le voir faire ça, alors tu l'imites, et t'assois à côté. Tu te penches en arrière, te soutiens sur tes mains dans l'herbe, derrière-toi. Tes yeux se rivent sur les chiens. « ouais, eux au moins ils n'ont pas de problèmes de sociabilité. » C'qui n'est pas ton cas. Tu lances un bref soupir. Toi si agité, cette ambiance pleine de quiétude te tranquillise. T'as remarqué l'accent de la demoiselle, ça lui donne un charme en plus. « tu viens d'où ? » demandes-tu en posant sur elle tes deux prunelles sombres et tumultueuses, en la regardant pourtant d'un air doux et neutre.

Les animaux rapprochent. Cette pensée t'arrache un sourire. Tu l'admires ton Joe, lui au moins s'arrête de penser un instant pour se laisser vivre. Art et Maevan. Jolis prénoms. Tu secoues la tête pour acquiescer leurs paroles. T'as pas vraiment envie de parler de toi, de dire que comme eux, ça fait quelques jours que tu es là. Ils s'en doutent. Des banalités, de la politesse, c'est dur. Tu te mords la lèvre inférieure appréhendant les questions, et tout le processus habituel des rencontres. Ton accent attise la curiosité de Maevan. Tu fermes les yeux quelques secondes, comme si tu étais prise la main dans le sac. Tu hésites. « je viens de bulgarie. » lui réponds-tu en tournant la tête vers lui, un demi sourire aux lèvres. Puis, ton attention se repose sur Art. « est-ce que ça te dérange si je t'en demande une ? » Tu désignes sa cigarette du doigt. « et vous, vous venez d'où ? » Ton regard va de l'un à l'autre, de Maevan à Art, de Art à Maevan. Quel exploit.

il sourit en coin, presqu'amer, quand ce maevan lui demande si art, c'est un surnom. “ non, mec. mes parents sont tarés. ” marmonna-t-il, apparemment franchement blasé par cette histoire, tentant vainement de l'oublier dans une énième bouffée de sa cigarette. il voit même pas le sourire sympathique du gars (il lui en aurait été reconnaissant, en vrai, normalement, mais là, il vient de l'enfoncer dans ses souvenirs et les souvenirs l'attrapent et le maintiennent la tête sous l'eau, la tête ailleurs). il reste imperpéable à ce qu'il se passe ensuite, les yeux fixés sur les chiens, perdus dans ses pensées, sursautant légèrement quand il sent qu'on s'adresse à lui. elle veut une clope, il sourit légèrement avant de lui lancer le paquet sur les genoux. ensuite vient le briquet. “ los angeles. ” répond-t-il simplement, d'une voix presque rêveuse. los angeles, trois mille degrés en plus, des jolis filles en bikini perdues, coachella festival pas loin. soupir nostalgique. “ je sais même pas ce que je fous là, en fait. banff. honnêtement, entre nous, ” il se rapproche un peu d'eux, murmure, en aparté : “ c'est un nom de ville de merde, pas vrai ? ”

La demoiselle ne semble toujours pas détendue. Est-ce qu'elle a peur que vous la mangiez ? L'idée t'amuse, et tu caches ton sourire derrière un bâillement. « les miens aussi, si tu veux savoir. » En vérité, il n'veut sûrement pas savoir, mais tant pis. Toi, tu t'en fous. Et puis Art, ça lui va pas si mal que ça. Bulgarie, c'est donc ça cet accent un peu écorché. Mais c'est avec un sursaut que t'interceptes, par ailleurs, la réponse du brun. « los angeles, putain. comme moi. » Le monde est trop petit, enfin en vérité, la cité des anges est un endroit assez réputé pour y voir venir un bon nombre de personnes. Mais pas ici, dans ce trou perdu. Tu te mets d'ailleurs à rire légèrement, observant le brun avec une lueur amusée au fond des iris. « je suis assez d'accord. » En même temps, t'es pas venu ici chercher le confort ou l'hospice. Banff, c'était pas un hasard. Ces vacances qui n'en sont pas, c'est un plan depuis un moment. Mais ça, ils n'ont pas besoin de le savoir. « hé, kira, arrête de leur mordre les oreilles comme ça. » grondes-tu doucement ta chienne, avec un regard faussement sévère. Et puis, comme elle a entendu son nom, la bestiole, elle réagit et revient vers vous. Fait des câlins aux deux autres, en mode grosse brute qui va sûrement les faire renverser en arrière.

La clope. . tu l'attrapes comme si c'était ton graal mais bon finalement, c'est juste un bon vieux vice. Tu la coinces entre tes lèvres puis l'allume, ça te détendra sûrement. Los Angeles tous les deux, le monde est petit, songes-tu. T'observes Joe qui a l'air heureux d'avoir enfin une compagnie autre que toi. Allez, détends-toi Sura, c'est pas si horrible que ça de voir des nouvelles têtes. Tu pouffes de rire en écoutant Art. « T'as pas tort. » acquiesces-tu en secouant la tête de haut en bas. Kira semble en forme, à peine son nom entendu qu'elle vient vers vous à la recherche de douceur. Tu attrapes sa gueule entre tes mains et de tes doigts fins tu viens lui gratter derrière l'oreille. Joe adore ça, peut-être est-ce pareil pour elle. « qu'est-ce qui vous a conduit ici ? » Enfin tu te décoinces. Tu retrouves ces automatismes perdus, oubliés avec le temps.

