la nuit est noire. le vent est invisible, tous comme les pêchés humains. seul le ciel et la nuit et m'offre son habits d'étoiles ainsi que sa lumière. et puis, je me pose une question. et si on comptait les étoiles? personne ne l'a jamais fait, pourtant, ce serait merveilleux. alors je commence, une, deux, trois, quatre, cinq... et puis, cent, mille et un million. peut-être même un milliard mais il arrive un moment où je ne sais plus... dans ma tête, il n'y a plus d'étoiles. tout est sombre, mais je ne m'en rend pas compte. sommeil. quelque chose, quelqu'un me tire des bras de morphée. j'ouvre les yeux. il y a toujours ces mêmes étoiles. putain, j'me suis perdue... puis je ressens un poids sur moi. quelqu'un. bonjour. comment allez-vous? je demande à la personne qui s'est étalée royalement sur moi. bah oui, c'est ça de s'endormir au milieu d'un pré.

Ce soir, tu étais mélancolique, triste d'être seule, triste de ne pas encore trouver ton appart, triste d'avoir été renvoyée, de ne pas avoir su gérer ton premier boulot de serveuse. Tu soupires doucement, en quittant ta chambre de motel, tu laisses ta voiture sur le parking, et tu marches, les écouteurs dans les oreilles, pour ne pas penser, pour ne pas te rappeler que tu es seule. Dans le noir, tu tires une clope - tu t'es mis à fumer que récemment, et ça te fait sentir bien - tu l'allumes et tu tires calmement dessus. Tu t'arrêtes, pour regarder le ciel, remplis d'étoiles, et ça te fait chaud au coeur, sans trop savoir pourquoi. Qu'est-ce qui te rend comme ça ? Ce n'est que le ciel, que des étoiles. Une fois ta clope terminée, tu l'écrases et tu reprends ta marche, enfin, ça c'était ce que tu voulais faire avant de chuter et de tomber sur quelqu'un. D'ailleurs, ça te rappelait quelque chose. Sans te redresser, tu retiras tes écouteurs. « Moi ça peut aller, et voud ? » Tu pourrais lui sourire, mais elle ne le verra pas, il fait bien trop noir, et c'est d'ailleurs pour ça que t'as chuté, parce que tu l'as pas vu.

ça va, ça va. pas trop mal? moi ça va, j'me sens assez bien avec un poids humain sur le ventre mais elle ne doit pas ressentir la même chose, le nez dans la terre. après tout, c'est de ma faute si j'ai provoqué sa chute.

Tu avais envie de rire, rire de toi, de ta maladresse, de ton manque de chance. Tu te redresses pour t'allonger à côté d'elle, et puis surtout pour ne plus l'écraser, parce que t'étais peut-être une fille petite et mince, mais tu pesais un peu quand même. « Non, je crois que ça va. Je t'ai pas trop écrasé ? » .

je ris de cette mésaventure, de mon inconscience plus que certaine à m'être étalée ici. pourtant, c'est fait. et elle ne semble pas vraiment vexée. pas du touuuuuuuuuuut ! cette fille est vraiment légère. comment elle fait? au lieu de lui demander, c'est une autre question qui me vient à l'esprit. c'est quoi ton petit nom?

Quand elle te dit que non, tu sembles soulagée parce que tu ne lui as pas fait mal. Tu souris, apaisée. Tu lèves la tête vers le ciel et regardes les étoiles, tu en as jamais vu autant et le spectacle que ça t'offrait était reposant, et merveilleux. Mais le silence fut brisé. « Anya. Et toi ? » Tu tournes la tête pour essayer de voir son visage, mais tu ne distingues pas grand chose dans ce noir.

le spectacle a l'air de l'apaiser. je la comprends, parce que ça a le même effet sur moi. ça doit avoir cet effet sur tout le monde, d'ailleurs. les gens devraient venir regarder les étoiles quand plus rien ne va. c'est un conseil. diane. anya, c'est un joli prénom. j'ai envie de lui poser une question. la question qui me taraude tant, et qui est la raison pour laquelle je me suis endormie. en fait, je me demandais si on pouvait compter les étoiles. je sais qu'on ne peut pas. je sais aussi qu'elle va sûrement me prendre pour une demeurée, mais peut-être qu'elle comprendra aussi. c'est une question d'enfant dont je sais pertinemment la réponse. je n'arrive juste pas à l'admettre.

Son prénom t'interpelle, il te plait, tu aurais bien aimé t'appeler Diane, ça respire la fraîcheur, c'est doux et en même temps c'est fort. Tu es un peu jalouse, et tu lui fais par de ta confession. « C'est joli Diane, ça me fait penser à une déesse, celle de la chasse il me semble. » Tu souris, dans le noir, peut-être qu'elle ne le voit pas, mais tu souris. Tu l'écoutes parler, et tu lèves les yeux au ciel, tu pourrais te mettre à compter, mais tu finirais par dormir avant de finir. « Je crois que ce soir, il y en a beaucoup trop pour pouvoir compter, mais je suis certaine qu'il y a des chercheurs qui les comptent ! » Tu étais naïve, un peu crédule, et toi, tu pensais que tout était possible avec un peu de volonté.

elle me parle de l'origine de mon prénom. ce pour quoi je ne l'ai jamais vraiment aimé. quand on prononce mon prénom, j'ai l'impression de revenir des milliers d'années en arrière, au temps des dieux romains. merci! moi j'aime pas trop, en partie pour ça. mais ça me touche qu'elle le trouve joli. moi aussi j'aime bien son prénom. le tien n'est pas commun, je l'aime bien! puis elle répond à ma question. elle ne semble pas la trouver bête et je trouve ça cool. peut-être qu'un jour, elle aussi elle se l'est déjà posée. tu as sûrement raison. ça doit être bien de faire leur métier. bon, je me doute bien qu'ils n'ont pas simplement le nez dans les étoiles à longueur de journée. il doit y avoir des tas de considérations scientifiques, des mesures, des trucs hyper compliqués à savoir et à faire. et finalement, je pense que le mieux est quand même d'essayer de les compter ici, avec anya.