le visage d'art s'éclaire quand maevan lui avoue, lui aussi, être de los angeles. ok, y'a plein de gens qui sont de los angeles mais c'était déjà un pas vers la civilisation, non ? “ le monde est petit. ” commente-t-il machinalement à haute voix ce que tout le monde pense. et comme il a pas envie de s'exciter sur los angeles en laissant sura de côté, il lui sourit, lui tend sa clope, la détaille à la dérobée. il connait pas trop la bulgarie. les chiens s'amusent sous leurs yeux, art ne peut s'empêcher de sourire en voyant la chienne de maevan revenir vers eux en entendant son nom, se prélassant près de sura, bientôt rejointe par un sam plus que jaloux. ce chien est insupportable, songe art alors qu'il lui intime de laisser la jeune femme tranquille - toujours à faire chier pour avoir des caresses, celui-là. et jaloux comme un tigre. “ moi je me suis un peu perdu pour être honnête. road trip. ” lâche-t-il en réponse, se débarassant du sujet aussi vite que possible. puis, art demeure silencieux comme une tombe.

T'aimes pas trop toutes ces questions. Parce que d'habitude, c'est toi qui donnes les interrogatoires, ça te permet d'avoir un semblant de contrôle. De savoir quelle question est la prochaine. Mais t'affiches un air détendu, en observant les chiens simplement, parce que ça te permet d'avoir, au pire, une raison de rêvasser. Un roadtrip ? Tu pensais, honnêtement, que ça n'existait que dans les bouquins, ou les vieux films. Tu trouves ça courageux, de partir comme ça en voiture, sans savoir vraiment où on va. Toi, c'est moins courageux. Et pourtant. « moi j'suis en vacances. » murmures-tu simplement. C'est pas vrai. C'est c'que t'as dit à tout le monde chez toi. C'est même c'que t'as dit à Norah. Que t'avais un grand besoin de souffler, dans une ville exilée. C'est pas vrai, tout ça. Banff, c'est loin d'être un hasard. Ces vacances, c'est loin d'être du repos. « et toi, sura ? » que tu lui retournes d'une voix posée, en levant tes grands iris sombres vers elle, détaillant son visage.

Road trip. Tu regardes Art avec un sourire admiratif. Lorsque tu étais plus jeune, tu rêvais de traverser le monde, juste avec un sac à dos. Mais tu sens son malaise par son silence qui suit cette révélation. Les gens sont peut-être tous comme toi, secret. Maevan affirme être là pour les vacances et c'est une raison suffisante pour que tu ne veuilles pas poser plus de questions. Mais évidement, il est indéniable que la question revienne vers toi alors tu inspires profondément. « un besoin de retrouver la civilisation, j'dirais. » réponds-tu en regardant Maevan, sourire en coin. Joe s'amuse avec ses nouveaux amis, lui aussi avait vraiment besoin d'être entouré.

il écoute leurs réponses, les pose dans un coin de sa tête, allume une seconde cigarette après avoir écrasé la première sur sa semelle. il n'a plus envie de soutenir la conversation, perdu dans ses pensées, regardant leurs chiens se chamailler joyeusement, se demandant depuis quand sam se fait chier à ce point avec lui. il glisse un regard vers sura. “ c'est comment, la bulgarie ? je suis jamais sorti des states jusqu'à... bah y'a genre un mois ? un truc comme ça. et je me suis toujours à quoi ça ressemblait. le monde. ” il lève les yeux vers les cieux. le ciel aussi, il s'est toujours demandé.

Un besoin de retrouver la civilisation ? Ici ? Tu l'observes sans contester pourtant. Elle ne dit pas la vérité, lui non plus, toi non plus, n'est-ce pas ? Qui viendrait se flanquer des vacances dans un endroit pareil. La question d'Art te fait relever la tête. Kira vient se frotter à tes jambes, et tu grattes son dos en observant Sura. En te demandant ce qu'elle va répondre. Toi non plus tu n'sais pas à quoi ressemble le monde. T'as fait quelques voyages, par-ci par-là, mais pas grand chose. Le seul mot qui te revient constamment à l'esprit c'est Paris. Ah, la belle Paname. Alors le monde, qu'est-ce que le monde, hein ? Tu m'as laissé la terre entière. Mais la terre, sans toi, c'est petit.

Spoiler:

Tu détestais être le centre des attentions, et là c'était loupé. Ton accent avait éveillé en eux une certaine curiosité, ou bien était-ce simplement pour meubler la conversation, qu'importe. Tu haussais les épaules. Tu avais quitté ton pays il y a huit ans, et les souvenirs que tu en as ne sont pas spécialement les meilleurs. Tu prends une inspiration en regardant Art, tu as un petit sourire, ce petit sourire nostalgique. « C'est à la fois nul et merveilleux. Il y a ces paysages montagneux, ces forêts à perte de vue, mais aussi ces stations balnéaires où les touristes viennent te foutre leur frique sous le nez, t'aguicher. Alors que toi, tu crèves de faim, c'est un pays en crise les gars. » dis-tu en les regardant tour à tour. « Les gens vivent dans la misère et c'est déroutant quand on voit la beauté du pays. » Ouais, c'était bien ça, cette nostalgie dans ta voix se faisait lourdement ressentir.

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